samedi 6 octobre 2012

Killer Joe


Quelle étrange mouche a piqué Mr Friedkin, réalisateur adoubé par les années 70 et déchu à l'aube du XXIème siècle via de malheureux échecs en salles, au point d'œuvrer à la conception d'objets artistiques indépendants, quasi expérimentaux, en marge de la stratosphère hollywoodienne, si peu encline à financer désormais des projets tel que ce Killer Joe.
 
 
Mais notre octogénaire n'en est plus à son coup d'essai puisque son dernier passage sur les toiles, « Bug », adaptation d'une pièce de Tracy Letts, relevait déjà d'une étrange atmosphère de huis clos.
 


Le synopsis de sa cuvée 2012, elle aussi adaptée de Letts (décidément ces deux-là étaient destinés à se rencontrer), retrace l'histoire de Chris, 22 ans, petite frappe sans vergogne, dealer à ses heures et endetté jusqu'au cou auprès de truands féroces, qui, pour rembourser ce qu'il doit, cherche 6000 $. L'idée émerge alors, soutenue par père, belle mère et sœur, d'assassiner la pauvre mère pour toucher le pactole de l'assurance-vie. Un bémol : qui donc pour accomplir la sale besogne ? Chris fait appel au Killer Joe du titre éponyme, incarné par Matthew McConaughey, flic serviable le jour, tueur à gages bougrement névrosé la nuit, pour assumer la lourde tâche. Chris est sans sou en poche et Joe ne fait pas crédit ; le bonhomme a ses principes, ses lois … jusqu'à ce que son monde bouscule celui de Dottie, sœur cadette de Chris et accessoirement jeune vierge farouche, qui devient alors jouet érotique de Joe.

William Friedkin signe un film très noir, au ton amoral, riche d'un humour décomplexé, optimisant le talent fou de Matthew McConaughey (séduisant, perturbant, rassurant), ici à contre emploi total, dans un rôle à l'incroyable prestance et à la violence inouïe, choquante certes, mais non dénuée de cet humour malin-malsain décrit plus haut.
 
 
Les autres personnages du film sont écrits et interprétés avec brio par une pléiade de seconds couteaux (mention spéciale pour la très jolie Juno Temple, qui, si nous en doutions encore, semble promise à une riche carrière).


En s'immisçant dans cette famille loufoque, Friedkin explore les facettes d'une humanité plus rebutante que jamais, et offre un thriller doté d'une patte artistique surprenante.

Paroxysme d'immoralité sur des scènes qui resteront immanquablement dans les mémoires (personne ne regardera une chickenwing de la même façon désormais), et laisseront le spectateur dans le doute et l'ambivalence, entre dégoût et attirance.
 


Le film sera probablement cadenassé par des réfractaires le réduisant à un simple déballage de violence « gratuite », mais le condamner en cela serait en soi immoral.

Le pestiféré d'Hollywood vient assurément de redorer son blason avec ce qui s'avère être certainement être l'un des meilleurs films de cette rentrée.
 
La Bande Annonce de Killer joe:

 
NOTE: 9/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire