Synopsis Allociné :
En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la
Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec
son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel,
chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et
Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif :
atteindre la France en échappant à la police … Mais arrivé près
de la frontière française, dans le village millénaire de
Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de
sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques
pour se venger des hommes …
Pour son douzième long
métrage en tant que réalisateur, Alex de la Iglesia s’est inspiré
d’une légende urbaine nationale : celle du village
Zugarramurdi, réputé pour avoir abrité de nombreuses sorcières et
victime de l’inquisition au cours du XVIIè siècle. Idée
tout à fait recevable lorsqu’on connaît le style décalé et le
goût prononcé du réalisateur pour l’humour noir. En somme, les
motifs d’une empreinte artistique qui, sur le papier, fait
incroyablement bon ménage avec l’univers du conte.
Et ce n'est pas le départ
en fanfare qui nous contredira : une scène d’ouverture
hallucinante, qui pose d’emblée le ton loufoque et le contexte
social, celui de la crise économique, thème cher à Alex de la
Iglesia et déjà présent dans son précédent long, « Un Jour
de chance ». Une galerie de « personnages » à
l’accoutrement ridicule – le Christ, un soldat vert en plastique,
Minnie Mouse, l’homme invisible et Bob l’éponge – envahit la
Puerta del Sol. Quelques secondes plus tard, les cinq compères
dégainent les shotguns et braquent une boutique de dépôt
d’or, mais se font rapidement surprendre par la police, puis se
font la malle. Au programme : un rythme survolté, des acteurs
qui s’éclatent et un metteur en scène hyper généreux : en
témoigne quelques clins d’œil amusants au cinéma bis (le fils du
héros qui brandit un flingue dans chaque main façon John Woo),
ainsi qu’une course-poursuite spectaculaire dans les rues de
Madrid, filmée avec une énergie folle et un sens inné du cadre.
La suite des festivités : nos
braqueurs amateurs (Hugo Silva / Mario Casas, bien dans leurs
baskets), poursuivis par les forces de l’ordre et l’ex-compagne
du leader loser, atterrissent dans la petite commune de
Zugarramurdi, peuplée d’étranges habitants et de sorcières au
dessein maléfique. S’ensuit un récit surprenant, misanthrope et
nihiliste, à la trajectoire chaotique, oscillant perpétuellement et
brillamment entre la comédie noire sur fond de fantastique
décomplexé et le drame, avec pour terrain de jeu la guerre des
sexes. Une opposition hommes / femmes aux allures de sauterie païenne
diablement excitante, commanditée par une Carmen Maura excellente en
prêtresse du féminisme préhistorique.
On est évidemment ravi
qu’Alex de la Iglesia prenne un malin plaisir à transformer la
misogynie de départ (les femmes, hystériques et perverses,
peinturées comme des figures du Mal) en un féminisme acerbe (les
hommes sont idiots et irresponsables). Dans « Les Sorcières de
Zugarramurdi », tout le monde en prend pour son grade, et c'est
tant mieux !
De l'autre côté, Alex de la Iglesia se lâche et gorge ses « Sorcières »
de références jubilatoires et en pagaille (« Une nuit en
enfer » pour le côté road trip vers l’anarchie, « La
Maison des 1000 morts » pour le personnage du Capitaine
Spaulding, et « La Famille Adams » bien évidemment pour
la filiation freak enkystée dans une demeure lugubre).
Le basque fait
parallèlement preuve d’un savoir-faire indéniable dans
l’enchaînement des péripéties, multipliant ainsi les effets de
style et coups de poker à travers sa mise en scène. Travellings
audacieux (la course-poursuite hilarante dans le manoir), cocasseries
osées (le running-gag poilant du client du taxi martyr des
sorcières), maîtrise des espaces, découpage
intelligent et rendu final proche d'un « film punk ».
Quant au final – une
hystérie collective dans une grotte qui rappelle le Zion de « Matrix
Reloaded » – il recèle une telle folie furieuse qu’on lui
pardonne aisément des effets spéciaux un peu cheap
(l’ogresse-mère de toutes les sorcières ).
Bilan : Le
cinéma de genre espagnol a encore de beaux jours devant lui. « Les
Sorcières de Zugarramurdi », le dernier long-métrage d’Alex
de la Iglesia, est une comédie d’horreur drôle, gore, frappée et
déchaînée, menée tambour battant par un réalisateur talentueux,
misanthrope et nihiliste, dont l'art maîtrisé et
dynamique est ici le principal atout.
Anecdote :
Carolina Bang, l'interprète de la jeune sorcière, n'est autre que
la compagne à la ville du réalisateur. C'est la troisième fois
qu'on la retrouve derrière la caméra d'Alex de la Iglesia
puisqu'elle était déjà créditée au générique de « Balada
Triste » et « Un Jour de chance ».
La Bande Annonce du film
Les Sorcières de Zugarramurdi :
NOTE : 8/10
On a le même avis à propos de ce film. A la réserve près que j'ai trouvé le sous-texte misogyne de bout en bout, mais ça n'a pas gâché mon plaisir pour autant.
RépondreSupprimerYes, c'est cool
Supprimerun bon délire mais ça manque un peu d'originalité et surtout d'un scénario plus cohérent... 5/10
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