mercredi 18 décembre 2013

Le Loup de Wall Street

Pour son 24ème long métrage, Martin Scorsese a jeté son dévolu sur une adaptation cinoche des mémoires du courtier en bourse Jordan Belfort et renoue ainsi avec les films mafieux de ses débuts (« Mean Streets », « Les Affranchis », « Casino »). « Le Loup de Wall Street », écrit par le scénariste des « Soprano » et créateur de « Boardwalk Empire », Terence Winter, marque également les retrouvailles du célèbre réalisateur italo-américain avec son acteur fétiche Leonardo DiCaprio, après la parenthèse « Hugo Cabret ».
Synopsis Allociné : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez …
« Le Loup de Wall Street » se dresse comme une sorte de transposition 2013 des « Affranchis » qui marinerait dans la sauce « Casino ». Rythme, montage, narration en voix-off, histoire décomposée en 2 temps (Rise and Fall), personnages secondaires de la femme plantureuse et vénale (Sharon Stone / Margot Robbie qui se battent respectivement avec DeNiro / DiCaprio pour la garde des enfants) et du double fou (Joe Pesci / Jonah Hill), autant d’artifices communs aux 3 films, mais « Le Loup de Wall Street » est heureusement parcouru de fulgurances multiples qui le tirent en permanence vers le haut du panier de la filmo du réalisateur.
De la mise en scène constamment inventive - les travelling arrière face à un DiCaprio s’adressant avec conviction à la caméra à travers de longs monologues, les plans au Steadicam au sein de Stratton Oakmont, les collaborateurs de Jordan Belfort présentés comme les membres d’une secte, le montage hyper dynamique signée la fidèle Thelma Schoonmaker (plus de 70 ans au compteur !), le rythme frénétique (sacré vitalité pour un metteur en scène de 71 ans), l’utilisation avec parcimonie et modération du slow-motion, les cadrages serrés sur les comprimés de Ludes - aux séquences particulièrement bien senties, fournies à la pelle (le recrutement de Jonah Hill, la discussion par télépathie entre DiCaprio et Dujardin, toute la scène au Country Club filmée en temps réel, les échanges verbaux dysarthriques entre DiCaprio et Jonah Hill, le naufrage, les flashbacks de Belfort présentés à nos yeux pour expliquer ce qui vient de se passer, la vente d’actions en public servant de modèle pour les jeunes bleus de la boîte, les shoots de substances, tous filmés différemment, les orgies aériennes, la partouze gay, les « phases » d’un trip), en passant par un casting impressionnant, ainsi qu’une BO formidablement ajustée aux images (des morceaux musicaux choisis aux petits oignons : Foo Fighters, Plastic Bertrand, The Lemonheads, Billy Joel…), l’ensemble s’avère hyper jouissif, hilarant (probablement le film Scorsesien le plus drôle depuis After Hours) et magistralement orchestré de main de maître par Scorsese.
Quant au scénario de Winter, s’il est en apparence balisé, il recèle de telles tirades (« Scaaaaalp her ») et d'une telle folie furieuse qu’il paraît impossible d’en sortir non ardemment abasourdi, les nombreux tiroirs du récit y étant certainement pour quelque chose. Un script banal, mais passionnant, dépravé, amoral et frénétique (façon Caligula) lorsqu'on s’y penche d’un peu plus près. Que dire de la pseudo-misogynie ? Indispensable évidemment pour accréditer la décadence de Belfort, jonglant entre les femmes, la drogue et l’argent.
Quelques défauts (évidemment pardonnables) : la longueur de certaines scènes. Exemples probants avec la séquence du rassemblement des loups pour parler lancers de nains, ou bien le discours de McConaughey sur la nécessité de se masturber régulièrement pour maintenir la forme. Ces deux illustrations, bien que poilantes, prouvent que le « Le Loup » aurait certainement gagné à être raccourci d’une bonne vingtaine de minutes pour littéralement nous transcender.
S'agissant du casting, tous les acteurs s’en donnent évidemment à cœur joie. Que ce soient l’irréprochable DiCaprio qui excelle une nouvelle fois, ne reculant devant rien (va-t-il enfin avoir sa statuette sur la cheminée ?) dans la peau de Jordan Belfort, personnage adepte de drogues dures et de méthodes peu orthodoxes, à mi-chemin entre « Gatsby » pour son goût prononcé de débauche et Frank Abagnale Jr pour son appétence pour l’argent et ses ambitions démesurées, ou le surprenant Jonah Hill, qui campe l’acolyte totalement déjanté.
A leurs côtés, le barré Matthew McConaughey (quelle prestance, quelle gestuelle ! dommage qu’il soit si peu présent à l’écran), la sublime Margot Robbie, dévergondée depuis son passage dans la série « Pan Am », le subtile Kyle Chandler, le bourrin Jon Bernthal, le frenchy Jean Dujardin, les réalisateurs Rob Reiner, Jon Favreau & Spike Jonze, ainsi que tous les seconds rôles (le wolf pack avec notamment l'excellent Ethan Suplee) s'avèrent épatants et méritent amplement l’attention.
Bilan : Un « grand » film survolté de Martin Scorsese, bâti scénaristiquement parlant sur le modèle des « Affranchis » ou de « Casino », mais en perpétuel renouvellement côté mise en scène, ambiance et jeux d’acteurs. Brillant, impressionnant et passionnant ! Aouh, aouuuuh, aouuuuuh !
Anecdote Allocine.fr : « Princess Bride », l’un des films préférés de Jonah Hill, a été réalisé par Rob Reiner, qui figure au générique du « Loup de Wall Street ». Ce dernier incarne en effet Max Belfort, le père de Jordan, et a littéralement été harcelé de questions sur le tournage par le jeune comédien de la galaxie Judd Apatow.

La Bande Annonce du film Le Loup de Wall Street :


NOTE : 9/10

5 commentaires:

  1. tu met une note à un film qui est pas encore sortie, tu es trop fort abruti

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  2. Cette comédie est l’une des meilleures que j’ai vues en 2013. Le scénario ainsi que la réalisation sont impeccables.

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  3. Qui aurait pu mieux camper ce personnage de DiCaprio ? Je pense que la liste est loin d’être longue. Pour moi, ce film est un très bon divertissement que je conseille vivement !

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