François Ozon avait frappé fort l'an
dernier avec « Dans la maison », belle démonstration de
son
incroyable capacité à déjouer les codes du roman littéraire pour mieux
les transposer dans une œuvre entièrement fictionnelle, ainsi que
de son indéniable talent pour débusquer les comédiens de
demain (Ernst Umhauer, nommé au César du meilleur espoir masculin).
Dix ans après « Swimming Pool »,
le plus exquis des réalisateurs français revient en compétition
sur la croisette avec son nouveau long métrage, le délicat « Jeune & jolie », prévu pour une sortie en salles estivale.
Synopsis Allociné : le
portrait d'une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.
Taxé de sexisme en plein milieu du
festival pour ses propos peu subtiles face aux journalistes du
prestigieux Hollywood Reporter « la prostitution est un
fantasme commun à de nombreuses femmes […] Cela ne veut pas dire
qu'elles le font, mais le fait d'être payée pour coucher est
quelque chose qui est assez évident dans la sexualité féminine »,
on peut dire que François Ozon confirme son statut de metteur en
scène provocateur et polémique.
N'en déplaisent aux festivaliers, friands de
scandales, son « Jeune & jolie » est une
jolie réussite, pleine de maîtrise et jamais provoc'.
Avec « Jeune & jolie »,
Ozon raconte, sans voyeurisme – ou juste ce qu'il faut – comment
Isabelle, une adolescente de 17 ans, vend son corps librement à des
hommes dans des hôtels, de la même manière qu'elle vivrait une
expérience de vie. Par fantasme ? Par devoir ? Avidité
sexuelle ? Finalement, le pourquoi importe peu dans « Jeune & jolie », il faut surtout retenir le message subliminal
glissé par Ozon à travers les actes « aussi dégradante soit elle, la prostitution est, ne l'oublions pas, une forme
d'exploration des désirs sexuels ».
Plus secret et nettement plus
aventureux qu'avec « Potiche » ou « 8 femmes »,
Ozon distille les éléments de son scénario de manière
progressive, quasi majestueuse, et interroge. Le réalisateur de
« Sous le sable » et « Le temps qui reste »
n'en délaisse pas pour autant sa mise en scène et manie avec
parcimonie les ellipses pour mieux rendre compte l'émotion.
Au-delà d'une magnifique direction d'acteurs (Marine Vacth,
stupéfiante, un César à la clé?), François Ozon mêle les
registres une fois encore avec quintessence et luminosité lorsque
son récit passe avec brio du drame à des scènes plus légères
(les répliques cinglantes avec le frère de Marine Vacth).
Seul bémol si l'en est vraiment un :
Ozon, bobo cynique, use et abuse parfois un peu trop
souvent des clichés du
genre – l'argent distribué négligemment lors des passes, le
rayonnement sexuel des adolescents qui entourent Marine Vacth.
Bilan : On peut féliciter
une nouvelle fois l'artiste Ozon pour avoir révélé une actrice de
talent, la sublime Marine Vacth dans un rôle d'ado déboussolée par
ses désirs.
« Jeune & jolie », preuve irréfutable que
François Ozon compte parmi les plus brillants réalisateurs français
contemporains.
La Bande Annonce de Jeune & jolie:
NOTE: 7/10
Je partage globalement votre avis, sauf peut-être sur le "rayonnement sexuel des jeunes" qui entourent Isabelle, ou alors j'ai mal compris ce que vous entendiez par là. La direction d'acteurs est effectivement très soignée, la narration impeccable, sauf sans doute pour cette scène ridicule de récitation du poème de Rimbaud, très mauvaise.
RépondreSupprimerDisons qu'il utilise des clichés maladroits je trouve. On est d'accord pour Rimbaud.
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