mercredi 20 novembre 2013

Les Garçons et Guillaume, à table !

Après une standing ovation à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes et une pluie de récompenses à effondrer le rebord d'une cheminée, « Les Garçons et Guillaume, à table ! », première réalisation de l'acteur made in Comédie Française Guillaume Gallienne, sort enfin en salles. « Les Garçons et Guillaume, à table ! »  est l'adaptation de la pièce de théâtre éponyme écrite par Guillaume Gallienne, qui bénéficie d'une haute valence autobiographique. Critiques dithyrambiques méritées ou comédie surestimée façon « Camille Redouble » l'an dernier ?
Synopsis Allociné : Le premier souvenir que j'ai de ma mère c'est quand j'avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t'embrasse ma chérie » ; et bien disons qu'entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
Des gags racoleurs pipi-caca (Diane Kruger en proctologue allemande) aux situations caricaturales grotesques et embarrassantes, d'une facilité extrême (l'épanouissement sexuel d'un garçon qui se cherche passe par des étapes de « test » au pensionnat, à l'armée ou en boîte gay), le premier constat face aux « Garçons et Guillaume, à table ! » s'énonce comme un film qui n'y va vraiment pas avec le dos de la cuillère. Une première œuvre à des kilomètres de la comédie de haute volée décrite par tous.
Heureusement, le portrait de la mère, Melitta Gallienne, incarnée par Guillaume Gallienne lui-même (meilleure idée de l'année?), mérite amplement l'attention en permettant à Gallienne de filmer quelques séquences familiales touchantes et raffinées, bercées d'une incroyable et étonnante justesse. De même, le sujet grave et très air du temps tissé en arrière-fond (un garçon considéré comme homosexuel par tous – y compris sa propre famille – avant qu'il ne s'interroge lui-même sur la question) est intéressant, même si peu subtilement traité, et annihile la grossièreté de certaines scènes (l'apparition fugace et improbable de Reda Kateb par exemple). Pour expliquer ces dernières, certains rétorqueront la nécessité de passer par des lieux où les codes de genre sont balisés, manœuvre pour appuyer le propos ; de même, ils souligneront le besoin d'introduire la vulgarité – entendons avec parcimonie – pour jouer à fond la carte de la « comédie incontournable de fin d'année », mais ne soyons pas dupes, il est clair que Gallienne patauge pour trouver l'équilibre entre les deux sphères (la délicieuse délicatesse et le comique lourdaud).
À cet effet, si le rythme est accrocheur, la mise en scène ludique (les travellings sont naïfs mais réussis, le montage parallèle, les effets spéciaux avec les 2 Gallienne dans le même plan …), l'écriture parfois élégante, l'auto-analyse Allenienne adéquate, « Les Garçons et Guillaume, à table ! » pédale allégrement dans la choucroute pour muscler les zygomatiques. En partie dû au fait que le « naturel » du film, dont se sont emparés les médias depuis des années (on connaît tous l'histoire perso de Gallienne), est poussé à son paroxysme (comprenez Gallienne s'auto-centre).
Bilan : « Les Garçons et Guillaume, à table ! » est une comédie surestimée. S'il est attachant, sincère, distrayant et admirablement mis en scène, le premier film de Guillaume Gallienne est plombé par l'épaisseur du raisonnement (« il y a l'inconscient mais il faut aussi s'assumer soi-même »), ainsi que la maladresse des scènes comiques, toutes vouées au bouillon. 

Anecdote : Peu de temps après être passé sur le divan dans la vraie vie, Guillaume Gallienne a prêté ses traits au psychiatre Samuel Pupkin dans le film « Narco ».
 
La Bande Annonce du film Les Garçons et Guillaume, à table ! :
 
 
NOTE: 6/10
 

8 commentaires:

  1. Alors...selon moi, le film est en 3 parties , la première est écrite, intellectualisée et pensée. Les mots parlent des maux. Les mots soignent les maux (la meilleure partie pour moi). La 2ème partie a lieu avec le départ en Bavière. On tombe dans le visuel qui n'est pas le mode d'expression dans lequel Gallienne excelle.Peut-être parce que c'est un monde qui lui échappe et dont il ne perçoit que "les codes à grosses ficelles" comme la plupart de ses contemporains. Auquel cas, ce n'est pas un échec... Enfin la 3ème partie est somme toute rapide et arrive avec le dîner en terrasse et l'annonce à la mère. Une partie un peu bâclée.

    J'ai ri et j'a pleuré. Que demander d'autres à un film ?

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    1. Ton analyse sur la seconde partie est très pertinente, et je suis d'accord avec toi sur le premier acte

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  2. Je partage totalement ton avis sur ce film Robin. J'ajouterais que la bande son est réussie et sert le film.

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  3. Un bon film, fin et intelligent, juste un bémol pour la partie en Bavière qui l'est un peu moins... 2/4

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    1. Oui, cf l'excellente analyse de Cécile juste au-dessus

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  4. La bande son joue beaucoup.
    Bon film en général mais c'est vrai que certaines blagues sont un peu lourdes et effectivement la fin paraît un peu bâclée.

    Si vous êtes curieux de découvrir des productions et des acteurs Espagnols, c'est par ici:
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    Merci

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