mercredi 24 juillet 2013

No Pain No Gain

« No Pain No Gain » (titre définitif après de multiples changements de nom) est le nouveau film du pyrotechnicien Michael Bay (la trilogie « Transformers », les deux volets « Bad Boys », « Rock », « The Island », ou encore « Pearl Harbor »).
Pourvu d'un budget de 26 millions de dollars – une paille pour un réalisateur habitué aux productions pharaoniques – cette comédie d'action, basée sur une histoire vraie et inspirée d'articles de presse parus dans le Miami New Times, revient sur les aventures criminelles du « Sun Gym Gang », qui s'est rendu célèbre entre décembre 1999 et janvier 2000. Les trois kidnappeurs amateurs, Daniel Lugo, Paul Doyle – celui-là est en réalité un mix de plusieurs membres du gang, un bon nombre d'esprits réunis dans un seul corps – et Adrian Doorbal sont incarnés à l'écran respectivement par Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie, trois comédiens plutôt en vogue en ce moment. 
Synopsis Allociné : À Miami, Daniel Lugo, coach sportif, ferait n'importe quoi pour vivre le « rêve américain » et s'offrir maisons de luxe, voitures de course et filles de rêve … Avec deux complices, il dresse un plan simple et (presque) parfait : enlever un de ses plus riches clients et … lui voler sa vie. No Pain No Gain s'inspire de l'histoire incroyable mais vraie de ces trois kidnappeurs amateurs embarqués dans une série d'actes criminels qui dégénèrent rapidement … Rien ne se déroule jamais comme prévu.
Sacré farceur le Michael Bay. Nous connaissions son étonnant sens de l'auto-dérision depuis ses shooting commerciaux pour les marques Verizon, Victoria's Secret et Budweiser, mais nous étions loin d'imaginer le bougre en train de s'amuser comme un petit fou à désidéaliser le rêve américain à l'aide de tous ses artifices d'ancien clippeur (transitions brutales, rythme effréné, message simple et limpide).
Saluons tout d'abord l'excellent travail d'écriture de la paire de scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely, qui, en s'immisçant dans le monde du bodybuilding – la culture du corps très pointilleuse – tirent une leçon prodigieuse, très actuelle, sur le consumérisme et l'absence de limites des idéaux (difficile de savoir quantifier le moment où l'on en a assez !). On pense alors par moments à la plume très noire des frères Coen et leur amour inconditionnel pour les losers attendrissants, mais aussi aux ambiances folle-dingues de Quentin Tarantino. Bay qualifie d'ailleurs « No Pain No Gain » de mélange entre « Pulp Fiction » et « Fargo ».
Pour filmer les aventures des apprentis kidnappeurs, Michael Bay n'y va évidemment pas avec le dos de la cuillère et sort les gros sabots : humour noir ravageur (les croyances religieuses de Dwayne Johnson, les blagues racistes ou misogynes du duo Mackie / Wahlberg, le comique de situations improbables...), montage à deux milles à l'heure façon longs métrages épileptiques de feu Tony Scott, look rock'n'roll incroyable (photographie léchée ultra colorée, signée Ben Seresin), choix musicaux audacieux (Coolio « Gangsta's Paradise » + score palpitant de Steve Jablonsky), voix off omniprésente, bannières étoilées balancées tous les trois plans, recyclage de vieilles formules – le plan-séquence circulaire passant d'une pièce à l'autre de « Bad Boys II » est ici repris quasiment à l'identique – mais reste pourtant très cohérent dans sa démarche et le déroulement du récit. Jamais la mise en scène et l'esthétique de Bay n'auront autant collé à l'essence et au sujet du film.
« Le problème de ces types, c'est qu'ils font de mauvais choix qui les embarquent dans une espèce de spirale où ils perdent rapidement le contrôle de quoi que ce soit. Ensuite, c'est foutu, ils ne peuvent plus revenir en arrière. » déclare Mark Wahlberg, s'agissant de la bande de malfaiteurs. Wahlberg résume bien là l'esprit déjanté du film : un divertissement totalement jouissif, chargé de personnages à la stupidité foisonnante, représentations symboliques d'une Amérique sur la pente glissante descendante, où réussite rime tristement avec argent.
Pour interpréter les trois héros crétins, Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie s'en sortent avec les honneurs. Wahlberg, impressionnant par sa stature, est impérial en leader de la troupe. L'acteur s'expose en effet à une palette de jeu très variée, laissant transparaître au grand jour son ressort comique (la séquence d'intro « i'm hot, i'm big »), tout en nuances avec son côté touchant (la volonté de winner de son personnage).
Dwayne Johnson affiche son corps musclé surréaliste, fait exactement ce qu'on lui dit de faire, recèle un apport cocasse insoupçonnable et apporte une vraie plus-value à l'ensemble. Anthony Mackie trouve quant à lui enfin un rôle à hauteur de son talent, après des passages remarqués dans « 8 Mile », « Half Nelson » et « Démineurs ».
Le reste de la galerie (Tony Shalhoub, Ken Jeong, Bar Paly, Ed Harris, Rebel Wilson) n'est pas en reste et impressionne également, avec une mention spéciale pour Rebel Wilson, hilarante en infirmière spécialisée dans les dysfonctions érectiles et petite amie d'Adrian Doorbal.
Bilan : Michael Bay. Des budgets toujours plus colossaux, d'énormes succès au box office, des polémiques parfois (le patriotisme exacerbé, la production houleuse de « Pearl Harbor », le renvoi de Megan Fox peu de temps avant la mise en chantier de « Transformers 3 »), mais un cinéma toujours plus fou, toujours plus grandiose, toujours plus impressionnant. Michael Bay revient aujourd'hui à Miami (après les deux opus « Bad Boys ») et au cinéma low budget avec « No Pain No Gain », déconstruction tordante, fun et ironique de l'American Way of Life servie par un casting irréprochable. La grosse surprise burlesque de cette rentrée 2013 !
Secret de tournage : Afin de réunir la somme nécessaire pour produire le film, Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Michael Bay ont accepté de ne percevoir aucun salaire. En conséquence, ils toucheront un certain pourcentages sur les recettes du film en salles.
 
Bonus #1 : la pub Verizon par Michael Bay
 
 
Bonus #2 : une application Facebook marrante, en lien avec le film:
 
 
La Bande Annonce de No Pain No Gain:
 
 
NOTE: 8/10

2 commentaires:

  1. Très bonne critique! Je suis bien content que tu l'ai aimé, c'est un des films que j'attends le plus cette année! J'ai hâte!

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