mercredi 31 octobre 2012

Frankenweenie


Après « The Dark Knight Rises » cet été, ou encore « Skyfall » la semaine passée, le film aux allures de « retour aux sources » a décidément la côte à Hollywood ces temps ci. Ce n'est pas « Frankenweenie », adaptation stop-motion noir et blanc et en long-métrage du court éponyme de 1984, tous deux réalisés par Tim Burton, qui dira le contraire.


Et si le « grand enfant » Burton n'a jamais été autant décrié ces dernières années, la faute à ses dernières moutures (« Alice au pays des merveilles » et « Dark Shadows » en première ligne), jugées de moins en moins artistiquement créatives et de plus en plus mercantiles, ce « Frankeenweenie », vendu comme l'anti-Disney d'Halloween, devrait pouvoir réconcilier tout le monde, y compris les plus récalcitrants.
 
 
Synopsis : Victor Frankenstein, jeune garçon solitaire, passe la plupart de son temps auprès de son meilleur ami, son chien « Sparky ». Et lorsque ce dernier décède brutalement, victime d'un malencontreux accident de la voie publique, c'est le monde tout entier de Victor qui s'effondre.
Le deuil s'avérant impossible, Victor décide alors de le ressusciter, quitte à employer de terrifiantes techniques scientifiques et bouleverser ainsi l'équilibre de la paisible ville dans laquelle il vit.


Même si, suite au succès phénoménal et planétaire de « Charlie et la chocolaterie », Tim Burton est quasiment devenu une marque de fabrique, on ne peut nier que le loufoque metteur en scène américain a toujours su conserver un talent pour s'embarquer dans les projets fous, des projets dotés à chaque nouvel opus d'un univers unique en son genre : identification du génie.


« Frankenweenie » ne déroge certainement pas à la règle, nous entraînant dans un voyage schizoïde et fantasque, habité d'une galerie superbement horrifique et originale de personnages doublés par des habitués de Burton (Catherien O'Hara, Winona Ryder …), tous plus géniaux les uns que les autres (mention spéciale au professeur de sciences, diablement bien doublé par Martin Landau).


Techniquement parfait (quelle bonne idée d'avoir penser au noir et blanc, chapeau également pour la conversion chair et os / pâte à modeler …), « Frankenweenie » est une aventure à la fois touchante, tendre et poilante, pour les petits et les plus grands, conçue en forme d'hommage (bien vu d'ailleurs le clin d'oeil chez les morts à Mary Shelley).


Le conteur Burton, fidèle à ses mythes, replonge aux sources et nous livre du minerai de ses débuts. Un véritable défilé de ses obsessions à l'écran : lieux de prédilection (pavillon banlieusard, moulin, cimetière, fête foraine), figures emblématiques (maire grognon, canidé bien pensant, monstres à gogo), thèmes récurrents (les affres et bonheurs de la création, histoire d'amour entre héros marginal et fille gothique) ... sacré Tim, quelle chance ils ont ceux qui t'approchent !


Bilan : décidément, l'« Étrange » a de beaux jours devant lui avec Burton aux commandes. Cette déclaration d'amour au cinéma de genre qu'est « Frankenweenie » en est bien la preuve.
 
La Bande Annonce de Frankenweenie:
 
 
NOTE: 9/10

mardi 30 octobre 2012

Elle s'appelle Ruby


Cinq ans après la pépite « Little Miss Sunshine », le duo Valérie Faris et Jonathan Dayton remettent le couvert dans la comédie indé US acidulée avec « Elle s'appelle Ruby ». La question qui brûle les lèvres : le tandem a-t-il réitéré son succès ?
 

Synopsis : Calvin, romancier à succès en mal d'inspiration, se voit encouragé par son psychanalyste à écrire sur la fille de ses rêves, jusqu'au jour où se superpose à ses lignes Ruby, une Ruby amoureuse de lui et conforme à ce qu'il avait écrit et rêvé.


Le film, doux amère, probablement inspiré à la fois du mythe de Pygmalion, et dans une moindre mesure de « L'Incroyable destin de Harold Crick » côté narration, est un petit peu trop sage pour transformer aisément l'essai, mais offre néanmoins de savoureux et délictueux moments de cinéma comme on les aime.

 
Et si Paul Dano confirme, s'il en était encore besoin, qu'il a toujours du flair lorsqu'il s'agit de dénicher la perle rare, LE scénario qui dépote (« There Will Be Blood » est là pour vous le rappeler), on sent malheureusement celui ci pas tout à fait dans ses baskets avec son statut de héros, démuni de charisme face à son rôle.


Il jouit, fort heureusement, de la présence à l'écran de sa dulcinée, la fraîche et pétillante Zoe Kazan, qui signe également là le scénario du long, et se révèle absolument divine en créature rouquine tout droit sorti de l'esprit du personnage de Calvin.


Les protagonistes, attachants et pittoresques à la fois, dont les qualités et défauts tendent vers la description de tableaux humains sans concession, soulèvent en toile de fond les questions autour de l'influence de l'Amour dans le cheminement ainsi que la construction de nos vies, mais aussi dans les liens unissant le créateur à sa créature. Attention Mr Calvin, ne perdez pas de vue les limites de la fiction, le mirage de la perfection peut vous décevoir.


À côté des codes classiques et des clichés de la « romcom », Kazan livre une histoire sans tabou, joyeusement absurde et agréablement surprenante sur la fin, où le démiurge du récit s'enlise sur un terrain que l'on n'attendait pas, plutôt dramatique et émouvant, dans lequel il tente vainement de prouver à son œuvre qu'elle est doublement irréelle et fantasmatique.


On regrettera peut être la galerie des autres personnages de l'aventure, un poil frileux et bien trop alambiqués pour une entreprise de séduction. Un Antonio Banderas et une Annette Bening pas vraiment percutants.
 
 
Bilan : une production indépendante qui vient accréditer tout le bien que l'on pensait de la pair DaytonFaris, après le très réussi « Little Miss Sunshine ». Seule ombre au tableau : hétérogénéité de la distribution.

La Bande Annonce de Elle s'appelle Ruby:

samedi 27 octobre 2012

Skyfall


La franchise la plus pérenne de l'histoire du cinéma (50 ans de bons et loyaux services envers Sa Majesté) revient aujourd'hui dans les salles avec « Skyfall », l'opus à la fois le plus audacieux, le plus dense, le plus noir mais sans doute aussi, le plus réussi.


Synospis (source : Allociné) Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…
 
 
Si Bond 23 est aussi bon(d), il le doit certainement à son réalisateur, Sam Mendes, habituellement non familier des blockbusters, mais néanmoins metteur en scène performant des très bons « American Beauty », « Noces rebelles » et « Sentiers de la perdition ». L'homme réussit ici l'exploit de concrétiser la formule efficace « faire du neuf avec du vieux », comme avait su le faire, en son temps, J.J Abrams sur la franchise « Star Trek ». Mendes reprend en effet (tous) les codes de la saga, scène d'introduction stupéfiante de poursuite, générique de début psychédélique sous fond sonore pop, réplique culte « Bond, James Bond », boisson fétiche Vodka Martini à la cuillère, pas au shaker, la légendaire Aston Martin, les personnages fils conducteurs (M, Q, les James Bond girls), le méchant bien charismatique, tout cela pour mieux les transposer dans le monde contemporain, en y insufflant le charme de la nouveauté.


Pour filmer le héros issu des livres de Ian Fleming, Sam Mendes s'est entouré, à raison, de ses meilleurs et plus fidèles collaborateurs : sublime photographie du multi-oscarisé Roger Deakins (un habitué des frères Cohen et de Mendes bien évidemment) et impeccable composition de la bande originale par Thomas Newman.


Le duo de scénaristes Robert Wade / Neil Purvis, auteurs de la totalité des Bond depuis « Le monde ne suffit pas », est complété là par la plume de John Logan, riche idée puisque c'est également en partie grâce à lui que le cru bond 2012 est aussi exquis. Grande trouvaille que celle d'avoir « détruit » et « reconstruit » le mythe Bond (le « Dark knight » de Christopher Nolan est passé par là, ce n'est un secret pour personne) puis, étoffé le passé du cynique agent secret, que l'on avait rarement trouvé aussi désemparé, passagèrement anéanti, et finalement aussi humain.


007 est par ailleurs escorté par un pléiade de seconds rôles, tous plus savoureux les uns que les autres, en commençant par M, interprétée par une Judi Dench jamais autant inspirée, dans son intronisation de James Bond girls.
 
Puis, vient le sympathique geek Q, incarné par Ben Wishaw, qui donne le zeste humour à l'affaire, personnage à la fois influencé par les précédentes moutures, mais, pour les avertis, probablement par le Benji de « Mission: Impossible », intelligent et attachant side kick de Ethan Hunt.
 
 
Et enfin, le méchant. Rappelez vous, Alfred Hitchcock disait un jour « plus réussi sera le méchant, plus réussi sera le film » ; il semblerait que Sam Mendes et son équipe l'aient entendu puisque Javier Bardem interprète dans « Skyfall » un bad guy gay-friendly absolument formidable, dont l'excentricité et le dessein ne sont certainement pas sans rappeler ceux du tristement célèbre Heath Ledger dans son jeu du Joker. Christopher Nolan, toujours lui.


Le mélancolique, envoûtant et épatant thème d'introduction, merveilleusement chanté par Adele, nouvelle chouchou vocale des British, participe au piment de l'ensemble.
 

Le film aurait pu lorgner vers le « perfect » si les James Bond girls, respectivement Naomi Harris et notre frenchy Bérénice Marlohe, ne nous décevaient pas, soyons honnêtes, un petit peu quand même. Mais ça se digère !


En conclusion, un blockbuster ficelé par un auteur débarqué du cinéma indépendant, est-ce concevable ? Sam Mendes nous prouve que c'est possible.

Paraît que le prochain, c'est pour Christopher Nolan. La boucle sera enfin bouclée.
 
La Bande Annonce de Skyfall:
 

Amour

Tristesse, colère, dignité, dévotion, contemplation, partage, humanité, tendresse et bien sûr de l'amour dans « Amour », palme d'or du Festival de Cannes 2012, orchestrée par le maître autrichien, Michael Haneke, déjà lauréat du même sacrement cinématographique il y a peu, en 2009, avec son « Ruban blanc ».
Toutes ces émotions, et bien encore, assemblées dans un huis clos surprenant de la part d'un réalisateur identifié dans le registre du film violent, glacial, manipulateur, tendance sadique, qui signe ici un long métrage inclinant cette fois vers un doux bouleversement.

Synopsis : George (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), tous deux octogénaires et anciens professeurs de musique, forment un couple qui s'aime. Profitant de leur retraite dans leur grand appartement parisien, à distance de leur fille (Isabelle Huppert, muse de Haneke), musicienne, installée à l'étranger, ce vieux couple cultivé et solide se retrouve, du jour au lendemain, fragilisé et mis à l'épreuve lorsque Anne présente brutalement un accident vasculaire cérébral. À l'événement s'enchaîne l'accompagnement de George auprès de sa femme.
Dans « Amour », l'un des protagonistes, le célèbre pianiste français Alexandre Tharaud (ancien élève du couple) qui joue ici son propre rôle, rédige une note destinée aux époux, après une visite dans leur appartement, dans laquelle il signifie le « beau et triste moment qu'il vient de passer en leur compagnie ». Ce message transpire à lui seul l'esprit du film et corrobore parfaitement le « beau et triste » à la fois.

Le cinéaste, d'une fidélité redoutable à ses convictions et à sa méthode (brutalité de la mise en scène, incluant des périodes d'ennui, de vide, de frustration et d'irritation, dureté et longueur des plans fixes, photographie très sobre de Darius Khondji, absence quasi totale de bande originale, trivialité des scènes exposées, y compris celles qui le sont hors champs), souhaite avant tout remuer le spectateur et provoquer chez lui la prise de conscience. Il invite en effet ici ce dernier à réfléchir sur les dégradation psychologique et physique provoquée par les méandres de la vieillesse. Du bout de sa caméra, il tutoie les affres du corps atteint par l'âge.

L'art de Haneke rayonne par ailleurs, une fois n'est pas coutume, dans la maîtrise des ellipses, ainsi que des émotions. Tout est dosé au gramme près, selon une recette bien ordonnée. La longueur des silences est très éloquente.
 

 
L'enseignement de cette œuvre, destinée à un public responsable, restera l'injonction de son auteur à prendre la vie et la mort au sérieux. Trintignant et Riva l'ont bien compris dans leur remarquable interprétation des rôles. Il y a fort à parier que l'académie des César le confirme.
Les détracteurs de « Amour » seront sans doute ceux que rebuteront une visite à leur grand mère, refusant d'y voir le miroir de leur sort de mortel !!!!!
Haneke est humain parmi les humains, et il l'assume, pour notre intérêt.

La Bande Annonce d'Amour:



lundi 22 octobre 2012

Bachelorette


Si ce « Bachelorette », adaptation sur grand écran d’une pièce de théâtre off-Broadway, a tout, en apparence, d’une bonne comédie de filles pour filles réalisée par une fille, et estampillée Judd Apatow, prête à cartonner et surfer sur la vague du succès colossal de « Mes meilleures amies », le film de Leslye Headland n’est malheureusement pas moins qu’un triste émule du précédent long métrage cité, où l’humour se fourvoie, codifié par du mauvais déjà vu.

L’histoire, tiédasse à souhait, retrace celle de trois amies d’enfance (Regan la vénale, Katie la nympho et Gena la raisonnable, interprétées respectivement par la mélancolique Kirsten Dunst, l’hystérique Isla Fisher et la pétillante Lizzy Caplan), invitées en qualité de demoiselles d’honneur au mariage d’une ancienne camarade de lycée, celle ci, obèse, sujet de railleries et surnommée à cette époque « face de truie » (Becky alias Rebel Wilson). Ni mariage ni traditionnelle fête d'enterrement de vie de jeune fille ne vont se dérouler sans encombre.
Déluge de comparaisons en tête face à ce « Bachelorette ».
On pense tout d’abord à « Mes meilleures amies » bien évidemment, comédie Rated ayant imposé le gold standard outre Atlantique, puis rapidement partout dans le monde. Des scènes trash et cultes pour leur goût de démesure dans le but de mieux illustrer le propos, stratégie propre à la Comédie. Le clin d’œil va même plus loin puisque l’actrice Rebel Wilson, déjà présente dans la production de Paul Feig, télescope le lien en resurgissant ici.
Puis, c’est « Very Bad Trip », film jugé lui aussi fédérateur par le public et la critique, qui nous interpelle, devant le jubilatoire concept de l’enterrement de vie de jeunes mariés bien énolique, bien caricatural.
En troisième ligne, c’est « Sex and the City », auquel on emprunte ici les 4 héroïnes, archétypes d’un genre ayant acquis ses lettres de noblesse dans ce conformisme. Concept à l'époque novateur, ringard aujourd'hui.
Enfin, on flaire l’esprit « Saturday Night Live » face au constat suivant : derrière la production de ce long métrage se trouvent les vieux compères Will Ferrell et Adam McKay, duo d'auteurs des hilarants « Anchorman » et « Frangins malgré eux », ou encore « Ricky Bobby : roi du circuit », hélas trop peu connus dans nos contrées.
Le scénario, très paresseux dans ses premières notes (passage obligatoire de l’annonce du mariage aux demoiselles d’honneur par la mariée, rituel filmique de l’éternel blabla autour de la notion d’engagement, présentation de la robe de la promise), aligne davantage de vannes dans une dernière demi heure plus vivante, et enfin cinglante.
C'est au « lâchage » de Kirsten Dunst, bien trop timide en début de course, qu'on doit cet humour décomplexé en seconde partie, malgré son côté un peu potache. Mais contrairement au carton de l’été dernier, Leslye Headland distille malheureusement son « bébé » en séquences aux airs de cheveux sur la soupe et dénuées de sens.
Le film promène un sentiment d’hétérogénéité sur ce versant scénaristique, et également sur le plan casting. Le spectateur apprécie la compagnie de Lizzy Caplan, drôle en héroïnomane fantasmant sur la fellation, et se farcit dans le même temps une Isla Fisher insupportable et décérébrée, dans un rôle semblable à celui qu’elle tenait dans « Serial noceurs ». Quant aux personnages masculins, ils sont lisses et creux, juste bons pour la figuration. Où sont donc passés le talent et le charisme de Chris O'Dowd ?
Pour tout dire, on s'étonne de la débâcle, l’aura Apatow aurait-il égaré sa superbe. Résumé de l'ensemble : film scato, bad porno, en fait pas très jojo !!!
 
 
La Bande Annonce de Bachelorette:
 
 
NOTE: 4/10
 

samedi 20 octobre 2012

Ted


Après son carton au box office outre Atlantique cet été (218 millions de dollars de recettes à ce jour rien que sur le sol yankee, pour 50 de budget), il était de bon ton de vérifier si « Ted » mérite bien son titre de « meilleure comédie de l'année ».



Le synopis : En 1985, John Bennet, un garçon de huit ans au cercle amical pauvre, fait le vœu que son ours en peluche offert à Noël devienne son meilleur ami pour la vie. Son souhait sera exaucé par magie, l'ours Ted s'anime et l'histoire devient célèbre.
 
 

Vingt-sept ans plus tard, en 2012, Ted (voix de Seth McFarlane en version originale pour celle du nouvellement bankable JoeyStarr en version française) et John (Mark Wahlberg) vivent ensemble en collocation, mais la présence de l'ours empiète sur la vie sentimentale de John, en couple depuis 4 ans avec Lori (Mila Kunis). En effet, John et son ours se comportent comme des enfants, passant leur temps à boire des bières, et fumer de la drogue devant des navets, leur préféré étant Flash Gordon. Aussi, Lori va forcer la main de son petit-ami, et le pousser à s'éloigner de son ami d'enfance pour grandir et devenir plus adulte.


Si Ted s'ouvre comme un bon vieux film familial (un événement extraordinaire, en l'occurrence ici l'arrivée d'un ours en peluche qui parle, surprend un personnage ordinaire, un jeune garçon solitaire vivant dans une banlieue américaine typique) dont seul tonton Spielberg a le secret, ce n'est sûrement pas un hasard. Et si Seth McFarlane, créateur de la géniale série télé « Les Griffin » (Family Guy en Version Originale), se retrouve ici aux manettes du long métrage, ce n'est pas non plus un signe de la providence. On devine, en effet, derrière cette singulière scène d'introduction, le désir de son réalisateur d'offrir aux spectateurs un hommage au film qui a probablement bercé toute son enfance, à savoir notre bon E.T à tous. Et ce n'est pas la séquence suivante du générique inaugural, figurant John en train de porter Ted dans un panier à l'avant de son vélo, une couverture sur la tête, qui dira le contraire. 

 

La suite du spectacle va dans ce sens, ponctuée de clins d'oeil hilarants à des films en tout genre (de Indiana Jones et le temple maudit à Superman Returns, en passant par Le Journal de Bridget Jones!), truffée de références à la génération Facebook, et assez audacieuse pour percuter autant Justin Bieber ou Taylor « Twilight » Lautner que Tom Skerritt ou Adam Sandler (tout le monde y passe !) 

 

Narrer une amitié entre un nounours et un humain pouvait s'avérer être un exercice périlleux voire pari risqué, très risqué, mais Seth McFarlane est un bonhomme qui n'a pas froid aux yeux (pour rappel, après l'annulation coup de théâtre des Griffin en 2001, McFarlane révise sa copie, travaille corps et âme pendant quatre longues années et offre un retour en grandes pompes à sa série phare sur le network, en 2005) et propulse son récit en réinventant totalement les codes du buddy movie, dans une fiction empreinte à la fois de tendresse, d'humour et d'émotions.


 
 
Sa première malicieuse, inventive, surprenante et excellente idée aura été de capturer très vite l'inconscient collectif (attraction universelle de l'illustre doudou) au point que le spectateur est embarqué sans préavis dans la féerie de l'histoire.


Au delà d'un humour savamment novateur (morceau de bravoure dans une scène d'anthologie de baston entre Wahlberg et son ami en peluche), Ted explore subtilement les facettes de l'amitié avec un grand A, du passage à l'âge adulte et de façon plus générale, de tout ce que cela implique (engagement professionnel et relationnel). En d'autres termes, on rit ... mais pas seulement.


Si l'on dépense ses zygomatiques devant Ted, c'est aussi, et surtout grâce à l'invitation cordiale d'un nombre incalculable de guest stars, dont les interventions fusent efficacement sur la pellicule (mention spéciale à Ryan Reynolds et à Sam "Flash Gordon" Jones).


Casting dynamique, avec en première ligne une Mila Kunis radieuse, dont le charme ajoute à la beauté de l'ensemble, et vient déloger les codes assujettis à ce type de personnage, habituellement ô combien castratrice.


Des anicroches quand même : Mark Whalberg, que l'on sent mal à l'aise dans le registre comique (excepté quand il chante une comptine pour palier à sa phobie du tonnerre) ainsi que l'évolution du scénario vers une histoire de rapt, peu crédible, à la chute entièrement prévisible ( gloire par contre à la divine séquence de danse de Giovanni Ribisi).


Tout ceci pour dire, Ted réussit l'exploit d'une comédie transgénérationnelle touchante et drôle, sur un pitch simple mais efficace.
 
La Bande Annonce de Ted: