Mama

Petit carton au box office us l'hiver dernier et grand gagnant du dernier Festival international du film fantastique de Gérardmer, « Mama », le film d'horreur réalisé par l'argentin Andres Muschietti et produit par Guillermo Del Toro, débarque dans l'hexagone le 15 mai prochain. Premier film du réalisateur Andres Muschietti, « Mama » est le remake du court métrage éponyme du même metteur en scène paru en 2008.

Synopsis Allociné : Deux petites filles ont disparu dans les bois le jour où leurs parents ont été tués. Quand elles sont sauvées, des années plus tard, et qu'elles commencent une nouvelle vie, elles découvrent que quelqu'un ou quelque chose cherchent encore à les border pendant la nuit.

5 ans auparavant les 2 sœurs, Victoria et Lilly, disparaissaient de leur banlieue sans laisser de trace. Depuis lors, leur oncle Lucas et sa petite amie, Annabel, les cherchent comme des fous. Mais, lorsque les enfants sont retrouvées vivantes dans une cabane délabrée, le couple se demande si elles sont les seules à s'inviter chez eux. Tandis qu'Annabel tentent de les initier à une vie normale, elle est de plus en plus convaincue d'une présence maléfique dans leur maison. Les 2 sœurs souffrent-elles d'un réel traumatisme, ou y a-t-il un fantôme qui leur rend visite ? Comment ont-elles pu survivre seules pendant toutes ces années ? 

La dernière production horrifique estampillée Guillermo Del Toro, « Don't Be Afraid of the Dark », avait cruellement déçu les aficionados du célèbre metteur en scène mexicain par le manque indéniable de sa patte artistique si singulière.

Guillermo Del Toro, rappelons-le, est un brillant auteur qui possède sa propre touche esthétique, détectable notamment par son fétichisme des monstres en tout genre, les insectes souvent, mais aussi les entités à l'état larvaire, ou les appareils servant à mesurer le temps (tels que les horloges).

Séance de réhabilitation donc pour « Mama », avec pour objectif une transposition grand écran du court métrage « Mama », véritable tour de force technique (un plan séquence divin) visible sur YouTube, sans sombrer dans la surenchère de Jump Scare inutiles et d'effets visuels poussifs.

Pari réussi au premier abord pour Andy Muschietti & Guillermo Del Toro, qui livrent avec « Mama » un conte terrifiant bercé d'émotions. Le récit d'un esprit maternel prêt à tout pour répondre aux besoins de sa progéniture. La mère suffisamment bonne selon Winnicott, en somme ?

Dès l'ouverture et les premières minutes, quand apparaît à l'écran l'accroche « Once upon a time... », le ton est donné. « Mama » emprunte clairement le sentier de la fable horrifique.

En résonance avec « Le Labyrinthe de Pan » du même Del Toro et à la fois cousin lointain des films de fantômes nippons – « The Ring », « The Grudge », ou sud-coréens « The Wig » – « Mama » puise son inspiration directement en Asie, évite le piège facile de l'escalade visuelle et offre un spectacle mi effrayant, mi poétique, qui fait mouche la plupart du temps. Le film de Muschietti bénéficie, en effet, de quelques moments de frousse – séance photo du pédopsychiatre, narration de l'histoire de Mama à la première personne en vue subjective – de quoi assurer modestement le niveau supérieur du trouillomètre.

Épaulé par une photographie partiellement réussie – la séquence finale, principalement nocturne, est un bijou – Muschietti propose une mise en scène sobre et sans alarme pour alimenter le mythe.

Quelques fautes de goût en revanche sur le plan des effets spéciaux, qui n'apparaissent hélas pas toujours maîtrisés, et sur une séquence flashback assez hideuse.  

Côté casting, Jessica Chastain, encore fraîche de sa nomination aux Oscars pour « Zero Dark Thirty », se montre touchante dans son manque de savoir-faire avec les enfants et incarne sans hystérie la scream queen désarmée face au danger, affrontant un spectre maléfique mais vulnérable. Seul bémol : son affreuse perruque brune, qui lui donne un faux air de Playmobil.

La marmaille est interprétée par deux jeunes comédiennes au naturel confondant, Megan Charpentier et Isabelle Nélisse. Nikolaj Coster-Waldau, échappé de la série « Game of Thrones », joue, quant à lui, le beau gosse utilitaire, rapidement éclipsé par l'actrice de « Take Shelter ».

Bilan : Échos outre-Atlantique positifs mérités pour « Mama », production Del Toro pas foncièrement originale, mais qui a de la gueule avec sa volonté salvatrice de dépoussiérer une mythologie fantastique à travers une forme de poésie noire. Dommage par contre que « Mama » nous émeut plus que nous effraie.

 

La Bande Annonce de Mama:

 

NOTE: 6/10