S'il existe une femme de pouvoir et
d'ambition dans la haute stratosphère hollywoodienne, c'est bien
Kathryn Bigelow, unique femme oscarisée dans la catégorie
« meilleure réalisatrice ». Après avoir, en effet,
surpris tout le monde avec son « Démineurs » en 2009 et
damé le pion par la même occasion à son ex mari, Mr James Cameron
himself, la metteur en scène américaine s'est lancée dans un
projet fou, « Zero Dark Thirty », film ô combien risqué
et polémique, scénarisé par Mark Boal, retraçant la traque de
l'ennemi public mondial numéro 1, Oussama Ben Laden, s'étant soldée
par son décès au Pakistan en mai 2011.
Et voilà qu'elle s'apprête
à remettre le couvert côté récompenses prestigieuses puisqu'on la
retrouve à nouveau nominée cette année, grâce à son bébé, dans
plusieurs statuettes phares des cérémonies prévues.
Enfin,
ajoutez à l'ensemble un buzz médiatique monstre généré par la
polémique autour d'une soi disant vision propagandiste des bénéfices
de la torture orchestrée par la CIA.
Synopsis (source :
Allociné) Le récit de la traque d'Oussama Ben Laden par une
unité des forces spéciales américaines ...
Kathryn Bigelow est forte. Très forte.
Plus de dix ans donc, entre les attentats du 11 septembre 2001 et le
décès du commanditaire de ladite tragédie en mai 2011, auront
servi de gestation à son « Zero Dark Thirty ». Dix
années de longue et laborieuse traque durant laquelle la CIA aura
sué corps et âme dans cette lutte sans relâche. « Zero Dark Thirty », qui signifie en langage militaire « minuit et
demi », soit l'heure pile à laquelle le raid contre Ben Laden
fut déclenché, apparaît comme le point culminant de ce jeu du chat
et de la souris, ainsi que du climax de terreur régnant aux USA
depuis les événements perpétrés par le leader emblématique du
groupe terroriste Al-Quaïda.
À la frontière entre le documentaire
pur et la fiction, Bigelow livre un film passionnant dans sa reconstitution minutieuse et factuelle des événements, au suspense crescendo sur
les 2h29 de pelloche, avec en apothéose, le raid en lui même,
prouesse de mise en scène. Neutre et rarement (ou juste ce qu'il
faut) patriotique, la réalisatrice de « Point Break »
filme avec bravoure et authenticité les années de recherches et de
luttes contre le terrorisme, sans jamais omettre de distiller
l'angoisse dont le monde était l'otage durant cette période. « Vous
êtes sur la liste de ces gens-là, et une fois sur la liste, vous
savez bien qu'on n'en sort jamais » s'exclame à un moment
donné un personnage, résumant en une phrase la paranoïa et surtout
la peur inhérente à ce combat.
Bigelow n'hésite pas non plus à
utiliser habilement les médias (télés, internet, journaux) pour
étayer le sujet. Forcément inspirée par les shows télévisés des
dernières années, de « 24 heures chrono », en passant par « Alias ,
ou par le récent « Homeland », elle engraisse le récit
d'un hyperréalisme à couper le souffle, tout en semant des touches
abstraites pour jouer la carte de la fiction.
Tout ceci bien évidemment à l'aide
d'un personnage principal, beau portrait de la détermination, merveilleusement écrit et brillamment
incarné par une Jessica Chastain, qui a décidément le vent très
en poupe en ce moment, un an à peine après les chocs Cannois « Tree of Life » et « Take Shelter ». Il aura fallu
seulement quatre films (les 2 précédemment cités, ainsi que
« La couleur des sentiments »
et « Des hommes sans loi ») à la jolie rouquine pour confirmer qu'elle
tient bien Hollywood par les couilles désormais.
L'autre partie du casting,
irréprochable dans son ensemble, n'a pas à rougir. À commencer par
Jason Clarke, vu récemment dans « Des hommes sans loi »,
intéressant ici dans un rôle complexe, au départ sur le terrain,
puis rapidement dans un bureau, en proie aux affres de son passé de
bourreau. Saluons également les autres membres du générique, tous
plus savoureux les uns que les autres, sans surjeu ni aucune
excentricité : Joel Edgerton (prochainement dans
« Gatsby le magnifique »), Kyle Chandler (« Super 8 »,
« Argo »,
les séries
télé « Demain à la une » et « Friday night lights »), Mark Strong (un habitué de Ridley Scott et de Guy Ritchie), Jennifer Ehle (« Contagion »), et James Gandolfini.
Un mot enfin sur la magnifique BO
composée par le frenchy Alexandre Desplat, qui, fidèle à son
talent, balance une partition parfaitement en phase avec le rythme du
film.
Bilan : « Zero DarkThirty » est THE BIG surprise cinématographique de ce début
d'année 2013. Sa réalisatrice offre des images puissantes, au
suspens à son comble jusqu'aux dernières minutes de pellicule. En
route pour les Oscars !
La Bande Annonce de Zero Dark Thirty:
NOTE: 8,5/10
J'attendais pas mal ce film, j'avais peur d'ètre déçu, mais ces mon premiers coup de coeur de cet année, mieux que The Master, mieux que Django, j'ai été pris dans le film des le débuts pour ne jamais redescendre, franchement un sans faute pour moi du début a la fin
RépondreSupprimerMon premier coup de coeur demeure "Le monde de Charlie" mais en effet, j'ai vraiment adoré également "Zero Dark Thirty".
SupprimerJe l'ai loupé celui que tu cites, mais le DVD sera la pour me rattrapé
SupprimerTout à fait d'accord, ce film est une mine d'or de talents et d'intelligence. Un très grand film... 3/4
RépondreSupprimerAu plus j'y pense, au plus je me dis que j'ai adoré
SupprimerAh bon ? j'ai au contraire été ravi par cette factualisation des événements et l'absence de point de vue, défaut que l'on voit hélas trop souvent dans les blockbusters us.
RépondreSupprimerOui, pour moi c'est un manque de prise de risque, le sujet est trop sensible, au cinéma selon moi il faut toujours le point de vue du réalisateur, c'est ce qui a fait des grands films comme Apocalypse Now, Platoon, Nixon, Malcolm X, etc...
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