samedi 21 décembre 2013

Philomena

Après le joli succès « Tamara Drewe » et le dispensable « Lady Vegas – Les Mémoires d'une joueuse », Stephen Frears revient dans les salles obscures le 8 janvier 2014 avec « Philomena », drame britannique adapté du roman « The Lost Child of Philomena Lee », de Martin Sixsmith.
Synopsis Allociné : Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils, Anthony, qu’une heure par jour. À l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver.
 Quand, cinquante ans plus tard, elle rencontre Martin Sixsmith, journaliste désabusé, elle lui raconte son histoire, et ce dernier la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony.

Pour son 23ème long-métrage, le réalisateur des « Liaisons dangereuses » s'est emparé d'un fait divers britannique de 2002, et s'intéresse aux travers de « l'Église » au milieu du siècle précédent. Il approfondit notamment la manière dont étaient traitées et rejetées – par la société – les mères célibataires, ainsi que les conséquences psychologiques à long terme de cette éviction. Le catholicisme est alors au centre de l'observation de Frears qui n'émet néanmoins aucun jugement.
Le système de flashbacks, tous pourvus d'un aspect vintage de vacances, lui-même mis en place grâce au Super 8 effect, améliore le rendu final en permettant de mettre en relief les modifications comportementales des moniales entre le passage de Philomena à l'abbaye et aujourd'hui. Notons qu'à un moment, le journaliste fait mention du film « The Magdalene Sisters » ; parallèle vraiment bien senti puisque les agissements de Soeur Hildegarde et de ses consœurs dans les années 50 rappellent constamment la trajectoire de vie des Magdalene, dont le récit fut porté sur grand écran par Peter Mullan.
Mais si la religion est le principal sujet de « Philomena », le film de Frears ne se limite fort heureusement pas à cela. C'est aussi et surtout l'histoire d'une femme qui souhaite désespérément retrouver celui qu'on lui a pris il y a près de cinquante ans. Et dans ce cadre, les deux protagonistes principaux, bien que différents, se complètent harmonieusement : d'un côté, Philomena, catholique pieuse, femme d'origine modeste, est gouvernée par la volonté de retrouver son enfant ; de l'autre, Martin, un journaliste récemment limogé, intellect pédant, porte un intérêt pour l'histoire de Philomena dans l'unique but de rebondir professionnellement. Mais cette femme d'apparence ordinaire va faire preuve d'une force et d'un courage exemplaire que Frears met brillamment en exergue. Par son indulgence et son altruisme, Philomena se révèle in finale extraordinaire.
 
Si la petite larme est au rendez-vous, sachez que « Philomena » est doté d'une grande dose d'humour malgré tout (des comiques de situations ou de textes). On pense notamment à la séquence où Philomena raconte la majorité de l'intrigue du roman qu'elle vient de lire à Martin, ou encore lorsqu'elle lui inventorie l'intégralité du buffet petit-déjeuner de l'hôtel.
Remarquons que le cinéma du réalisateur de « The Queen » brille une nouvelle fois par son esthétisme et son réalisme, Frears possédant, en effet, le talent de magnifier ses personnages à l'aide de scènes extrêmement limpides, toujours filmées dans des paysages sublimes, notamment en Irlande. La bande-son est, quant à elle, signée Alexandre Desplat, un nom généralement synonyme de qualité dans le milieu.

Rendons hommage enfin à l'excellente direction d'acteurs. Steve Coogan, plus habitué au registre comique, se montre épatant. On pense notamment à la scène où le comédien découvre la page internet centrée sur Anthony, ou encore celle du « scandale » au couvent, deux séquences véritablement bouleversantes. La phénoménale Judi Dench se révèle extrêmement touchante dans le rôle-titre, une femme vulnérable et pourtant si forte. L'actrice anglaise semble habitée par la personnalité de Philomena et émeut l'audience, sans être larmoyante. A l'image du film finalement !
Bilan : Adaptation réussie et aboutie pour Frears, qui signe avec « Philomena » un portrait intéressant d'une femme croyante et combative dans les années 50. Belle revanche pour Stephen Frears après le fiasco « Lady Vegas ».

Anecdote (source : Allocine.fr) Alors que « Philomena » était menacé par la MPAA (la commission de classification américaine des films) d'une note « R », qui oblige les mineurs à être accompagnés, le producteur Harvey Weinstein a décidé de réaliser une opération promotionnelle originale pour défendre le film. Judi Dench qui joue Philomena est revenue dans une vidéo sous la forme de son personnage emblématique de M dans la saga James Bond, avec les accords des ayant droits de la marque du célèbre 007.

La Bande-Annonce de Philomena :


NOTE : 8/10

Article rédigé par Justine Blache

1 commentaire:

  1. Philomena est un film touchant et je trouve que le tandem Steve Coogan et Judi Dench fonctionne parfaitement. Selon moi, Frears a su comment décortiquer ce sujet qu’il aborde.

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