Précédé d'un bad buzz
incroyable similaire à celui de « Men In Black III » l'an
dernier, « Word War Z », adaptation du roman éponyme de
Max Brooks, n'aura quasiment jamais terminé d'accumuler les déboires
avant sa sortie en salles.
Un
authentique development hell, marqué par une
pré-production chaotique, un producteur exécutif viré quelques
mois à peine avant les prises de vues, des rumeurs de clash
sur le tournage entre le réalisateur Marc Forster et l'acteur
principal Brad Pitt, également crédité comme producteur du film
via sa société Plan B Entertainment, un directeur de la
photographie (Robert Richardson) pas dans ses baskets sur ce type de
blockbuster, un dernier acte entièrement remanié par
Paramount grâce à l'intervention du scénariste « sauveteur »
Damon Lindelof (« Lost », « Prometheus »,
« Star Trek Into Darkness ») et celle de son collaborateur
Drew Goddard (scénariste de plusieurs épisodes de « Buffy contre les vampires » et réalisateur de « La Cabane dans les bois ») qui peaufine avec l'aide de Christopher McQuarrie
(homme de l'ombre puisque non crédité au générique) la dernière
version du script, ayant pour corollaire 7 semaines de reshoots
interminables, une date de sortie repoussée de plus de six mois, et
un budget final exorbitant, avoisinant les 200 millions de dollars.
De quoi faire rager les créanciers !
Les choses n'ont inlassablement pas
fini de se gâter lors de la parution en ligne de la bande-annonce,
jugée ultra-décevante aux yeux des fans du bouquin, puis la
promesse de l'équipe d'assurer une promotion marathon pour limiter
la casse en salles (concert géant de Muse lors de l'avant-première
mondiale du film à Londres, un Brad Pitt endiablé venu défendre le
long métrage corps et âme lors des habituels interviews télés) …
Et pourtant … « World War Z »
a connu une improbable success-story ce week-end aux USA en
dépassant toutes les espérances au box office national, avec plus
de 66 millions de dollars récoltés en 3 jours seulement, et cela
bien sûr face à des concurrents mastodontes (le lancement de
« Monstres Academy » + les moissons « Man of Steel », « Fast & Furious 6 » et
« Insaisissables »). Alors qu'en est-il réellement ?
Synopsis Allociné : Un
jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés
dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien
enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la
situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la
police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la
ville bascule dans le chaos …
Les gens s'en prennent violemment
les uns aux autres et un virus mortel semble se propager. Les êtres
les plus pacifiques deviennent de redoutables ennemis. Or, les
origines du fléau demeurent inconnues et le nombre de personnes
infectées s'accroît tous les jours de manière exponentielle :
on parle désormais de pandémie. Lorsque des hordes d'humains
contaminés écrasent les armées de la planète et renversent les
gouvernements les uns après les autres, Lane n'a d'autre choix que
de reprendre du service pour protéger sa famille : il s'engage
alors dans une quête effrénée à travers le monde pour identifier
l'origine de cette menace et trouver un moyen d'enrayer sa
propagation …
Initialement prévu pour paraître dans
les salles le 21 décembre 2012, « World War Z » a été
repoussé suite à ses aléas de production, laissant redouter le
pire : « Marc Forster was not ze man for ze job ».
Et cette crainte devint hélas réalité dès la sortie de projo tant
on a l'amer impression d'un film mis en boîte par un homme fragile,
étriqué par une machinerie qui le dépasse, et paralysé par son
studio omnipotent et peu scrupuleux.
Marc Forster, réalisateur nettement
plus à l'aise lorsqu'il s'agit de configurer des drama
mielleux teintés d'émotions (« Neverland »,
« L'Incroyable destin de Harold Crick », « Les Cerfs-volants de Kaboul »), s'était pourtant essayé aux joies
et aux difficultés du film de commande sur « Stay », puis
avait mis le pied à l'étrier sur un blockbuster de grande
ampleur en réalisant les 22ème aventures cinématographiques de
l'espion britannique James Bond « Quantum Of Solace »
avec le résultat très inégal que l'on connaît : de bonnes
idées sur le papier machinalement anéanties par un cruel manque de
savoir-faire dans le management de l'action et le maniement de
caméras mouvantes. L'exemple le plus probant : la classique
séquence d'introduction James Bondienne de « Quantum Of Solace », bien écrite, mais abominable dans son
rendu on-screen.
Ici, le support de départ est aussi un
roman. Un petit bijou littéraire signé Max Brooks (fils du
réalisateur Mel Brooks), du genre horreur post-apocalyptique, publié
en 2006 et encensé par la critique. Recensement d'une collection de
points de vue individuels sous la forme d'interviews entre l'auteur
et les personnages, « World War Z » avait également
cette réputation de contemplation du chaos, vision plus que
terrifiante et pessimiste du futur de notre planète.
Pas facile donc de traduire ça en
langage cinématographique universel. C'est tout d'abord Joseph Michael Straczinski qui signe la première version du script, avec
quelques ajouts de Matthew Michael Carnahan. Devant l'insatisfaction
générale, c'est ensuite Damon Lindelof qui est appelé à la
rescousse par Brad Pitt et la production. Épaulé par son compère
Drew Goddard, ils écrivent ensemble un "nouveau" dernier acte et
finissent par réintroduire quelques éléments du scénario initial
de Carnahan. Un joyeux bordel qui transparaît bien évidemment à
l'écran, avec cette sensation de chaos général où chacun y met de
sa personne pour sauver le navire – le découpage en plusieurs
actes en témoigne – sans réelle conviction, voire pire, parfois
accompagné de confusion (les explications probablement limpides dans
le livre sur la fameuse « théorie du dixième homme » en
charge de contredire et révoquer les neufs autres, mais
incompréhensibles dans le film).
Marc Forster reproduit à l'exactitude
les défauts luminescents de « Quantum Of Solace » :
de réelles illuminations sur le papier (les troupeaux de zombies qui
se rassemblent, les hordes d'humains contaminés qui s'empilent
telles des colonnes de fourmis pour escalader les murs et franchir
les parades des survivants, visibles dans le trailer) pour un
résultat brouillon, offrant son lot de facepalms (les CGI
immondes des zombies et le design pourri du labo),
voire bâclé (l'épilogue monté à la hache, Matthew Fox & David Morse quasi coupés au montage final, les répliques
agaçantes de certains personnages qui commentent faits & gestes
de Brad Pitt là où un silence aurait été plus judicieux). Autre défaut assez préjudiciable :
la classification PG-13 du long métrage outre-Atlantique qui
l'empêche de « présenter » convenablement ses
créatures, ou leurs faits d'armes (aucune goutte de sang à l'écran,
découpages de membres seulement hors champs).
Enfin, gageons un thème musical de
Muse (la chanson instrumentale « Isolated System » tirée
de leur dernier album studio) trop récurrent et envahissant, même
s'il est en parfaite adéquation avec les images.
Attention, « World War Z »
jouit heureusement de quelques atouts incontestables : une
ambiance frénétique marquée par cet élan anarchique balancé dès
les 5 premières minutes de bobine, un rythme haletant qui maintient
le spectateur en haleine durant les deux premiers tiers, le
pari semi-tenu d'un « zombie movie tout public »
aux allures de film – catastrophe truffé de rebondissements assez
originaux (le « traitement » versus la zombification), un
Brad Pitt qui fait le job, une dimension géopolitique attendue mais
nécessaire, caractérisée par la dénonciation de l'inaptitude des
gouvernements à gérer l'état de crise, ainsi que quelques
séquences qui font mouche comme l'ouverture,
vraiment prenante, le passage à Jérusalem, très lisible avec ses
nombreux panoramiques, ou encore, celle du crash aérien, vraiment réussie.
Bilan : Mélange des genres
pour cette adaptation (« inspiration » si on voulait être
pointilleux) cinématographique du roman culte de Max Brooks « World War Z » entremêlant film militaire – zombie movie –
disaster movie – survival – au bilan bancal, somme
de quelques éléments inspirés (la réelle inventivité concernant
les effets de masse des zombies), soustraits à des abominations
irréparables (l'énorme fuck de Paramount à
Forster dans l'épilogue).
La Bande Annonce de World War Z:
NOTE: 5,5/10
BONUS: plusieurs extraits du film:
Une autre bande annonce:
malgré les critiques négatives que je peux lire, je pense que ce film , grande production américaine, pourra me convaincre !
RépondreSupprimerTiens moi au courant dès que tu l'as vu :)
SupprimerJe partage en grande partie ton avis, excepté pour le scénario que je trouve bon, sans doute la plus grande réussite du film...même si on peut penser que l'histoire du roman y est pour beaucoup.
RépondreSupprimerYes, je pense que le roman y est effectivement pour bcp
SupprimerJ'ai adoré ce film !
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