dimanche 30 juin 2013

Broken City

Doté d'un budget modeste de 56 millions de dollars, « Broken City », le premier long métrage d'Allen Hughes sans son frangin Albert, affiche pourtant un casting alléchant, les excellents Mark Wahlberg & Russell Crowe réunis pour la première fois à l'écran. Le premier savoure carton sur carton (« Very Bad Cops », « Fighter », « Ted ») après une période de disette au box office, tandis que le second caracole actuellement au sommet grâce à son incarnation de Jor-El, père biologique de Superman, dans « Man of Steel ». Ils sont entourés de Catherine Zeta-Jones, divine en doctoresse nymphomane dans le récent « Effets secondaires », Barry Pepper, Jeffrey Wright, Kyle Chandler, Alona Tal et de Justin Chambers.
Synopsis Allociné : Billy Taggart, un ancien flic reconverti en détective privé, tente tant bien que mal de faire tourner son affaire. Le jour où l'homme le plus puissant de New York, le Maire lui confie la mission d'enquêter sur la supposée infidélité de sa femme, il est loin d'imaginer qu'il va se retrouver au cœur d'une vaste machination sur fond de campagne municipale.
Dans ce film policier signé Allen Hughes (« Menace II Society », « From Hell », « Le Livre d'Eli » co-réalisé avec l'aide de son frère jumeau Albert), Marky Mark incarne l'officier Billy Taggart reconverti détective privé. Personnage incarné un nombre incalculable de fois par Wahlberg (« La Nuit nous appartient », « Very Bad Cops », « Max Payne », « Les Infiltrés », « Le Corrupteur » entre autres), l'acteur apparaît bien rodé et s'en sort une nouvelle fois avec les honneurs.
Russell Crowe interprète quant à lui le Maire de New York avec une certaine classe.
Ce n'est donc pas du côté du duo que « Broken City » pêche (quelques joutes verbales habilement montées entre les deux), mais plutôt à cause de tout le reste.
« Broken City » est en effet un film servi par une intrigue et une réalisation pataudes, aussi bandante qu'un mauvaise épisode de série électorale us telle que « Boston Justice » ou « New York, unité spéciale ». Récit avançant à un rythme académique, sans aucune tension, écriture digne d'un vulgaire spot tv, rebondissements inintéressants sur fond de magouilles immobilières et corruption à haut niveau, tout porte à croire qu'Allen est le vilain petit canard de la fratrie, qui se démarque habituellement par son formalisme.
Dans le même genre, le récent « Jeux de pouvoir » de Kevin MacDonald avait nettement plus d'impact.
Bilan : Il est loin le temps de « Menace II Society » où les frères Hughes s'immergeaient avec force dans le quotidien d'une communauté black pauvre de L.A. Allen, sans son frère Albert, réalise un banal thriller, sans saveur, qui paraît avoir été réalisé il y a quinze – vingt ans.
 
La Bande Annonce de Broken City:
 
 
NOTE: 3/10
 

Moi, moche et méchant 2

Après un premier épisode plutôt sympatoche et fructueux (543 millions de dollars amassés sur le globe), mais surcôté, la saga « Moi, moche et méchant » s'offre un nouvel opus, sobrement intitulé « Moi, moche et méchant 2 ». Côté réalisation, on ne change pas une équipe qui gagne : Chris Renaud et Pierre Coffin reprennent du service et se chargent de donner un frère à leur bébé.
Synopsis Allociné : Ayant abandonné la super-criminalité et mis de côté ses activités funestes pour se consacrer à la paternité et élever Margo, Edith, et Agnès, Gru, et avec lui, le Professeur Néfario et les Minions, doivent se trouver de nouvelles occupations. Alors qu'il commence à peine à s'adapter à sa nouvelle vie tranquille de père de famille, une organisation ultrasecrète, menant une lutte acharnée contre le Mal à l'échelle planétaire, vient frapper à sa porte. Soudain, c'est à Gru, et à nouvelle coéquipière Lucy, que revient la responsabilité de résoudre une série de méfaits spectaculaires. Après tout, qui mieux que l'ex plus méchant de tous les temps, pourrait attraper celui qui rivalise pour lui voler la place qu'il occupait encore récemment.
Rejoignant nos héros, on découvre : Floyd , le propriétaire du salon Eagle Postiche Club pour hommes et suspect numéro 1 du crime le plus abject jamais perpétré depuis le départ de Gru à la retraite ; Silas de Lamolefès, le super-espion à la tête de l'organisation de l'Agence Vigilance de Lynx, patron de Lucy, dont le nom de famille est une source inépuisable d'amusement pour les Minions ; Antonio, le si mielleux objet de l'affection naissante de Margo, et Eduardo Perez, le père d'Antonio, propriétaire du restaurant Salsa & Salsa et l'homme qui se cache peut-être derrière le masque d'El Macho, le plus impitoyable et, comme son nom l'indique, méchant macho que la terre ait jamais porté. 
Commençons par le casting vocal : Steve Carell reprend le rôle hystérique de Gru avec toujours autant de ferveur et d'extravagance, Kristen Wiig prête cette fois sa voix au personnage de Lucy après avoir œuvré sur une autre dame dans la première mouture, Russell Brand pousse à nouveau la vocalise pour le Dr Néfario, Miranda Cosgrove est Margo, l'aînée des filles adoptives de Gru, et Benjamin Bratt incarne le bad guy Eduardo Perez, alias El Macho, reprenant au pied levé le rôle délaissé par Al Pacino, parti quelques semaines à peine avant la sortie du film en salles pour différents artistiques avec la production. Un casting détonnant, qui prend un plaisir certain à doubler ces personnages loufoques.
Côté hexagonal, c'est Gad Elmaleh qui incarne Gru, Audrey Lamy est sa compère féminine et enfin, c'est l'ancien footballeur marseillais Eric Cantona qui officialise en tant que méchant Eduardo Perez. Tout aussi branché, mais nettement moins croustillant à l'arrivée.
Chris Renaud, l'américain, et Pierre Coffin, le frenchy, poursuivent l'aventure colorée « Moi, moche et méchant » et offrent une confrontation Gru / El Macho plutôt sympa, mignonnette et récréative par moments (merci les Minions), mais qui demeure à des années lumière des pépites des géants Pixar / DreamWorks Animation.
Faute tout bonnement à un scénario un peu simpliste, où Gru délaisse ses activités de super-criminalité pour se consacrer à la paternité et jouer les apprentis agents secrets en compagnie d'une coéquipière dont il tombera évidemment éperdument amoureux. Pour l'originalité, on repassera.
De même, les personnages des Minions, même s'ils sont plutôt poilants et joyeusement décalés, sont en fin de compte ni plus ni moins qu'un mix honteux entre les Oompa Loompas, les Jawa de « Star Wars », les martiens de « Toy Story » et les lapins crétins.
On aura également droit au cours de l'aventure aux premiers émois de Margo, à quelques séquences musicales consternantes (« WYMC », ou Gru qui danse sur du David Guetta).
Influencés par l'univers des Comics, nos deux réalisateurs se montrent heureusement plus inventifs sur le plan visuel avec des passages inattendus et d'une beauté époustouflante : El Macho chevauchant un requin et se jetant dans un volcan en pleine éruption, le camion de glaces aspirateur à Minions, la danse salsa d'Eduardo Perez, la séquence dans l'avion très « Being John Malkovich », les Minions en mode pompiers complètement barjos, la scène avec Gru qui se prend pour Dark Peter Parker de « Spider-Man 3 », le speed-dating organisé par Margo, Edith et Agnès …
Bilan : Le carton surprise 2010 « Moi, moche et méchant » se décline en franchise avec un deuxième opus divertissant et réjouissant, qui fout assez facilement la banane en sortie de projo mais qui ne restera jamais dans la légende, à l'instar des produits Pixar.
La Bande Annonce de Moi, moche et méchant 2:
 
 
NOTE: 6/10
 
 
 

La Marque des anges – Miserere

Après « Les Rivières pourpres » en 2000 made in Kassovitz, « L'Empire des loups » en 2005 par Chris Nahon, « Le Concile de pierre » en 2006 mis en scène par Guillaume Nicloux et l'adaptation télé du « Vol des cigognes » par Jan Kounen, c'est au tour d'un best-seller de Jean-Christophe Grangé, « Miserere », d'être transposé sur grand écran, sous le titre « La Marque des anges – Miserere ». Réalisé par un inconnu franco-américain (Sylvain White, CQFD), « La Marque des anges – Miserere » réussit la prouesse de réunir deux enfants terribles du cinéma français à une génération d'écart, Gérard Depardieu & JoeyStarr.
Synopsis Allociné : A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu'aucun témoin n'ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d'Interpol menacé d'être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d'une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d'enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l'enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre Mondiale … 
Jean-Christophe Grangé, ou l'un des rares auteurs français dans le domaine du thriller à avoir percé aux Etats-Unis. Parallèlement à sa carrière de romancier à la reconnaissance internationale, il faut noter que le bonhomme collabore régulièrement avec l'industrie du cinéma : outre l'adaptation des « Rivières pourpres », il a également écrit le scénario du médiocre « Vidocq », ainsi que celui de « Switch » de Frédéric Schoendoerffer.
Absent du générique de « La Marque des anges – Miserere », Jean-Christophe Grangé devra-t-il pourtant essuyer un nouvel échec « cinématographique » ? Probablement, car « La Marque des anges – Miserere », sans être déraisonnable, est un « Rivières pourpres » du pauvre, maladroitement réalisé par Sylvain White.
Sylvain White, fils d'un basketteur professionnel américain et d'une hôtesse de l'air française, a réalisé « Souviens-toi … l'été dernier 3 » et « Steppin' ». Un CV pas brillant brillant, en somme ! Aujourd'hui, il essaye de singer les thrillers us les plus vertueux, « Se7en » en pôle position et son duo de flics palpitant, ou encore « Millenium » avec l'idée des atrocités perpétuées par les nazis, voire même du « Da Vinci Code » avec ses énigmes religieuses, mais se plante totalement en plagiant littéralement « Les Rivières pourpres ».
Le vieux sage, légende de la crim', qui fait équipe avec un jeune flic incontrôlable, un chien fou pas franchement à l'aise avec les règlements, pour enquêter sur toute une série de meurtres mystérieux, ça ne vous rappelle rien ? À la place de Jean Reno & Vincent Cassel, on a cette fois-ci JoeyStarr, l'agité de service, en tandem avec notre Gégé national (enfin plus vraiment, s'il on en croit ses multiples passeports à la Jason Bourne). Une paire plutôt mal assortie sur le papier, mais qui s'en sort finalement assez convenablement, portant le film à lui seul, même si les deux n'apparaissent parfois pas très impliqués (surtout JoeyStarr en fait). Gérard Depardieu incarne le commissaire à la retraite Lionel Kasdan tout en sobriété, jamais dans l'excès, et JoeyStarr trouve un rôle taillé sur mesure.
Nous pouvons également remercier le compositeur Max Richter qui effectue comme à son habitude un très bon boulot, notamment grâce à son style post-minimaliste reconnaissable entre tous (« Shutter Island », « Valse avec Bachir », « Perfect Sense », « Syngué Sabour – Pierre de patience »), ainsi que le directeur de la photographie Denis Rouden, fier d'un travail soigné sur l'image, assez sombre, qui rend divinement grâce à l'ambiance noire du matériel de départ.
Pour le reste, pas grand chose à se mettre sous la dent. Des comédiens mal dirigés (Héléna Noguerra, Marthe Keller, Jimmy Jean-Louis), une réalisation clipesque mal venue (caméra tremblante), une intrigue balourde, des rebondissements grotesques (le cri d'un enfant qui tue des gens en perçant leur tympan?), un suspense quasi-inexistant, des dialogues bercés de second degré inadapté (« C'est une légende ce Kasdan. C'est surtout un casse-couilles ») …
Bilan : Une énième adaptation ciné semi-ratée d'un roman de Jean-Christophe Grangé, qui a décidément la guigne sur grand écran. En espérant voir un jour émergé un bagage salles obscures plus conséquent pour « Le Passager », œuvre de Grangé considérée comme la plus distinguée par ses fans.
 
La Bande Annonce de La Marque des anges – Miserere:
 
 
NOTE: 5/10

 

vendredi 28 juin 2013

World War Z

Précédé d'un bad buzz incroyable similaire à celui de « Men In Black III » l'an dernier, « Word War Z », adaptation du roman éponyme de Max Brooks, n'aura quasiment jamais terminé d'accumuler les déboires avant sa sortie en salles.
Un authentique development hell, marqué par une pré-production chaotique, un producteur exécutif viré quelques mois à peine avant les prises de vues, des rumeurs de clash sur le tournage entre le réalisateur Marc Forster et l'acteur principal Brad Pitt, également crédité comme producteur du film via sa société Plan B Entertainment, un directeur de la photographie (Robert Richardson) pas dans ses baskets sur ce type de blockbuster, un dernier acte entièrement remanié par Paramount grâce à l'intervention du scénariste « sauveteur » Damon Lindelof (« Lost », « Prometheus », « Star Trek Into Darkness ») et celle de son collaborateur Drew Goddard (scénariste de plusieurs épisodes de « Buffy contre les vampires » et réalisateur de « La Cabane dans les bois ») qui peaufine avec l'aide de Christopher McQuarrie (homme de l'ombre puisque non crédité au générique) la dernière version du script, ayant pour corollaire 7 semaines de reshoots interminables, une date de sortie repoussée de plus de six mois, et un budget final exorbitant, avoisinant les 200 millions de dollars. De quoi faire rager les créanciers !
Les choses n'ont inlassablement pas fini de se gâter lors de la parution en ligne de la bande-annonce, jugée ultra-décevante aux yeux des fans du bouquin, puis la promesse de l'équipe d'assurer une promotion marathon pour limiter la casse en salles (concert géant de Muse lors de l'avant-première mondiale du film à Londres, un Brad Pitt endiablé venu défendre le long métrage corps et âme lors des habituels interviews télés) …
Et pourtant … « World War Z » a connu une improbable success-story ce week-end aux USA en dépassant toutes les espérances au box office national, avec plus de 66 millions de dollars récoltés en 3 jours seulement, et cela bien sûr face à des concurrents mastodontes (le lancement de « Monstres Academy » + les moissons « Man of Steel », « Fast & Furious 6 » et « Insaisissables »). Alors qu'en est-il réellement ?
Synopsis Allociné : Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos …
Les gens s'en prennent violemment les uns aux autres et un virus mortel semble se propager. Les êtres les plus pacifiques deviennent de redoutables ennemis. Or, les origines du fléau demeurent inconnues et le nombre de personnes infectées s'accroît tous les jours de manière exponentielle : on parle désormais de pandémie. Lorsque des hordes d'humains contaminés écrasent les armées de la planète et renversent les gouvernements les uns après les autres, Lane n'a d'autre choix que de reprendre du service pour protéger sa famille : il s'engage alors dans une quête effrénée à travers le monde pour identifier l'origine de cette menace et trouver un moyen d'enrayer sa propagation …
Initialement prévu pour paraître dans les salles le 21 décembre 2012, « World War Z » a été repoussé suite à ses aléas de production, laissant redouter le pire : « Marc Forster was not ze man for ze job ». Et cette crainte devint hélas réalité dès la sortie de projo tant on a l'amer impression d'un film mis en boîte par un homme fragile, étriqué par une machinerie qui le dépasse, et paralysé par son studio omnipotent et peu scrupuleux.
Marc Forster, réalisateur nettement plus à l'aise lorsqu'il s'agit de configurer des drama mielleux teintés d'émotions (« Neverland », « L'Incroyable destin de Harold Crick », « Les Cerfs-volants de Kaboul »), s'était pourtant essayé aux joies et aux difficultés du film de commande sur « Stay », puis avait mis le pied à l'étrier sur un blockbuster de grande ampleur en réalisant les 22ème aventures cinématographiques de l'espion britannique James Bond « Quantum Of Solace » avec le résultat très inégal que l'on connaît : de bonnes idées sur le papier machinalement anéanties par un cruel manque de savoir-faire dans le management de l'action et le maniement de caméras mouvantes. L'exemple le plus probant : la classique séquence d'introduction James Bondienne de « Quantum Of Solace », bien écrite, mais abominable dans son rendu on-screen.
Ici, le support de départ est aussi un roman. Un petit bijou littéraire signé Max Brooks (fils du réalisateur Mel Brooks), du genre horreur post-apocalyptique, publié en 2006 et encensé par la critique. Recensement d'une collection de points de vue individuels sous la forme d'interviews entre l'auteur et les personnages, « World War Z » avait également cette réputation de contemplation du chaos, vision plus que terrifiante et pessimiste du futur de notre planète.
Pas facile donc de traduire ça en langage cinématographique universel. C'est tout d'abord Joseph Michael Straczinski qui signe la première version du script, avec quelques ajouts de Matthew Michael Carnahan. Devant l'insatisfaction générale, c'est ensuite Damon Lindelof qui est appelé à la rescousse par Brad Pitt et la production. Épaulé par son compère Drew Goddard, ils écrivent ensemble un "nouveau" dernier acte et finissent par réintroduire quelques éléments du scénario initial de Carnahan. Un joyeux bordel qui transparaît bien évidemment à l'écran, avec cette sensation de chaos général où chacun y met de sa personne pour sauver le navire – le découpage en plusieurs actes en témoigne – sans réelle conviction, voire pire, parfois accompagné de confusion (les explications probablement limpides dans le livre sur la fameuse « théorie du dixième homme » en charge de contredire et révoquer les neufs autres, mais incompréhensibles dans le film).
Marc Forster reproduit à l'exactitude les défauts luminescents de « Quantum Of Solace » : de réelles illuminations sur le papier (les troupeaux de zombies qui se rassemblent, les hordes d'humains contaminés qui s'empilent telles des colonnes de fourmis pour escalader les murs et franchir les parades des survivants, visibles dans le trailer) pour un résultat brouillon, offrant son lot de facepalms (les CGI immondes des zombies et le design pourri du labo), voire bâclé (l'épilogue monté à la hache, Matthew Fox & David Morse quasi coupés au montage final, les répliques agaçantes de certains personnages qui commentent faits & gestes de Brad Pitt là où un silence aurait été plus judicieux). Autre défaut assez préjudiciable : la classification PG-13 du long métrage outre-Atlantique qui l'empêche de « présenter » convenablement ses créatures, ou leurs faits d'armes (aucune goutte de sang à l'écran, découpages de membres seulement hors champs).
Enfin, gageons un thème musical de Muse (la chanson instrumentale « Isolated System » tirée de leur dernier album studio) trop récurrent et envahissant, même s'il est en parfaite adéquation avec les images.
Attention, « World War Z » jouit heureusement de quelques atouts incontestables : une ambiance frénétique marquée par cet élan anarchique balancé dès les 5 premières minutes de bobine, un rythme haletant qui maintient le spectateur en haleine durant les deux premiers tiers, le pari semi-tenu d'un « zombie movie tout public » aux allures de film – catastrophe truffé de rebondissements assez originaux (le « traitement » versus la zombification), un Brad Pitt qui fait le job, une dimension géopolitique attendue mais nécessaire, caractérisée par la dénonciation de l'inaptitude des gouvernements à gérer l'état de crise, ainsi que quelques séquences qui font mouche comme l'ouverture, vraiment prenante, le passage à Jérusalem, très lisible avec ses nombreux panoramiques, ou encore, celle du crash aérien, vraiment réussie.
Bilan : Mélange des genres pour cette adaptation (« inspiration » si on voulait être pointilleux) cinématographique du roman culte de Max Brooks « World War Z » entremêlant film militaire – zombie moviedisaster moviesurvival – au bilan bancal, somme de quelques éléments inspirés (la réelle inventivité concernant les effets de masse des zombies), soustraits à des abominations irréparables (l'énorme fuck de Paramount à Forster dans l'épilogue).
 
La Bande Annonce de World War Z:
 
 
NOTE: 5,5/10
 
BONUS: plusieurs extraits du film:
 
 
 
Une autre bande annonce:
 
 
 

jeudi 27 juin 2013

Struck

Après l’enjolivant et rafraîchissant (mais très sombre à la fois) « Le monde de Charlie » en début d’année, c’est un autre teen-movie qui fait actuellement jaser sur la toile, la dramédie « Struck », porté par Chris Colfer, irrésistible Kurt Hummel de la série « Glee », et mise en scène par le réalisateur prometteur Brian Dannelly.
Sorti en 2012 aux Etats-Unis, « Struck » est le premier long métrage de Chris Colfer en qualité de scénariste et acteur principal. Carton dès sa sortie sur iTunes, ce film indé donna ensuite lieu à une œuvre littéraire intitulée « The Carson Phillips Journal », rédigée par les bons soins de Colfer himself, qui fit un véritable tabac au point de mériter le titre de best-seller permettant ainsi au film de traverser l’Atlantique et de débarquer enfin dans l’hexagone, notamment à l’occasion de l’ouverture du Champs Elysées Film Festival 2013.
Synopsis Allociné : Carson, lycéen geek, malin et sarcastique, rêve de devenir un talentueux journaliste. Mais il lui faut un dossier bêton pour intégrer une prestigieuse université et quand on vient de Clover High School, ce n’est pas facile ! La conseillère pédagogique de son lycée lui suggère de créer un club littéraire pour sortir du lot. Mais comment motiver des lycéens plus intéressés par le foot, la drague, les bimbos et la fête ? C’est alors que sa seule amie, Malerie, lui propose une méthode imbattable pour convertir les irréductibles glandeurs à la littérature.
Qui l’eut cru ? Après « Le monde de Charlie », « Struck » fait office de second teen-movie 2013 nihiliste et désarmant, emprunt d’une noirceur aussi foudroyante qu’inattendue (c’est le cas de le dire !). Il faut dire que Chris Colfer, malgré son jeune âge (23 ans, CQFD), est loin d’être un novice, l’acteur – chanteur – écrivain (auteur de 2 romans, rien que ça !) ayant en effet bénéficié en 2011 d’un incroyable statut d’une des personnes les plus influentes dans le monde selon le « Time 100 ».
Si « Struck » s’avère plutôt basique dans sa construction narrative – les tribulations d’un jeune ado en quête de carrière journalistique – le film se démarque des commodités habituelles grâce à son écriture brillante, sa galerie de personnages décalés (Rebel Wilson, impeccable comme à l’accoutumée), les sarcasmes affichés du jeune Carson, qui se joue avec dérision de tous les clichés sur les groupes sociaux des lycées us. Au départ irritable et ô combien narquois, Carson / Colfer devient par la suite terriblement attachant.
Brian Dannelly & Chris Colfer balayent avec une sincérité singulière et une mélancolie bouleversante des thèmes aussi variés et subjectifs que la séparation parentale, les familles recomposées, la mise en échec d’un idéal professionnel, le non-sens de l’existence, le spleen adolescent compartimenté par les angoisses de mort.
Ils n’en délaissent pas pour autant le côté léger acidulé indispensable aux bonnes comédies indies, avec quelques situations cocasses judicieusement balancées, notamment lorsque Carson & Malerie font chanter leurs camarades afin de les faire composer.
Brian Dannelly relève, quant à lui, le défi d’assurer une mise en scène à la fois sobre et esthétique (le plan final somptueux de Chris Colfer assis sur le capot de sa voiture, soleil couchant), soignée, efficace, composée de choix musicaux astucieux (Patrick Watson, Ok go, Arcade Fire).
 
Bilan : « Struck », porté par Chris Colfer, starisé grâce à Glee, est la grosse surprise ciné de ce mois de juin. La candeur et l’originalité de traitement parviennent à hisser « Struck » à hauteur d’une comédie dramatique intelligente, recélant un charme et un pessimisme insoupçonnés.  
La Bande Annonce de Struck:
 
NOTE: 7/10