jeudi 30 mai 2013

Ginger & Rosa

Sally Potter, metteur en scène de talent ? Passé l'oubliable « The Man who cried » et le discret « Yes », pas grand chose à se mettre sous la dent. Aujourd'hui, cette scénariste et réalisatrice anglaise propose la comédie dramatique « Ginger & Rosa », avec deux comédiennes en vogue dans les rôles titres, la pétillante Elle Fanning et la révélation de « Sublimes Créatures », la très jolie Alice Englert.
Synopsis Allociné : Londres dans les années 1960. Ginger et Rosa, deux ados inséparables vivent ce moment unique du passage de l'enfance à l'âge adulte. Entre parano de la guerre froide et apprentissage de la liberté, révolution sexuelle et féminisme politique, blue jeans délavés et rock contestataire, cigarettes et premiers baisers, elles entrent en rébellion contre leurs mères, pour finir par se déchirer, irrémédiablement.
En prenant comme toile de fond l'appréhension anxieuse d'un holocauste nucléaire, la réalisatrice Sally Potter, adepte des films de costume et compositrice talentueuse, livre un drame bohème et romanesque, un peu en deçà des espérances, sorte de sous Jack Kerouac doux et acidulé, où les messages contestataires sont finalement vite relégués au second plan.
« Ginger & Rosa » porte une attention – timide – sur l'amour, les familles recomposées, l'amitié, le pardon, avec un réel désir de se démarquer, sans toutefois jamais atteindre cette ambition, où seulement lors des échanges familiaux, assez déchirants, vers la fin. Une évolution avouée vers le drame œdipien qui confère au film ses instants les plus poignants.
Casting parfait néanmoins : Elle Fanning, saisissante et fragile Ginger, confirme la virtuosité d'une grande actrice lorsque Alice Englert prend doucement mais sûrement son envol et prouve qu'elle a le talent d'une étoile montante d'Hollywood, en plus de son incroyable beauté.
Côté adultes, Christina Hendricks assume avec brio le rôle de la mère  désemparée face à l'émancipation de sa fille et Timothy Spall est touchant dans sa volonté de bien faire les choses.
Bilan : Dans le monde contemporain du cinéma hollywoodien qui souffre d'une baisse considérable de régime créatif, reconnaissons au moins à Sally Potter l'ambition de ne point plagier. Hélas, son « Ginger & Rosa » ne décolle jamais et demeure assez fade, terrassé par la superficialité des sujets abordés. Deux actrices au sommet, courageuses et intelligentes, portent le film.
 
La Bande Annonce de Ginger & Rosa:
 
 
NOTE: 4,5/10
 

mercredi 29 mai 2013

The Call

Avec le premier film « The Machinist », l'américain Brad Anderson marquait largement les esprits et livrait un authentique OVNI – devenu culte auprès de grand nombre – mettant en scène un Christian Bale plus décharné que jamais. Condamné ensuite injustement à la réalisation d'épisodes TV Shows Us (et pas que les meilleurs) durant plus d'une décennie, voilà que le bonhomme refait parler de lui aujourd'hui avec le thriller « The Call ».
Synopsis Allociné : Une adolescente est kidnappée par un tueur en série. Pour la sauver, une opératrice d'un centre d'appel d'urgences va affronter ses propres peurs liées à une tragédie de son passé. Leur seul lien : un téléphone portable. Une course contre la montre commence … Chaque appel pourrait bien être le dernier.
Dans la lignée de thrillers téléphoniques crétins mais diablement efficaces « Cellular » / « Buried » / « Taken » / « One Missed Call », voire phénoménaux grâce au génie d'un réalisateur inspiré derrière la caméra : « Phone Game » / « Panic Room », « The Call » s'inscrirait plutôt dans le bas du tableau.
Aussi inconsistant que le pire des épisodes des « Experts », « The Call » démarrait pourtant plutôt convenablement avec une voix-off lugubre et un plan zénithal bien foutu, artifices certes peu originaux, mais tout même efficients.
La suite n'est hélas qu'un consternant enchaînement de gimmicks malvenues et incessantes : personnalité vulnérable de l'héroïne, culpabilisée par une expérience traumatisante antérieure (à la manière de Bruce Willis dans le film « Otage » de Florent Emilio Siri), 911 à la poursuite d'un dangereux psychopathe (façon Vincent D'Onofrio dans « The Cell », Ted Levine en Buffalo Bill dans « Le Silence des agneaux », ou encore Leland Orser dans « Bone Collector »), cadavres dans la coffre comme dans « Haute tension », la police qui rembobine la bande audio de l'appel pour ne pas écarter d'éventuels indices sur la localisation de la jeune kidnappée, le fétichisme du fou furieux à l'égard des phanères et des mannequins (rappelant étrangement un certain Norman Bates de « Psychose » ou le Frank de « Maniac »), le dégénéré qui sniff les fringues et les perruques, l'opératrice du centre qui part directement à la rescousse de la victime (forcément!), la batterie qui s'éteint progressivement … etc etc.
À peine haletant, « The Call » déçoit également dans sa dernière demi heure, tombant dans la banalité la plus affligeante et des rebondissements archi prévisibles. Seule la toute fin, assez surprenante par son revirement de situation en mode « La Dernière maison sur la gauche », s'avère un tant soi peu intéressante.
La mise en scène d'Anderson se trouve, quant à elle, faisander autour de gros plans, de saccades franchement pas très folichonnes, d'ellipses incohérentes, de cadrages maladroits dans les espaces confinés et d'une mauvaise exploitation des réseaux de télécommunication actuels. Mais tout n'est pas déplorable : on pourra féliciter par exemple Anderson pour son tempo agréable et son sens du rythme, cohérent avec l'ambiance.
Côté interprétations, Halle Berry a un chou fleur sur la tête (fou rire devant sa coupe de cheveux, probablement la plus improbable de ces dernières années), mais se montre relativement convaincante en réceptionniste secouée par la situation. Abigail Breslin joue la victime apeurée sans étincelle, mais n'est pas épouvantable pour autant.
Bilan : Thriller téléphonique de piètre facture pour Brad Anderson, qui rouille les rouages d'une machinerie déjà bien huilée. Il est loin le temps de « The Machinist » Mr Anderson.
 
La Bande Annonce de The Call:
 
 
NOTE: 3,5/10
 

Grand Central

« Grand Central », le nouveau long métrage de Rebecca Zlotowski avec Tahar Rahim (« Un prophète », « Le Passé ») et Léa Seydoux (« La Vie d’Adèle ») , était présenté à Cannes il y a quelques jours, section parallèle « Un Certain Regard ». Reparti bredouille du festival, mais tout de même lauréat du Prix François Chalais, « Grand Central » est prévu pour sortir le 26 juin prochain sur les écrans de cinéma.   
Synopsis Allociné : Gary est jeune, agile, il apprend vite. Il fait partie de ceux à qui on n’a jamais rien promis. De petits boulots en petits boulots, il est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait : de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.


Déjà venue sur la Croisette en sélection à la Semaine de la critique pour « Belle épine » en 2010, portrait d’une jeune fille en crise, la réalisatrice française Rebecca Zlotowski y présente aujourd’hui son second film, dans lequel elle dépeint avec talent et précision le monde intérieur – méconnu – des centrales nucléaires.
 
Chronique sociologique mixée à une histoire d’amour toxique, « Grand Central » est un film très intéressant, mais non dénuée de longueurs et de nombreuses maladresses narratives.
 
 
Même si la mise en scène de Zlotowski, très perspicace et intimiste, aide à palper toute la tension psychologique et physique qui émane de ces lieux peu ordinaires, il est vrai, en effet, que « Grand Central » pâtit en conséquence d’un montage loufoque et de lourdes poses auteuristes qui gâchent un peu l’ensemble. Dommage !
Le film, tourné dans une authentique centrale autrichienne jamais utilisée, permet surtout à la réalisatrice d’explorer les passions improbables et relations tumultueuses qui unissent et déchirent chacun des employés, dans un lieu à la fois dangereux – confrontation directe ou indirecte avec la mort – et propice aux mystères. Zlotowski envisage enfin, avec une étonnante franchise, un regard acerbe sur la lutte des classes et la résignation des ouvriers au sein d’une collectivité hiérarchisée.
Dans cet univers pas très commun, Rebecca Zlotowski installe un stress souligné tout au long du film par une musique metallique signée Rob (l’auteur de l’incroyable bande-son de « Maniac » en début d’année).
Distribution en or évidemment pour ce « Grand Central » : Tahar Rahim & Léa Seydoux bien sûr, tous deux excellents en amants nucléaires, mais aussi Olivier Gourmet et Denis Ménochet, qui composent avec brio la fine équipe de la centrale.
 
Bilan : Etourdissant et original, « Grand Central », sorte de Germinal contemporain, est un long métrage intelligent et vecteur de messages. Quelques pointes néanmoins sur le plan du rythme.
 
La Bande Annonce de Grand Central:
 
 
 
NOTE: 7/10

Zulu

Après avoir fait ses preuves dans son pays natal (« Anthony Zimmer », « Largo Winch » et sa suite), le réalisateur français Jérôme Salle s'exporte hors hexagone pour son premier long métrage tourné en langue anglo-saxonne, le film policier « Zulu », sur un scénario co-écrit avec Julien Rappeneau, d'après le roman best seller de Caryl Ferey, et présenté en clôture du dernier Festival de Cannes.
 
Synopsis Allociné : Dans une Afrique du Sud encore hantée par l'apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d'une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.
Écrit et shooté aux nerfs comme un épisode de « 24 » ou « Homeland », « Zulu » est un thriller honnête et efficace, qui s'assume comme tel, sans pour autant révolutionner le genre. Avec un côté énergique et une image solaire, des plans au Stead alternant avec des plans plus posés, caméra entre les genoux, Jérôme Salle confirme un talent (relatif) de metteur en scène.
« Ni franchement mauvais, ni franchement enthousiasmant » ont clamé les festivaliers. C'est à peu près ça. Dommage par exemple cet effondrement dans la dernière demi-heure, celle-ci s'avérant bête et brouillonne, et débouchant maladroitement vers une poursuite finale ridicule dans le désert sud-africain.
Menée tambour battant par Jérôme Salle, cette histoire de flic traquant le meurtrier d'une adolescente en Afrique du Sud est surtout l'occasion de porter un regard brutal et critique sur les deux fléaux majeurs du pays : le sida tout d'abord, et la violence dans un second temps, hélas encore trop présente si l'on en croit les médias.
Sauf que le tandem Rappeneau / Salle, bien que sauvage et frénétique ( de « Se7en » à « L'Inspecteur Harry », en passant par « Blood Diamond », on sent que les deux compères ont révisé leurs classiques), embobine une analyse superficielle et partielle de l'Afrique du Sud post-Apartheid, en se contentant d'empiler quelques clichés maladroits.
« Zulu » réunit à l'écran l'acteur Oscarisé Forest Whitaker (« Le Dernier roi d'Ecosse ») et le freluquet Orlando Bloom – qui change enfin de registre – dans les rôles de deux flics équipiers à Capetown. Les comédiens forment un duo plutôt fonctionnel. Ensemble, ils sont confrontés à la criminalité des bidonvilles où règnent chômage et trafics en tout genre.
Bilan : L'écho de l'Apartheid en guise de toile de fond pour « Zulu », nouveau film de Jérôme Salle. Ni profitable ni déplorable, « Zulu » s'absorbe goulûment et se digère rapidement.
 
La Bande Annonce de Zulu:
 
 
NOTE: 6/10
 

mardi 28 mai 2013

Un Grand Mariage

Scénariste de la comédie dramatique plutôt réussie « Sans plus attendre » (The Bucket List en VO), Justin Zackham passe à la réalisation avec « Un Grand Mariage », long métrage sorti mercredi 22 mai dans l'indifférence la plus totale.
Synopsis Allociné : Don et Ellie ont divorcé depuis longtemps, mais pour le mariage de leur fils adoptif, et pour le bien de sa mère biologique, les voilà obligés de sauver les apparences en faisant semblant de former un couple uni et heureux comme au premier jour... Au milieu de la famille et de tous leurs amis réunis, leur mensonge va rapidement provoquer des choses qu'ils n'avaient pas imaginées... Entre secrets et faux-semblants, entre hypocrisie et vieilles rancœurs, rien ne sera épargné aux convives, qui ne vont pas tarder à se jeter dans la bataille. La fête s'annonce saignante et réjouissante...
Idée de départ complètement aberrante, écriture paresseuse, cadence des vannes au ralenti, gags navrants et vulgaires, teintant un humour de fond au rabais, réalisation plate et conformisme rebutant, scénario ridicule – le thème de la stérilité abordé de manière puérile, idem pour l'adultère, le remariage ou la barrière des cultures – fiasco sur toute la ligne pour ce « Grand Mariage ». Tout est traité de manière conventionnelle, survolée ou édulcorée. Les personnages peu attachants sont trop caricaturaux pour convaincre.
Même le casting, plutôt alléchant sur le papier, masque en fait une terrible illusion. On avait rarement vu Robert De Niro aussi fatigué, usé, et adynamique. Lui qui pourtant, nous avait tellement fait craquer en début d'année en père fragile dans « Happiness Therapy ». La retraite ne semble désormais plus très loin Bob. Les légendes du cinéma Diane Keaton & Susan Sarandon ont l'air aussi exaspérées que leur partenaire masculin et se ridiculisent totalement en sexagénaires over sexuelles. Katherine Heigl & Amanda Seyfried se contentent d'afficher leur sourire Colgate béat et Topher Grace semble ailleurs.
Bilan : Electrocardiogramme erratique pour ce vaudeville consternant, aux personnages ennuyeux et aux situations archi convenues : « Un Grand Mariage » totalement raté.
 
La Bande Annonce d'Un Grand Mariage:
 
 
NOTE: 0/10

Nebraska

« The Descendants » était le film archi surcôté de 2012. Émotion linéaire, mise en scène sobre et classique, George Clooney grappillant à tout prix la statuette, scénario plat … Alexander Payne avait livré là un film pas assez risqué pour convaincre suffisamment. Attendu sur un projet d'envergure, Payne réalise en fin de compte un film personnel en noir & blanc en guise de quatrième long métrage, « Nebraska ».
Synopsis Allociné : Un vieil homme, persuadé qu'il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain... Sa famille, inquiète de ce qu'elle perçoit comme le début d'une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l'équipée fait une étape forcée dans une petite ville en déclin du Nebraska. C'est là que le père est né. Épaulé par son fils, le vieil homme retrace les souvenirs de son enfance.
Lauréat du prix d'interprétation masculine à la surprise générale au Festival de Cannes 2013, Bruce Dern livre une prestation tout en tendresse et éblouit l'écran. Le septuagénaire excelle dans ce road movie nostalgique et intimiste, révélant la beauté cachée de l'Amérique.
Alexander Payne, bercé de bonnes intentions, gomme les vilains défauts de « The Descendants » et offre un film à la fois pudique et moelleux, tendance autobiographique, extrêmement drôle et extrêmement touchant. Drôle par exemple lorsque les cousins benêts du héros plaisantent sur la lenteur du tandem sur la distance kilométrique parcourue, ou lorsque le vieil acariâtre Bruce Dern, à la question de son fils « vous vouliez des enfants », répond au tac au tac « j'avais envie de baiser, ta mère est catholique, fais le calcul ». Plus dramatique lorsqu'Alexander Payne aborde la vieillesse et l'entrée dans la démence avec tact et finesse.
Jamais tire-larmes, « Nebraska » jongle ainsi de façon agréablement suprenante entre les deux tableaux: du tendrement dépressif à la nostalgie légère.
Seul petit reproche : la mise en scène classique et classieuse, sans réelle surprise, pâtit d'un noir & blanc un poil trop esthétisant et d'un rythme parfois un peu mollasson.
Bilan : Une vraie réussite pour le réalisateur de « Monsieur Schmidt » qui confirme après « Sideways » son savoir-faire en matière de feel good movie.

Un extrait de Nebraska:

 
NOTE: 7,5/10

Jeune & jolie

François Ozon avait frappé fort l'an dernier avec « Dans la maison », belle démonstration de son
incroyable capacité à déjouer les codes du roman littéraire pour mieux les transposer dans une œuvre entièrement fictionnelle, ainsi que de son indéniable talent pour débusquer les comédiens de demain (Ernst Umhauer, nommé au César du meilleur espoir masculin).
 
Dix ans après « Swimming Pool », le plus exquis des réalisateurs français revient en compétition sur la croisette avec son nouveau long métrage, le délicat « Jeune & jolie », prévu pour une sortie en salles estivale.
Synopsis Allociné : le portrait d'une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.
Taxé de sexisme en plein milieu du festival pour ses propos peu subtiles face aux journalistes du prestigieux Hollywood Reporter « la prostitution est un fantasme commun à de nombreuses femmes […] Cela ne veut pas dire qu'elles le font, mais le fait d'être payée pour coucher est quelque chose qui est assez évident dans la sexualité féminine », on peut dire que François Ozon confirme son statut de metteur en scène provocateur et polémique.
N'en déplaisent aux festivaliers, friands de scandales, son « Jeune & jolie » est une jolie réussite, pleine de maîtrise et jamais provoc'.
 
Avec « Jeune & jolie », Ozon raconte, sans voyeurisme – ou juste ce qu'il faut – comment Isabelle, une adolescente de 17 ans, vend son corps librement à des hommes dans des hôtels, de la même manière qu'elle vivrait une expérience de vie. Par fantasme ? Par devoir ? Avidité sexuelle ? Finalement, le pourquoi importe peu dans « Jeune & jolie », il faut surtout retenir le message subliminal glissé par Ozon à travers les actes « aussi dégradante soit elle, la prostitution est, ne l'oublions pas, une forme d'exploration des désirs sexuels ».
Plus secret et nettement plus aventureux qu'avec « Potiche » ou « 8 femmes », Ozon distille les éléments de son scénario de manière progressive, quasi majestueuse, et interroge. Le réalisateur de « Sous le sable » et « Le temps qui reste » n'en délaisse pas pour autant sa mise en scène et manie avec parcimonie les ellipses pour mieux rendre compte l'émotion.
Au-delà d'une magnifique direction d'acteurs (Marine Vacth, stupéfiante, un César à la clé?), François Ozon mêle les registres une fois encore avec quintessence et luminosité lorsque son récit passe avec brio du drame à des scènes plus légères (les répliques cinglantes avec le frère de Marine Vacth).
Seul bémol si l'en est vraiment un : Ozon, bobo cynique, use et abuse parfois un peu trop souvent des clichés du genre – l'argent distribué négligemment lors des passes, le rayonnement sexuel des adolescents qui entourent Marine Vacth.
Bilan : On peut féliciter une nouvelle fois l'artiste Ozon pour avoir révélé une actrice de talent, la sublime Marine Vacth dans un rôle d'ado déboussolée par ses désirs.
« Jeune & jolie », preuve irréfutable que François Ozon compte parmi les plus brillants réalisateurs français contemporains.
 
La Bande Annonce de Jeune & jolie:
 
 
NOTE: 7/10