La légende de Bagger Vance (2000) |
Robert Redford
Adapté du roman de
Steven Pressfield, Robert Redford réalise son 6ème long-métrage
après le très réussi
L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998).
Un vibrant hommage à un sport qui pâtit hélas à mauvais titre d’à
priori désavantageux (encore plus en France) : le golf.
Synopsis Allociné :
Enfant prodige de Savannah, champion de golf précoce, petit ami de
la ravissante et richissime Adele Invergordon, Rannulph Junuh est
envoyé au front, où l'horreur du premier conflit mondial le frappe
de plein fouet. Après plusieurs années de silence, cet héros de
guerre désenchanté revient à Savannah dans le plus parfait
anonymat, hanté par le souvenir atroce de ce qu'il a vécu. Fantôme
parmi les vivants, il se retire du monde dans un vieux manoir
délabré.
La Grande Dépression
de 1929 a fait fondre toutes les fortunes, le père d'Adele s'est
suicidé pour échapper au déshonneur de la ruine et le parcours de
golf qu'il avait fait construire semble voué à la faillite. La
jeune femme décide alors de faire sortir Junuh de sa retraite et de
l'opposer aux deux plus grands golfeurs de l'époque, Bobby Jones et
Walter Hagen, lors d'un tournoi dont les bénéfices permettront au
terrain de ne pas disparaître.
Mais Junuh ne veut pas
en entendre parler. Il est certain d'avoir perdu le secret du "swing
authentique" qui avait fait sa réputation de champion. Un homme
surgi de nulle part se présente alors à lui. C'est un mystérieux
et providentiel caddy noir, Bagger Vance, dont les conseils semblent
avoir des répercussions sur sa vie.
De grands événements
historiques détruisent l’économie, des nations entières mais
surtout des vies personnelles. C’est le cas pour Junah (Matt
Damon), ancien joueur de golf d’exception, anéanti par de
douloureux souvenirs de la première guerre mondiale et ruiné par la
Grande Dépression de 1929.
Le déchu mais néanmoins
talentueux Junah se décide à participer à un tournoi de golf qui
pourrait sauver sa ville natale : Savannah en Géorgie. Plus
qu’une victoire sportive, Junah veut également reconquérir le
cœur d’Adèle (Charlize Theron), l’organisatrice de l’open et
son amour perdu.
Épaulé par un caddy
mystérieux et providentiel, Bagger Vance, joué par un Will Smith en
grande forme, Junah saura faire face au parcours ainsi qu'à ses
vieux démons. Le personnage de Bagger Vance donne sens à l’histoire
grâce à de magnifiques répliques, rythmant le film dans son
ensemble. Les dialogues grandiloquents retranscrivent toute la
complexité et l’excellence du golf, sport ô combien psychologique
où le premier adversaire n’est autre que soi-même.
Orienté
vers le sport du Tigre, La Légende de Bagger Vance offre avec
sobriété une leçon de vie et de courage. La réalisation, humble
et néanmoins réussie, est judicieusement exécutée grâce à une
mise en scène inédite et tellement pertinente pour chaque golfeur :
le monde qui s’efface autour de soi, faire corps avec le club, la
seule vision de la balle et du drapeau.
La photographie de
qualité, aux couleurs patines et automnales, résonne en écho avec
les prises de vues originales – mention spéciale lorsque la caméra
devient balle filante le long des fairways. Les sensations golfiques
sont évoquées puis transmises avec brio. Les décors (le Jekyll
Island Club Hotel et le golf de Kiawah Island en Géorgie) nous
offrent de magnifiques couchers de soleil sur les greens ou des
sous-bois sombres aux frontières des hors-limites diablement
choisis. Leur efficacité est redoutable car ils sont habités avec
vigueur et amplitude par les protagonistes du jeu.
Le scénario, bien écrit
et atypique, est largement audacieux et tout à fait abordable pour
les néophytes du golf. Redford réalise un film poignant et subtil
qui tient en haleine deux heures durant bien que le dénouement
demeure entièrement prévisible. Il ne s’agit pas seulement d’une
histoire de golf mais de l’histoire d’un homme qui cherche un
moyen de combattre un traumatisme.
La Légende Bagger
Vance tient également grâce un casting réussi. Matt Damon,
charmeur et désinvolte, est crédible et convainquant en golfeur
déchu. Les heures sur le practice ont été nombreuses en amont du
tournage, sous le regard de Tim Moss, membre de la PGA et conseiller
technique de l’acteur. Will Smith, étonnant dans ce rôle,
pourrait tenir à lui seul le film.
Redford signe donc un
joli témoignage sportif, métaphore de l’existence où l’adversité
et le désespoir doivent être dépassés avec courage et honneur.
Article rédigé par Cléa Carré
Une belle critique qui donne au néophyte envie de voir ce film.
RépondreSupprimerMerci encore une fois à Cléa
Superbe film. On sort grandi. Une belle leçon de vie.
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