Chez Gus Van Sant, on trouve aussi bien
du cinéma expérimental – sa trilogie d’errance adolescente le
confirme, avec la palme d’or « Elephant », le taciturne
« Last Days » et le patibulaire & désertique « Gerry »
– que des produits plus « accessibles », le remake
calibré « Psycho », le drame politique Oscarisé
« Harvey Milk » et le commercial mais néanmoins génial
« Will Hunting ».
« Promised Land », son
dernier film, en salles le 17 avril, qui devait être à l’origine
réalisé par l’acteur Matt Damon avant de prendre le rôle
finalement derrière la caméra de son ami Gus Van Sant, fait à
priori partie de la seconde catégorie, ne serait ce qu’au regard
du casting alléchant de l’entreprise. Matt Damon, qu’on ne
présente plus, Frances McDormand, comédienne fétiche des frères Coen, John Krasinski, l’un des piliers de la série « The Office (us) », Scoot McNairy découvert l’année dernière
dans « Cogan » et Titus Welliver, acteur aperçu dans
« Lost, les disparus » ou récemment chez Ben Affleck (« The Town », « Argo »).
Synopsis Allociné :
Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se
rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux
collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui
sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative
proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources
énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un
jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant
respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste
qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel
…
Dans « Promised Land »,
Matt Damon s’en tire comme il peut et interprète avec ferveur le
représentant d’un grand groupe énergétique, interrogeant non
sans controverse la question du gaz de schiste aux Etats-Unis. Il est
opposé au militant John Krasinski, comédien révélé dans « Away We Go » puis « The Office (us) », qui remplit le
job, sans éblouir l’écran pour autant. Frances McDormand fournit
un peu de légèreté à l’ensemble grâce à son personnage
d’activiste irrésistiblement burlesque.
Question cruciale et récurrente des
débats économiques actuels ? Oui, ça va sans dire.
Interpeler l’opinion publique sur la
nécessité de fustiger la dramatique politique de l’autruche de
ces derniers temps sur l’épineux sujet ? Oui, là encore,
« Promised Land » remplit allégrement le cahier des
charges.
Mais où sont donc passés les thèmes
humanistes, le regard social affûté, le piquant et la capacité de
Gus Van Sant pour transcender la difficulté ?
Dans « Promised Land », Van Sant expose, de manière très convenue, la campagne politique de
deux partis – le combat entre le méchant arriviste et le gentil
écolo – avant un vote décisionnaire. Et quand survient la
révélation du pot-aux-roses dans les quinze dernières minutes, on
se demande bien quelle mouche a piqué Van Sant pour réaliser un
film bavard et conspuant, à la morale écologiste formatée, même
pas réhabilitée par le long monologue final de Matt Damon.
« Promised Land » n’atteint
hélas pas non plus l’impact secrètement désiré par Damon
himself : établir un film sur l’identité américaine et le
sens de la communauté.
Et ce n’est vraiment pas l’histoire
d’amour sans grand intérêt, en second plan, qui permet de tirer
la sirène de détresse de ce navire en plein naufrage.
Bilan : De l’eau dans le
gaz pour « Promised Land », fable écolo décevante mise
en scène par le réalisateur talentueux de « Will Hunting »
et « Elephant ». Un trop-plein de bons sentiments qui
décrédibilisent complètement la démarche, malgré son côté acte
de bravoure.
La Bande Annonce de Promised Land:
NOTE: 3/10
Je trouve que Van Sant est un réalisateur surestimé, ce Promised Land, non dépourvu de qualités, est bien plat et assez mal écrit (notamment la deuxième partie).
RépondreSupprimerJe suis pas un énorme fan de Van Sant, mais j'adooore Will Hunting qui fait partie de mes films de chevet.
SupprimerBcp aimé A la rencontre de forrester et Elephant également. Bcp moins le reste en revanche, assez d'accord avec toi, très surcôté.
100% ok... Hyper démago qui retire tout réel enjeu dramatique pour un déluge de bons sentiments sans prise de risque... 2/4 de justesse
RépondreSupprimerPourtant Van Sant n'est pas très démago dans le reste de sa filmo, zarb.
Supprimer