samedi 25 mai 2013

The Bling Ring


En 5 films seulement (4 longs métrages + 1 court), la réalisatrice Sofia Coppola s'est affirmée à Hollywood au gré d'une authentique personnalité d'auteur. Son cinéma singulier, indépendant et souvent tiraillé est l'instrument de la culture populaire dans toute sa splendeur – les fabuleuses bande-originales de rock indé en témoignent.
La fille du célèbre Francis Ford Coppola débroussaille l'errance de ses personnages, des figures lasses du monde environnant, souvent trop rapide, trop bruyant, trop diachronique pour elles.
Présenté en ouverture « Un Certain Regard » au Festival de Cannes 2013, « The Bling Ring », son nouveau long métrage, est directement inspiré d'un article paru dans le magasine Vanity Fair intitulé « Les suspects portaient des Louboutin », relatant un fait divers anodin qui fit pourtant beaucoup de bruit aux Etats-Unis: un groupe d'adolescents arrêté et condamné pour avoir dévaliser les demeures de leurs célébrités préférées, après avoir traquer leurs déplacements via Internet.
Synopsis Allociné : À Los Angeles, un groupe d'adolescents fascinés par le people et l'univers des marques traque via Internet l'agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront plus de 3 millions de dollars d'objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le « Bling Ring ».
Bande-annonce canon avec défilé d'images sensationnelles – le mouvement de langue d'Emma Watson, graaaouuuu – sur fond sonore pop (« Crown on the ground » du groupe Sleigh Bells: https://soundcloud.com/#purpleplaid/sleigh-bells-crown-on-the-ground), le projet « The Bling Ring » avait de quoi intéresser, même si les plus téméraires arguaient déjà l'éclairage (mensonger) d'une It-Girl, en l'occurrence Emma 'Hermione' Watson, afin de créer THE buzz, ensuite relayé par des magasines féminins.
Quand je rêve (interprétez ce billet comme vous le voulez).
Flippant par la nonchalance et l'inconscience de ses protagonistes, « The Bling Ring » est une virée décadente sur l'obsession, au sens pathologique du terme, qui n'a rien du pamphlet moralisateur attendu.
Certes, la réalisatrice nommée à l'Oscar pour « Lost in Translation » décline toutes les possibilités offertes par les moyens technologiques actuels (réseaux sociaux, médias, informations virales, smartphones, télévision, journaux people) pour dénoncer la facilité extrême avec laquelle les actes sont rendus possibles, mais elle pose parallèlement un regard attendri sur ces jeunes gosses de riches, inconscients de la gravité de leurs comportements.
Lucide sur l'absurdité de tout cela – la société de consommation, la prolifération des marques – Sofia Coppola déploie en effet une certaine fascination pour ses personnages, comme si elle prenait plaisir à chaparder les bijoux & fringues de stars avec eux – certaines séquences de cambriolage, filmées caméras à l'épaule, sont probantes.
Parallèlement, Sofia Coppola subjugue le hipster, ce mode de vie décadent dans la manière de se vêtir, d'user de drogues en tout genre, d'employer l'argot et d'être toujours « cool », sans oublier l'humour sarcastique, la pauvreté de rigueur, ainsi que les codes de conduite sexuelle libre, transparents lorsqu'elle n'hésite pas à ironiser sur l'incarcération de Lindsay Lohan dans la cellule juxtant celle de sa voleuse ou lorsqu'elle convie une journaliste du tabloïd ayant rendu l'affaire publique.

La présence d'Orlando Bloom, Paris Hilton, Rachel Bilson, Lindsay Lohan, Kirsten Dunst qui jouent leur propre rôle dans le film et le tournage dans les véritables maisons des célébrités concernées confèrent à « The Bling Ring » un aspect réaliste troublant, qui frappe d'un coup de massue la conscience collective.
Entourée de techniciens au bon goût : la photographie splendide signée Harris Savides – les séquences nocturnes rendent grâce à L.A., le montage percutant de Sarah Flack (une membre de l'équipe Soderbergh) est un atout, la bande-son ambiance boîte de nuit – Sofia Coppola retranscrit à merveille le pouvoir malsain des images dans sa mise en scène et la « fascination perverse de l'Amérique pour les Bonnie & Clyde ».
Quelques exemples : le plan long et fixe d'une caméra de surveillance lors d'un cambriolage en allusion directe à l'œil de « Big Brother », les photos prises par Emma Watson balancées fissa sur le trombinoscope planétaire Facebook, le bruit des clics d'Israel Broussard sur son netbook …
Pour rompre avec l'errance lancinante de l'acteur dépressif Stephen Dorff de « Somewhere », Sofia Coppola a déniché les perles rares : la révélation XY Israel Broussard, très émouvant dans le rôle du seul garçon de la bande, un tantinet conscient des actes commis, Katie Chang vénale et beauté fatale, Taissa Farmiga (sœur de Vera, vue dans « Source Code » et « Les Infiltrés »), Claire Julien et bien sûr Emma Watson (qui s'en donne à cœur joie) composent avec brio ce gang bling-bling, peu étayé par l'autorité parentale (Leslie Mann dans le déni total des traits de caractère adolescents). Tous excellent et font l'union d'un groupe au sentiment de vide existentiel sidéral.
Bilan : Le cru 2013 Sofia Coppola a divisé la croisette, comme le fut en son temps la reine « Marie-Antoinette ». Brillant et acide pour les uns, somnolent et creux pour les autres, « The Bling Ring » surfe indéniablement sur la vague « Spring Breakers » et devrait hanter les débats de vos nuits fantasmagoriques pendant plusieurs décennies.

La Bande Annonce de The Bling Ring:


NOTE: 8,5/10
 
En BONUS: ma participation, en tant que guest, à une émission radiophonique autour du film & du cinéma de Sofia Coppola sur le blog: http://belisairhouse.1allo.com/?page_id=1445

7 commentaires:

  1. très bonne note qui me donne très envie de voir le film !

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  2. Toute cette promo autour d'Emma Watson, qui occupe d'ailleurs le milieu de toutes les photos promotionnelles, alors qu'en réalité l’héroïne est jouée par Katie Chang...

    J'ai trouvé ce film très répétitif, ils cambriolent une maison, une deuxième, puis une troisième et...c'est tout ? Au final, toujours les mêmes scènes d'extases, les mêmes répliques embarrassantes "Oh my god, that's so cute !".
    Je n'ai pas été convaincue par les acteurs non plus, on sent trop la désinvolture feinte. D'ailleurs, tous les personnages se ressemblent, aucun ne se démarque des autres si bien que l'on a du mal à les distinguer.

    La scène où la blonde ramène le pistolet à son copain dans son lit...je n'ai toujours pas compris l'intérêt ? Ouh ils jouent à des jeux dangereux les vilains.
    Les moments d'interview du seul garçon de la bande et les moments où il parle en voix off, j'ai trouvé cela très confus ! C'était sans queue ni tête. Il aurait été préférable de les distiller régulièrement tout au long du film !

    En fait, je crois que je n'accroche pas au style de la réalisatrice, je trouve que ses films sont toujours superficiels. Elle ne traite jamais ses personnages avec psychologie, il n'y a aucune profondeur. Par conséquent je ne ressens rien devant ses films: ni dégout, ni tristesse, ni joie, ni peur...rien !

    En lisant votre critique peut être que je commence à comprendre ce film: 1h15 de vide pour illustrer...du vide.



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    1. La superficialité des personnages est un souhait de la réalisatrice, pour justement appuyer le vide existentiel et leur sentiment d'abandon, de repli.

      Pour les scènes répétitives de cambriolage, je suis pas d'accord, je trouve qu'il y a de de réelles différences portées par un style singulier pour chacun d'entre eux, ex l'un d'eux filmés en plan fixe via une caméra de surveillance tandis que d'autres sont plutôt filmés caméra au poing à la Greengrass.

      Les acteurs, pas nécessairement ok là encore. Le garçon et Katie Chang se démarquent carrément des autres, mais c'est un point de vue subjectif, je trouve qu'ils véhiculent tous deux à merveille la nonchalance et l'insouciance / inconscience.

      Pour la scène du pistolet, peut être là encore pour appuyer l'inconscience des comportements et l'absence de recul par rapport à la dangerosité / le monde sans aucune limite.

      Les moments d'itw => tout à fait d'accord avec toi

      J'ai personnellement ressenti qqch devant The Bling Ring, presque comme une envie de vomir à la sortie en m'disant "mon dieu, mais qu'est ce que la jeunesse est en train de devenir, il va réellement falloir agir et éduquer en amont avant que les choses dégénèrent et empirent".

      Voilà. Merci en tout cas pour ton commentaire, je reste ouvert à toutes formes de critiques.

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  3. Je suis allée voir ce film la semaine dernière et j'ai été en effet très déçue. Comme l'a expliqué Anonyme, ce film est très répétitif, de plus il n'y a aucun rebondissement. L'idée des vols dans la maison des stars était une bonne idée seulement il aurait fallu qu'il se passe plus de choses. De plus, on ne peut pas dire qu'il y ait une vrai fin : il n'y a pas de morale claire.
    C'est un film à regarder une fois je pense mais pas sur grand écran...

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    1. Une morale claire ? Ils finissent quasiment tous en prison quand même ...

      Je trouve que c'est énoncé de façon suffisamment explicite en mode "regardez les jeunes d'aujourd'hui, ils se mettent en danger sans même s'en rendre compte et finissent par payer le prix fort"

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  4. Bon ben après 15minutes de lecture du film, j'ai du passer sur autre chose tellement le scenario me semblait plat et vulgairement mal joué...Dommage car ça aurait pu être un bon film s'il n'avait pas été joué par des gamines de 15ans :-)

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