mercredi 9 janvier 2013

Django Unchained

Trois ans après avoir assommé la Critique et le Public avec sa démente chevauchée des « Inglourious Basterds », Quentin Tarantino is back avec son nouveau-né, le western-spaghetti « Django Unchained ». Précédé d'un incroyable buzz médiatique - bande annonce ultra diffusée sur les plates-formes vidéos du web depuis plusieurs mois, casting hyper alléchant, polémique du sujet (l'esclavage) jugé brûlant par certains - « Django Unchained » débarque enfin dans les salles et s'apprête à connaître un raz-de-marée auprès des spectateurs.
Synopsis (source : Allociné) Dans le sud des Etats-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l'acquisition de Django, un esclave qui peut l'aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu'il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu'il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n'oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves...
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l'immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche...Si Django et Schultz veulent espérer s'enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l'indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie...
Quentin Tarantino mettant en boîte un western-spaghetti, cela sonnait tellement comme une évidence qu'on se demande pourquoi le maître n'est jamais passé à l'acte auparavant. On connaît, en effet, depuis de longues années, son amour inconditionnel pour le genre, ainsi que sa passion pour les films de Sergio Leone. On se souvient également de l'hommage déguisé dans le dyptique « Kill Bill », plus particulièrement dans le volume numéro 2 via le duel livré entre la mariée et le terrible Bill. C'est donc avec un culte voué et avoué que Tarantino réalise aujourd'hui son « Django Unchained ».
Qu'on se le dise tout de suite, « Django Unchained » est un très bon cru du réalisateur, du pur jus Tarantino, dans la tradition de ses précédents long métrages, et peut être même le meilleur depuis « Kill Bill ». Fidèle à ses habitudes, le metteur en scène de « Pulp Fiction » rend, en effet, un indéniable hommage à un style disparu (ou à peine réhabilité, il y a deux ans, par le sublime « True Grit » de la fratrie Cohen), le Western-Spaghetti, et va même plus loin, jusqu'à lui redonner ses lettres de noblesse. Il nous gratifie d'un film à la mise en scène à la fois solaire et percutante.
On devine, une fois n'est pas coutume, derrière le long métrage, le fanboy qui sommeille en notre bonhomme avec d'innombrables clins d'œil au cinéma de son idole, Leone, et sa trilogie du dollar. La présence au générique de Franco Nero, le Clint Eastwood italien, interprète principal du « Django » de Sergio Corbucci, renforce également cette impression.
Son histoire d'esclave allié à un dentiste chasseur de primes lui permet de mettre pour la première fois en images une authentique leçon d'amitié, au rythme d'un ping pong de répliques croustillantes, délicieusement écrites par Tarantino himself, et propices à de savoureux moments entre les personnages de Django et de Schultz. De même, Tarantino réussit haut la main la mise en scène des séquences pétaradantes de flinguades.
Jamie Foxx prouve enfin qu'il est un grand acteur, capable du meilleur avec une performance très sobre et fortement nuancée à la fois. Christoph Waltz retrouve QT, après que le Monsieur l'ait révélé en cynique colonel Hans Landa dans sa précédente mouture. Un poil cabotin au départ, sa prestation trouve ensuite un équilibre nettement plus jubilatoire. Leonardo Di Caprio, en boss raciste d'une plantation de coton, apparaît plutôt scolaire en bad guy survolté, ayant en amont bien révisé son rôle. Dommage qu'il n'y ait pas plus de flash de génie et d'anthologie sur les coups de folie de son personnage.
La surprise provient surtout de Samuel L. Jackson, méconnaissable mais néanmoins parfait en sous fifre obséquieux et raciste de Di Caprio. C'est à lui que l'on doit les séquences bavardes les plus tarantinesques, et ornementées d'un humour cynique à faire pâlir James Bond. Seul bémol du casting: où sont donc passées les Tarantino's girls, ces fameuses figures féminines emblématiques du metteur en scène au charme palpitant ? Même si le genre ne s'y prête guère, on aurait souhaité, en effet, croiser davantage de donzelles au sex appeal envoûtant, autres que Kerry Washington, par ailleurs peu charismatique.
Côté BO, DJ Tarantino s'est chargé, une fois encore, de nous dénicher une profusion de titres incontournables, un fantastique jukebox en somme, composé de titres d'Ennio Morricone (évidemment,) mixés avec du Luis Bacalov, ou encore le Brother Dege, et audacieusement balancé, ni une ni deux, du Tupac samplé sur du James Brown. Une folie musicale onctueuse on vous dit! Probablement la meilleure bande originale d'un Tarantino à ce jour !
Principal défaut, qui pourrait ravir, sans doute, les détracteurs du prodige contemporain : l'aspect « marque de fabrique » de « Django Unchained », un peu à la manière des derniers longs de Burton, sublimée par une violence hors norme, néanmoins acceptable, parfois à la limite de l'autoparodie. Pas de quoi se plaindre quand même !
Bilan : le Tarantino 2013 a sacrément de la gueule. « Django Unchained » est, en effet, un film à hauteur du génie de son chef d'orchestre, embrasé par un casting divin (excepté les rôles féminins), ainsi que des séquences dynamitées avec brio. On frétille désormais d'impatience de découvrir son « Killer Crow », troisième volet de la trilogie entamée avec « Inglourious Basterds ».
La Bande Annonce de Django Unchained:

NOTE: 9/10

12 commentaires:

  1. Totalement d'accord avec toi sur ce film!

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  2. Totalement d'accord, sauf sur la performance de Kerry Washington, que je trouve au contraire extrêmement charismatique. Ca m'a encore plus frappé à la deuxième vision (dont je sors).

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    1. Arf, il me faut peut être une 2ème vision moi aussi alors

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  3. Tiens, nous, nous avons trouvé ce Django Unchained loooooooooooooooong, et d'un ennui assez radical. Et en effet, le côté "marque de fabrique" dont tu parles (très justement) devient facile et lassant, même si toujours délicieusement mis en scène. Les dialogues ne sont pas aussi incisifs....
    PS : Jamie Foxx montre "ENFIN" qu'il est un bon acteur ??? Et Collateral ? Et Ray ? ;-)

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    1. Effectivement j'ai jamais vu "Ray" (shame on me)
      Par contre, dans collateral, je le trouve pas si exceptionnel que ça. Bon oui, mais pas non plus transcendant.

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  4. Je me suis régalé en découvrant ce nouveau film de Tarantino. Ta critique me semble tout à fait pertinente, j'abonde en ton sens.
    Bravo pour ton blog.

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  5. Super critique. Je la trouve super bien écrite. J'ai vu le film et je suis tout à fait d'accord avec toi.

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    1. Merci merci. Tu es quelqu'un que je connais ou pas du tout ?

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  6. Alors je ne vais pas passer par quatre chemins, ça faisait très très longtemps que je n'avais pas ressenti de telles sensations au cinéma. Tarantino est définitivement un génie. Malgré que ta critique soit bonne, je me permets juste une petite remarque. Je trouve que tu ne mentionnes pas assez dans ton article la manière dont Tarantino traite de l'histoire des "USA esclavagistes". Cette période de l'Histoire est tellement bien traitée par QT puis c'est une première dans le cinéma US, à ma connaissance, aucun réalisateur américain n'a été aussi virulent sur ce sujet. Et puis, quel joie et que bonheur d'avoir enfin un pistoleros black ! Je pourrais encore en dire des tonnes mais ça ferait trop long, faut plutôt qu'on se retrouve autour d'un verre et qu'on en parle merde, lool !

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    1. Bonjour, oui je suis entièrement d'accord avec la thématique de l'esclavagisme aux USA, brillamment tissée en toile de fond. Le pistoleros black également, ça claque !
      Je serai ravi de partager un verre pour parler de Django !

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