jeudi 18 octobre 2012

Dans la maison

« Dans la maison », dernier Ozon librement adapté de la pièce du dramaturge espagnol, Juan Mayorga, n'est peut être pas le film que l'on croit.


Le synopsis de départ, pourtant simple (Claude, un lycéen fasciné par la « vie normale » dans les maisons, répond à l’invitation de l'un de ses camarades, Raphaël dit Rapha, et se met à livrer le récit de ses passages chez lui à son professeur de français, Mr Germain, sous forme de devoirs littéraires quotidiens), se complexifie rapidement en plongeant le spectateur dans une spectaculaire mise en abîme, notamment grâce à un coup de maître dans la mise en scène du réalisateur.





Si Claude s’attarde à dépeindre aisément et de manière très caricaturale la famille lambda dans ses textes, la confrontation à chaque rendu de copies à son professeur s’avère beaucoup plus délicate, dans une relation quasi sadomasochiste, dans laquelle les pouvoirs fluctuent au gré d’abandon, de rejet et d’interdépendance des deux partis. La relation évolue d’une quête de reconnaissance de la part de l’élève vers la prise de pouvoir de ce dernier sur son mentor. 


Cette relation pervertie, et là est la force de l’œuvre, déteint sur le spectateur, qui devient à la fois témoin de la vie « banale » de la famille « Rapha » et partie prenante du voyeurisme de Claude.

Remarquez simplement les différents clins d’œil du film pour vous en convaincre, d’une part le gros plan de la pomme, symbole chrétien de la tentation par excellence, croquée à pleines dents par Emmanuelle Seigner, d’autre part, l’affiche de Match Point, pas un hasard non plus, mise en avant lors d’un passage au cinéma des protagonistes interprétés par Fabrice Luchini & Kristin Scott Thomas.




Ces protagonistes, parlons-en : l’ironie de la mise en scène nidifie là encore lorsque le spectateur se retrouve embarqué dans les obsessions du couple Germain, s’agissant des « Rapha », au sein même du lit conjugal.


Fort de ce brillant stratagème, Ozon se permet de déjouer les codes du roman littéraire pour mieux les transposer dans une œuvre entièrement cinématographique Hitchcockienne, et jouer avec son public, s’offrant même le luxe de faire apparaître un professeur Luchini en ectoplasme moraliste. Là où Ozon fait fort, c’est lorsque le spectateur lui-même perd parfois la boussole entre la « vérité » du film et celle du roman de Claude.



Si les acteurs s’en sortent avec brio (Luchini et Scott Thomas en tête), il faut impérativement souligner la prestation tout bonnement hallucinante de LA révélation de « Dans la maison », Ernst Umhauer, alias Claude, dont le regard seul exprime efficacement toute l’ambivalence dans laquelle nous confronte cet élève. Entendement parfait du rôle !



Petite fausse note, la fin un peu fantaisiste et déroutante de maître Ozon, because too much.
 
La Bande Annonce de Dans la maison:

  

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