Synopsis Allociné :
2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers survivants ont pris
place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à
tourner autour de la Terre sans jamais s'arrêter. Dans ce microcosme
futuriste de métal fendant la glace, s'est recréée une hiérarchie
des classes contre laquelle une poignée d'hommes entraînés par
l'un d'eux tente de lutter. Car l'être humain ne changera jamais …
Après les très
remarqués « The Host », « Mother » et
« Memories of Murder », Bong Joon-ho a choisi d'adapter
sur grand écran une BD post-apocalyptique parue en France en 1982,
« Le Transperceneige », où les survivants de l'espèce
humaine s'abritent pour l'éternité à bord d'un gigantesque train
qui file perpétuellement autour d'un monde figé par la glace. Bien
lui en a pris, puisqu'il signe là le film de science-fiction le plus
abouti, maîtrisé et inspiré de l'année.
Brassant des thèmes
comme la lutte des classes, la mondialisation (« Upside Down »,
« Elysium », « Hunger Games – L'embrasement »
… le ressort de la différenciation des classes socio-économiques
ne semble définitivement pas usé à Hollywood) et la survie de
l'humanité sous forme d'ode à la résistance, « Snowpiercer »
se distingue de ses pairs à la fois par sa construction en forme de
parabole politique cinglante et son rythme surprenant, qui rappelle
celui d'un jeu-vidéo (variation des points de vue, ou encore
narration en forme de level-up, une progression
par niveaux, à la fin desquels surgissent toujours de nouveaux boss,
jusqu'à atteindre le dernier stade de jeu, avec son némésis
final).
Le cinéaste sud-coréen
s'est par ailleurs parfaitement adapté aux contraintes mécaniques
du blockbuster (gestion des espaces et direction d'un grand
nombre d'acteurs à la manière d'une chorégraphie), tout en
conservant son style unique qui le rend si insaisissable : un
récit souvent dramatique et noir, parcouru de moments foncièrement
abstraits, voire absurdes, proposés comme remèdes à la gravité de
la réalité. Ici, la violence extrême et tragique du périple des
rebelles, la vision du chaos et la mélancolie (il s'agit quand même
d'une fable métaphysique autour de la fin du monde) confrontées au
comique burlesque de certaines scènes (l'extravagante Tilda Swinton)
et aux comportements parfois étranges du personnage incarné par
l'acteur fétiche de Bong Joon-ho, alias Song Kang-ho, une fois de
plus excellent. Autres exemples probants : tout d'abord, une
séquence de bataille hallucinante interrompue par une célébration
du nouvel an, et enfin, un morceau amical et drôle mettant en scène
des enfants en adoration devant le démiurge du train, morceau qui
contraste avec la férocité des agissements des adultes dans les
minutes qui suivent. De quoi féliciter Bong Joon-ho, surtout
lorsqu'on sait à quel point l'industrie américaine est généralement
frileuse, voire hostile, à toute forme de singularité.
La virtuosité de Bong Joon-ho réside également dans la mise en scène : outre
l'incroyable bande-originale de Marco Beltrami et les décors
somptueux, il faut surtout saluer le défi relevé haut la main d'une
histoire grandiose proposée dans un espace confiné – en
l'occurrence, le train, probablement un des motifs les plus
cinématographiques qui soit. Pas évident sur le papier. Pourtant,
le réalisateur sud-coréen s'en tire à merveille et édifie une
expérience brutale, guidée par la révolution qu'entame Curtis,
personnage mystérieux incarné par un Chris Evans décidément de
plus en plus en jambes, entraînant les prolétaires de la cale
(l'arrière du train) à remonter un à un les wagons pour réclamer
justice.
Bilan : Bong Joon-ho réussit avec brio son baptême de feu au pays de l'Oncle
Sam. « Snowpiercer, Le Transperceneige » est un
divertissement spectaculaire, un petit bijou de science-fiction, une
œuvre complexe mais résolument fidèle à l'identité formelle
(déjouer les attentes du spectateur avec un sens prononcé de la
rupture) et thématique (la lutte des classes) du réalisateur
sud-coréen.
Anecdote :
Beaucoup de similitudes entre « Scott Pilgrim » et
« Snowpiercer ». Outre la présence des acteurs Chris Evans et Alison Pill qui jouaient tous deux dans « Scott Pilgrim », on retrouve la même progression narrative en forme
de level up jusqu'au boss final. Enfin, le personnage de Jamie Bell est nommé « Edgar » d'après Edgar Wright,
réalisateur de « Scott Pilgrim » (aucun des personnages
n'a le même nom que dans la BD). Autant dire que le réalisateur
Bong Joon-ho est fan du long métrage !
La Bande Annonce de Snowpiercer, Le Transperceneige:
NOTE: 9/10
Très bonne critique, encore une fois parfois j'aimerai pouvoir m'exprimer et utiliser des termes de la même façon que toi ^^ Bon après je ne partage vraiment pas ton enthousiasme sur le film, puisque comme tu l'as si bien démontré, les sous-thèmes sont quand même très forts, mais pour moi ils n'existent pas assez à l'écran, l'histoire principale, que j'ai trouvé affreusement mauvaise, et qui utilise un peu trop de révélations et de retournements de situations rocambolesques, prend trop le dessus. A part la mise en scène, et Chris Evans, y'a vraiment rien du tout que j'ai apprécié. Mais bon, comme à chaque fois que je déteste un film en salles, je le reverrai à sa sortie blu-ray :)
RépondreSupprimerMerci Aymeric, c'est sympa, ça me touche beaucoup.
SupprimerEt pour le fond, ralala, heureusement qu'on se réconcilie sur Man of Steel, OGF, Springbreakers et Gravity :)