mardi 30 juillet 2013

Dans la tête de Charles Swan III

En 2001, Roman Coppola, fils de Francis Ford et frère de Sofia, réalisait « CQ », premier film inégal à tendance autobiographique. 12 ans plus tard, revoilà le fiston à son papa aux commandes d’un second long métrage pour le moins étrange, « Dans la tête de Charles Swan III ».
Synopsis Allociné : Graphiste réputé de Los Angeles, Charles Swan est un séducteur excentrique à qui tout a toujours souri. Mais quand son grand amour Ivana, lassé de ses frasques d’homme à femmes, met brutalement fin à leur relation, c’est tout son monde qui s’effondre. Avec le soutien de ses fidèles amis Kirby et Saul et de sa sœur Izzy, il entreprend alors un étrange voyage d’introspection dans son imaginaire, et tente de se résigner à vivre sans Ivana.
Roman Coppola est loin d’avoir chômé entre les 12 ans qui séparent « CQ » de « Dans la tête de Charles Swan III ». Le cinéaste a en effet collaboré régulièrement avec le talentueux Wes Anderson, en tant que réalisateur de seconde équipe (« A bord du Darjeeling Limited », Moonrise Kingdom »), mais aussi avec sa sœur, Sofia Coppola (« Virgin Suicides », « Lost In Translation ») dont il a produit le dernier long métrage, « The Bling Ring ».
Pas étonnant donc de constater à quel point le jeune réalisateur a magnétisé le style singulier, délirant, onirique et ludique de son senseï Wes Anderson pour dynamiter le récit de « Dans la tête de Charles Swan III ».
« Dans la tête de Charles Swan III » souffre de cette volonté pernicieuse de devenir une œuvre instantanément culte. La fantaisie et la mise en scène euphorisante y sont forcées, l’esthétique rétro seventies trop appuyée, les décors ultra étudiés, l’écriture sous acide insistante, le ton décalé poussif.
En cherchant à tout prix à imiter les modèles Wes Anderson, Charlie Kaufman, Spike Jonze et Michel Gondry, Roman Coppola s’embourbe dans une histoire de rupture grotesque, une course au chic & choc maladroite.
Seul le casting branché (embaucher l’incontrôlable Charlie Sheen, good idea) est la véritable arme du film. Charlie Sheen & Roman Coppola se sont rencontrés sur le tournage du film « Apocalypse Now » en 1979, en accompagnant leurs pères respectifs sur le plateau, Martin Sheen (acteur) et Francis Ford Coppola (réalisateur). Charlie Sheen compose ici avec brio un héros sur le déclin, nourri d’éléments autobiographiques et bercé d’amertume.
Jason Schwartzman, cousin du réalisateur, interprète le fantasque Kirby, personnage farfelu écrit spécialement pour lui.
Bill Murray (un ami de la famille), divin en Saul, ajoute une corde à son arc. Patricia Arquette, longtemps mariée au cousin germain Nicolas Cage, joue les mères désabusées.
Enfin, la jolie Katheryn Winnick prête ses (jolis) traits à la concubine cocufiée de Charlie Sheen et devrait être rapidement réapperçue sur les écrans de cinéma si l’on en croit sa formidable prestation.
Bilan : « Dans la tête de Charles Swan III » apparait comme un caprice faussement naïf de jeune réalisateur exclusif. Un authentique pétard mouillé.
Secret de tournage : La maison de Charles Swan dans le film n’est autre que la propre maison de Roman Coppola, redécorée pour l'occasion. De même, les vêtements portés par Charlie Sheen sortent du dressing du jeune metteur en scène, manière d’offrir à son long métrage une touche intimiste.

Insaisissables

Il y a peu, Louis Leterrier épinglait deux travers du système des studios hollywoodiens : les tournages en rush afin de respecter le calendrier des sorties fixé avant que la prod' ne démarre pour de bon, et les conversions 3D à outrance.

Récemment victime de ces deux « fantaisies » – la rapidité de lancement d'un projet Marvel aussi mastodonte que « L'Incroyable Hulk » et l'abominable format relief de son dernier film, « Le Choc des Titans », le french director issu de l'écurie Besson conserve malgré tout son ticket d'or à Hollywood grâce au succès salles de ces deux longs métrages, et propose aujourd'hui le plus modeste « Insaisissables », tout de même doté d'un casting 5 étoiles, composé de Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco (frère de James), Morgan Freeman, Michael Caine et les frenchies Mélanie Laurent & José Garcia.
Enfin, fait important pour la suite : on note la présence, côté crew, de la paire Alex Kurtzman & Roberto Orci, connus pour avoir fréquemment collaborés avec J.J. Abrams (« Alias », « Fringe », « Mission : Impossible III », « Star Trek », « Star Trek Into Darkness ») et Michael Bay (crédités scénaristes de « The Island », « Transformers » et de « Transformers 2 : la Revanche »).
Synopsis Allociné : « Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre continent, le deuxième en transférant la fortune d'un banquier véreux sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et d'Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu'ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s'intensifie, et que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la course contre la montre commence.
Pitof avec « Catwoman », Mathieu Kassovitz « Gothika » / « Babylon A.D. », Jean-François Richet et son remake Carpenter « Assaut sur le central 13 », Florent Emilio Siri « Otage » … beaucoup de réalisateurs français se sont frottés au pari hollywoodien, mais peu ont connu la success story et se sont installés confortablement et durablement dans cette industrie réputée exécrable. Quatre noms seulement sortent du chapeau : Alexandre Aja, Jean-Jacques Annaud, Luc Besson et un certain … Louis Leterrier. Peu importe la qualité de ses longs métrages, nous devons en effet au moins reconnaître à Louis Leterrier le talent d'avoir percé à Hollywood en un temps record. Seulement 2 films auront suffi à asseoir le réalisateur made in Luc Besson sur le trône des majors hollywoodiennes. Et ce n'est pas « Insaisissables », son troisième film réalisé au pays de l'oncle Sam, qui risque de changer la donne, si l'on en croit ses chiffres mirobolants au box-office us, avec déjà plus de 114 millions de dollars récoltés localement.
Dans « Insaisissables », quatre magiciens, surnommés « Les Quatre Cavaliers », sont réunis par un cinquième, anonyme, afin de dérober banques & assureurs et remettre leur butin aux pauvres, tels des Robin des Bois des temps modernes. L'histoire se complexifie bien évidemment lorsque l'agent du FBI incarné par Mark Ruffalo s'intéresse aux faits et s'allie à la belle Mélanie Laurent, ici officier d'Interpol, pour les arrêter.
Commençons par les (nombreux) défauts d'« Insaisissables ».
À force d'aligner les fausses-pistes, les raccourcis, les retournements, et de vouloir à tout prix créer et entretenir l'illusion, le film de Leterrier s'éparpille complètement, piégé par un récit diffluent et superficiel, truffé de faux raccords, qui demande un effort d'attention (trop) soutenue. Comment y voir clair dans le sudoku mental présenté sous nos yeux sans noyer le poisson ? Le scénario de Boaz Yakin, Ed Solomon et Edward Ricourt fait mouche dès lors uniquement lors des impressionnantes séquences de shows, mais a réellement du mal à (sur)prendre lorsqu'il s'agit d'expliquer l'inexplicable. Seul le dénouement du dernier acte, imprévisible dans la prévisibilité d'un rebondissement final imprévisible, fait force. Dernière chimère scénaristique : la romance grotesque esquissée entre les personnages interprétés par Mark Ruffalo & Mélanie Laurent.
Côté mise en scène, Louis Leterrier filme les tours de magie en abusant d'effets numériques en tout genre (aberration similaire à celle employée par Neil Burger sur « L'Illusionniste »), en reprenant simplement les gimmicks des copains J.J. Abrams & Michael Bay (lens flares en veux-tu, en voilà, mouvements circulaires de caméra), et en tentant – vainement – de recréer l'univers du réalisateur prestidigitateur Christopher Nolan (la présence des acteurs fétiches Morgan Freeman / Michael Caine en témoigne). Ne te méprends pas Louis, on a l'œil !
Passons aux qualités. 
Tout d'abord, le rythme soutenu & le montage nerveux, qui permettent de ne pas s'ennuyer une seule seconde et de profiter agréablement du spectacle, sans engourdir la cohérence de l'histoire. L'introduction pose d'ailleurs d'emblée le ton fun du film en présentant le quatuor à l'aide de vignettes abouties. Les tours sont ensuite enchaînés à cadence frénétique, quasiment sans temps mort, à travers les Etats-Unis : Las Vegas, Nouvelle-Orléans et New-York.
Seconde prouesse tout à fait louable, la belle photographie, signée deux chefs op' réputés, Larry Fong (« Super 8 », « 300 ») & Mitchell Amundsen (« Transformers »). Les deux bonhommes se sont partagés le travail sur le tournage du film, le premier s'est occupé en priorité des scènes de magie, tandis que le second s'est concentré essentiellement sur les scènes d'action. Cocktail de blockbuster qui bastonne avec une lumière étincelante et un timbre 'pop' !
Enfin, les comédiens s'amusent comme des fous (mention au mentaliste – hypnotiseur Woody Harrelson et au logorrhéique Jesse Eisenberg), et jouent tous, à peu de choses près, leur propre rôle. Tous, sauf un, ici à contre-emploi total. Serez-vous deviner lequel ? Le casting fonctionne efficacement dans l'ensemble, à l'exception de Mélanie Laurent, toujours aussi fade et lisse.
Bilan : Si « Insaisissables » remplit le cahier des charges et assure l'essentiel : divertir & en mettre plein la vue, sachez que n'est pas Christopher Nolan qui veut. Louis Leterrier se prend les pieds dans le tapis avec ses choix narratifs douteux et sa mise en scène tape-à-l'œil.
Anecdote de tournage Allociné : Michael Caine s'est retrouvé enfermé sur le plateau d'« Insaisissables » pendant toute une nuit, après s'être assoupi dans sa loge. L'acteur n'a pu user de magie pour s'échapper et a dû attendre d'être libéré le lendemain matin, lorsque les premiers membres de l'équipe du film sont arrivés sur le tournage.
 
La Bande Annonce de Insaisissables:

 
NOTE: 5/10

dimanche 28 juillet 2013

Conjuring : Les dossiers Warren

Lorsque « Saw » a déboulé sur les écrans américains en 2004, rien n'avait préparé James Wan à un tel succès. Le film a rapporté près de 46 fois son budget, engendré six sequel et propulsé son jeune réalisateur sur le devant de la scène horrifique. Il faut dire qu'aujourd'hui, le metteur en scène n'en est plus à son coup d'essai et dispose d'une filmographie de genre plutôt garnie.
« Dead Silence » et « Death Sentence », ses deux longs-métrages suivants, n'ont pas réitéré l'exploit malgré d'indéniables qualités. Tous deux affublés de moyens largement plus conséquents (20 millions de $), aucun n'a remboursé sa mise de départ sur le sol américain.
 

Avec son quatrième film, Wan a renoué avec le succès. « Insidious » est réalisé pour trois fois rien (1,5 millions de $) et triomphe au box-office à tel point qu'une suite est rapidement mise en chantier. Sa sortie est prévue pour le mois de septembre, peu après « Conjuring » qui nous intéresse ici.
 

 

Le premier semestre de 2013 témoigne d'une année fournie en cinéma de genre mais hélas peu en œuvres novatrices. Entre remakes, adaptations, suites, found footage et produits estampillés Jason Blum, l'inédit n'est pas souvent au rendez-vous. « Mamà », réalisé par Andrès Muschietti, fut l'exception de ce début d'année. Le nouveau film de James Wan est donc attendu au tournant avec son scénario original rédigé par les frères Hayes, responsables entre autres des scripts de « Whiteout », « Les Châtiments » et « La Maison de cire ».
 
Synopsis Allociné : Avant Amityville, il y avait Harrisville… The Conjuring raconte l'histoire horrible, mais vraie, d'Ed et Lorraine Warren, enquêteurs paranormaux réputés dans le monde entier, venus en aide à une famille terrorisée par une présence inquiétante dans leur ferme isolée… Contraints d'affronter une créature démoniaque d'une force redoutable, les Warren se retrouvent face à l'affaire la plus terrifiante de leur carrière…
On peut affirmer d'emblée que « Conjuring » n'est pas un scoop en soi. Il n'en a d'ailleurs nullement la prétention ... Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être une réussite. Si les figures narratives ne sont pas révolutionnaires, c'est leur traitement qui parvient à insuffler un vent de fraîcheur. James Wan emploie des thématiques présentes dans ses précédentes moutures (la maison hantée, les cas de possessions, les légendes urbaines, les poupées, l'exorcisme...) mais il les met en scène ici avec un réalisme extrême, ne permettant à aucun moment de remettre en cause leur véracité. C'est grâce à cette authenticité que le film tire toute son efficience.
Les images ont, à ce titre, un fort pouvoir suggestif qui doit beaucoup à la réalisation virtuose. Entre travellings compensés, à 360 degrés, en vue subjective, retournés ou encore circulaires, le réalisateur maîtrise sa technique à la perfection pour générer l'angoisse et ce, toujours élégamment. Même les jumps-scare profitent de la roublardise du metteur en scène : en plus d'éviter soigneusement tous les clichés inhérents à ce procédé, il parvient à nous surprendre profitablement presque à chaque fois.
C'est aussi en choisissant de filmer cette histoire du point de vue d'Ed et Lorraine Warren, un couple de démonologues, que le long-métrage propose un niveau de lecture intéressant et plus original que ce qu'on a l'habitude de voir. Si l'introduction ressemble à celle de n'importe quel autre film du genre avec l'installation d'un couple et de leurs enfants dans une demeure reculée qui s'avère être hantée, la suite est loin d'être du même acabit. Lorsque cette famille fait appel aux Warren pour enquêter sur leur maison, le côté prévisible attendu s'estompe au profit de l'ingrédient principal : la peur. Wan évite scrupuleusement la psychologie de placard et les sous intrigues inutiles pour se concentrer sur l'ambiance et les frissons avec la maestria qui lui est propre.
Le réalisateur peut compter sur la prestation de ses acteurs. Ils dégagent tous les émotions nécessaires et suffisantes pour créer l'empathie du spectateur, qui se sent dès lors intimement concerné par les événements qui leur arrivent. Mention spéciale à Vera Farmiga, lumineuse en médium aussi forte que vulnérable face aux esprits des ténèbres.
La seule ombre au tableau provient de certaines pistes scénaristiques qui auraient gagné à être explorées plus en profondeur et ce d'autant plus qu'elles se rattachent avec fluidité à l'intrigue principale. L'épilogue en pâtit et se révèle du coup légèrement frustrant. Mais rassurez-vous : le champ est ouvert pour de potentielles sequel.
Bilan : On savait James Wan très doué dans le genre. « Conjuring : Les dossiers Warren » ne fait que confirmer une évidence et permet au jeune réalisateur de franchir de nouveaux horizons à travers sa mise en scène. Flippant, « Conjuring » l'est assurément et promet encore de belles nuits devant eux aux ghost movies.
 
La Bande Annonce de Conjuring: Les dossiers Warren:
 
 
NOTE: 7/10
 
Article rédigé par Guillaume Seeleuthner


[Rétrospective #12] Jerry Maguire | Cameron Crowe

Jerry Maguire (1996)| Cameron Crowe
Rôle phare dans la carrière de Tom Cruise, Jerry Maguire lève le voile sur un monde peu connu du management sportif.

Synopsis Allociné : Riche, beau et célèbre, Jerry Maguire, agent des stars du sport américain, l'est. Mais sa vie mondaine et factice lui pèse, et une nuit il se remet en question dans une note qu'il rédige, où il tente de définir le sens qu'il voudrait donner à sa vie. Cette note va provoquer son licenciement et tous ses amis vont le trahir. Seule Dorothy, son assistante, et Rod, un footballeur facétieux, vont lui rester fidèles.
 
Jerry Maguire fait partie de ces rares films hollywoodiens audacieux, osant pointer du doigt les dessous de l'un des divertissements les plus bankables des Etats-Unis. Grand plongeon dans un sujet inaccoutumé, le sous-estimé Cameron Crowe apporte un regard critique et pertinent sur le microcosme du « sport-show », où performances, business et trahisons font bon ménage. Doté d’un grand sens de l’humour, ce film tient sa force dans la vérité qu’il expose et la personnalité d’un homme d’exception.
Grâce à une narration agréable et envoûtante, une mise en scène classique mais néanmoins attrayante, le public s’attache au destin et dessein de cet agent sportif rebelle campé par un Tom Cruise laissant, pour un temps, ses rôles de gros bras.
L’homme pour qui rien n’est impossible apporte puissance et conviction à son personnage, élevé par une sublime remise en question où honnêteté, justesse et travail font sens. Il est judicieusement et efficacement accompagné par l’attachante et captivante Renée Zellweger, ainsi que Cuba Gooding Jr qui interprète un sportif excentrique mais touchant, pour qui l’Oscar du meilleur second rôle 1997 est de mise.
Travaillés au maximum pour un registre tragicomique, les dialogues deviennent des instants exquis qui nous font lentement et savoureusement progresser dans les mailles d'un scénario sans faille. Le tout est porté par une bande originale animé par les tubes des plus grands groupes de l’histoire de la musique anglophone contemporaine.
Rare, courageux et humoristique, Jerry Maguire peut être qualifié par de nombreux adjectifs mélioratifs, mais c’est surtout la grande humanité et l’audace qui s’en dégagent qui font tout le génie de ce long-métrage.
 
Article rédigé par Cléa Carré

vendredi 26 juillet 2013

12 heures

Comme le bal des pompiers ou le beaujolais nouveau, le nanar estival avec Nicolas Cage est en passe de devenir une tradition saisonnière. Après le pitoyable « Effraction » l'an dernier, voici cette année « Stolen » (traduit bêtement « 12 heures » en version française), film de casse réalisé par l'actioner Simon West (« Les Ailes de l'enfer », « Lara Croft: Tomb raider », « Expendables 2: unité spéciale »), qui sort dans l'indifférence générale ce mercredi 25 juillet, face au poids lourd « Wolverine : le combat de l'immortel ».
Synopsis Allociné : Trahi lors d'un hold-up qui a mal tourné, Will Montgomery, un voleur surdoué, vient de purger huit ans de prison. Désormais, il est décidé à tourner la page et souhaite seulement renouer avec sa fille, Alison. Mais ses anciens associés, tout comme le FBI, sont convaincus que c'est lui qui a caché les 10 millions de dollars du butin avant de se faire prendre. Pour récupérer le magot, Vincent, son ex-complice, kidnappe Alison. Will a 12 heures pour trouver la somme s'il veut libérer sa fille. Sa seule chance de la sauver est de monter le coup le plus audacieux de sa carrière avec l'aide de Riley, une voleuse aussi sexy que futée …
Nicolas Cage & Simon West seraient-ils tombés encore plus bas qu'on aurait pu l'imaginer ? Après s'être illustrés ensemble une première fois sur le tournage du pétaradant « Les Ailes de l'enfer », les deux hommes ont décidé de remettre le couvert dans le film musclé, en surfant sur la vague du succès (colossal) de « Taken ».
Les moins : Nicolas Cage qui pousse le bouchon jusqu'à utiliser de vieilles formules : l'écoute d'une chanson rétro avant un casse, ça ne vous rappelle rien ? Nicolas Cage las de cabotiner et même plus involontairement drôle, le montage au rasoir, le thème musical récurrent atroce, composé en 60 secondes chrono, l'intrigue banale, convenue et sans enjeux, les rebondissements absents.
Les plus : La mise en scène de West simple mais efficace / fonctionnelle, la plastique foudroyante de Malin Akerman, la coupe de cheveux hilarante de Josh Lucas (atout non attribué à Nicolas Cage pour une fois).
Bilan : Une énorme blague de plus dans le CV de Nicolas Cage, prisonnier de ses dettes au fisc.
 
La Bande Annonce de 12 heures:
 
 
 
NOTE: 2/10

jeudi 25 juillet 2013

Wolverine : le combat de l'immortel

Après le calamiteux – mais rentable – spin-off « X-Men Origins : Wolverine » et le viol télégénique de « Deadpool » (bad guy Marvel hyper apprécié des Comics fans), la saga X-Men se devait de redorer le blason Wolverine, personnage le plus emblématique de l'univers des X-Men. Pour mettre en scène la suite des aventures du célèbre mutant aux griffes en adamantium, c'est le tout hollywood qui s'est bousculé.
Wikipédia nous apprend qu'à l'origine, le film devait s'intituler X-Men Origins : Wolverine 2 et ainsi être la sequel directe de « X-Men Origins: Wolverine » sorti en 2009. Rapidement, il est annoncé que l'histoire se déroulera au Japon, tout comme la série de comics sur Wolverine rédigée par Chris Claremont et Frank Miller, publiée en 1982. La productrice Lauren Shuler Donner approche alors le scénariste Simon Beaufoy (« Slumdog Millionaire », « 127 heures »), qui décline la proposition. En août 2009, Christopher McQuarrie est engagé pour écrire le script. Des rumeurs évoquent tout d'abord les noms de Daniel Espinosa (« Sécurité rapprochée »), Timur Bekmambetov (« Nightwatch », « Wanted : choisis ton destin »), Kathryn Bigelow (« Strange Days », « Démineurs », « Zero Dark Thirty »), Tony Scott ou encore Matt Reeves (« Cloverfield »). En octobre 2010, c'est finalement Darren Aronofsky (« Requiem for a Dream », « Black Swan ») qui est officialisé comme réalisateur du projet avant de quitter le navire, en mars 2011, en raison de la (trop) longue durée du tournage, après avoir pris le soin de renommer le bébé en un simple « Wolverine : le combat de l'immortel », ceci afin de se détacher le plus possible du désastreux premier volet. En avril, Hugh Jackman, actuel tenant du rôle titre, et la Fox, studio producteur, approchent Duncan Jones (« Moon », « Source Code »), puis dressent une liste de prétendants au poste de réalisateur pour remplacer Darren Aronofsky. Le choix se portera entre Doug Liman (« Mr & Mrs Smith »), José Padilha (« Tropa de Elite »), Mark Romanek (« Photo obsession », « Never Let Me Go »), Justin Lin (la saga « Fast & Furious »), Antoine Fuqua (« Training Day », « La Chute de la Maison Blanche »), Gavin O'Connor (« Le Prix de la loyauté »), James Mangold et Gary Shore.
Après le refus de Romanek, c'est finalement – et définitivement – James Mangold qui est élu réalisateur en juin 2011. Enfin, en septembre 2011, le scénariste Mark Bomback est engagé par la major pour réécrire le script de McQuarrie et peaufiner l'histoire.
Synopsis Allociné : Wolverine, le personnage le plus emblématique de l'univers des X-Men, est entraîné dans une aventure ultime au cœur du Japon contemporain. Plongé dans un monde qu'il ne connaît pas, il doit faire face au seul ennemi de son envergure, dans une bataille à la vie à la mort. Vulnérable pour la première fois et poussé au bout de ses limites physiques et émotionnelles, Wolverine affrontera non seulement l'acier mortel du samouraï mais aussi les questions liées à sa propre immortalité.
James Mangold fait partie de ces réalisateurs caméléons, à la carrière éclectique, passant d'un genre à un autre sans aucun problème. Un cinéaste inégal, sans réelle signature, capable du meilleur, le polar « Copland », le thriller « Identity », le western « 3h10 pour Yuma », ou encore le biopic « Walk the Line » (même si surestimé pour ce dernier), comme du moins bon, le plaisir coupable « Night and Day », le pas phénoménal « Kate & Leopold » et l'asilaire « Une vie volée ». Aujourd'hui, le metteur en scène américain s'attaque aux films de superhéros avec « Wolverine : le combat de l'immortel » et rate le coche.
James Mangold partait pourtant plutôt bien, voire très bien, plein de bonnes intentions – lieu exotique, bascule du côté de la série B jouissive – avec une ouverture proche d'un style entre le western et le film de ronin, rendant ainsi hommage à son mentor spirituel Yasujiro Ozu. Plans effroyables, économie budgétaire astucieuse, ambiance angoissante, moteur dramatique et cinétique du film confié au héros, tout était louable.
Puis très vite – en réalité, dès le déploiement de l'action, lors de la scène des funérailles – « Wolverine : le combat de l'immortel » s'enlise dans un récit abracadabrant, focalisé autour d'une love story inter-raciale peu crédible, et de personnages secondaires au dessein flou (que veulent réellement les méchants ?), voire incompréhensible pour certains (le Samouraï d'Argent interprété par Will Yun Lee).
Les séquences censées être pétaradantes sont enchaînées mécaniquement sans queue ni tête, sont particulièrement illisibles, tendance répugnantes (celle du Shinkansen : bonne idée sur le papier, résultat abominable, concrètement le héros saute en l'air volontairement, se laisse porter par le vent (!), et retombe systématiquement sur le train, mais sur le wagon d'après, puisqu'il est en mouvement (?!), les lois de la physique sont snobées: à la seconde où il lâche prise, son corps devrait être emporté hors du train (et non planer au-dessus en ligne droite) avant de tomber, sans parler du décalage de vitesse, mais peu importe, on s'marre bien), James Mangold plagie honteusement le mauvais « X-Men l'affrontement final », notamment lorsqu'il développe le chapitre – clos depuis belles lurettes – du héros torturé par son passé (le décès de Jean Grey, qui réapparaît ici ponctuellement sous forme de mirages maladroits) et son pouvoir. De même, le coup de l'immortel poussé au bout de ses limites physiques et émotionnelles a déjà été exploré cent fois.
James Mangold, probablement à genoux devant la 20th Century Fox, sombre bêtement dans les clichés de la carte postale sur le Japon – le bullet train Shinkansen, les pachinko parloirs, le love hotel, les ninjas – se sent obligé de définir toutes les cinq secondes le mot « ronin », alors même que les protagonistes gravitant autour de Wolverine sachent ce qu'il en est, et reprend les pires gimmicks de la franchise X-Men (l'éternel plan de face sur le visage de Wolverine en train de régénérer après avoir reçu un coup à l'arme blanche, le traitement très Deadpoolien de l'armure – soldat fabriquée en intégralité en adamantium, la vilaine « Vipère »).
« Wolverine : le combat de l'immortel » se décompose encore un peu plus lors du climax, dans le dernier acte complètement raté, bourré d'incohérences (Logan censé être redevenu mortel ne hurle pas de douleur lorsque ses griffes sortent de ses métacarpes), fagoté avec des combats mal chorégraphiés et des effets spéciaux douteux, allant jusqu'à questionner le budget effarant de ce blockbuster mal boulonné.
Et ce n'est malheureusement pas la traditionnelle scène post-générique pré-mâchée, sans réelle surprise (mais indispensable), qui vient rattraper la consternante débâcle, annonçant très sagement « X-Men Days of Future Past ».
Seul et unique point positif : le comédien Hugh Jackman, qui enfile ses griffes en adamantium pour la 6è fois sur grand écran. L'australien EST Wolverine et immortalise le rôle qui l'a rendu célèbre, un peu à la manière de Robert Downey Jr sur la saga « Iron Man ».
Bilan : La saga X-Men a connu des hauts et des bas grâce à l'excellent « X-Men Le Commencement », aux convenables « X-Men » et « X2 », à la déception d'un « affrontement final » conspuant et au naufrage « X-Men Origins ». « Wolverine : le combat de l'immortel », à peine meilleur que le dernier opus cité, est à ranger dans le bas du panier. Les nouvelles aventures solitaires du plus hype des mutants au pays du soleil levant sont en effet tristement affligeantes : arcs narratifs mal écrits (Viper), séquences spectaculaires étalées stupidement, humour trop envahissant, rythme mal soutenu, machination floue des méchants, final lamentable.
Secret de tournage : Pour se préparer physiquement au rôle, Hugh Jackman s'est tourné vers un coach musclé, et pas n'importe lequel … puisqu'il s'agit du « Viagra des franchises », alias Dwayne « TheRock » Johnson, présent sur tous les fronts en 2013.
 
La Bande Annonce de Wolverine - le combat de l'immortel:
 
 
NOTE: 3,5/10