dimanche 17 novembre 2013

Paranoïa

Robert Luketic, dont le genre de prédilection a toujours été les comédies romantiques (« La Revanche d'une blonde », « Kiss & Kill », « L’Abominable vérité »), décide de se lancer dans un autre style cinématographique : le thriller. Non sans mal. « Paranoïa » accumule une tonne de déboires, mais le plus évident semble être qu’aucun des personnages n’apparaît comme paranoïaque. Ce qui est pour le moins embêtant compte tenu du titre. 
Synopsis Allociné : Employé par Wyatt Telecom, Adam Cassidy commet une erreur très coûteuse pour sa société. En échange de son indulgence, le PDG lui demande d'infiltrer son principal concurrent, dont le patron n’est autre que l'ancien mentor de ce dernier...
Ce long-métrage qui devait lancer la carrière du frangin Hemsworth (Liam) s’est difficilement fait remarquer outre-Atlantique. Et pour cause, un scénario grossier – où les grands de l’industrie télécom mènent une guerre à coups d’écrans tactiles et de réseaux sans fil – une réalisation et un montage indécemment fagotés et l’absence de tension pourtant si caractéristique et nécessaire dans les thrillers. Étrange vision du monde moderne que nous sert Luketic. Brooklyn apparaît encore comme le « quartier pauvre » de NYC, les entreprises de technologies, habituellement situées dans la Silicon Valley, trouvent leur place dans le Lower Manhattan. Un univers dans le lequel évolue Adam Cassidy, beau-gosse se promenant souvent torse-nu, talentueux, mais dont la vie n’a pas toujours été facile : une mère décédée, un père malade (Richard Dreyfruss). Adam commet une erreur professionnelle, on lui propose alors de se racheter illégalement grâce à l’espionnage industriel. Il fera équipe dans la société concurrente avec Emma (Amber Heard), une working-girl qui souhaite faire son trou et, accessoirement, ex-coup d’un soir dudit jeune homme. Bref, un scénario cousu de fil blanc, sans grand intérêt en dépit d'un retournement de situation en conclusion.
Pourtant adapté du célèbre best-seller éponyme de Joseph Finder – illustre romancier du thriller d’entreprise – le film parvient tout de même à glisser entre les doigts du réalisateur australien. Jouant sur des codes déjà éculés cent fois au cinéma – le fameux espionnage du portable de la copine qui est encore sous la douche – le suspense et la tension s’essoufflent en quelques secondes laissant très vite le spectateur dans l’ennui. De même, les plans de New-York (dont certains ont été ouvertement tournés à Philadelphie) ne font qu’enrichir les clichés de cartes postales du touriste lambda. « Paranoïa » ne possède par ailleurs aucune vision novatrice. Flairant sûrement les longueurs narratives et les tentations dépourvues d’ambiance pesante, Luketic a tout de même essayé de ressaisir son film par d'invraisemblables twists, la plupart faisant plouf car artificiels et maladroits. Le spectateur finit ainsi las de ces nombreux rebondissements jusqu’à s’y perdre. Le film en pâtit considérablement, demeurant incroyablement lent, lisse et superficiel.
Côté distribution, Hemsworth et Heard formeraient un magnifique couple pour une pub de la nouvelle collection casual d’H&M. Leurs personnalités semblent se tenir devant tant de beauté stéréotypée. De surcroît, Amber Heard rejoue sans vraiment y croire son rôle dans Syrup où, pour le coup, la pertinence était de mise.
A l’appel des anciens combattants surqualifiés, l'ex-duo d’ « Air Force One » fonctionne mal. Harrison Fort est usé, tandis qu'Oldman incarne un personnage dont la noirceur et la profondeur sont seulement effleurées, ne lui assurant certainement pas un rôle à hauteur de son talent. Les techniques de mise en scène demeurent convenables et professionnelles, bien que Luketic semble avoir un goût prononcé pour les time-lapse/slow-motion jusqu'à l'overdose, ainsi que pour les images saccadées. Des choix artistiques qui n’ont guère de sens malgré leur esthétique.

Bilan : Luketic signe un thriller lambda pour teenagers, fade et gauche, à mille lieux de l'enquête à tension et à rebondissements souhaitée. Dommage, le best-seller, mieux adapté, aurait pu donner lieu à un grand film.
Anecdote Allociné : On aurait pu voir Kevin Spacey dans « Paranoïa ». Il s'était vu proposer le rôle de Nicholas Wyatt, le PDG de l'entreprise Wyatt Telecom, qu'il a refusé. C'est finalement le britannique Gary Oldman qui incarne ce personnage.
 
La Bande Annonce de Paranoïa:
 
 
NOTE: 4/10
 
Article rédigé par Cléa Carré
 

1 commentaire:

  1. Je suis on ne peut plus d'accord avec ta critique (qui est très bien écrite), étant donné que je viens de voir le film. Cependant l'image saccadée est plus en vogue dans Las Vegas 21 qu'ici, où on dirait justement qu'il pose sa caméra et laisse filmer (même si l'intérêt est toujours moindre). Liam Hemsworth avec sa carrure de sportif est tellement drôle quand il court que les courses-poursuites sont devenus les séquences les plus hilarantes du film. Et que dire de ses dialogues absurdes!? Bref, un grand moment de déception.

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