Anne Fontaine fait partie de ces
réalisatrices à la filmographie éclectique. Du thriller
« Nettoyage à sec » aux drames psychologiques
« Nathalie... » et « Entre ses mains », en
passant par le biopic « Coco avant Chanel » ou la comédie
« Mon pire cauchemar », voire la comédie dramatique « La Fille de Monaco », le cinéma d'Anne Fontaine n'est pourtant
jamais insondable, toujours plus ou moins focalisé sur l'exploration
des mystères du désir.
Aujourd'hui, on la retrouve derrière
la caméra de « Perfect Mothers », adaptation
cinématographique d'une nouvelle de Doris Lessing intitulée
« Les grand-mères », co-écrite avec le britannique Christopher Hampton à
qui l'on doit les scénarii des « Liaisons dangereuses »,
de « Mary Reilly » ou de « Reviens-moi »,
rien que ça !
Synopsis Allociné :
Inséparables depuis le premier âge, Lil et Roz vivent en parfaite
osmose avec leurs deux enfants, deux jeunes garçons à la grâce
singulière et qui semblent des prolongements d'elles-mêmes. Les
maris sont absents. Inexplicablement, et pourtant comme à
l'évidence, chaque femme se rapproche du fils de l'autre, nouant
avec lui une relation passionnelle. À l'abri des regards, dans un
Eden balnéaire presque surnaturel, le quatuor va vivre une histoire
hors norme jusqu'à ce que l'âge vienne mettre un terme au désordre.
En apparence, du moins …
« Perfect Mothers » est un
film au sujet certes scabreux et délicat, donc généralement
susceptible d'intéresser le public, avide de thématiques
vicelardes, mais qui pâtit d'une ambiance sea, sex and sun
faussement transgressive et malsaine, où le spectateur ne goûte
qu'à une sexualité déconcertante mais beaucoup trop consensuelle
pour convaincre, assaisonnée d'une subversion lisse quasi
inexistante, et d'une mise en scène trop peu radicale.
Bien sûr, le film pose des questions
moralisatrices sauvages telles que la place d'une relation
crypto-incestueuse de cette ampleur dans la durée, son rejet social
ou les conséquences sur les intéressés, mais « Perfect Mothers », dans sa mollesse, ne pousse jamais l'analyse
œdipienne à son paroxysme et ne dépeint aucunement une atmosphère
ambiguë, pourtant escomptée. En voulant en montrer tantôt trop,
tantôt pas assez, « Perfect Mothers » ne trouve jamais
son rythme et sa vérité.
Anne Fontaine réussit malgré tout
quelques exercices de style comme filmer en contre plongée et de
manière statique des corps dénudés sur leur radeau gisant au
soleil afin d'accentuer une certaine suavité, ou l'utilisation
d'acteurs au physique d'Apollon et d'actrices solaires (Naomi Watts,
Robin Wright) pour accréditer esthétiquement le sujet. Mais c'est
un leurre !
Les actrices Naomi Watts et Robin Wright, parlons-en ! Elles incarnent toutes deux avec justesse
des cougars, simulacre de plénitude bourgeoise. Leur fils respectif,
Xavier Samuel et James Frecheville, jouent, quant à eux, à la
perfection la tentation et le vice.
Bilan : Une semi-réussite
pour le dernier film d'Anne Fontaine, égérie française du
« désir », qui franchit les continents pour mettre en
scène une adaptation internationale tiédasse d'une nouvelle
corrosive.
La Bande Annonce de Perfect Mothers:
NOTE: 5/10
Tout à fait d'accord mais heureusement le duo d'actrices sauvent le film de la noyade... 2/4
RépondreSupprimerYes
Supprimeril s'agit là de la pédophilie féminine ces mères qui ont élévé ces enfants puis ensuite qui se les tapent, encore sujet tabou car ce sont des femmes cougars, c'est vicieux et malsain car elles les ont empêchés de faire leur vie de se construire psychologiquement un lien est né, ils se sont fait dépucellés par en quelque sorte leur propre mère c'est horrible !
RépondreSupprimerFreud s'en retourne dans sa tombe !
Supprimerce que je trouve "formidable", c'est que le film dénonce en effet de manière assez claire les conséquences d'une famille ou le père ne prend pas sa place. Et ce sont de graves conséquences que le film accentue en montrant bien qu'ils ne peuvent évoluer et qu'ils sont comme prisonniers puisque leurs mères ne leur permettent pas de couper le cordon et de sortir du nid s'épanouir: ils sont ensemble dans la scène finale comme si c'était le dernier message.
SupprimerBref, il y a moyen d'aller beaucoup plus loin dans l'analyse freudienne comme je l'ai lu sur un autre blog.
Mais malgré tout ça, la réalisatrice a l'air de penser que son film est une ode aux amours cougars et hors normes. A-t-elle vu et surtout compris son film ?
j'ai lu et apprécié votre analyse, mais je ne la partage pas sur tous les domaines, notamment sur cette atmosphère "sea, sex and sun", pour moi, c'est ce qui rend le film encore plus malsain, ce qui en souligne davantage la perversité. Je pense que les paillettes sont nécessaires car elles perdent un peu le spectateur, qui devient un peu complice de cette situation plutôt délicate. Je trouve aussi que la mise en scène et la direction d'acteurs sont de grande qualité car tout est dans la retenue, le non-dit, il nous faut beaucoup lire entre les lignes et ce qu'on y lit n'est pas ce qu'on voit sur l'écran. Bref, je trouve que ce film est une véritable réussite, qui m'a beaucoup fait penser à l'esprit de Nathalie.
RépondreSupprimerIl m'a également fait penser à Nathalie.
SupprimerMerci pour votre analyse qui est également très appréciable car argumentée et respectueuse.
Avez-vous vu des films des réalisateurs que j'ai cités ? Certains de leurs films naviguent entre la retenue et la perversité avec nettement plus d'impact à mon goût.
Oui, j'ai vu quasiment tous les films de Ozon et ma préférence va à Sitcom, un bijou ! De Minghella,je ne connais que The Reader, que j'avais beaucoup aimé, mais je n'y ai pas vu beaucoup de retenue. En ce qui concerne Egoyan, n'est-ce pas lui qui a signé un remake de Nathalie, justement ? A quels films pensiez-vous en parlant de retenue et de perversité ? J'aimerais beaucoup en savoir plus !Et merci pour ce blog, que je lis avec beaucoup de plaisir.
RépondreSupprimerAttention, Minghella n'est "que" producteur sur The Reader, c'est Stephen Daldry qui l'a mis en scène. Je pensais notamment à Swimming Pool / Dans la maison / Gouttes d'eau sur pierre brûlante pour les films retenue / perversité, je pense aussi au remake Le talentueux Mr Ripley. Sinon oui, Egoyan a réalisé "Chloé" qui est le remake us de Nathalie.
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