lundi 16 décembre 2013

La Vie rêvée de Walter Mitty

Si pour beaucoup l’acteur Ben Stiller est familier, peu connaissent le réalisateur. Après avoir livré un film générationnel plutôt bien senti, produit par Danny DeVito (« Génération 90 »), puis une comédie über-déjantée et attendrissante sur la solitude et le stalking au début des années 90 (« The Cable Guy », alias « Disjoncté » chez nous, avec un Jim Carrey hystérique et des seconds rôles qui deviendront très rapidement de fidèles collaborateurs : Owen Wilson & Jack Black), Ben Stiller a pris ses marques à Hollywood. Avec « Zoolander », il s’est ensuite payé le luxe de tourner une des meilleures comédies du dernier siècle, adaptation ciné totalement absurde et barrée de ses propres sketchs issus de l’émission culte Saturday Night Live (« The Ben Stiller Show »).

Sept ans plus tard, en 2008, le bougre caracole au sommet du box-office mondial et reçoit les éloges de la critique avec « Tonnerre sous les Tropiques », satire hilarante de films de guerre sur le Vietnam, tels que « Apocalypse Now », « Platoon », « Full Metal Jacket » ou « Voyage au bout de l’enfer ».

Après un projet – avorté ? – de spin-off centré sur le personnage de producteur sans scrupule Les Grossman et l’arlésienne « Zoolander 2 », Ben Stiller signe aujourd’hui « La Vie rêvée de Walter Mitty », transposition cinoche du roman culte de James Thurber. Un multi-facettes d'un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma qui nous comble et nous prouve qu'il a considérablement gagné en maturité.
Ben Stiller a d’ailleurs surpris tout le monde cet été après la parution en ligne d’un premier trailer particulièrement splendide et enivrant, quasiment dénué de dialogues, lancé en grandes pompes au son de « Dirty Paws », chanson phare de l’excellent groupe islandais « Of Monsters and Men », et mettant en scène plusieurs plans fascinants et soignés, à l’image sophistiquée (la course de Walter Mitty devant les unes du magazine « Life », un saut dans l'océan depuis un hélicoptère, une chute dans le vide, une course en skateboard …). En d’autres termes, la promesse d’une ambiance radicalement opposée aux habituelles pitreries du réalisateur, n’ayons pas peur de l’avouer. Qu’en est-il réellement ? Réponse le 1er janvier prochain, à l’occasion de la sortie en salles.
Synopsis Allociné : Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l’action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu’il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.
Walter Mitty est un rêveur vapeur. Il vit des aventures extravagantes lors d’excursions en pleins songes éveillés, songes hantés par la présence d'une femme sublime incarnée par l’envoûtante Kristen Wiig. Vies inaccessibles, jusqu’au jour où … il rencontre enfin cette femme dans la vraie vie.
Aussi difficile de résumer en quelques mots le synopsis que l’émotion ressentie lors d’un premier visionnage de « La Vie rêvée de Walter Mitty », magnifique ode à la vie, aux rêves, aux voyages et à l’Amour. Une certitude : Ben Stiller est un réalisateur épatant, dont la trajectoire filmographique surpasse les attentes à chaque nouvelle mouture, autant côté ambition artistique affichée que effets sur le plan émotionnel. Car si « Walter Mitty » fonctionne aussi magnifiquement, c’est à la fois grâce à la sincérité de la démarche, à la finesse et l'universalité du propos, ainsi qu'aux moyens mis en place.
Façon d'illustrer, face à Kristen Wiig dont il est éperdument amoureux à l’écran, Ben Stiller (ne nous voilons pas la face, Walter Mitty est une projection de Stiller) délaisse son environnement morose – des collègues de travail moqueurs, dont le cruel Adam Scott – pour effectuer un merveilleux voyage qui nous emmènera en Islande, puis en Himalaya, via le Groënland et les locaux de la prestigieuse entreprise magasinière « Life », une odyssée bercée d’une tendresse et d’une bonté infinies, et teintée d’un onirisme éblouissant (les scènes de rêves figurent parmi les plus réussies du film, avec renouvellement d'artifices à foison). Et quand, enfin, le rêve devient réalité, « Walter Mitty » prend son envol pour nous imprimer à jamais. La confusion opérée, l'émotion transcendée. Des sentiments qui rappellent constamment la poésie de Jeunet (« Amélie Poulain »), la magie d'Ang Lee (« L'Odyssée de Pi »), ou encore le lyrisme de Miyazaki. En témoigne la puissance affective phénoménale du plan final. Wonderful !
Nous saluerons au passage la beauté des paysages et des visages parcourus, au gré de rencontres fortuites ou chaotiques : celui de Sean Penn évidemment, parfait en explorateur silencieux, mais aussi celui, angélique, de l'irrésistible Kristen Wiig, ainsi que celui d'Olafur Darri Olafsson, véritable révélation du film et porteur d'une touche humoristique bienvenue. Rassurez-vous d'ailleurs sur ce plan : si Ben Stiller s’aventure sur des contrées inconnues, il n’en délaisse pas moins les boutades singulières fidèles à son style ; ainsi, nous sommes gratifiés de plusieurs tranches poilantes, avec en pôle position un sketch parodique drolatique de « L’Etrange histoire de Benjamin Button » et tout un tas d'autres surprises réjouissantes.
Et enfin, saveur non négligeable, une bande-originale exaltante, authentique jukebox d'artistes en vogue (« Arcade Fire », « Of Monsters and Men », « José Gonzalez » ...) qui ajoute au charme de l'ensemble.
Bilan : De retour dans la plastique d'acteur – réalisateur, Ben Stiller crève une nouvelle fois l'écran en rêveur amoureux et surprend. Son dernier long-métrage, « La Vie rêvée de Walter Mitty », en salles le 1er janvier prochain, est un bijou d'écriture, de mise en scène et de compositions.
Anecdote : Sacré imbroglio autour des droits d'adaptation de « La Vie rêvée de Walter Mitty » et des changements de casting. Jim Carrey a ainsi longtemps été rattaché au projet, qui, lui-même, est passé entre de nombreuses mains, notamment celles de Ron Howard, Chuck Russell, Steven Spielberg, Mark Waters et Gore Verbinski, ce dernier étant crédité au générique de « Walter Mitty » en qualité de producteur exécutif. Côté acteurs, après le désengagement de Jim Carrey, c'est Owen Wilson qui fut envisagé mais celui-ci quitta à son tour le navire en raison de différents artistiques avec la production. C'est ensuite Mike Myers qui émit le souhait d'interpréter le rôle principal, avant qu'il ne soit proposé à Sacha Baron Cohen. Ce dernier s'est finalement désisté six mois plus tard et c'est seulement en avril 2011 que Ben Stiller signa pour incarner Walter Mitty et siéger sur le fauteuil de réalisateur.
 
La Bande Annonce de La Vie rêvée de Walter Mitty:
 
 
NOTE: 9,5/10


1 commentaire:

  1. La Vie rêvée de Walter Mitty est un film qui ne manque pas d’originalité. Les aventures de ce personnage sont plutôt captivantes et je pense que Stiller y est pour beaucoup…

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