Quoiqu’on
pense de la décision récente de Disney Animation Studios, après le
tiède accueil réservé à « La Princesse et la grenouille »
en 2009, de délaisser l’animation manuelle pour concentrer leurs
efforts vers l’animation 3D… force a été de constater dès
l’année suivante avec « Raiponce » que les ingrédients
qui font d’un nouveau Disney annuel le savoureux plat de Noël
qu’on connaît ne se perdent pas pour autant. Plus encore, c’est
en cassant ses propres codes de contes de fée bien établis que le
Studio aux grandes oreilles avait su séduire. Ou en tout cas
davantage qu’avec la parenthèse « Les Mondes de Ralph »,
annoncé comme une extase pour gamers et tombé à la renverse
d’un marketing calamiteux et d’une écriture hasardeuse.
Les enjeux de la sortie
de « La Reine des neiges », en salles le 4 décembre
prochain, sont donc cruciaux ; il
s’agit pour Disney de prouver qu'en dépit de l’abandon des
moyens graphiques qui ont fait leur succès, la qualité est toujours
au rendez-vous. Et à cet égard, « La Reine des neiges »
apparaît comme une fraîche réussite.
Le film, réalisé par
la paire Chris Buck / Jennifer Lee, raconte l’histoire qui lie les
destins de la princesse Anna et de sa sœur Elsa, née avec le
pouvoir de créer et maîtriser la glace. Séparées par une
tragédie, ce n’est que le jour du couronnement d’Elsa comme
Reine du Royaume d’Arendelle qu’elles vont se redécouvrir,
jusqu’à ce qu’à nouveau, la situation glisse hors de leur
contrôle.
Ce synopsis bien
volontairement évasif n’est que la partie émergée de l’iceberg
mythologique conçu autour du film. Comme de juste, le long métrage
a pour toile de fond les légendes magiques nordiques et
Anderseniennes, et bénéficie d’une galerie de personnages
atypiques, loin des clichés attendus. On citera le coup de cœur
instantané pour Olaf, un bonhomme de neige à la fois délicieusement
naïf, givré et débordant de chaleur humaine.
Mais c’est lorsque les
romances se mêlent aux amours fraternels et aux amitiés naissantes
que « La Reine des neiges » prend véritablement de
l’ampleur. La narration fait son œuvre avec crédibilité et les
relations sont intelligemment placées au cœur des enjeux du film ;
sont mis de côté les besoins du conte pour mieux faire briller les
protagonistes.
Comme « La Reine des neiges » a le mérite de les faire évoluer et interagir au
sein d’un genre codifié, elle peut exister artistiquement, autant
dans l’écriture que dans son approche visuelle. La caractérisation
des personnages ne peut par exemple esquiver les comparaisons avec
« Raiponce », mais pourquoi s’en attrister ? Avec
« La Reine des neiges », il semblerait ainsi que Disney
poursuive son exercice de détachement des impératifs traditionnels
qui gèlent ses ambitions créatives. On pourra s’étonner,
s’amuser ou déplorer que cette manœuvre s'effectue au gré de
réelles différences entre les deux films, mais il serait abrupt
d’éclipser dans le même temps les victoires de « La Reine des neiges ».
L’animation et la
photographie sont clairement optimales pour un rendu souvent
magnifique, et le travail sur les décors, d’inspirations variées,
contribue lui aussi à faire de chaque plan une découverte. L’acting
dans sa version originale est honnête ; on préférera toute
fois s’attarder sur la soundtrack du film, absolument
somptueuse, et fondre pour les diverses chansons. Dans la lignée des
mélodies gentiment entêtantes et des séquences musicales
inventives au possible comme Disney en garde jalousement le secret,
« La Reine des neiges » peut se vanter de quelques
perles.
Sous ses aspects de conte
de fée brumeux et revu, « La Reine des neiges » prend le
temps de dévoiler une écriture fine à travers ses personnages et
ses situations. L’intrigue n’est jamais laissée au hasard d’un
rythme glaçant mais se sert habilement des ressorts artistiques à
sa disposition, et se paye même le luxe de twists
rafraîchissants. Les personnages sont humanisés grâce à leurs
qualités & leurs défauts, et la culture music-hall,
l’humour et le design servent honnêtement la progression du
récit.
Un traitement moins
didactique et plus audacieux dans la narration (une pensée pour la
fin, en partie sacrifiée par un surlignage excessif) aurait
certainement donné au film une dimension plus universelle.
En deux mots :
« La Reine des neiges » n’a probablement pas l'aura
d’un grand classique Disney mais s’apprécie comme une friandise
de Noël moelleuse, et se digère instantanément comme un film apte
à rassurer les plus sceptiques sur l’avenir de la firme
légendaire.
Anecdote :
Jennifer Lee décrit qu'avec
John Lasseter en boss de Disney Animation Studio, la recherche sur le
terrain est mise en avant ! Les animateurs sont donc partis en
excursion dans les états nappés de blanc des USA pour filmer et
observer leur propre démarche dans la neige. Le but était de mieux
comprendre les réactions du matériau aux mouvements humains, et
vice et versa. Glissades et chutes au rendez-vous … toujours pour
la bonne cause.
Article rédigé par
Douglas Antonio
La Bande Annonce de La Reine des neiges:
NOTE: 7,5/10
Tantôt déçue ou emballée par les dernières productions de Disney, j'irais bien voir ce film.
RépondreSupprimerJe suis restée sur la très bonne impression que m'avais lancé Raiponce, j'avais l'impression d'enfin voir un vrai classique, avec une bonne histoire et des héros qui sortaient du schéma traditionnel.
La Reine des Neiges paraît prometteur.
Si vous voulez en savoir plus sur des acteurs et des productions audiovisuelles Espagnoles, faites un tour rapide sur le site de l'organisation dans laquelle je travaille:
Blog: http://www.carlospuech.com.es/
Web: http://www.carlospuech.es/
A bientôt tout le monde
Il est pas mal mais j'ai été déçu par certains points, notamment le scénar et les twists, en pilotage automatique.
SupprimerUne belle réussite, un joli conte de fée, sans doute un peu trop girly pour les ptits gars mais ça reste un monde merveilleux... 8/10
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