Mitigées étaient les critiques de
cinéma à la sortie de « Tron : L'Héritage »,
premier film de Joseph Kosinski. Si le bonhomme au CV gorgé de
pubs aux images léchées et futuristes a largement prouvé
qu'il était un metteur en scène doué pour assurer un spectacle
visuel démesuré avec un show musical hallucinant – merci Daft Punk
– les journalistes étaient nettement moins réceptifs et
enthousiastes vis-à-vis du scénario, jugé faiblard.
Fier du tremplin du public et de ses 400
millions de dollars amassés sur la planète, Joseph Kosinski a
néanmoins assuré l'essentiel et obtenu haut la main le droit de
réaliser un second long métrage à Hollywood, après avoir tapé
dans l'œil de Tom Cruise & son équipe.
« Oblivion » est donc le
second bébé de Koskinski et recèle un casting hétéroclite :
Tom Cruise bien sûr dans le rôle principal, accompagné de la jolie
rouquine Andrea Riseborough, révélée il y a peu dans « Shadow Dancer », ainsi que de l'ex James Bond girls Olga Kurylenko, vue
récemment dans le « A la merveille » de Malick.
Synopsis Allociné :
2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute
la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et la
réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une
force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait
partie d'une gigantesque opération d'extraction des dernières
ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à
sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des
survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres
de cette planète dévastée qu'il considère néanmoins comme son
chez-lui.
Vivant et patrouillant à très
haute altitude de ce qu'il reste de la Terre, la vie « céleste »
de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d'un vaisseau
spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu'il
renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui
défient toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite
d'événements qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu'il
croyait savoir.
Ce qu'il pensait être la réalité
vole en éclats quand il est confronté à certains éléments de son
passé qui avaient été effacés de sa mémoire. Se découvrant une
nouvelle mission, Jack est poussé à une forme d'héroïsme dont il
ne se serait jamais cru capable. Le sort de l'humanité est entre les
mains d'un homme qui croyait que le seul monde qu'il a connu allait
bientôt être perdu à tout jamais.
Rien à redire sur la forme :
Joseph Kosinski possède décidément une maîtrise incroyable des effets
digitaux en tout genre, doublé d'un génie pour ses choix musicaux.
On est ainsi subjugué devant
l'esthétique visuelle de « Oblivion », qui offre
plusieurs morceaux de bravoure sur les terres naturelles d'Islande –
la course-poursuite aérienne robotique notamment – ainsi que
quelques rares séquences aussi artistiques – la plus belle
piscine de tous les temps en tête.
On peut également donner crédit à
Kosinski de sélectionner avec intelligence, élégance et dignité
l'artiste pop musical du moment pour composer la bande-son de ses
films. Bien vu ! Après Daft Punk et leur incroyable travail sur « Tron : L'Héritage », c'est ainsi au tour d'Anthony Gonzalez, leader
charismatique du groupe électro français M83, de diriger avec
talent la musique du film, qui participe à transcender
« Oblivion ».
Nous sommes enfin agréablement surpris
par l'étonnante culture de Joseph Kosinski s'agissant du
domaine de la Science Fiction. Le réalisateur américain, rusé, a, en
effet, longuement révisé ses classiques et propose dans
« Oblivion » une multitude de références,
cultes pour la plupart.
Kubrick (« 2001 : l'odyssée de l'espace »), « Star Wars : Episode I – La Menace fantôme » et sa course de vaisseaux spatiaux,
Charlton Heston et « La Planète des singes », Duncan Jones (« Moon », « Source Code »), le
Wachowski Starship (« Matrix » et ses colonies d'êtres
humains à perte de vue), le désert à la « Mad Max »,
les flashbacks et voyages dans le temps façon Philip K. Dick
(« Total Recall »), ou encore la guerre des humains
versus les machines à la sauce James Cameron (« Terminator »).
On pense également à l'écrivain Isaac Asimov dans la construction
du récit et le design des drones, qui rappelle sauvagement
les robots de « I, Robot », voire aussi aux pétaradants
Michael Bay (la thématique du clonage – « The Island »)
et Roland Emmerich (l'assaut final façon « Independance Day »,
ou encore le décor désertique qui renvoie au sable de « Stargate, la porte des étoiles »).
Le scénario, quant à lui, résonne étrangement avec celui de « Silent Running ».
Enfin, ce sont des références vidéo-ludiques
auxquels nous songeons, de l'œil rouge de Sally qui fait très
« Portal », à l'équipement de Tom Cruise qui inclue des
armes à la « Halo ».
Seulement voilà, « Oblivion »
est tellement truffé de clins d'œil qu'il en perd au bout du compte
sa propre identité. Sans compter que la réalisation brillante de
Kosinski est hélas plombée par un scénario prévisible et
pantouflard.
Le fautif s'appelle Michael Arndt et
sera bientôt mondialement célèbre puisque prochainement à l'œuvre
sur l'épisode VII de « Star Wars ». William Monahan,
scénariste des « Infiltrés », de « Mensonges d'Etat », ainsi que du « Sin City : j'ai tué pour elle » à venir, est également crédité ici. Désastreux bilan pour les deux
gaillards qui ont co-écrit une histoire tantôt attendue – le
rebondissement principal – tantôt incohérente.
Côté casting, Tom Cruise fait du Tom Cruise, et s'en sort à juste titre plutôt pas mal dans la peau de
Jack Harper.
Olga Kurylenko & Andrea Riseborough jouent les
utilités, avec une mention tout de même pour la seconde qui
étincelle à l'écran grâce sa beauté rayonnante. À noter enfin un
Morgan Freeman fatigué et usé, qui se contente de cachetonner.
Bilan : Épaulé par une
pluie de références (un poil oppressantes), Joseph Kosinski signe
un deuxième film spectaculaire, visuellement et musicalement
parfait, au scénario catastrophique.
Un film de Duncan Jones avec 100 fois
plus de budget, mais 100 fois moins d'ingéniosité, en somme !
Pour un peu, il fait de nous des blasés !
La Bande Annonce de Oblivion:
NOTE: 6/10
Je ne serais pas si dur, catastrophique ?! Quand même pas, un peu bancal certe mais ça reste assez sublime et envoûtant... 2/4
RépondreSupprimerJ'y suis peut être allé un peu fort en effet. J'en ai discuté longuement avec un pote qui m'a expliqué ce que je considérais comme des incohérences et j'ai revu mon jugement à la hausse. Envoûtant et sublime effectivement.
Supprimerquelles incohérences? J'ai tiqué sur la boite noire qui enregistre alors quelle est avec Julia mais on entend quand meme les derniers mots de Jack ^^
Supprimersurtout le "pourquoi la boîte noire part-elle avec le module ?" elle devrait rester dans le vaisseau mère non ?
SupprimerUn ami m'a fait part d'une autre incohérence: Comment le personnage interprété par Olga Kurylenko est-elle au courant de la "situation" en se réveillant de sa capsule spatiale ? Pourquoi ne saute-t-elle pas au cou de Tom Cruise ? En effet, elle est pas censée être encore au courant de tout le bordel en cours ...
RépondreSupprimer"Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient toute logique" : peut-être parce qu'elle est sa femme, à la base, tout simplement ? Revoyez le film !
RépondreSupprimerEuh ... cet extrait provient du synopsis offficiel, c'est pas de moi alors bon ...
SupprimerRéférence par ci, référence par là... En fait dès qu'un élément ressemble de près ou de loin à un truc connu, phénomène inévitable de par la masse de films et autres produits culturels déjà réalisés, on l'appelle "référence", quoi ? On pourrait l'appeler pompage, ou de façon plus neutre, fruit de hasard.
RépondreSupprimerGlobalement, j'ai plutôt trouvé la réalisation OK. Je ne regarde pas un film pour la beauté de ses photos ni pour ses effets spéciaux, alors de ce côté rien à dire en bien ou en mal. J'ai trouvé le scénario plutôt bien par contre, pas tant pour le déroulement détaillé de l'histoire, qui accroche un peu par endroits en effet, que pour la problématique de fond traitée : la difficulté de remettre en question une autorité sur laquelle on ne sait pas grand chose en dehors d'informations fournie par cette même autorité... knowledge is power, ou la dictature des médias. Un peu dans le même thème de fond (mais sans un style complètement différent) : Compliance (sorti en 2012).
C'est vrai que la thématique de la rebellion contre une autorité qui fournit les règles sociales, c'était pas mal.
SupprimerPour les "références", elles viennent des aveux de Joseph Kosinski lui même alors bon ...
Au temps pour moi, dans ce cas, c'est "pompage" :D
SupprimerJe trouve perso le scénario loin d'être catastrophique, je dirais même surprenant.
RépondreSupprimerJe pense qu'il faut le voir 2-3 fois pour saisir chaque éléments du film (notamment au reveil d'Olga Kurylenko, elle comprend vite que qlq choses ne tourne pas rond), le fait que Jack a faillit y passer mais sauvé par son chewing-gum (voir sa représentation sur le drone 166 où il est décapité), la surprenant coïncidence (le fait de retrouver la femme de son original) qui a fait que Jack a pu cette fois-ci aider les humains et enfin la folie d'Andrea Riseborough, folle amoureuse de Jack, et de son entetement à se voiler la vérité (comme Jack elle comprend que qlq chose ne tourne pas bien, mais elle s'y refuse).
Enfin bref, j'ai passé un bon moment en voyant le film qui ma bien surpris (m'y attendais pas aux clones et à l'IA extraterrestre). Une belle aventure où Jack a survécu a sa mort par ses clones (ça l'IA ne l'avait pas prévu !)