Il était une fois Superman. Plus de 70
adaptations en un peu plus d'un demi-siècle. Autrement dit un
nombre incalculable d'allers retours entre les Comics et les écrans,
de la petite lucarne aux salles obscures du septième art.
Exit le calamiteux reboot
« Superman Returns » signé Bryan Singer (naufrage
critique et semi-échec public), la Warner a sorti l'artillerie
lourde pour l'homme d'acier, super-héros le plus charismatique de
l'univers « DC Comics » et probablement l'une des figures
les plus populaires aux USA, avec l'ombre de Christopher Nolan &
David S. Goyer – les deux hommes à l'œuvre sur le reboot
d'un autre personnage phare de DC « Batman » – qui
plane.
Aujourd'hui sort donc au cinéma « Man of Steel », nouvelle refonte du mythe Superman, et c'est au
réalisateur visionnaire Zack Snyder, habitué au genre depuis sa
sublime adaptation des « Watchmen », qu'incombe la
(lourde) tâche de relancer durablement et confortablement la
carrière du Kryptonien sur grand écran.
On notera parallèlement le
nom de l'heureux élu engagé par la major pour incarner le
surhomme : Henry Cavill (« Les Tudors » à la télé,
« Les Immortels » au cinéma). L'acteur anglais,
vainqueur du gros lot sur ce coup-là, fut sélectionné parmi un
casting géant dans lequel se bousculait le tout Hollywood : Jon Hamm, Patrick Wilson, Joe Manganiello,
James Purefoy, Matt Bomer, Joseph Gordon-Levitt et même Tom Welling de la
série « Smallville » furent un temps envisagés.
Après un teaser parfait, sur
fond de musique épique, dévoilé officieusement au San Diego Comic-Con 2012, puis officiellement avant les séances de « TDKR »,
l'attente n'a fait qu'évoluer crescendo pour atteindre son apogée
en ce mardi 18 juin, veille de la sortie dans l'hexagone.
Synopsis Allociné : Un
petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et
qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple
afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur
notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le
monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute
l'humanité.
Icône
intergénérationnelle pour certains, figure « christique »
selon son réalisateur. « Man of Steel », c'est avant
tout un garçon qui apprend à ses dépens qu'il est doté de
pouvoirs extraordinaires, puis confronté plus tard, à l'âge
adulte, à sa destinée héroïque et au symbole d'espoir qu'il
représente pour l'humanité toute entière.
Pour
dépoussiérer l'histoire du « S », le tandem David S. Goyer et Christopher Nolan s'est principalement reposé dans
l'écriture sur les œuvres de Bates, Waid, Byrne et Siegel en optant
pour un parti pris courageux, tout à fait honorable : celui
d'abandonner la naïveté des premiers films de Richard Donner (Loïs
Lane sait immédiatement qui se cache derrière Superman) afin de
contourner le côté kitsch de la franchise et offrir un spectacle
démesuré, complètement dingue, mais au fond très sombre et donc
très « humain ».
Choix volontaire également d'avoir
éparpillé ici et là quelques repères pour rassurer l'audience :
Amy Adams (applaudie pour ses prestations dans les remarqués « Fighter »
et « The Master », et nommée aux Oscars à 4 reprises à seulement 38
ans) incarne donc la journaliste Lois Lane, Laurence Fishburne
prête ses traits à Perry White, le patron du prestigieux Daily
Planet, la ville fictive de Métropolis apparaît en arrière
plan, l’emprisonnement de Zod et ses acolytes dans la zone
fantôme et l'on entraperçoit
le minois de Lana Lang dans un
flashback.
L'ambition du trio infernal Snyder /
Nolan / Goyer – un véritable triumvirat, avec une nette implication
de ce dernier dans le processus créatif des films DC Comics – se traduit dès la séquence d'ouverture, vraiment
« spectaculaire, lyrique, mélodramatique », se déroulant
sur une planète Krypton au bord de l'implosion et achevée par
l'exil du petit Kal-El en direction de la Terre.
Zack Snyder met ensuite en images les
jeunes années de Clark Kent,
apprivoisé à devenir son double aux super-pouvoirs par sa famille
adoptive (Jonathan & Martha Kent, incarnés respectivement par
Kevin Costner & Diane Lane, tous deux très touchants). C'est
peut être cette demi-heure, un poil longuette, maniérée (la
surenchère de zooms / dézooms) et au ton dark
Nolanien (le héros confronté à ses principes manichéens), qui est
la faiblesse de « Man of Steel », avec cette recherche de
reproduire à la virgule près la formule gagnante appliquée sur la
saga « TDK ».
Le
troisième acte, bluffant, truffé de scènes d'action à faire pâlir les
« Avengers », se focalise sur le combat spatio-terrestre
Zod / Superman, délaissant, il est vrai, un peu les émotions, pour
se digèrer comme une finale de Roland Garros fantasmatique entre
Roger Federer et Djokovic, au firmament de leur art. Ce dernier
morceau est filmé avec une virtuosité, une bravoure et une audace
sans précédent par Zack Snyder, même si on a tout de même
l'impression que la folie visuelle du metteur en scène de « 300 »
et « Sucker Punch » se retrouve hélas parfois inhibée par le studio et sa nécessité
absolue de séduire un très large public pour rentrer dans ses
frais.
Mais
lorsque le côté geek
de Snyder, imprégné d'une pop-culture inimaginable, prend
l'ascendant, c'est un spectacle absolument fabuleux et phénoménal
qui s'offre à nous, digne d'une hallucinante traduction
cinématographique rêvée de quelques mangas de renoms.
On pense
bien évidemment à une version live d'« Akira »
(l'affrontement final de « Chronicle » puissance 10),
mais aussi, et ce de manière complètement inattendue, au Club Dorothée et sa vache à lait « Dragon Ball Z », avec un
incroyable parallélisme possible entre le manga d'Akira Toriyama et
la mythologie Superman, selon plusieurs aspects. Explications :
Krypton, alors en plein cataclysme, comparable à la planète des
Saïyens, un héros, Kal-El / Carot (ou bien Clark / Sangoku selon
préférences) : bébé vulnérable échappé du marasme pour
rejoindre la Terre et y être adopté par ses habitants, un bad
guy, avide de génocides (Zod /
Freezer), porté par un désir de détruire pour mieux reconstruire,
le visage androgyne de Faora (garde du corps du
général Zod incarnée par Antje Traue), étrangement similaire à celui de Zabon,
bras droit de Freezer. Même les accessoires utilisés par Snyder & son crew
semblent être tout droit tirés de l'univers aux sept boules de
cristal : des armures à épaulettes aux célèbres détecteurs de
puissance fixés sur l'orbite. La comparaison a lieu d’être enfin au niveau du
déroulement du combat final, qui rappelle constamment l’affrontement titanesque
entre Sangoku et Freezer sur Namek (corps – projectiles qui passent à travers
les immeubles). Chapeau Mr Snyder, vous nous avez
rassasiés !
L'autre
puissance de feu de « Man of Steel » est son impeccable
casting. Henry Cavill EST Superman, sa composition toute en justesse
rendant divinement grâce à toute la complexité du personnage de
DC. L'acteur des « Tudors » réussit l'exploit de faire
donc à la fois oublier le regretté Christopher Reeve et le
malchanceux Brandon Routh, dernier prestataire en date.
À côté du
« Man of Steel », Russell Crowe et Kevin Costner
éblouissent l'écran et prouvent qu'ils sont toujours autant
indispensables à Hollywood.
Michael Shannon enfile le
costume du général Zod et trouve un rôle taillé sur mesure, à
hauteur de sa folie incontrôlable. Le comédien de « Take Shelter » succède ainsi avec brio à Kevin Spacey (hystérique
Lex Luthor dans « Superman Returns » et vilain malus du
film).
Enfin, le rôle de la journaliste Lois Lane a été confié à
la belle rouquine Amy Adams, un peu plus discrète dans l'aventure,
mais fidèle au personnage du Comic. Laurence Fishburne, dans un rôle plus secondaire, se
charge d’apporter la touche d’humanité à l’entreprise.
Nous passerons discrètement en revue les quelques défauts de « Man of Steel » : une construction légèrement maladroite du récit sous forme de flashbacks, 2-3 soucis de montage facilement corrigeables grâce à l’arrivée d’une version director’s cut, la BO pesante, voire étouffante, de Hans Zimmer, armée à grands renforts de redondants « BRÔÔÔM », chapardés sur ses propres sons de corne de brume issus du score d'« Inception », ainsi que les complexes de Snyder face à la pression de Warner pour fidéliser une clientèle sur le long terme.
Nous passerons discrètement en revue les quelques défauts de « Man of Steel » : une construction légèrement maladroite du récit sous forme de flashbacks, 2-3 soucis de montage facilement corrigeables grâce à l’arrivée d’une version director’s cut, la BO pesante, voire étouffante, de Hans Zimmer, armée à grands renforts de redondants « BRÔÔÔM », chapardés sur ses propres sons de corne de brume issus du score d'« Inception », ainsi que les complexes de Snyder face à la pression de Warner pour fidéliser une clientèle sur le long terme.
Bilan :
Zack Snyder, Christopher Nolan & David S. Goyer
renvoient tout le monde au placard : le X-Men Cyclope, les teenagers de « Chronicle »,
les pyrotechniciens Michael Bay / Roland Emmerich, le chevalier noir, « Iron Man » et ses
copains les « Avengers » ... dans un blockbuster spectaculaire qui tient amplement ses promesses, grâce notamment à ses impressionnantes séquences
de destructions massives et un casting solide.
En bonus : le camion citerne LexCorp que Superman se prend pleine poire, clin d'œil assumé sur la suite des festivités ?
En bonus : le camion citerne LexCorp que Superman se prend pleine poire, clin d'œil assumé sur la suite des festivités ?
Le Teaser de Man of Steel:
La Bande Annonce de Man of Steel:
NOTE: 7,5/10
Salut, j'ai aussi aimé le film, juste une précision, c'est toriyama qui pompe superman, mais effectivement y'a un parallèle évident et ce film concrétise mes rêves de gamins de voir de la baston dbz adaptée à l'écran et ça c'est fat !
RépondreSupprimerMerci pour ton comm'. Je me suis peut être mal exprimé dans ma critique alors, car je sais que le Comic Superman est antérieur à l'oeuvre de Toriyama.
SupprimerExcellente critique, même si je ne suis pas d'accord avec tout ce que tu dis dans ton tout dernier paragraphe. De mon côté j'ai vraiment adoré ce choix de narration qui se fait par flashbacks, bien que j'ai d'abord été très surpris, et durant le film je me demandais d'ailleurs si c'était un bon choix, mais au final ça ne rend pas le film linéaire et ennuyeux, on reste attentifs et passionnés, et cette toute dernière séquence de la vie antérieur de Clark, celle où il joue dans le jardin avec une cape, aurait grandement perdu en émotion si elle avait été montrée au début du film. Ca m'en a filé des frissons ^^ Après, je suis d'accord sur le fait que le style de Snyder est beaucoup moins présent que sur ses autres films (j'attends de le revoir avant de confirmer, mais je crois qu'il n'y a aucun ralenti), et j'espère une director's cut (c'était la même chose pour Sucker Punch). Et là je suis pas d'accord encore, c'est sur la BO de Hans Zimmer! Elle est sublime, et participe grandement au côté épique de la dernière partie. Je l'ai en tout cas trouvée moins oppressante que dans TDKR. Après, c'est aussi, comme tu le sais, mon côté fan boy hardcore de Snyder qui parle ^^
RépondreSupprimerJe comprends t'inquiète. J'ai hâte de la version DC
SupprimerIdem : J'ai bien aimé la narration en flash-back, les scènes reprenant la jeunesse de Clark étaient les plus intéressantes à mon sens, et pas longuettes du tout (au contraire je me suis presque ennuyée sur les lonnngues scènes d'actions de la fin, enfin bon bref, je suis une nana). Et enfin, la musique ne gâche rien, selon moi : je l'ai prise un peu au second degré style "On sait que vous n'êtes pas dupes mais allez, on vous met la bonne grosse musique de super-héro pour en rajouter un peu et pour vous faire sourire".
RépondreSupprimerElle est tout de même pesante je trouve. Enfin pas vraiment la zik en soi, juste les sons de corne de brume, le "Inception Sound" qui m'agace maintenant.
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