Gatsby le Magnifique (1974) | Jack Clayton
Au début des années 1920, dans une
débauche de luxe, d'alcool et d'argent, un mystérieux personnage s'installe à
Long Island dans un domaine incroyable d'extravagance. Qui est ce charmant et
légendaire Gatsby dont les fêtes attirent toute la société locale ? Les rumeurs
les plus folles circulent. Un espion ou un gentleman anglais ? Un héros de
guerre ou un mythomane ?
Adapté par Francis Ford Coppola, le
film de Jack Clayton est réussi sur le plan de son scénario. Fidèle au roman,
chaque personnage s’éveille doucement face à la caméra faisant comprendre au
spectateur tout ce que luxe et faste cachent sous leur apparence dorée.
L’essentiel de l’œuvre y est, le scénario soigné laisse tout de même
transparaître la « patte Coppola » avec des personnages profondément
dramatiques et bornés. Critique de la vie frivole et vaine de ce microcosme
mondain, toute l’ambiance de la haute aristocratie américaine en mal de vivre
est parfaitement retranscrite.
Cette
atmosphère est d’ailleurs valorisée par une photographie diaphane – bien que
parfois un peu trop mielleuse – de Douglas Slocombe, traduisant la féérie des
grandioses fêtes et du passé idéalisé. La bande originale de Nelson Riddle
colle précisément à l’envoûtant milieu « Roaring Twenties » recréé
grâce à de somptueux costumes et décors – d’ailleurs primés aux Bafta Awards et
Oscars de 1975 – délivrant une esthétique captivante et élégante.
Les
personnages, tous aussi superficiels et hypocrites, sont en accord avec les
écrits de Scott Fitzgerald mais la direction des acteurs rate l’irréprochable. Robert
Redford, charismatique au possible, dégage un grand pouvoir de séduction avec
mesure et justesse, permettant de toujours conserver le doute sur son personnage
plus que mystérieux. Néanmoins, Mia Farrow minaude et pleurniche en permanence.
L’héroïne s’élève de façon détestable tout au long du film, atteignant très
clairement la limite de l’énervement et de la niaiserie. Bien que le rôle se
veuille antipathique, il frôle le zèle en laissant un goût amer. Une
performance discutable. Une ombre au tableau vite gommée par la prestation de
Sam Waterson, qui campe un voisin crédible et pertinent.
L’ensemble
souffre malheureusement d’une mise en scène peu convaincante. Trop académique
et avec un manque d’audace certain, la réalisation de Jack Clayton adopte des
dialogismes visuels trop faciles et outranciers (les nombreux couchers de
soleil par exemple). L’absence de dynamisme avec ses prises de vue de type
série Z enlise le film dans des longueurs. On endure un rythme trop irrégulier
où les enchainements manquent cruellement de finesse.
Gatsby Le Magnifique de Clayton avait tout pour
réussir : un scénario solide tiré d’une œuvre littéraire à succès, de bons
acteurs évoluant dans des décors admirables. Mais faute de brio, à cause d’une
réalisation plate et sans saveur, ce long-métrage se révèle « radieusement
fade ». La question est alors toute posée : Baz Luhrmann saura-t-il
faire preuve d’originalité et de dynamisme pour mettre en scène cette histoire si ensorcelante qu’est celle de Gatsby ?
Article rédigé par Cléa Carré
Article rédigé par Cléa Carré
J'avais envie de le voir avant d'aller voir la version 2013, mais j'ai été découragé par les critiques tièdes que j'ai lu...
RépondreSupprimerTu sembles leur donner raison.
Les critiques sont bien tièdes en effet
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