lundi 4 novembre 2013

[Rétrospective #15] 2001 : l’odyssée de l’espace | Stanley Kubrick

2001 : l’odyssée de l’espace (1968) | Stanley Kubrick
Alors que la conquête spatiale fait rage entre les camps soviétique et américain, Stanley Kubrick révolutionne le genre « science-fiction » avec son huitième long métrage, étrange vision de l’univers et de l’évolution humaine.

Synopsis Allociné : A l'aube de l'Humanité, dans le désert africain, une tribu de primates subit les assauts répétés d'une bande rivale, qui lui dispute un point d'eau. La découverte d'un monolithe noir inspire au chef des singes assiégés un geste inédit et décisif. Brandissant un os, il passe à l'attaque et massacre ses adversaires. Le premier instrument est né.
 
En 2001, quatre millions d'années plus tard, un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". A son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux vers Jupiter.
 
Dix-huit mois plus tard, les astronautes David Bowman et Frank Poole font route vers Jupiter à bord du Discovery. Les deux hommes vaquent sereinement à leurs tâches quotidiennes sous le contrôle de HAL 9000, un ordinateur exceptionnel doué d'intelligence et de parole. Cependant, HAL, sans doute plus humain que ses maîtres, commence à donner des signes d'inquiétude : à quoi rime cette mission et que risque-t-on de découvrir sur Jupiter ?
 
Anticipation est peut-être le terme qui décrit au mieux le génie de Stanley Kubrick, dont le professionnalisme fait encore écho de nos jours. Technologie avancée, pertinence des concepts spatiaux … quarante-cinq ans après la sortie du film, rien ne semble obsolète. Suivant à la lettre chacune de ses idées, jusqu’à écarter Arthur Clarke, co-scénariste, Kubrick se montre couillu en offrant à son audience un final interrogeant et troublant (des questions qui demeurent sans réponse précise). Le scénario n’en est pas moins ingénieux et futé, laissant toujours place au suspens et à l’évasion.
Ce chef-d’œuvre ne l’est pas tant pour son mysticisme ou sa démesure, mais surtout pour sa grande révolution. Stanley Kubrick a, en effet, fait appel aux meilleurs techniciens de l’image et des effets spéciaux. Aucun ordinateur ne fut requis. Tout est issu de l’imaginaire foisonnant du metteur en scène anglais et s’incarne sous forme de maquettes grandeur nature, de décors exceptionnels. Deux ans de post-production seront nécessaires. « 2001 : l’odyssée de l’espace » est à la fois merveille contemplative et audace esthétique.
Kubrick fait preuve d’ingéniosité et d’excellence lorsqu'il s’agit de donner vie à l’espace. Absence de repère, silence absolu, perte d’horizon, la vie extra-terrestre n’aura jamais été aussi bien retranscrite au cinéma. Encore une preuve de la maîtrise du réalisateur.
La mise en scène, parfaite en tout point, repose sur de nombreuses techniques cinématographiques : travellings, ellipses, fondus … La première scène, aujourd’hui culte, s’élève comme le symbole de cette réalisation, celle où un singe lance un os dans les airs, os qui, par une ellipse, devient vaisseau spatial flottant dans l’univers. Les mouvements de caméra sont dignes d’un virtuose de la danse classique, nous emportant dans une valse enivrante, sans retour, et dont le tempo serait assuré par des travellings & plans séquences. Afin d’appuyer le propos du cycle (de la vie, de l’évolution), le mouvement circulaire est utilisé avec audace. La séquence où l’astronaute, dans le vaisseau, tourne sur lui-même est d’une audace rare.
 
 
Comme dans tout film de Kubrick qui se respecte, la photographie tient une place prédominante. Couleurs vives (le vaisseau, presque éblouissant) et sombres (le vide intersidéral) cohabitent l'écran. Le célèbre voyage dans un « tunnel » à toute vitesse avec ses couleurs psychédéliques illustre cette quête d’excellence. Tunnel, d'ailleurs embelli par la musique de Ligeti, devenant une authentique splendeur visuelle, créée avec des maquettes et un jeu de lumières.
Le son a également une importance capitale dans le film avec une sélection musicale magistrale et puissante: le Beau Danube Bleu de Johann Strauss, Requiem de Ligeti et l’ouverture de Ainsi Parlait Zathoustra de Richard Strauss. De plus, un élément essentiel de l’espace est le silence. Kubrick a su se servir de ce silence, merveille du réalisme spatial, comme arme pour accentuer la tension et l’ambiance oppressante.
 
 
La distribution reste peut être l’aspect le moins précieux, puisque sur 2h30 de pellicule, on compte uniquement quarante-cinq minutes de dialogues, les acteurs s’effaçant rapidement aux profits des effets digitaux et du scénario. A noter tout de même, l'interprétation convaincante de Keir Dullea en astronaute, troublant dans la scène du passage sur Jupiter où ce dernier se tord sur son siège, lançant un cri muet des plus poignants.

« 2001 : l'odyssée de l'espace » est divisé en quatre parties : l’aube de l’humanité, le monolithe sur la Lune, la mission Jupiter et l’au-delà de l’univers. Kubrick, le visionnaire : son regard sur le cosmos, mais aussi son point de vue sur la dangerosité de la vie électronique que nous créons et qui nous entoure (matérialisée par l’ordinateur HAL 9000, personnage clé). L’homme était et sera toujours confronté à ses inventions et ses doutes, à l’image d’Einstein découvrant les méfaits de l’énergie atomique.
Odyssée sensorielle, métaphysique et psychédélique, « 2001 : l'odyssée de l'espace » a influencé de nombreux longs-métrages comme « Alien, le huitième passager » de Ridley Scott et « Abyss » de James Cameron, pour ne citer qu'eux.
 
Après les missions Apollo, les visions de Kubrick seront confirmées, un grand soulagement pour le réalisateur qui craignait que son film ne passe à la postérité.
 
 
Article rédigé par Cléa Carré

2 commentaires:

  1. Avis aux fans sur la région parisienne(comme moi ;-) ):dans le cadre d'un cycle sur Stanley Kubrick , le samedi 30 Novembre 2013 à 22h00,"2001 l' Odyssée de L'espace" est à l'affiche du restaurant Les Bobines et de sa salle de cinéma à l'étage inférieure dans le 10eme. Si vous y dînez, la séance est offerte! Et on y mange très bien!!! ;-).
    Plus d'info sur le lien : www.les-bobines.fr

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