mardi 2 juillet 2013

[Rétrospective #11] La légende de Bagger Vance | Robert Redford

La légende de Bagger Vance (2000) | Robert Redford
 
Adapté du roman de Steven Pressfield, Robert Redford réalise son 6ème long-métrage après le très réussi L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998). Un vibrant hommage à un sport qui pâtit hélas à mauvais titre d’à priori désavantageux (encore plus en France) : le golf.
 
Synopsis Allociné : Enfant prodige de Savannah, champion de golf précoce, petit ami de la ravissante et richissime Adele Invergordon, Rannulph Junuh est envoyé au front, où l'horreur du premier conflit mondial le frappe de plein fouet. Après plusieurs années de silence, cet héros de guerre désenchanté revient à Savannah dans le plus parfait anonymat, hanté par le souvenir atroce de ce qu'il a vécu. Fantôme parmi les vivants, il se retire du monde dans un vieux manoir délabré.
La Grande Dépression de 1929 a fait fondre toutes les fortunes, le père d'Adele s'est suicidé pour échapper au déshonneur de la ruine et le parcours de golf qu'il avait fait construire semble voué à la faillite. La jeune femme décide alors de faire sortir Junuh de sa retraite et de l'opposer aux deux plus grands golfeurs de l'époque, Bobby Jones et Walter Hagen, lors d'un tournoi dont les bénéfices permettront au terrain de ne pas disparaître.
 
Mais Junuh ne veut pas en entendre parler. Il est certain d'avoir perdu le secret du "swing authentique" qui avait fait sa réputation de champion. Un homme surgi de nulle part se présente alors à lui. C'est un mystérieux et providentiel caddy noir, Bagger Vance, dont les conseils semblent avoir des répercussions sur sa vie.
 
De grands événements historiques détruisent l’économie, des nations entières mais surtout des vies personnelles. C’est le cas pour Junah (Matt Damon), ancien joueur de golf d’exception, anéanti par de douloureux souvenirs de la première guerre mondiale et ruiné par la Grande Dépression de 1929.
Le déchu mais néanmoins talentueux Junah se décide à participer à un tournoi de golf qui pourrait sauver sa ville natale : Savannah en Géorgie. Plus qu’une victoire sportive, Junah veut également reconquérir le cœur d’Adèle (Charlize Theron), l’organisatrice de l’open et son amour perdu.

 
Épaulé par un caddy mystérieux et providentiel, Bagger Vance, joué par un Will Smith en grande forme, Junah saura faire face au parcours ainsi qu'à ses vieux démons. Le personnage de Bagger Vance donne sens à l’histoire grâce à de magnifiques répliques, rythmant le film dans son ensemble. Les dialogues grandiloquents retranscrivent toute la complexité et l’excellence du golf, sport ô combien psychologique où le premier adversaire n’est autre que soi-même.
Orienté vers le sport du Tigre, La Légende de Bagger Vance offre avec sobriété une leçon de vie et de courage. La réalisation, humble et néanmoins réussie, est judicieusement exécutée grâce à une mise en scène inédite et tellement pertinente pour chaque golfeur : le monde qui s’efface autour de soi, faire corps avec le club, la seule vision de la balle et du drapeau.

La photographie de qualité, aux couleurs patines et automnales, résonne en écho avec les prises de vues originales – mention spéciale lorsque la caméra devient balle filante le long des fairways. Les sensations golfiques sont évoquées puis transmises avec brio. Les décors (le Jekyll Island Club Hotel et le golf de Kiawah Island en Géorgie) nous offrent de magnifiques couchers de soleil sur les greens ou des sous-bois sombres aux frontières des hors-limites diablement choisis. Leur efficacité est redoutable car ils sont habités avec vigueur et amplitude par les protagonistes du jeu.
Le scénario, bien écrit et atypique, est largement audacieux et tout à fait abordable pour les néophytes du golf. Redford réalise un film poignant et subtil qui tient en haleine deux heures durant bien que le dénouement demeure entièrement prévisible. Il ne s’agit pas seulement d’une histoire de golf mais de l’histoire d’un homme qui cherche un moyen de combattre un traumatisme.
La Légende Bagger Vance tient également grâce un casting réussi. Matt Damon, charmeur et désinvolte, est crédible et convainquant en golfeur déchu. Les heures sur le practice ont été nombreuses en amont du tournage, sous le regard de Tim Moss, membre de la PGA et conseiller technique de l’acteur. Will Smith, étonnant dans ce rôle, pourrait tenir à lui seul le film.
 
 
Redford signe donc un joli témoignage sportif, métaphore de l’existence où l’adversité et le désespoir doivent être dépassés avec courage et honneur.

 
Article rédigé par Cléa Carré

2 commentaires:

  1. Une belle critique qui donne au néophyte envie de voir ce film.
    Merci encore une fois à Cléa

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  2. Superbe film. On sort grandi. Une belle leçon de vie.

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