Le retour caméra de Brian De Palma,
ancien mogul d'Hollywood aux côtés de ses collègues barbus Steven Spielberg, Georges Lucas et autre Francis Ford Coppola, se faisait
attendre depuis 2007, date de sortie de son dernier film, le drame de guerre
found footage « Redacted », passé injustement inaperçu.
Sorti de sa caverne, le plus Hitchcockien des réalisateurs
américains joue sur un terrain connu, le thriller sulfureux,
en présentant aujourd'hui « Passion », remake du film
français « Crime d'amour », ultime long métrage de feu Alain Corneau, sorti en 2010.
À noter que De Palma est également
crédité au scénario de ce « Passion », par ailleurs
porté par deux excellentes actrices en vogue, la jolie Rachel McAdams et la suédoise Noomi Rapace, mondialement célèbre depuis la
trilogie « Millenium ».
Grand cru du producteur / scénariste /
réalisateur américain ou remake tape-à-l'œil ?
Synopsis (source :
Allociné) Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation
pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par
sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant
sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de
manipulation, de domination et de servitude.
Décidément très au goût du jour – la sortie du biopic qui lui y est consacré en témoigne
– l'aura du célèbre maître incontesté du suspense « Hitchcock »
résiste au temps en générant même des émules.
Considéré, à tort ou à raison, comme un authentique disciple de
ce dernier, De Palma a su prouver au fil de sa filmographie – on
retiendra notamment « Pulsions », « Blow Out »,
« Le Bûcher des vanités », « Carrie au bal du diable », mais aussi le thriller « Sœurs de sang »,
ou le plus récent « Snake Eyes », voire même le
blockbuster « Mission : Impossible » – qu'il
a effectivement la trempe d'un grand héritier, mais également
un talent hors pair pour fabriquer sa propre ambiance, généralement
sombre et sensuelle.
Armé d'un matériel de départ
articulé autour d'une sulfureuse relation sadomasochiste entre
une patronne blonde dominatrice et son assistante brune soumise,
« Passion » ne déroge pas à la règle du réalisateur en s'inscrivant dans la plus pure tradition de ses précédentes œuvres,
où les termes manipulation, érotisme, faux-semblant, trahison sont
de rigueur.
En plaçant son action dans un cadre
géographique germanique très contemporain (pour ceux qui n'auraient
pas suivi, l'Allemagne est toujours, à l'heure actuelle, le pilier
économique de l'Europe), le futé De Palma filme un spectacle
initialement haletant et riche de tensions, animé par le pouvoir
suprême du rapport entre sexe & argent, moteurs despotiques de notre monde.
Dommage, en revanche, que « Passion »
prenne rapidement cette tournure dramatique, dans la surenchère et
l'extase, via un scénario couillu (Avait-on réellement besoin
d'être gratifié de la présence d'enquêteurs en milieu de
parcours et de cette interminable fin en forme de poupées
russes ?), confinant au film un aspect de semi-échec.
Bas-les-masques pourrait-on dire, façon « Colombo », si
l'on n'avait pas accès aux
obsessions bien connues du metteur en scène à verser dans les rebondissements
sordides et manipulatoires ?
Que dire, par ailleurs, de sa une mise
en scène, sinon qu'elle apparaît soignée, parfois convenue mais
impeccablement maîtrisée – l'éclairage par l'ombre entre les
lattes de store, la présence de masques qui sous-tend le sadisme,
les baisers lesbiens langoureux, les couleurs de cheveux des
protagonistes propices à l'érotisation, les vues à la première
personne – parfois osée, incroyablement sophistiquée (l'inutile
split-screen aux deux tiers de bobine avec un meurtre monté
en vis-à-vis d'une chorégraphie où des danseurs regardent fixement
la caméra pendant des lustres).
Le pouvoir des femmes est ici
excellemment représenté et sublimement porté par un casting XXX au charme vénéneux,
entre la belle plante Rachel McAdams (quelques prodromes déjà dans
« Minuit à Paris »), l'imprévisible garce Noomi Rapace
et l'allemande néophyte Karoline Herfurth.
Bilan : Disciple
d'Hitchcock par excellence, Brian De Palma ne semble être
plus que le simple reflet de lui-même, sur un terrain de jeu qu'il a
pourtant largement labouré, et propose aujourd'hui un thriller
sadique à la « Sexcrimes » en demi-teinte, initialement
racoleur par son casting hyper alléchant et son ambiance
sensuelle, mais qui part en cacahuète sur des airs de déjà-vu et
d'escalades scénaristiques maladroites.
La Bande Annonce de Passion:
NOTE: 6/10
Très déçu, sensualité vénéneuse absente, mise en scène maitrisé comme tu dis mais peu inspirée (effectivement split-screen inutile)... 1/4
RépondreSupprimerla sensualité est présente au départ
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