Proposer
un film quelques mois à peine après un autre sur le même sujet, et inspiré des
mêmes faits réels, est souvent un exercice périlleux. Pourtant, l'agité et très
bon « Capitaine Phillips », le nouveau long métrage du
« britannique en colère » Paul Greengrass, réussit l'exploit de
passer après le tout aussi génial « Hijacking », sorti cet été.
Synopsis Allociné :
Capitaine Phillips retrace l'histoire vraie de la prise d'otages du navire de
marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates
somaliens. La relation qui s'instaure entre Richard Phillips, commandant du
bateau, et Muse, le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au
cœur du récit. Les deux hommes sont inévitablement amenés à s'affronter lorsque
Muse et son équipe s'attaquent au navire désarmé de Phillips. À plus de 230
kilomètres des côtes somaliennes, les deux camps vont se retrouver à la merci
de forces qui les dépassent...
De
Tom Hanks derrière la caméra nerveuse de Greengrass, on attendait forcément des
étincelles. En pratique, « Capitaine Phillips » est effectivement le
genre de film que l'on suit bouche bée et gorge nouée, sans jamais pouvoir
détourner le regard de l'écran, porté par un Tom Hanks fascinant, dans un rôle
qui semble avoir été écrit sur-mesure.
En
interviews, Paul Greengrass s'attache à décrire son nouveau long-métrage comme
une « histoire criminelle née sur l'océan de l'économie
mondiale », en somme, un récit propice à captiver, émouvoir mais surtout
faire réfléchir. Pourtant, la première impression quand on voit
« Capitaine Phillips » est celle d'un film réalisé par un type qui,
connu pour être engagé, s'investit désormais peut-être un peu moins sur le plan
politique qu'à ses débuts (« Bloody Sunday »). Ceci étant dit,
« Capitaine Phillips » repose sur une histoire passionnante,
minutieusement bien racontée, évitant judicieusement l'écueil de la leçon de
morale, ou des présuppositions.
Et
même si, ce que dénonce officiellement le film est moins fiable que ses scènes
d'action pure, Greengrass, une fois encore, nous en bouche un coin, dans un
montage heurté, kaléidoscopique (merci le chef monteur Christopher Rouse) où
chaque geste, chaque parole, chaque seconde qui passe, revêt d'une importance
cruciale.
Partant
d'un récit simple mais humain – « Quatre jeune somaliens à l'attaque d'un
énorme porte-conteneurs, deux capitaines issus de deux mondes différents qui se
retrouvent face à face, leur bras de fer, la patrouille antipirate qui débarque
et tous se trouvent plongés dans ce maelström » – Greengrass enchaîne les
séquences sous tension, en conservant évidemment son style frénétique
(« être dans l'immédiateté pour mieux enregistrer le monde »), tout
en gardant une longueur d'avance sur à peu près tout le monde en matière de
lecture quasi-documentaire de l'histoire récente de sa terre d'adoption
(rappelez-vous « Vol 93 », c'était déjà lui). Sa caméra mobile,
hyperactive, attrape le spectateur dès les premières minutes pour ne jamais
plus le lâcher jusqu'au dénouement, particulièrement émouvant, au cours duquel
les choix moraux discutés quelques instants plus tôt (y a-t-il d'autres options
en Somalie que d'être un pêcheur ou un voleur ?) résonnent encore dans
toutes les têtes. De quoi en fin de compte compléter « Hijacking », qui, lui, s'attardait intelligemment sur les interminables heures de négociations entre
les pirates et l'entreprise d'assurance du porte-conteneurs.
Sur
un dernier plan, relevons que si « Capitaine Phillips » nous tient en
haleine sans discontinuer, à la manière d'un « Bourne », c'est aussi
et surtout grâce à l'excellente partition de Tom Hanks, absolument prodigieux
en capitaine de navire pris en otage. Troisième Oscar en vue ? On est prêt
à prendre le pari.
Bilan : Ce thriller maritime, au rythme peut-être
moins trépidant que les précédentes moutures de Greengrass (« La mort dans
la peau », « Green Zone », « Vol 93 »), mais filmé
toujours aussi efficacement, caméra à l'épaule, permet surtout à Tom Hanks de
montrer qu'il est toujours l'immense acteur d'antan.
Anecdote
(source : Allocine.fr) :
Dans une volonté d'hyperréalisme, le réalisateur a imposé aux
Américano-Somaliens, jouant les pirates, d'éviter tout contact avec ceux qui
incarnaient le personnel de bord du Maersk Alabama dans le but de créer une
véritable crainte de la part du Capitaine et de son équipage.
La Bande Annonce de Capitaine Phillips:
NOTE: 8/10
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