mercredi 1 mai 2013

[Rétrospective #4] Forrest Gump | Robert Zemeckis


Forrest Gump (1994) | Robert Zemeckis
 


Robert Zemeckis, réalisateur de la trilogie de Retour vers le futur, signe avec Forrest Gump un long-métrage tragicomique récompensé de 6 oscars qui a autant marqué les cinéphiles aguerris que le grand public.



Forrest Gump est un jeune homme simplet qui attend paisiblement son bus. Il se décide à relater sa vie aux passants qui attendent eux aussi leur bus. La vie de Forrest est comme la plume qui vient de se poser à ses pieds : libre, se laissant porter par les événements. Il s’avérera que le jeune homme a été un acteur majeur de l’histoire contemporaine mouvementée des États-Unis d’Amérique.



La magie de Forrest Gump réside dans le fait que nous voyons l’histoire des États-Unis du XXème siècle se dérouler sous nos yeux de façon non-conventionnelle. Nous connaissons tous la biographie de ce pays grâce à nos livres d’histoire d’une manière très chronologique et formelle. Ici, nous sommes envoûtés par le regard de Forrest qui dédramatise et infantilise des faits pourtant fondateurs et pour le moins mouvementés. Les événements traités sont tous historiquement corrects, comme l’avait exigé l’acteur Tom Hanks avant de prendre part au projet. Ainsi, Forrest se voit impliqué dans la guerre du Vietnam, dans ce qui deviendra l’affaire du Watergate, en passant par les mouvements hippies.
L'existence du jeune homme est une vie à laquelle personne ne prétend pouvoir aspirer, surtout pas un simplet comme lui. Et pourtant… il est tour à tour : champion de football américain, soldat au Vietnam, champion de ping-pong dans l’équipe militaire américaine, marathonien d’exception, capitaine d’un crevettier et pour finir milliardaire. Les préjugés dont il fait l’objet depuis sa naissance ne freinent pas son implication dans l’origine de nombreux faits de société. Forrest se laisse emporter par les événements, à l’image de la plume blanche dansant au vent dans le premier plan.

À travers cette vie extraordinaire, le réalisateur implique le spectateur de façon subtile. Un jeu s’installe tout au long du film pour reconnaître tel ou tel événement marquant de l’Amérique, jeu qui s’avère des plus prenants et des plus amusants. De plus, Forrest Gump est un être qui passe par des étapes que chacun d’entre nous a dû ou devra affronter : l’amour, la perte d’un proche … Zemeckis fait preuve d’une incroyable ouverture d'esprit afin de rendre cette vie plus qu’exceptionnelle et palpitante, mais à laquelle le public peut toujours s’identifier. Forrest Gump ne se laisse jamais emporter dans le pathos car Zemeckis a su conserver une certaine sobriété à travers le regard de Forrest. Cette fresque poétique oscillant entre drame et comédie a certainement donné naissance à l’un des plus grands héros du 7ème art du XXème siècle.
Un tel voyage dans l’Histoire est rendu possible grâce à une réalisation remarquable, pensée jusque dans les moindres détails. Effrénée, elle n’en demeure pas moins très fluide. La mise en scène se révèle être aussi des plus complexes car Forrest Gump est un film à effets numériques. Grâce à la technique de rotoscopie, Tom Hanks fut intégré à des images d’archives. En effet, l’acteur avait été au préalable filmé devant un écran bleu avec des marques de références pour être par la suite incrusté avec soin dans lesdites images. Le morphing permit également au réalisateur de modifier les mouvements de lèvres des figures historiques afin de les faire concorder avec les nouveaux dialogues nécessaires au film. Ainsi, Forrest croise sur son chemin des personnalités telles que Michael Jackson, le président Kennedy, John Lennon, Elvis Presley, pour n’en citer que quelques-uns. Un résultat irréprochable pour des techniques d’il y a vingt ans !
Les images n’en supplantent pas moins les dialogues, efficaces et sincères. Les répliques deviennent instantanément cultes. En tête, le « Cours Forrest, cours», ou « La vie, c’est comme une boîte de chocolat ».



Tom Hanks signe ici la performance de sa carrière (à noter que John Travolta a depuis considéré son refus d'incarner Forrest Gump comme « une grande erreur »). Sans jamais tomber dans le cliché maladroit du simple d’esprit, l'acteur multi-Oscarisé incarne avec brio, justesse, pertinence et crédibilité ce personnage. Les seconds rôles sont sur le même tempo avec Gary Sinise (aujourd’hui numéro 1 des Experts : Manhattan) en lieutenant sans jambe et Robin Wright Penn, touche tragique du long métrage.
Le héros rencontrant d’importantes personnalités de la musique, la bande originale se doit d'être entraînante et éloquente, composée principalement de tubes (Elvis Presley, Aretha Franklin, The Beach Boys, The Doors, …). Alan Silvestri produit une mélodie à l’image du scénario et du personnage principal : libre et légère.



Couvert d’éloges, les détracteurs lui reprochèrent son trop grand conservatisme ou son patriotisme exacerbé. Ce thème est pourtant un leitmotiv du cinéma américain : l'American Dream, la belle vie, l’argent, qu’importe les difficultés sociales ou mentales du héros. Il ne faut néanmoins pas oublier les critiques pouvant être faites à l'encontre des États-Unis à travers ce long-métrage, notamment grâce à la dimension politique. La violence de la guerre du Vietnam associée à ses mouvements contestataires, l’affaire du Watergate, la ségrégation raciale sont clairement exposées sans aucun voile.



Avec près de quatre millions d’entrées en France, plus de 679 millions de dollars de recettes mondiales et treize récompenses, Forrest Gump est à la fois un succès critique et commercial.

Article rédigé par Cléa Carré

7 commentaires:

  1. Belle plume et belle critique pour un film qui ne mérite que ça !!!
    Un classique du cinéma

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    1. Merci. ça fera plaisir à Cléa de lire ça.
      A bient'

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    2. Merci à toi Frédéric, effectivement ça fait plaisir.
      Merci également à Robin, qui aiguise ma plume.

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    3. Il aiguise au sens propre ? Curieuse pratique :D

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  2. Un classique magnifique, j'ai toujours beaucoup de plaisir à le voir.
    Beaucoup de sujets de société sont traités (maladie, guerre...) sans jamais tomber dans le drame.
    Le film est plein de poésie et on se sent emporté.

    Je travaille dans une association qui fait la promotion d'acteurs Espagnols, si vous pouvez jeter un coup d'oeil, on vous attend !

    Blog: http://www.carlospuech.com.es/
    Web: http://www.carlospuech.es/

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  3. Ce film fait partie des plus grands classiques du cinéma ! Tom Hanks tient parfaitement le rôle-titre de l’œuvre et le scénario nous parle à l’altruiste qui sommeille en chacun de nous…

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