lundi 30 septembre 2013

2 Guns

Il faut fallu un allemand (Roland Emmerich, « White House Down ») et un islandais (Baltasar Kormakur, « 2 Guns ») pour prendre à contrepied les blockbusters sérieux de cet été (ultra réalisme, ton dark, leçons de morale).  Si le premier a livré un plagiat malhonnête et cheap de « Die Hard », le second propose aujourd’hui un actioner fun & décomplexé, adaptation cinoche d’une BD relativement « confidentielle » de Steven Grant, porté par le tandem Denzel Washington / Mark Wahlberg.
Synopsis Allociné : Bobby et Stig passent tout leur temps ensemble et mouillent dans des affaires très louches. Ils ne le savent pas, mais ils appartiennent tous les deux à des agences gouvernementales qui leur ont demandé d’infiltrer un réseau de trafiquants de drogue. Lorsqu’un casse auquel chacun participe pour coincer l’autre tourne mal, Bobby comme Stig sont lâchés par leurs hiérarchies respectives. Ils découvrent qu’ils ont été manipulés…Désormais, tout le monde veut les voir en prison, ou encore mieux, morts. Ils ne peuvent plus compter que l’un sur l’autre, et malheureusement pour ceux qui veulent leur peau, à trop jouer les malfrats, ils ont pris de mauvaises habitudes …
Gracieusement embauché par Hollywood après avoir fait ses armes dans son pays natal, Baltasar Kormakur a réalisé deux thrillers lambdas (« Crime City » et « Etat de choc »), puis un polar urbain (« Contrebande »), films dont personne ne se souvient, à part peut-être Mark Wahlberg qui figurait dans le dernier cité et qui choisit aujourd’hui de rempiler avec le metteur en scène islandais pour le déjanté « 2 Guns ».
Disons-le tout de go, « 2 Guns » n’a rien de révolutionnaire et ne marquera sans doute pas les mémoires. Un buddy movie pas foncièrement désagréable, ni spécialement ennuyeux, juste un film « respectable » par son efficacité et la bonne volonté du duo détonnant Wahlberg / Washington.
Nous prenons ainsi un savoureux plaisir à voir Marky Mark canarder des poulets dans un stand de tirs, ou bien Denzel Washington fulminer contre les bandits avec sa logorrhée cinglante. Plus compliqué par contre avec le reste du casting : Bill Paxton, James Marsden et Fred Ward cachetonnent à max et Paula Patton fait office de figuration.  
De son côté, Baltasar Kormakur lance avec une virulence jouissive quelques tacles à l’encontre de l’Oncle Sam : allusion fugace à la paranoïa 9/11, critique des milices de border patrol à la frontière mexicaine, et de façon beaucoup plus large, du problème toujours actuel de l’immigration (façon DeNiro / Don Johnson dans « Machete »), petite objection proférée versus le weapon free market des USA (un fusil d’assaut disponible en promotion chez K-Mart), remontrances contre les péquenauds de l’Amérique profonde …
Sa mise en scène est par contre nettement plus banale, à des kilomètres de son style de « Jar City », mais « 2 Guns » demeure dynamique et plaisant malgré tout (le rythme est soutenu, le scénario « bourrin » efficient, bien qu’un poil granguignolesque sur la fin).
Bilan : Un produit sans âme de plus dans une production déjà pléthorique, mais réjouissant par moments grâce à sa bonne humeur communicative et la sincérité rafraîchissante de la paire Wahlberg / Washington.
Anecdotes : Owen Wilson & Vince Vaughn furent un temps envisagés pour interpréter respectivement Stig & Bobby. Côté chromosomes XX, Ellen Pompeo & Marisa Tomei furent considérées pour le rôle de Deb. Quant à la réalisation, les noms de Doug Liman, Antoine Fuqua, Pierre Morel et Martin Campbell ont circulé, avant que Baltasar Kormakur ne soit finalement engagé par la major.
 
La Bande Annonce de 2 Guns:
 
 
NOTE: 5,5/10

jeudi 26 septembre 2013

Rush

Etrange filmo que celle de Ron Howard. Le réalisateur/producteur, qui a débuté en tant qu’acteur dans la série « Happy Days », s’est construit une carrière très éclectique mais finalement assez chouette au fil du temps, malgré plusieurs déconvenues artistico-commerciales : un space movie prodigieux (« Apollo 13 »), des westerns de bonne facture (« Horizons Lointains », « Les Disparues »), des comédies sympatoches mais sans plus (« Splash », « Le Journal », « Parenthood », « En direct sur Edtv », « Le Dilemme »), quelques biopics académiques (« De l’ombre à la lumière », « Un homme d’exception », « Frost/Nixon »), des thrillers agaçants (la très basique « Rançon », ou les adaptations cinoches décriées des bestsellers de Dan Brown centrés sur le professeur de symbologie Robert Langdon), deux films générationnels cultissimes, l’un d’heroic fantasy (« Willow »), l’autre centré sur une brigade de pompiers (« Backdraft »), une SF gentillette mais plaisante  (« Cocoon »), un conte de noël au succès colossal (« Le Grinch »), et – ce qui nous intéresse ce jour – des films automobiles : « Lâchez les bolides ! », « Gung Ho, du saké dans le moteur », et aujourd’hui « Rush ».
Bref, Ron Howard est un bon artisan, un faiseur sans génie, mais certainement pas un tâcheron, plutôt un chic bonhomme à ranger dans la catégorie des réalisateurs dont nous n’attendons rien, mais qui peuvent nous surprendre régulièrement. Et ce ne sont pas les premiers retours critiques positifs de « Rush » qui nous diront le contraire.  
Synopsis Allociné :  RUSH retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le playboy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. RUSH suit la vie frénétique de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace la rivalité depuis leurs tout débuts.  
D’un côté, le flamboyant australien Chris Hemsworth dans la peau du pilote F1 James Hunt. De l’autre, le discret allemand Daniel Brühl, dans celle de Niki Lauda. Au milieu, Ron Howard ressuscite la bouleversante histoire qui lia les ennemis légendaires des circuits dans un film de course automobile sympathique, mais moins phénoménal que prévu. Explications.
« Rush » démarre en trombe sur une séquence haletante de passage au stand pour le traditionnel changement de pneus des F1, avec la voix-off de Daniel Brühl qui saisit le spectateur sur l’importante rivalité entre l’arrogant anglais et lui-même, personnage tout aussi peu aimable. De quoi planter le décor et nous mettre en jambes pour la suite : expliciter les motifs de cette rageuse concurrence qui sévit entre les deux gredins.
Commençons par les qualités de « Rush » tout d’abord: le storytelling solide et habile de Peter Morgan (jongler intelligemment entre des scènes de courses auto et la vie quotidienne personnelle des deux pilotes), les interprétations hautes gammes de Chris Hemsworth et surtout de Daniel Brühl (sacré travail de diction), une mise en scène fonctionnelle et efficace, qui nous tient bien en haleine (chapeau pour le rythme soutenu, le dynamisme, l’ambiance réaliste des courses et la séquence particulièrement réussie sur le complexe automobile Nürburgring), ainsi que quelques répliques joviales (« Sex : Breakfast of Champions »).

Mais « Rush » passe hélas un peu vite sur ses enjeux dramatiques, sans toutefois les éclipser réellement : ainsi, au lieu de nous délivrer le tableau de caractères des deux types (en gros, des grands champions au mental d’acier mais cruellement antipathiques), Ron Howard aurait probablement gagné à étoffer la relation duelle et personnaliser son histoire.
 
Deux légères fautes de goûts : une esthétique 70’s trop factice (pas merci Instagram ?) et une composition d’Hans Zimmer, certes prenante et en adéquation avec les images rythmées, mais peu originale.
 
Bilan : Un « Rush » énergique, mais non dénué de défauts. La mise en scène immersive de Ron Howard et le casting irréprochable (mention Daniel Brühl) contrebalancent avec le scénario dramatique habile, mais qui manque peut être un poil de profondeur.
 
Anecdote : Ron Howard avoue être fasciné par les années 70. Il a déjà mis en scène « Apollo 13 » et « Frost/Nixon, l’heure de vérité » qui se déroulent durant cette période de l’Histoire.
 
La Bande Annonce de Rush:
 
 
NOTE: 6,5/10

Players

« Players » est le troisième long métrage du jeune réalisateur Brad Furman, après « The Take » en 2007, et surtout l’improbable – mais mérité –  succès (critique + public) de « La Défense Lincoln » en 2011. Il réunit pour la première fois à l’écran Ben Affleck, Justin Timberlake, la belle Gemma Arterton et Anthony Mackie. 
Synopsis Allociné : Richie, étudiant à Princeton, joue au poker en ligne pour payer ses frais de scolarités. Lorsqu’il se retrouve ruiné, persuadé d’avoir été arnaqué, il décide de s’envoler pour le Costa Rica afin de retrouver la trace d’Ivan Block, le créateur du site. Ivan prend Richie sous son aile et l’amène à intégrer son business. Sentant grandir le danger et réalisant les ambitions démesurées de son boss, Richie va tenter de renverser la donne en sa faveur.
Sous ses faux airs de « Wall Street » à la sauce thriller exotique, « Players » n’est en réalité qu’une immonde pantalonnade de la trempe d’un « Hollywood Night ». Pourtant, on aurait voulu y croire : atmosphère tendue et scénario assez original sur le papier, à l’aube des années post-crise économique mondiale, avec étude pointue des risques encourus quand on cherche à se faire de l’argent facile et lorsqu’on se laisse dépasser par ses propres ambitions. L’idée était que Brad Furman et ses scénaristes, Brian Koppelman & David Levien (des habitués de films de « jeux », puisqu’ils sont les auteurs des scripts des « Joueurs », des « Hommes de main », du « Maître du jeu », et d’« Ocean’s 13 »), prennent également soin de critiquer le modèle américain érigé dans les médias, dompté par la réussite financière. Le « nouveau » American dream, en somme : devenir riche et célèbre en un temps record ! La troupe souhaitait esquisser l’explosion de l’idéal de démesure et d’immédiateté symptomatique de l’ère actuelle. L’occasion de s’intéresser également à la dépendance aux jeux et à l’univers des paris en ligne, sujets rarement abordés au cinéma.
Mais rien n’y fait, « Players » est un ratage sur quasiment tous les plans. L’intrigue est banale, l’œuvre dénuée de relief et de dynamisme, les thématiques sus-citées ne sont que survolées, Ben Affleck campe, sans éclat ni nuance, le patron richissime d’un empire du jeu, Justin Timberlake sort sa frimousse de chien battu et ressemble à Ryan Philippe dans « Antitrust », la charmante Gemma Arterton sert de faire-valoir, femme de toutes les convoitises, et Brad Furman semble lui-même être conscient de tourner une version étirée d’un épisode de TV Show lambda, aux rebondissements archi prévisibles. Le tout filmé dans un décor naturel paradisiaque, faisant questionner les réelles intentions de l’équipe (vacances tout frais payées au Costa Rica ?). Pas très sensuel et somptueux tout ça ! D’autant plus que le reste du récit est cousu de fil blanc, s’attardant bêtement sur des personnages secondaires stéréotypés (le père – forcément joueur – de Justin Timberlake, les acolytes nerds qui préfèrent quitter le navire pendant qu’il est encore temps…).   
Fait encore plus étrange : ce nanar est produit par Leonardo DiCaprio via sa boîte Appian Way (productrice du film horrifique « Esther », mais aussi du drame politique « Les Marches du Pouvoir » et de l’adaptation ciné du « Chaperon rouge » par Catherine Hardwicke). Leonardo DiCaprio se serait-il lui aussi fait berner par les promesses du scénario ?
Bilan : Les strass, les paillettes, le faste, l’opulence, le bling le bling, les jeux de manipulation et de sournoiseries … que nenni ! « Players », satire du monde opaque de la finance et du business des jeux en ligne, est une vaste arnaque. A se demander si « La Défense Lincoln », précédent long du réalisateur sur l’univers de la justice, n’était pas qu’un sacré coup de bol. Donnant donnant, buffet perdant !
Anecdote : C’est la première fois que Ben Affleck interprète un vrai méchant de cinéma. Il avait déjà incarné un trader charismatique et sans scrupule dans « Les Initiés », mais n’avait encore jamais été aussi « vilain » au cinéma.  
Un extrait de Players:
 
 
NOTE: 2/10
 

C’est la fin

Dans la famille Apatow, je voudrais tout le monde sauf Judd (le manitou, le chef d’orchestre). Soit Seth Rogen, Jonah Hill, Jason Segel, Jay Baruchel, James Franco, Danny McBride, Michael Cera et Christopher Mintz-Plasse, ses plus fidèles collaborateurs, tous réunis aujourd’hui derrière la caméra de … Seth Rogen, épaulé par son vieil ami Evan Goldberg (scénariste de plusieurs films dans lesquels figure l’acteur, comme « SuperGrave », « Délire Express », « The Green Hornet », ou encore la comédie dramatique « 50/50 ») pour le film « C’est la fin », traduction littérale du titre vo « This is the end » et adaptation du court-métrage « Jay and Seth Versus the Apocalypse ». Sortie française prévue le mercredi 2 octobre, soit presque 5 mois après son incroyable succès au box office us (100 millions tout rond).
Synopsis Allociné : Invités à une fête chez James Franco, Seth Rogen, Jonah Hill et leurs amis sont témoins de l’Apocalypse.
Ça part plutôt pas mal : une grosse teuf’ chez James Franco, dans laquelle les comédiens – en roue libre – s’évertuent à s’amuser des triomphes ou des bides de chacun. Drôle d’idée, mais indéniable garantie d’une séance d’autodérisions, de spoof gags hilarants et de références geek jubilatoires. Joli carnage pour Michael Cera notamment, puisque le canadien au look juvénile campe une version camée de son propre rôle, crachant sa coke sur son partenaire de jeu de « SuperGrave », Christopher ‘McLovin’ Mintz-Plasse, puis se faisant pomper le dard par deux nanas dans une salle de bain et finissant empalé sur un poteau. Tordant ! 
C'est ensuite lorsque déboule le sujet principal – une Apocalypse avec un grand A – que ça se gâte malheureusement. Le scénario tordu – mais couillu il faut l'avouer – et la progression de l’histoire, légèrement brouillonne, gâchent un peu l'ensemble. Fort heureusement, les compères Seth Rogen & Evan Goldberg se goinfrent du high concept de mise en abîme comique en distillant des repères ciné croustillants ici et là (le tournage de la fausse suite de « Délire Express », le carton publicitaire « Spider-Man 3 », la caméra de « 127 heures », l'arrivée inopportune d'Emma Watson ou du déjanté Danny McBride …) et dressent in finale une belle bromance Rogen / Baruchel, parachevée par une scène d'élévation au ciel totalement WTF sous fond d'« I will always love U ». Irrévérencieux et barré.
Bilan : « C’est la fin » est modérément en deça des espérances, la faute au bâclage de l'histoire. Le film fait néanmoins rire grâce à la générosité du casting, une bande d'acteurs / potes de la même génération. 
Anecdote 1 : C’est à l’origine Mila Kunis qui était envisagé pour interpréter le rôle finalement dévolu à Emma Watson. Par ailleurs, Daniel Radcliffe a été approché par Evan Goldberg & Seth Rogen, mais celui-ci a décliné l’offre. Goldberg & Rogen ont admis plus tard qu’ils avaient mal vendu le script au jeune homme.
Anecdote 2 : Michael Cera n'était pas censé toucher les fesses de Rihanna dans « C'est la fin », il devait donner cette impression mais en s'arrêtant à chaque fois à quelques centimètres du postérieur de la chanteuse. Le résultat n'était cependant pas concluant et semblait trop faux. Gentleman, Michael Cera a alors demandé à Rihanna son autorisation pour lui claquer les fesses. Elle accepta à condition d'avoir le droit de le gifler à chaque prise. Ce qu'il a accepté.
La Bande Annonce de C'est la fin:
 
 
NOTE: 6/10
 
 

mercredi 25 septembre 2013

Les Miller, une famille en herbe

Cela faisait longtemps que nous n'avions plus eu de nouvelles de Rawson Marshall Thurber, le réalisateur de l'hilarant et sous-estimé « Même pas mal ! (Dodgeball) ». Il est aujourd'hui aux commandes d'une comédie R-Rated qui a plutôt bien marché aux USA – si l'on en croit les 120 millions de billets verts amassés à ce jour – « Les Miller, une famille en herbe », scénarisée par les auteurs du poilant « Serial Noceurs », Steve Faber & Bob Fisher.
Synopsis Allociné : David Burke est un dealer à la petite semaine qui se contente de vendre sa marchandise à des chefs cuisiniers et des mamans accompagnant leurs fils au football mais pas à des ados – car, au fond, il a quand même des principes ! Alors que tout devrait se passer au mieux pour lui, les ennuis s'accumulent... Préférant garder profil bas pour des raisons évidentes, David comprend, à son corps défendant, qu'on peut subir la pire injustice même lorsqu'on est animé des meilleures intentions : tentant de venir en aide à des jeunes du quartier, il se fait agresser par trois voyous qui lui volent sa marchandise et son argent. Il se retrouve dans une situation des plus délicates puisqu'il doit désormais rembourser son fournisseur, Brad. Afin d'éponger sa dette – et de rester en vie –, David n'a d'autre choix que de jouer dans la cour des grands en se rendant au Mexique pour ramener une cargaison de drogue à Brad. Réussissant à convaincre ses voisins – Rose, une stripteaseuse cynique, Kenny, qui aimerait bien tester la marchandise et Casey, une ado débrouillarde couverte de tatouages et de piercings – de lui venir en aide, il met au point un plan censé être infaillible : avec ses complices qu'il fait passer pour sa femme et ses deux grands enfants, il met le cap sur le Mexique au volant d'un camping-car flambant neuf le jour de la fête nationale. Ce week-end risque bien d'être explosif...
Succès mérité ou carton illégitime ? Plutôt la seconde option hélas. Car hormis plusieurs références bien placées (« Dexter », « The Dark Knight Rises », « Le Choix de Sophie », « Double Rainbow ») et deux trois tacles envers l’industrie cinématographique (« Precious », « 8 Mile », « Sauvez Willy », « Black Cock Down », la version porno du film de Ridley Scott) ou de télécommunication (la marque « Apple » en prend pour son grade), pas grand-chose à se mettre sous la dent.
En particulier, un scénario ridicule – une virée en camping-car avec une ‘fausse’ famille en guise de couverture pour faire passer de la drogue au-delà de la frontière USA/Mexique – prétexte à aligner des situations improbables qui font plouf (une piqûre de tarentule sur la teub’, un striptease de Jennifer Aniston pour distraire des dealers …), des gags éculés, une écriture paresseuse truffée de joutes verbales nullissimes entre Jennifer Aniston & Jason Sudeikis (pourtant fruits de l'improvisation).
Et derrière la caméra, Rawson Marshall Thurber, qui n’a pourtant pas froid aux yeux, galère un peu pour provoquer des rictus. Le brave réalisateur fait avec les moyens du bord – la mise en scène est d’ailleurs plutôt fluide et efficace – mais a bien du mal à généraliser l’humour salace pour surfer sur la vague du succès des comédies débridées façon « Very Bad Trip » / « Comment tuer son boss » / « Bad Teacher ».
En somme, une comédie trash en apparence (le jargon argot avec débit mitraillette, quelques scènes faussement incestueuses), trahie par un final moralisateur bêta (la drogue, c’est le mal !), des interprétations irrégulières (mention seulement pour Emma Roberts & Ed Helms), ainsi que des dialogues trop discrètement insolents et transgressifs. La relève des Farrelly, croisée avec « Very Bad Trip » et Judd Apatow, c’est vraiment pas pour tout de suite !
Anecdote : L'actrice Emma Roberts passait son temps sur le plateau à envoyer des tweets et à lire ses mails sur son smartphone. Le smartphone de son personnage, qu'elle a choisi elle-même, est le même que le sien, elle a donc pu continuer à l'utiliser quand elle était en arrière plan d'une scène.
La Bande Annonce du film Les Miller, une famille en herbe:
 
 
NOTE: 4/10
 

mardi 24 septembre 2013

Tip Top

« Tip Top » est un long métrage français réalisé par Serge Bozon, sorti le 11 septembre 2013. C’est la seconde œuvre du metteur en scène, après « La France » en 2007. Le film, scénarisé par Serge Bozon, Axelle Ropert (son épouse à la ville) et Odile Barski, librement adapté du roman éponyme de l’écrivain britannique Bill James, a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2013.
Synopsis Allociné : Deux inspectrices de la police des polices débarquent dans un commissariat de province pour enquêter sur la mort d’un indic d’origine algérienne. L’une tape, l’autre mate, tip top.
« Tip Top » OVNI du Festival de Cannes ? Assurément. Sandrine Kiberlain qui mange une tarte sans les mains, François Damiens qui chantonne en arabe, Samy Nacéri recroquevillé en position fœtale qui scande « pas les couilles ! » à une Isabelle Huppert la gueule en sang, qui elle-même embrasse tendrement un marteau deux séquences plus tard, après s’être fait volontairement tabassée … Serge Bozon balance, sans queue ni tête, un festival de comportements tous plus outranciers les uns que les autres.
Certains défendront une « comédie policière burlesque et absurde », digne héritage de Jean-Pierre Mocky et consors, d’autres rétorqueront l’inconsistance et le grandguignolesque du produit. Une chose est certaine, Serge Bozon est surprenant. Car d’une part, « Tip Top » est réellement grinçant lorsqu’il s’attache à dépeindre la France d’aujourd’hui, et d’autre part, parce que le metteur en scène s’amuse comme un fou, sans sadisme ni prétention, à chambouler nos habitudes de spectateurs, même s’il s’essouffle un peu sur la fin. On doit également lui reconnaître le talent d’avoir judicieusement choisi ses comédiens – bravo Isabelle Huppert, drôle et pleine d’autodérision, félicitations Sandrine Kiberlain, lunaire et lunatique, et enfin, congratulations également pour François Damiens, à contre-emploi total – qui prennent eux aussi un vilain plaisir à déjouer nos attentes et changer de visage une fois la nuit tombée.
Bilan : Ne cherchez pas vraiment à comprendre le fil du récit, vous y perdriez votre latin. Délectez-vous plutôt des interprétations en pirouette libre du trio d’affiche et de l’inventivité de Serge Bozon.
Anecdote :  Lorsque l’acteur humoriste François Damiens a lu le scénario de « Tip Top », il s’est arrêté à la moitié de la première lecture pour demander de l’aide à Serge Bozon. Il ne comprenait absolument pas l’histoire et même après explication, il avoue n’avoir toujours pas compris.
 
La Bande Annonce de Tip Top:

lundi 23 septembre 2013

Les Invincibles

« Les Invincibles » est une comédie populaire sortie mercredi 18 septembre 2013 sur les écrans français. Réunion de « grands noms » du cinéma hexagonal, puisqu’on retrouve en têtes d’affiche Gérard Depardieu, Edouard Baer, Bruno Lochet, Atmen Kélif, Daniel Prévost, Michel Galabru, Simon Abkarian et la très en vogue Virginie Efira. Le film, réalisé par Frédéric Berthe, dont les précédentes œuvres n’avaient pas vraiment marqué les mémoires – « RTT » & « Hollywoo » – est scénarisé par Laurent Abitbol, mais provient essentiellement d’une idée originale développée par Atmen Kélif, passionné de pétanque.
Synopsis Allociné : L’annonce d’un tournoi international de pétanque organisé par le célèbre Darcy, va bouleverser la vie de Momo, et réveiller ses rêves enfouis par les aléas de la vie : devenir champion et vivre de sa passion. Galvanisé par sa rencontre avec Caroline, Momo va faire la paix avec lui-même et affronter les préjugés. Déclassés, rejetés, cabossés, ils sont devenus : Les Invincibles.
On connaît depuis longtemps l'amour que porte le cinéma américain envers les épopées sportives. Les destins de grands champions sont en effet du bon grain à moudre pour l'industrie hollywoodienne, avide de valeurs humaines en tout genre, comme le courage, l'exemplarité, l'humilité ou encore la rédemption.

Véritables locomotives de choix pour faire fleurir bons et loyaux sentiments, ces aventures hors normes sont également fréquemment l'occasion de rebondissements incroyables, dictés par les étapes phares d'un sportif : victoires, défaites, revanche, face-à-face, vie familiale, et souvent à l'origine d'un beau triomphe populaire.
Si ces long-métrages peuvent être aisément rattachables à un genre de l'autre côté de l'Atlantique – le « sports drama » – avec un rythme de parution à l'année démesuré où rien que le sous-genre du « baseball movie » offre pas moins de trois dramédies en trois ans «  Le Stratège », « Une nouvelle chance », « 42 », les choses paraissent nettement moins marquées dans l'hexagone avec quelques titres seulement, « Jappeloup », ou « La Grande boucle » récemment par exemple.
 
C'est dans ce contexte que sort le film « Les Invincibles », destinée glorieuse et romancée de Moktar Boudhali dit « Momo » (Atmen Kélif), un enfant de la balle au chômage depuis des lustres. Momo profite d’une occasion pour tenter de réaliser son rêve de gosse : devenir champion du monde de pétanque, vivre de son art et intégrer l’équipe de France. Pris sous son aile par le brave Jacky (Gérard Depardieu), inspiré par son défi, Momo surmontera les obstacles les plus difficiles, notamment grâce à l'amour de sa vie, la belle Caroline, interprétée par la charmante Virginie Efira (paye ta crédibilité !).
 

Un peu à la manière des « Seigneurs », ou de « La Grande boucle » en juin dernier, « Les Invincibles » tente le coup de la comédie sportive populaire & populiste rigolote. Ainsi, le film de Frédéric Berthe s’aligne sur les modèles en la matière et dresse l’itinéraire d’un futur champion, un parcours évidemment semé d’embûches. Un concentré de prévisibilité, avec enchaînement de séquences attendues, filmées sans vergogne : le training montage, les conseils du mentor, la success story fulgurante rapidement mise à mal par un entraîneur et des coéquipiers sans scrupule, la compétition finale.
Pourtant, les comédiens se démènent comme ils peuvent : Gégé Depardiou joue la carte de l’auto-dérision (son personnage demande à un moment la nationalité algérienne afin de soutenir son ami en situation irrégulière, golri !), Virginie Efira use de ses charmes (baignade habillée improvisée dans la piscine), Edouard Baer s’amuse comme un fou en incarnant une pourriture, et Atmen Kélif est plutôt convaincant en jeune héros naïf. Mais rien n’y fait, « Les Invincibles » est un plantage malgré tout.
Peut-être, parce que, de son côté, Frédéric Berthe n’évite aucun écueil et se lance sans réfléchir dans une dénonciation démago de l’intolérance des classes, tout en identifiant en parallèle l’argent comme solution à tous les problèmes ! Ben voyons !

Côté boules, le réalisateur français accumule également les fautes, avec une surenchère de gros plans sur les carreaux (mais où sont passés les pointeurs ?) et de séquences polluées de morceaux pop à la mode.
De même, l’humour maladroit (en gros, des blagues racistes) et les rebondissements sans surprise ne fonctionnent guère.
Bilan : Une comédie vulgaire qui mord la poussière sans jamais atteindre l’élan du grand film sportif souhaité, malgré son casting de luxe. Probablement la faute à une écriture beauf et une mise en scène mal goupillée. 
 
Anecdote : Gérard Depardieu & Edouard Baer ne se quittent plus : les deux acteurs ont partagé l’affiche à 4 reprises en moins de 3 ans. Dans « Le Grand Restaurant », « Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté », « Turf » et « Les Invincibles ».
 
La Bande Annonce du film Les Invincibles:
 
 
NOTE: 0,5/10