lundi 30 décembre 2013

Top Cinéma Année 2013


Top de la Rédaction (moyenne globale)
  1. Gravity
 
     2. Django Unchained
 
 
      3. Cloud Atlas
 
 
      4. Le Monde de Charlie
 
 
     5. Le Loup de Wall Street
 
 
     6. Snowpiercer, Le Transperceneige
 
 
     7. Zero Dark Thirty
 
 
      8. Inside Llewyn Davis
 
 
     9. Spring Breakers
 
 
     10. The Bling Ring ex-aequo La Vie d'Adèle
 
 
 
 
Top Robin Fender
  1. Gravity
  2. Django Unchained ex-aequo Inside Llewyn Davis
  3. Le Dernier pub avant la fin du monde
  4. Only God Forgives
  5. Pacific Rim
  6. Snowpiercer, Le Transperceneige
  7. Quadriptyque « la déconstruction du rêve américain » : Spring Breakers / Le Loup de Wall Street / The Bling Ring / No pain no gain
  8. Cloud Atlas
  9. Zero Dark Thirty
  10. Samsara
  11. Room 237
  12. Mud
  13. A Touch of Sin
  14. La Bataille de Solférino
  15. Prisoners
  16. Evil Dead (2013)
  17. Conjuring
  18. Alabama Monroe
  19. La Vie d'Adèle
  20. The Lunchbox
Coups de cœur pour Le Monde de Charlie, Il était temps, Before Midnight, Blancanieves, L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, Le Temps de l'aventure.
 
Mention très honorable pour Effets secondaires, La Grande Bellezza, L'Ecume des Jours, La fille du 14 juillet, Ma vie avec Liberace, Le Congrès, All Is Lost.
 
Mention honorable pour Capitaine Phillips, La Vénus à la fourrure, Casse-tête chinois, Suzanne, 9 mois ferme, Tel père, tel fils, Star Trek Into Darkness, Les Croods, Le Hobbit : la Désolation de Smaug, The Bay, Elysium, Magic Magic, Frances Ha, Antiviral et Le Passé.


Déceptions / Flops : Last Vegas, Les Profs, Sous Surveillance, Un Grand mariage, Malavita, Pas très normales activités, Les Invincibles, Very Bad Trip 3, Les Misérables, Die Hard : belle journée pour mourir, G.I. Joe Conspiration, Vive la France, Boule & Bill, Players, La Grande boucle, R.I.P.D Brigade Fantôme, Gatsby le magnifique, Moi, Moche et Méchant 2, Kick-Ass 2, Machete Kills, Carrie, la vengeance et Les Garçons et Guillaume, à table !




Top Justine Blache
  1. Wadjda
  2. Inside Llewyn Davis
  3. Le Loup de Wall Street
  4. All Is Lost
  5. Le Monde de Charlie
  6. Django Unchained
  7. Snowpiercer, Le Transperceneige
  8. Samsara
  9. Before Midnight
  10. Zero Dark Thirty
  11. Hijacking
Mention honorable pour Gravity, Spring Breakers, The Bling Ring, La Vie d'Adèle, Blue Jasmine, Only God Forgives, 9 mois ferme, Mud.

Top Cléa Carré
  1. Gravity
  2. La Vie d'Adèle
  3. Django Unchained
  4. Le Monde de Charlie
  5. Blue Jasmine
  6. Le Loup de Wall Street
  7. The Bling Ring / Springbreakers
  8. Cloud Atlas
  9. Effets secondaires
  10. Zero Dark Thirty
Mention honorable pour Trance.

Top Guillaume Seel
  1. Cloud Atlas
  2. Gravity
  3. Le Monde de Charlie
  4. Django Unchained
  5. Conjuring
  6. Stoker
  7. Trance
  8. Snowpiercer, Le Transperceneige
  9. Les Croods
  10. Maniac
Coup de cœur pour Il était temps

Mention honorable pour The Bling Ring, Spring Breakers, The Place Beyond The Pines, Evil Dead (2013), Le Hobbit : la Désolation de Smaug, Capitaine Phillips.

Top Douglas Antonio
  1. Gravity
  2. Django Unchained
  3. Cloud Atlas
  4. Le Loup de Wall Street
  5. Le Monde de Charlie
  6. Iron Man 3
  7. Only God Forgives ex-aequo Snowpiercer
  8. Prisoners
  9. Monstres Academy
  10. Star Trek Into Darkness
Coup de cœur pour La Reine des Neiges
 
Mention honorable pour The Place Beyond The Pines, Conjuring, Spring Breakers et Stoker

Grrr, pas assez de place dans ce top : Lincoln, Zero Dark Thirty
 
Déceptions : Kick-Ass 2, Pacific Rim, Man of Steel

Albator, Corsaire de l'Espace

20 ans. Telle est la période qu'auront attendu les fans du Captain Harlock, alias « Albator », pour voir leur série phare portée sur grand écran par Shinji Aramaki, avec l'aval de son créateur, Leiji Matsumoto. Doté d'un budget pharaonique de 30 millions de dollars (pour un anim' format salles obscures, c'est énorme!) et boosté par des louanges du king James Cameron, « Albator, Corsaire de l'Espace » sort en salles le 25 décembre 2013.
Synopsis Allociné : 2977. Albator, capitaine du vaisseau Arcadia, est un corsaire de l'espace. Il est condamné à mort, mais reste insaisissable. Le jeune Yama, envoyé pour l'assassiner, s'infiltre dans l'Arcadia, alors qu'Albator décide d'entrer en guerre contre la Coalition Gaia afin de défendre sa planète d'origine, la Terre.

« Apparu pour la première fois en 1969, le célèbre manga de Leiji Matsumoto n'a connu la notoriété qu'à partir de 1977 lorsqu'il parut dans le magazine Play Comics. Les aventures du Capitaine se déclinèrent plus tard en une série animée, intitulée « Albator 78 ». Au début des années 80, une seconde série animée, « Albator 84 » (préquel du 78), vit le jour ». Quelques films et OAV plus tard, c'est « Albator, Corsaire de l'Espace » qui débarque enfin, premier long-métrage de la saga réalisée en images de synthèse et en 3D.
Le retour du Capitaine Harlock sur grand écran était fortement attendu par les fans de l'œuvre. En pratique, « Albator, Corsaire de l'Espace » est un space opera effectivement visuellement splendide, galvanisé par une animation numérique époustouflante, des batailles spatiales démentes, une production design à tomber et un personnage de pirate hyper charismatique, mais hélas pourvu d'un récit confus, bien trop tarabiscoté pour convaincre pleinement.
Transposé en forme de prequel – le film revient aux origines du héros célèbre, un peu à la manière d'un « Batman Begins » – « Albator » peine en effet à souffler un vent épique à cause d'un scénario inutilement abscons, voire même parfois un peu couillon (des twists improbables, cf les multiples changements de camps du héros Yama), et qui plus est, non focalisé sur Albator, un comble ! Certains éléments de l'intrigue sont délaissés, lorsque d'autres sont appuyés. Et on aurait évidemment souhaité un temps de présence plus important du Capitaine au design physique fantastique, marqué par un regard dur, une balafre mystérieuse au visage, un bandeau sur l'œil, un costume élégant de corsaire (une cape noire et une tête de mort sur la poitrine) et un long sabre, armé de convictions profondes et d'une personnalité ambiguë. De même, dommage que Shinji Aramaki et son équipe se soient affranchis de la poésie sombre qui berçait la série. Seul le message écologiste fait mouche en fin de compte.
Bilan : Des qualités indéniables sur le plan artistique – le lifting visuel est parfaitement réussi – pour ce « Albator » 2013, mais une histoire alambiquée, abstraite et froide, totalement dénuée de la mélancolie de la série. En somme, pas de quoi réellement chatouiller la fibre nostalgique de la génération Albator.
Anecdote : La production ne s'est pas privée pour mettre en avant les louanges du maître James Cameron, réalisateur d'« Avatar », selon qui « Albator » est « mythique, épique et visuellement sans précédent ».
 
La Bande Annonce d'Albator, Corsaire de l'Espace:
 
 
NOTE: 6/10

dimanche 29 décembre 2013

Don Jon

« Don Jon » est la première réalisation du comédien talentueux Joseph Gordon-Levitt. Présenté hors compétition au Festival de Sundance 2013, le film écrit, réalisé et interprété par le héros de « (500) jours ensemble » sort en salles le 25 décembre dans l'hexagone face au poids lourd « Le Loup de Wall Street ».
Synopsis Allociné : Jon Martello est un beau mec que ses amis ont surnommé Don Jon en raison de son talent à séduire une nouvelle fille chaque week-end. Mais pour lui, même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu'il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, bien décidée à trouver son Prince Charmant. Leur rencontre est un choc, une explosion dans la vie de chacun. Bourrés d'illusions et d'idées reçues sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir laisser tomber leurs fantasmes s'ils veulent avoir une chance de vivre enfin une vraie relation...
Joseph Gordon-Levitt est un homme surprenant. Après avoir été révélé par Gregg Araki dans l'excellent « Mysterious Skin », le jeune acteur s'est bâti une carrière solide à travers des passages remarqués dans des blockbusters salués unanimement (« Inception », « The Dark Knight Rises »), une comédie romantique étincelante (« (500) jours ensemble »), un film SF brillant (« Looper »), un long-métrage Oscar-friendly intéressant (« Lincoln »), quelques pépites indies (« 50/50 », « Hesher ») et aujourd'hui un « Don Jon » en demi-teinte.
« Don Jon », ça démarre en trombe avec une ouverture hilarante bricolée à la « Bref » : Jon est un jeune trentenaire ordinaire, il aime son appartement, sa voiture, sa famille, son église, ses potes, ses femmes, son corps et par dessus tout son porno. Son monde bascule lorsqu'il rencontre Barbara, alias la vénéneuse Scarlett Johansson, dont il tombe éperdument amoureux. Lui est addict aux films X tandis qu'elle est accro aux comédies romantiques. En somme, deux mondes idéaux fabriqués, qui ne laissent aucune marge de manœuvre à la réalité des rapports humains : combinaison drôle et décalée ! Joseph Gordon-Levitt nous gratifie durant cette première demi-heure de scènes plutôt bien troussées, à défaut d'être réellement originales.
Le jeune créateur de « Hit Record » (sa boîte production) offre une approche des hommes et des femmes certes caricaturale (les opposés : porno vs amour, baise vs sexe, Homme Animal vs Prince Charmant, comédie vs drame, fantasme vs réalité), mais finalement plutôt sincère, amusante et dans l'aire du temps. Des plans accélérés, un montage énergique et convaincant, un découpage tonitruant, une BO qui décoiffe (des choix musicaux pertinents), des caméos sympathiques (Channing Tatum, Anne Hathaway, Cuba Gooding Jr, Meagan Good) assurent la distraction, il faut l'avouer. Quelques scènes consternantes malgré tout dans ce premier morceau : les échanges verbaux exécrables entre le père de Jon et Jon, lors de repas familiaux mal filmés !
Puis vient la suite et tout se casse la gueule : Jon-seph Gordon-Levitt comprend qu'il n'a plus grand chose à faire avec Scarlett ; il a en effet le béguin pour la belle Julianne Moore, quadra « perdue » sur les mêmes bancs de fac que lui. Exit le culot affiché initialement, place au film convenu, à peine récréatif, articulé autour d'un propos complètement contradictoire avec celui de départ – briser les codes de la romcom en se foutant de la gueule des comédies romantiques. Avec cette trajectoire aberrante, « Don Jon » devient hélas la comédie romantique banale qu'il dénigrait. C'est alors que Joseph Gordon-Levitt réalisateur perd également sa fougue des débuts, à peu près au même rythme que les tribulations du personnage central, s'effaçant totalement derrière un Jon de plus en plus antipathique. Quel dommage ! La narration à l'aide de voix-off devient agaçante, les scènes, répétitives à souhait (la drague en boîte, l'intrusion d'images subliminales porno, le passage à l'Eglise pour laver ses pêchés...), donnent le goût amer que Gordon-Levitt tourne en rond et ne maîtrise pas tant que ça son sujet, pourtant simple. Quant au regard moralisateur de fin, il semble inapproprié au possible.
Bilan : Le touche-à-tout Joseph Gordon-Levitt s'improvise réalisateur avec « Don Jon », comédie faussement trash focalisée sur un Don Juan des temps modernes, qui, malgré toute la bonne volonté du comédien, ne parvient jamais à être attachant. S'il s'avère rafraîchissant et sans prétention au départ (l'évolution du personnage racontée à travers le prisme du porno est plus « accessible » que celle de Brandon dans « Shame »), « Don Jon » devient malheureusement assez rapidement irritant, d'autant plus que Gordon-Levitt torpille sa démarche avec un happy-end frustrant.
Anecdote : Joseph Gordon-Levitt devait initialement jouer dans « Django Unchained » mais dût abandonner le western de Quentin Tarantino à cause de « Don Jon ». Il quitta en effet le tournage dès lors qu'il obtint le feu vert pour réaliser son premier long-métrage.
 
La Bande Annonce de Don Jon:
 
 
NOTE: 5,5/10

lundi 23 décembre 2013

Je fais le mort

François Damiens est prolifique ces derniers temps : entre le drame solaire « Suzanne » et « Je fais le mort », comédie de Jean-Paul Salomé dont il est question aujourd’hui, le comédien belge prouve, si l’on en doutait encore, qu’il occupe désormais une place de luxe au sein du paysage cinématographique hexagonal. « Je fais le mort » compte également parmi ses rangs Géraldine Nakache, Anne Le Ny et Lucien Jean-Baptiste et sort en salles le mercredi 11 décembre 2013.
Synopsis Allociné : A 40 ans, Jean, comédien, est dans le creux de la vague…Il court le cachet sans succès. Au pôle Emploi Spectacle, sa conseillère lui propose un job un peu particulier: prendre la place du mort pour permettre à la justice de reconstituer les scènes de crime. Son obsession du détail bluffe les enquêteurs et va permettre à Jean de revenir sur le devant de la scène dans une affaire délicate à Megève, hors saison, suite à une série de meurtres …
Après avoir déshonoré deux figures du patrimoine français au cinéma (« Belphégor » & « Arsène Lupin », 2 purges), le réalisateur Jean-Paul Salomé semblerait avoir enfin retourné sa veste pour se consacrer à des projets plus modestes, comme « Je fais le mort », une comédie policière sans prétention fort sympathique et bien interprétée.
Départ pourtant raté avec une ouverture déjà vue cent fois, en forme de (faux) tournage d’une série policière médiocre type « Julie Lescaut ». Quiproquo éculé, situation abracadabrante.

La suite : un huis-clos savoyard distrayant, à défaut d’être réellement révolutionnaire, dans lequel un comédien en galère se prête au jeu du macchabée pour permettre à la justice de reconstituer des scènes de crime. Un sujet original et décalé qui donne lieu à un spectacle réjouissant et absurde, avec un François Damiens totalement dans son élément et un comique de situation qui fonctionne à merveille. L’agréable surprise provient également du tandem Damiens / Nakache, dont la force burlesque est égayante, malgré quelques fausses notes dans la partition de l’actrice – réalisatrice.
Dommage que l’enquête policière façon Agatha Christie – bourrée de rebondissements aussi tarabiscotés qu’inutiles – piétine autant et bride l’humour sauvage de Damiens. De même, on est peu emballé par la mise en scène télévisuelle et sans âme de Jean-Paul Salomé, qui déclare pourtant en interviews avoir été influencé par « Twin Peaks » de David Lynch pour réaliser son polar montagnard.
Bilan : Changement de calibre pour Jean-Paul Salomé, le réalisateur habitué aux superproductions françaises épouvantables (« Belphégor », « Arsène Lupin », « Les Femmes de l’ombre »). Avec « Je fais le mort », il signe en effet une petite comédie policière amusante qui, sur un sujet modeste mais original, parvient à nous arracher quelques sourires éphémères, notamment grâce à la complicité sincère des comédiens.
Anecdote : L’acteur – réalisateur Lucien Jean-Baptiste, crédité au générique dans le rôle du lieutenant Lamy, est aussi un acteur de doublage très sollicité, puisqu’il prête sa voix régulièrement aux comédiens américains Will Smith, Chris Rock, Don Cheadle, Martin Lawrence, Terrence Howard, Anthony Mackie, Jamie Foxx, LL Cool J, Ice Cube, Marlon Wayans, Omar Epps, Chiwetel Ejiofor, Morris Chestnut, Anthony Anderson, Taye Diggs, Mos Def, Donald Faison et Orlando Jones.

La Bande Annonce de Je fais le mort :


NOTE : 5,5/10

dimanche 22 décembre 2013

Sur la terre des dinosaures, le film 3D

« Sur la terre des dinosaures, le film 3D » est l'adaptation – étirée – de la série télévisée britannique de 1999 appelée « Sur la terre des dinosaures ». Lancée par la BBC, cette série documentaire a été la source de plusieurs séries du même genre. Doté d'un budget conséquent de 80 millions de dollars, « Sur la terre des dinosaures, le film 3D », co-réalisé par Neil Nightingale & Barry Cook, est attendu dans les salles obscures le mercredi 18 décembre.
Synopsis Allociné : Située il y a 70 millions d'années, au temps où les dinosaures régnaient en maîtres sur terre, notre histoire suit les aventures de Patchi, le dernier né de sa famille. Sur le long chemin qui le mènera vers l'âge adulte, il devra survivre dans un monde sauvage et imprévisible, et faire face aux plus dangereux des prédateurs. Quand son père est tué, le jeune Patchi, son grand frère Roch, et son amie Juniper sont séparés du reste de la horde pendant la grande migration. Désormais à la recherche des siens, le trio va devoir surmonter de nombreux obstacles, et vivre une aventure palpitante au cours de laquelle Patchi va révéler son immense courage.

Dès les premières minutes de « Sur la terre des dinosaures 3D », quelque chose cloche. Une introduction « humaine » maladroite pour justifier la suite « paléontologique » du récit, allons bon !

Et ce n'est pas non plus la première demi-heure qui rassure : héros peu attachant limite agaçant, personnages secondaires horripilants (l'oiseau, le frère), intrigue éculée – en gros, la migration d'un troupeau de dinosaures, qui marche au rythme des saisons – enjeux infimes (une amourette, une lutte fraternelle, une odyssée semée d'embûches), gags potaches pompés sur les tribulations de Stifler dans « American Pie » (exemple : un geyser d'excréments qui atterrit sur la tête d'un reptile), blagues au rabais à peine divertissantes pour les bambins, narration à l'aide de voix-off stridentes, nasillardes et insupportables, rajoutées en post-prod (comprenez par là qu'il n'y a aucun mouvement facial adapté au débit verbal des dino), dialogues « djeun's » pour les voix de doublage avec emploi d'un répertoire langagier argot épouvantable, BO pop accompagnatrice pour masquer le manque cruel d'émotions…bref, pas grand chose à se mettre sous la dent !
Seul atout de taille dans ce premier morceau : la réalisation assez fluide, avec alternance de plans serrés & larges sur les dino en exode, et des travellings/panoramiques percutants. Les modélisations sont impeccables, les incrustations numériques maîtrisées, la 3D réussie dans son ensemble. Une sacré prouesse technique !
La suite des festivités est plutôt inégale, à l'image du film finalement, mais il faut avouer que le tournage en milieu naturel est une qualité indéniable. Ainsi, les aventures du jeune dino pataud Pachi prennent place dans des paysages exceptionnels (lac gelé, plage de galets, canyons arides, plaines à perte de vue, forêt incendiée, ciel étoilé somptueux, aurores boréales…). On salue également l'inventaire didactique des gros reptiles, présentés sous forme cartographique avec nom, espèce et régime alimentaire...quoique cette pédagogie devient lassante à la longue !
Dommage aussi que le film soit plombé par ces voix-off irritables et ces enjeux narratifs aussi minces (le deuil du père est expédié, les motifs de la transhumance du troupeau sont inexpliqués, les combats virils entre les dino bâclés…).
Bilan : « L'Incroyable Voyage » version dinosaures. Si la mise en scène de « Sur la terre des dinosaures, le film 3D » relève de l'exploit technique, le film de Neil Nightingale & Barry Cook est tellement à la ramasse question humour, répliques et trame de fond qu'on déclare vite forfait. Le flacon est superbe, il manque juste l'ivresse.
Anecdote : C'est le comédien Justin Long qui double Pachi dans la version originale. L'acteur est plutôt habitué à l'exercice puisque c'est également lui qui prête sa voix au personnage d'« Alvin » dans la trilogie « Alvin et les Chipmunks ».

La Bande-Annonce de Sur la terre des dinosaures, le film 3D :


NOTE : 4/10

A Touch of Sin

Festival de Cannes 2013. Le jury présidé par Steven Spielberg récompense, un peu à la surprise générale, « A Touch of Sin » de Jia Zhang Ke du prix du Meilleur Scénario. Quel est ce film ? Sortie en salles le 11 décembre, « A Touch of Sin », produit par Office Kitano, est hélas passé inaperçu dans l'hexagone.
Synopsis Allociné : Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l'action. San'er, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiaoyu, hôtesse d'accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d'un riche client. Xiaohui passe d'un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d'une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.
Avec le bouleversant « A Touch of Sin », Jia Zhang Ke, crédité ici scénariste et réalisateur, autopsie son pays natal et signe un tableau politique radical – la compagne et la ville sont génératrices de monstres cupides et avares – et touchant, un authentique kaléidoscope de personnages abattus par la misère socio-professionnelle. 4 parcours – un mineur, un travailleur migrant, une prostituée, un éclaireur – 4 destins sanglants, 1 structure de film choral et surtout 1 mosaïque commune : la violence. Une issue malheureusement inévitable pour un pays en pleine révolution incontrôlable : expansion économique démesurée, course à la modernité, croissance des effectifs, terre déchue de sa fonction d'accueil. Abandon d'une solution pacifiste, incarnation d'une colère parfois insoutenable et surréaliste.
Et si Jia Zhang Ke met l'accent sur ce fait avec justesse, il n'oublie jamais de recouper les différentes petites histoires (des personnages qui se croisent, tout simplement) pour unifier un propos et rendre compte d'une Chine fracturée dans son ensemble.
Gore et pourtant très drôle à la fois, « A Touch of Sin », cousin lointain de l'excellent « Chute Libre » (rappelez-vous le brain-out de D-Fense alias Michael Douglas), voire du non moins remarquable « A History of Violence » (adapté à l'échelle d'une nation), étonne de tous les côtés : dans sa mise en scène (des cadres somptueux, une structure narrative limpide grâce à des montages parallèles maîtrisés, des couleurs adéquats au ton du film, une photographie splendide, des plans d'une durée parfaitement ajustée, des mouvements panoramiques onctueux ponctuant les différents plans-séquences, un joli mash-up des codes de différents genres : film de sabres, polar, western, fresque…) jusqu'à la composition et aux tiroirs ouverts du scénario : habile utilisation de la violence pour mieux la dénoncer, irruption d'animaux ici et là, traduction langagière des instincts les plus primitifs de l'Homme dans cette jungle sociétale chinoise, esprit cabochard et côté pulp Tarantinesque savoureux, gage d'une beauté plastique vertigineuse.
Côté casting, si Tao Zhao est émouvante dans la peau d'une hôtesse d'accueil poussée à bout et humiliée, ce sont surtout les acteurs Wu Jiang et Wang Baoqiang qui épatent dans leurs rôles respectifs de mineur et de travailleur migrant.
Bilan : Avec « A Touch of Sin », Jia Zhang Ke s'adresse au monde en examinant les gangrènes d'une société (en l'occurrence, la sienne) à travers le prisme de l'abandon à la violence, sous la forme d'un docu-fiction saisissant, lui-même établi comme un pamphlet rageur mais jamais moralisateur. Puissant, admirable, subversif, magistral. Un cas d'école !

Anecdote sordide mais vraie : Aussi fou que ça puisse paraître, il y a un moment dans le film où une femme se prend au moins une cinquantaine de coups de liasse de billets (de banque). Dans cette scène, l'homme qui inflige les coups est en fait le réalisateur Jia Zhang Ke en personne et la fille, son épouse à la ville, la comédienne Tao Zhao.

La Bande Annonce de A Touch of Sin :


NOTE : 9/10

samedi 21 décembre 2013

Philomena

Après le joli succès « Tamara Drewe » et le dispensable « Lady Vegas – Les Mémoires d'une joueuse », Stephen Frears revient dans les salles obscures le 8 janvier 2014 avec « Philomena », drame britannique adapté du roman « The Lost Child of Philomena Lee », de Martin Sixsmith.
Synopsis Allociné : Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils, Anthony, qu’une heure par jour. À l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver.
 Quand, cinquante ans plus tard, elle rencontre Martin Sixsmith, journaliste désabusé, elle lui raconte son histoire, et ce dernier la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony.

Pour son 23ème long-métrage, le réalisateur des « Liaisons dangereuses » s'est emparé d'un fait divers britannique de 2002, et s'intéresse aux travers de « l'Église » au milieu du siècle précédent. Il approfondit notamment la manière dont étaient traitées et rejetées – par la société – les mères célibataires, ainsi que les conséquences psychologiques à long terme de cette éviction. Le catholicisme est alors au centre de l'observation de Frears qui n'émet néanmoins aucun jugement.
Le système de flashbacks, tous pourvus d'un aspect vintage de vacances, lui-même mis en place grâce au Super 8 effect, améliore le rendu final en permettant de mettre en relief les modifications comportementales des moniales entre le passage de Philomena à l'abbaye et aujourd'hui. Notons qu'à un moment, le journaliste fait mention du film « The Magdalene Sisters » ; parallèle vraiment bien senti puisque les agissements de Soeur Hildegarde et de ses consœurs dans les années 50 rappellent constamment la trajectoire de vie des Magdalene, dont le récit fut porté sur grand écran par Peter Mullan.
Mais si la religion est le principal sujet de « Philomena », le film de Frears ne se limite fort heureusement pas à cela. C'est aussi et surtout l'histoire d'une femme qui souhaite désespérément retrouver celui qu'on lui a pris il y a près de cinquante ans. Et dans ce cadre, les deux protagonistes principaux, bien que différents, se complètent harmonieusement : d'un côté, Philomena, catholique pieuse, femme d'origine modeste, est gouvernée par la volonté de retrouver son enfant ; de l'autre, Martin, un journaliste récemment limogé, intellect pédant, porte un intérêt pour l'histoire de Philomena dans l'unique but de rebondir professionnellement. Mais cette femme d'apparence ordinaire va faire preuve d'une force et d'un courage exemplaire que Frears met brillamment en exergue. Par son indulgence et son altruisme, Philomena se révèle in finale extraordinaire.
 
Si la petite larme est au rendez-vous, sachez que « Philomena » est doté d'une grande dose d'humour malgré tout (des comiques de situations ou de textes). On pense notamment à la séquence où Philomena raconte la majorité de l'intrigue du roman qu'elle vient de lire à Martin, ou encore lorsqu'elle lui inventorie l'intégralité du buffet petit-déjeuner de l'hôtel.
Remarquons que le cinéma du réalisateur de « The Queen » brille une nouvelle fois par son esthétisme et son réalisme, Frears possédant, en effet, le talent de magnifier ses personnages à l'aide de scènes extrêmement limpides, toujours filmées dans des paysages sublimes, notamment en Irlande. La bande-son est, quant à elle, signée Alexandre Desplat, un nom généralement synonyme de qualité dans le milieu.

Rendons hommage enfin à l'excellente direction d'acteurs. Steve Coogan, plus habitué au registre comique, se montre épatant. On pense notamment à la scène où le comédien découvre la page internet centrée sur Anthony, ou encore celle du « scandale » au couvent, deux séquences véritablement bouleversantes. La phénoménale Judi Dench se révèle extrêmement touchante dans le rôle-titre, une femme vulnérable et pourtant si forte. L'actrice anglaise semble habitée par la personnalité de Philomena et émeut l'audience, sans être larmoyante. A l'image du film finalement !
Bilan : Adaptation réussie et aboutie pour Frears, qui signe avec « Philomena » un portrait intéressant d'une femme croyante et combative dans les années 50. Belle revanche pour Stephen Frears après le fiasco « Lady Vegas ».

Anecdote (source : Allocine.fr) Alors que « Philomena » était menacé par la MPAA (la commission de classification américaine des films) d'une note « R », qui oblige les mineurs à être accompagnés, le producteur Harvey Weinstein a décidé de réaliser une opération promotionnelle originale pour défendre le film. Judi Dench qui joue Philomena est revenue dans une vidéo sous la forme de son personnage emblématique de M dans la saga James Bond, avec les accords des ayant droits de la marque du célèbre 007.

La Bande-Annonce de Philomena :


NOTE : 8/10

Article rédigé par Justine Blache

vendredi 20 décembre 2013

Suzanne

Toujours se méfier d’un film précédé d’un very good buzz ! Dernier exemple en date : la comédie (surestimée) « Les Garçons et Guillaume, à table ! », auréolée de critiques dithyrambiques et d’une pléthore d’avis publics favorables avant même sa sortie salles obscures. Pourtant, si le film de Guillaume Gallienne est une franche réussite sur de nombreux points il faut l’avouer, il n’est pas non plus le chef d’œuvre comique annoncé. Mais « Les Garçons et Guillaume, à table ! » n’est pas le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, il s’agit plutôt de « Suzanne », second long-métrage – présenté en ouverture de la 52ème Semaine de la Critique, dans le cadre du Festival de Cannes 2013, et salué unanimement – de la réalisatrice Katell Quillévéré, après sa première excellente œuvre « Un poison violent » il y a 3 ans. Qu’en est-il réellement ?
Synopsis Allociné : Fille-mère à l’adolescence, Suzanne vit avec son père routier et sa sœur dont elle est inséparable. Sa vie bascule lorsqu’elle tombe amoureuse de Julien, petit malfrat qui l’entraîne dans sa dérive. S’ensuit la cavale, la prison, l’amour fou qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle …
En 2010, Télérama loue la « délicatesse » d’« Un poison violent », premier film de Katell Quillévéré naviguant sur un « mode impressionniste avec d’authentiques éclats de grâce ». Un compliment superposable s'avère tout à fait envisageable pour « Suzanne », drame solaire empli d’amour dansant à peu près sur le même tempo. En filmant les 25 premières années de vie d’une fille – mère à l’adolescence, Katell Quillévéré brosse avec beaucoup de tendresse et de chaleur humaine le portrait d’un personnage perdu, en quête d’identité et d’affection, malmené par ce qui lui arrive (les sentiments pour un malfrat & la parentalité).
Un peu à la manière de David Lowery et de ses « Amants du Texas », Katell Quillévéré prend judicieusement le parti de ne pas filmer certains événements, notamment le dérapage marginal (les cavales, la violence, l’incarcération …), pour mieux s’attarder sur leurs conséquences (la dépression dû au manque chez l’un, l’évasion des sentiments chez l’autre). Chouette idée ! D’autant plus que Katell Quillévéré, pas vraiment ancrée dans un effet de « mode », affiche une véritable élégance formelle dans sa mise en scène, une densité et un raffinement dans son propos (une retenue bienvenue), ces qualités lui conférant instantanément un statut d’auteur. Avec « Suzanne », la scénariste / réalisatrice réussit, en effet, le pari de transcender un genre – pourtant archi codifié – en lui administrant sa marque personnelle.
Saluons à cet égard l’étonnante maîtrise du long-métrage, parcouru d’une dramaturgie exemplaire de regards et de contraste (les échanges entre Damiens & Forestier, silencieux mais riches de sens). Des ellipses narratives puissantes et intelligentes – exprimant mieux que tout le bouleversement provoqué par un événement – offrent également une valeur ajoutée.
L’excellente direction d’acteurs accrédite évidemment l’ensemble. François Damiens, à contre-emploi, est formidable en père fragile, tandis que Sara Forestier, habitée par son personnage, excelle une nouvelle fois (27 ans et déjà 2 César en poche, rappelons-le) et crève l’écran, palette de jeu incroyable à l’appui (la colère, la tristesse, l’indifférence, l’amour). On peut également applaudir la performance de la merveilleuse Adèle Haenel (décidément, les Adèle cette année !) dans le rôle de la sœur cadette et dont le talent de comédienne se trouve ici enfin révélé.
Bilan : « Suzanne », traduction imagée du tiraillement perpétuel entre l’inconscient (les mises en danger) et le conscient (subvenir aux besoins de notre progéniture), est un film à la fois mélancolique et lumineux, une œuvre magistrale et complexe, orchestrée de main de maître par Katell Quillévéré. Il faut dire que le jeu exceptionnel de Damiens & Forestier, particulièrement investis, aident fortement.
Anecdote : Fan de Leonard Cohen, Katell Quillévéré confesse avoir recommencé à écrire – notamment le scénario de « Suzanne » – à la suite d’un concert du célèbre musicien.


La Bande Annonce de Suzanne :


NOTE : 8/10