Ensuite, le film fait
l'objet de rumeurs et news les plus folles depuis sa mise en
chantier : sujet érotique peu traité au cinéma –
l'épanouissement sexuel d'une jeune femme nymphomane ; désistement
de Nicole Kidman un peu au dernier moment, officiellement pour
des problèmes d’agenda, officieusement pour des motifs obscurs ;
imbroglio autour des différentes versions proposées en salles et
refus de Lars von Trier de couper des scènes au montage final,
laissant donc la responsabilité du final cut à son
producteur Peter Aalbaek Jensen ; présence d’actes sexuels non
simulés dans le film, rumeur d'ailleurs corroborée par Shia LaBeouf
– crédité au générique – entretenant le doute …
« Nymphomaniac »
a également fait jaser le petit monde du cinéma dès la parution en
ligne d’une photographie racoleuse et suggestive, mettant en scène
une Charlotte Gainsbourg dépravée, entourée de blacks
costauds, lors de ce qui s’apparente à un gang-bang. Ce sont
ensuite des affiches dévoilant les acteurs principaux en plein
orgasme qui ont fait polémique, puis un teaser explicite
et enfin, le choix du 25 décembre, jour de la naissance du Christ,
pour la sortie danoise du film.
Pour l'occasion, Lars von
Trier retrouve sa muse, l'actrice française Charlotte Gainsbourg –
3 collaborations ensemble (« Antichrist »,
« Melancholia », et ce « Nymphomaniac ») –
présente aux côtés d'autres comédiens, des fidèles du metteur en
scène danois pour la plupart (Stellan Skarsgard, Willem Dafoe, Udo
Kier), mais aussi Uma Thurman, Christian Slater, Connie Nielsen,
Jamie Bell, ainsi que le jeune et insolent Shia LaBeouf, habitué aux
dérapages médiatiques (le dernier en date étant une accusation de
plagiat pour le court-métrage « Howard Cantour.com »
qu'il a réalisé), un jeune fou incapable de la boucler ces derniers
temps, et également la novice Stacy Martin.
« Nymphomaniac »
sort en salles le 1er janvier 2014, du moins le premier opus (le
second volet paraîtra fin du mois). Un carton d'avertissement inséré
avant le début de ce premier morceau annonce au passage le
mécontentement du réalisateur face à cette division, vécue comme
une censure de son travail.
Synopsis Allociné :
La folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de
sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage
principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une
froide soirée d'hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman
découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir
ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l'interroge sur sa vie.
Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres
successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et
facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Sur le papier, le projet
avait de quoi effrayer. À l'arrivée, « Nymphomaniac »
est moins choquant qu'on ne l’imaginait. Première (agréable)
surprise, lorsqu’on connaît les antécédents de Von Trier, cf la
farce provoc' et gratuite « Antichrist », ou son coup
d'éclat cannois. « Nymphomaniac – Volume 1 » a beau
relater la vie d'une nymphomane, de son enfance à la découverte de
son pouvoir sexuel destructeur – le récit est inspiré du parcours
du Marquis de Sade – il ne sombre jamais dans l'étalage porno
aguicheur ou la vulgarité primitive.
Cette première tranche
s'ouvre par le dialogue entre une jeune femme physiquement amochée
et ensanglantée, Joe (Charlotte Gainsbourg), et un vieux célibataire
juif nommé Seligman (Stellan Skarsgard), qui la recueille chez lui
après l'avoir retrouvée gisante dans une rue suintante. Joe se
prétend nymphomane et se confie à lui pour étayer son propos, Lars
Von Trier mettant alors brillamment en scène le parcours de cette
dernière sous forme de flashbacks entrecoupés de quelques
retours au présent.
Cette évocation, organisée en chapitres (8 au
total, mais seulement 5 dans ce premier volet), surprend de tous les
côtés, et donne lieu à une fresque poétique, tragique mais
parfois burlesque, portée par la troublante Stacy Martin, interprète
de Joe adolescente et véritable révélation du film.
Mais si « Nymphomaniac »
critique avec talent les mœurs de la société contemporaine (les
bons sentiments primordiaux, l'entreprise obscène, l'interdit absolu
de l'adultère …), il est néanmoins peut-être trop froid et
distancié par rapport à la réalité pour convaincre unanimement.
Traduction symptomatique de la mélancolie de Von Trier (le bonhomme
s'est replié sur lui-même après le scandale cannois) ?
Probable. D'autant plus que le réalisateur filme son héroïne tel
un vampire émotionnel : son visage émacié, son teint pâle,
sa capacité d'absorber les sentiments de ses amants corroborent
cette réflexion. Dommage également que Lars Von Trier – ô
combien illustratif – s'embarque dans une didactique dépréciative
en appuyant les métaphores (la pêche à la mouche, les œuvres
littéraires) et de même, son propos, pour délivrer in finale un
message un peu con-con : « l'ingrédient secret du sexe,
c'est l'amour ».
On peut néanmoins saluer
la maestria formelle de Von Trier qui atteint ici des sommets avec
une précision chirurgicale. Des jeux de construction et de collage
extraordinaires (un montage-photo de pénis en gros plans, des
nombres plaqués sur l'écran, un puzzle photo) et également la
virtuosité de la composition du dernier segment (l'image divisée en
trois cadres avec trois amants de Joe) en sont les témoins probants.
Bilan : Hier,
sont sorties seulement les deux premières heures du film
« Nymphomaniac », partitionné en deux « volumes »
pour de pragmatiques motifs d'exploitation en salles. Peu importent
ses qualités et ses défauts, « Nymphomaniac » est un
film à tiroirs perturbant – mais toujours intéressant – qui
vous envahit à la sortie.
Anecdote (source:
Allocine.fr) : Des acteurs porno ont doublé les comédiens
« traditionnels » pour les scènes de sexe. Pour que
l’illusion soit parfaite, seuls les troncs des « traditionnels »
ont été conservés, la partie du corps située en dessous de la
ceinture – celle des acteurs porno – a été ajoutée
numériquement. Ce prodige technique permet au réalisateur de filmer
en plans larges aussi bien qu’en plans serrés.
La Bande Annonce de Nymphomaniac:
NOTE: 8/10
Très bonne critique Robin, je suis d'ailleurs assez d'accord avec toi même si j'ai été beaucoup plus enthousiaste, et que, comme tu le sais, je n'ai pas ressenti ce ton froid qui semble t'avoir gêné, sauf dans le chapitre en noir et blanc!
RépondreSupprimerMerci Aymeric !
SupprimerEt encore, vous n’avez pas vu la version non censurée : https://www.youtube.com/watch?v=8qzzqkEj4rU
RépondreSupprimer:)