jeudi 6 juin 2013

After Earth

Janvier 2000. Débarqué de nulle part, le réalisateur indien M. Night Shyamalan surprend son monde avec ce qui est encore considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands hold up cinématographiques de tous les temps, tant par son indéniable qualité artistique – le mot chef d'œuvre horrifique pratiquement sur toutes les lèvres – que par sa rentabilité colossale à travers le globe. Son nom : « Sixième Sens », petit bijou d'épouvante appartenant désormais au panthéon et véritable gold standard de la catégorie « ghost movies ».
Oui mais voilà, depuis … plus rien, ou presque ! Le talentueux M. Night Shyamalan, promu roi du film à twist à Hollywood, n'a jamais récidivé le carton inimaginable de « Sixième Sens », ou alors à peine avec « Incassable » et « Le Village ».
Pire, le bonhomme s'est livré durant la dernière décennie à une incroyable série de nanars, tous plus effroyables les uns que les autres (« Phénomènes », « Le Dernier maître del'air »), voire même parfois prétentieux et auto-suffisants (« La Jeune fille de l'eau », « Signes »).
 
Annoncé partout à l'aube des années 2000 comme le nouveau Steven Spielberg, M. Night Shyamalan n'est aujourd'hui plus que le reflet de lui-même. Un brillant metteur en scène, sacrifié et sacrifiable, capable de surprendre uniquement les critiques dans le mauvais sens du terme.
Tentative infructueuse de rachat de conduite ce mercredi 6 juin 2013 avec « After Earth », mélange de survival movie et de film purement SF, avec au générique le célèbre king du box-office, j'ai nommé Will Smith, accompagné de son rejeton Jaden, popularisé grâce au succès du remake de « Karaté Kid ».
Synopsis Allociné : Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l'humanité a été obligée d'évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s'engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l'aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s'est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance …
Décidément après « Oblivion » il y a 2 mois, c'est encore un raté dans le domaine de la science-fiction au cinéma en 2013, car si on croyait Shyamalan perdu au fin fond des limbes du nanar hollywoodien avec « Le Dernier maître de l'air », c'était hélas sans compter sur l'effroyable « After Earth » pour l'enfoncer encore un peu plus loin dans le gouffre. Bonheur des prochains jours : J.J. Abrams et son « Star Trek Into Darkness » déboulent à la fin du mois pour redorer le blason de ce genre précieux.
« After Earth » est un film propagandiste honteux pour l'Eglise de Scientologie, allant jusqu'à piquer aussi bien les concepts de Ron Hubbard, fondateur du groupe, que le vocabulaire et l'imaginaire visuel de la secte dont Tom Cruise et John Travolta sont les éminents représentants. Dans « After Earth », les péripéties de Kitai (Jaden Smith) et de son père Cypher (Will Smith), héros échoués sur la Terre mille ans après l'extinction de l'humanité, vont, en effet, bien plus loin que la simple aventure pour survivre dans un futur inventé. Elles sont surtout l'occasion d'une véritable ode de la Scientologie, notamment avec l'emprunt de la célèbre devise « le danger est réel, la peur est un choix », ou encore via les tirades symboliques bien fournies du père Smith offertes à son môme : « fais corps avec le moment présent » / « Reconnais ton pouvoir ».
Affligeant constat donc pour les Smith, père & fils, qui s'abandonnent à un mode relationnel très opératoire dans cet ersatz étonnamment cheap de « Battlefield Earth ». Évidemment, nous pourrions blâmer la paire de scénaristes Gary Whitta & Stephen Gaghan pour cette triste fable sur les transmissions père – fils qui vire assez rapidement à la farce, mais si le fond du long métrage de Shyamalan s'avère des plus abominables, la forme est également à condamner.
Au-delà de cette trame scénaristique maigrichonne, le néant ou presque, et surtout aucune direction d'acteurs.
L'escapade, qui passe obviously par une série d'épreuves que devra traverser le mouflet Smith afin de gagner la confiance de son père, est horriblement mal filmée. Au sein du voyage initiatique sur la Terre désolée, l'apprentissage s'effiloche notamment sur un affrontement avec des bêtes sauvages mal cadré, ou plus tard avec une créature extraterrestre fabriquée à l'aide de CGI infâmes. De même, la Terre, revenue à son état le plus primitif – comprenez la jungle – sent bon le carton pâte et la mascarade. Enfin, l'incrustation des animaux au sein de décors immondes – la montagne enneigée ou le volcan par exemple – laissent deviner les fonds verts et créent un effet making-of plutôt qu'un esprit de blockbuster estival à 150 millions de $ de budget.
Le reste de la mise en scène s'axe autour d'une volonté assez dégueu de Shyamalan de faire la part belle aux deux membres du clan Smith. Tous les plans quasiment rendent grâce à la carrure du « Prince de Bel-Air », ou à celle de son morveux Jaden – authentique tête à claques qui semble constamment se regarder dans le miroir – à tel point qu'on en vient à se demander si l' « Incassable » Shyamalan n'a pas été soudoyé par le « Man In Black » pour lui offrir une forme d'hommage. « AfterEarth » donne, en effet, cette sale impression d'un caprice de gosse (de stars) qui tenterait de percer à Hollywood, mis en boîte par le premier Yes Man venu. Pour ne rien arranger à l'affaire, Will Smith interprète un rôle assez similaire finalement à celui qu'il tenait dans l'inégal « Je suis une légende », son fils en plus. Aucune expression faciale adéquate, de l'arrogance en veux-tu, en voilà, un égo surdimensionné – son discours à propos de son refus de tourner « Django Unchained » sous prétexte que le personnage de Django n'apparaissait pas suffisamment à l'écran en a choqué plus d'un – rien ne fonctionne dans « After Earth ».
 
Seuls points positifs du parcours : une musique signée James Newton Howard, certes insistante et pourvue de chœurs détestables, mais assez épique dans les moments les plus intenses, et une sensation d'être parfois dans un jeu vidéo avec quelques plans à la première personne bien sentis, ainsi que tout un panel de gadgets high tech inspirés et inventifs, issus du futur : machine robotique médicale à auto-diagnostique, inhalateurs portatifs d'oxygène, sabres à la « SoulCalibur » … Sans doute la patte artistique du scénariste Gary Whitta, auteur du script de plusieurs jeux-vidéos bien sympathiques (« Gears of War », « Duke Nukem Forever »). L'exercice de style est même présent dans la première moitié du long métrage à vrai dire, lorsque Will Smith, immobile et paralysé par quelques fractures, « contrôle » et guide son fiston à distance à l'aide d'une caméra – joystick.
Bilan : Le vomi de Ron Hubbard a probablement meilleur goût que ce « After Earth », dégoulinante fable scientologue qui devrait en toute logique permettre de tirer un trait sur la carrière de M. Night Shyamalan derrière une caméra. On frétille d'impatience désormais de découvrir le « Elysium » de Neill Blomkamp et le « Pacific Rim » de del Toro afin de redresser la barre.
 
La Bande Annonce de After Earth:
 
 
NOTE: 2/10
 

2 commentaires:

  1. 100% d'accord... Extrêmement mauvais... Shyamalan est définitivement un naze... 3/10

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