Synospsis Allocine.fr : Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme originaire de l'État de New-York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d'un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie...
Steve McQueen a beau être arrogant et prétentieux en interviews, voire souvent moraliste à travers ses films, il n'en demeure pas moins un metteur en scène talentueux et charismatique, considéré par certains comme « le successeur de Spike Lee ».
Mené par un casting exceptionnel, « 12 Years A Slave », son troisième long métrage, clairement son plus ambitieux de tous – une incursion dans la Louisiane des années 1840 à travers le regard du jeune noir Solomon Northup, bien intégré dans la société puis kidnappé avant d'être vendu comme esclave dans cet état sudiste et apprivoisé « Platt » par ses maîtres – est un film âpre, douloureux et tourmenté, fondamentalement nécessaire, qui pêche cependant par une narration trop académique et une mise en scène assez inégale.
Steve McQueen, imprégné d'une volonté de respecter son sujet et d'être fidèle à la virgule près au récit autobiographique de Northup, livre, en effet, un long métrage perturbant, au propos souvent bouleversant (le racisme, voire mieux, l'inhumanité barbare, relève d'idées délirantes, à l'instar du nazisme), mais qui a du mal à transcender le spectateur, notamment à cause d'une mise en scène bancale, tantôt pudique, tantôt démonstrative.
McQueen s'obstine à étirer ses plans fixes et ressent le besoin de montrer la cruauté et l'ultra-violence (le réveil des esclaves au beau milieu de la nuit par Fassbender, simplement pour les faire danser pour le plaisir de son épouse, les coups de fouet distribués plutôt par sadisme que pour punir) plutôt que de la suggérer. De même, on est désarçonné par quelques phrases chocs faciles (« My freedom is everything », « There is nothing to forgive ») et la progression du récit, qui suit une trame vraiment très classique – l'histoire d'un homme qui tente de rejoindre sa famille racontée à la première personne – pour s'achever sur un épilogue tire-larmes malvenu.
Néanmoins, le metteur en scène britannique apporte suffisamment de nuances ailleurs, notamment lorsqu'il aborde la religion et la conviction inébranlable de certains blancs que l'esclavage est dicté par la Bible, qu'on lui pardonne aisément cette réalisation en demi-teinte.
Saluons comme atout indéniable un casting remarquable dans son ensemble, de Michael Fassbender parfait en bourreau sauvage et sans cœur à Lupita Nyong'o, véritable révélation du film, en passant bien évidemment par Chiwetel Ejiofor, comédien au jeu subtil, et Benedict Cumberbatch, admirable en esclavagiste bienveillant.
Il faut également applaudir l'esthétique de qualité de « 12 Years A Slave », saillante grâce à un travail de reconstitution de la Louisiane des années 1840 extraordinaire, ainsi qu'une photographie magnifique, signée Sean Bobbitt, composée de plans impressionnants, d'une beauté saisissante (les corps abîmés, l'amoindrissement de l'espoir dans les regards, le visage profondément blessé d'Ejiofor, les champs de coton). Dans ce paysage artistique fabuleux, seule la composition musicale de Hans Zimmer, plutôt répétitive, voire parfois encombrante, fait un peu tâche.
Bilan : Le plus grand pêché de l'Amérique révélé par Steve McQueen. Film irrégulier, moyennement servi par une mise en scène instable, mais porté par un casting exemplaire et un message important.
Anecdote : Michael Fassbender retrouve Steve McQueen après que ce dernier l'ait dirigé dans « Hunger » et « Shame ». Il collabore également pour la troisième fois avec Brad Pitt, qui enfile ici la double casquette d'acteur / producteur, après l'avoir côtoyé dans « Inglourious Basterds » et « Cartel ». Enfin, notons que Michael Fassbender et Benedict Cumerbatch sont tous deux actuellement en pourparlers avec Disney pour participer au 7ème volet du space opéra « Star Wars », que réalisera J.J. Abrams.
La Bande Annonce de 12 Years A Slave:
NOTE: 6,5/10
le successeur de Spike Lee ???? parce qu'il est noir????
RépondreSupprimerBonjour,
Supprimerj'ai répondu à l'intervenant du dessous qui a posé la même question, je vous y réfère donc.
Merci.
1. Steeve Mc Queen , est anglais d'origine Antillaise/Caraibéenne.
RépondreSupprimer2. Je ne vois pas le rapport avec Spike lee (les noirs ne sont pas un bloc monolithiques, qui pensent tous pareil, abordent les mêmes thèmes.)
3.Pour moi Mc Queen est plutôt dans la veine d'un Terrence Malik ou d'un Kubrick.
Bonjour,
Supprimerpour le point #1, au temps pour moi, je viens de corriger et vous remercie de m'avoir signalé cette coquille, je n'ai pas pour habitude d'en laisser sur le site, je veille généralement à vérifier les info, vous pouvez checker sur le site,
pour le point #2, permettez moi de réagir un peu plus vivement, vous pensez sérieusement que je suis assez stupide pour verser dans un délit de faciès, qui plus est, en rédigeant la critique de 12 YEARS A SLAVE ??? Il est évident que je n'ai pas dit ça pour la couleur de peau. J'ai cité Spike Lee car il est régulièrement cité dans les articles us lorsqu'on parle de Steve McQueen pour des raisons principalement de films engagés, mais aussi de thématiques semblables et d'approche similaire (souvent moraliste). De plus, ai-je donné mon opinion ? Je ne crois pas, j'ai écrit texto "considéré par certains comme "le successeur de Spike Lee" , est-ce que cela signifie que le mot "certains" m'inclue, je ne pense pas, c'est juste un fait que je livre objectivement. Et enfin, même si c'était ce que je pense, j'ai mis des guillemets pour justement préciser que c'était un sujet controversé. Voilà.
pour le point #3, je suis prêt à en discuter, c'est intéressant comme rapprochement. Sur quels critères vous basez vous pour dire cela ? Mise en scène, démarche artistique ou plutôt le contenu ?
Merci en tout cas pour vos commentaires, ne voyez aucune animosité dans ma réponse, bien au contraire.
Pour votre point #3, je pense aux techniques / à la plastique qui peuvent être comparables, encore que Steve McQueen n'a jamais collaboré avec Emmanuel Lubezki si je ne m'abuse, la caméra de McQueen ne danse jamais, mais bcp de travellings, les plans fixes étirés ... là je suis d'accord. Par contre, aucun accordage musical en dehors de l'utilisation de musiques classiques peut-être.
SupprimerBelle petite critique. Je suis amplement d'accord avec toi sur tous les points, notamment sur le scénario qui est trop plat et sans surprise. Il en reste un bon film, très agréable grâce à la réalisation et au casting. Gros bémol envers Hans Zimmer qui signe une composition répétitive et beaucoup trop proche de certains thèmes de ces autres compositions dont surtout Inception.
RépondreSupprimerSalut Kevin, merci pour ton comm'
SupprimerEn fait, le film a un peu mûri dans ma tête et il me hante pas mal, je pense au final que j'ai quand même pas mal aimé, mais je suis d'accord avec les points négatifs que tu as cités.
Beau et bon film, juste déçu que McQueen se soit laisser aller à un style plus commercial... 8/10
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