vendredi 13 septembre 2013

Gravity

Après avoir envoyé sur orbite la dernière Mostra de Venise, puis enivré le Festival du film international de Toronto, « Gravity », le dernier bébé du réalisateur Alfonso Cuaron, s'apprête à débouler sereinement dans les salles et conquérir le cœur des spectateurs du monde entier.
Synopsis Allociné : Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky qui effectue son dernier vol avant de prendre sa retraite. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre – et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante qu'ils retrouvent le moyen de rentrer sur Terre …

Immersif, percutant, grandiose, vertigineux, virtuose, immense … autant de superlatifs qui ne sauraient traduire l'état d'excitation et d'euphorie que l'on ressent en sortie de projo de « Gravity », survival spatial absolument dément, qualifié par le king James Cameron de « best space movie ever done ». Tout de même ! Même prose, cela dit, dans la bouche du compatriote Guillermo del Toro, autre maillon clé de la chaîne hollywoodienne depuis le bijou « Pacific Rim », sorti cet été.

Sur le papier, « Gravity » serait un peu le pendant spatial de « Open Water, en eaux profondes »  mariné à la sauce « 127 heures »: un huit-clos dans un espace à la beauté majestueuse qui devient soudainement hostile et potentiellement mortel. Mais condamner « Gravity » à son synopsis serait incroyablement réducteur. « Gravity » est une sorte de blockbuster expérimental, façon « 2001 : l'odyssée de l'espace », dans lequel on entre par un long plan séquence à couper le souffle, technique récurrente du mexicain – rappelez-vous la séquence monumentale des « Fils de l'homme », ou les quelques plans filmés de cette manière dans « Harry Potter et le prisonnier d'Azkhaban », meilleur opus de la saga.
Cette introduction, à l'image du reste de l'œuvre – un splendide ballet visuel de gestes ultra chorégraphiés entre deux cosmonautes gravitant dans l'espace infini d'un ciel noir et ocre, balayé par une caméra omnisciente qui file d'un personnage à l'autre sans discontinuité, et renforcé par une 3D irréprochable – laisserait-elle poindre une part d'esbroufe et d'emprise techniciste sur la vie des images, témoin en quelque sorte d'un surmoi Kubrickien ? Pas vraiment. Car s'il est techniquement vertigineux et révolutionnaire en inventant un cinéma sans entrave, « Gravity » l'est aussi sur le plan humain, avec à la clé une expérience sensorielle et sensitive hallucinante, un film planant sur l'attraction terrestre & humaine, le lâcher prise, la crainte du vide (assez ironique on doit dire, l'espace si vaste et pourtant si étouffant), la lente désintégration des corps, le rapport aux autres, sans jamais lorgner du côté du braquage lacrymal.
Des réflexions intelligentes redevables à Alfonso Cuaron, mais aussi au couple George Clooney / Sandra Bullock (future nomination à l'Oscar pour cette dernière ?), dont la force de jeu ébahit le spectateur à chaque instant. Sandra Bullock est en effet particulièrement superbe dans ce rôle à la fois démonstratif (les émotions extériorisées), et tout en retenue (la force de se battre). Dans « Gravity », la peur de l'environnement inconnu, hostile à l'homme, les obstacles sans fin (la pénurie d'oxygène, les explosions, les projectiles), la solitude occasionnent un suspense terriblement haletant, soutenu par la performance des deux comédiens. Bref, une portée sensationnelle, parfaitement illustrée par un épilogue somptueux, qui vient achever d'asseoir « Gravity » à la place de « chef d'œuvre » de l'année.
On pardonnera très aisément une bande originale qu'on aurait peut-être souhaité moins omniprésente. Même si un ascenseur émotionnel piloté par les cordes de Steven Price paraît être une évidence, dommage que le compositeur renforce parfois un peu trop le récit à l'aide de sonorités risibles.
Bilan : Disons-le tout de go, « Gravity » est un de ces films qu'il ne faut pas louper dans les salles obscures. Sept ans de préproduction auront été nécessaires à Alfonso Cuaron pour qu'il mette en boîte son film. Bien lui en a pris, puisqu'il fait intensément rêver en offrant là une vraie proposition de cinéma, probablement plus excitante que n'importe quel blockbuster cette année ou attraction « Space Mountain » à Disneyland.
Anecdote : À l'origine, Angelina Jolie devait jouer le rôle principal féminin de « Gravity », mais rejeta la proposition (à deux reprises!). Une ribambelle d'actrices fut envisagée : Rachel Weisz, Naomi Watts, Natalie Portman, Scarlett Johansson, Marion Cotillard, Abbie Cornish, Carey Mulligan, Sienna Miller, Blake Lively, Rebecca Hall et Olivia Wilde ont d'ailleurs été approchées, voire ont carrément passé quelques essais. Natalie Portman fut la candidate la plus sérieuse, mais sa grossesse l'a contrainte à finalement refuser, et c'est donc Sandra Bullock qui signa pour incarner l'astronaute Ryan Stone.
 
La Bande Annonce de Gravity:
 
 
NOTE: 10/10

3 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord, c'est sublime, juste un bémol pour le côté survival, trop simpliste... 9/10

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  2. Aïe : j'ai quant à moi trouvé ce film techniquement irréprochable, mais le scénario simpliste et bourré de tics amerlocains (une catastrophe définitive toutes les deux minutes, c'est fatigant et ça en devient même comique !)… Quant à la morale de l'histoire, niveau philo pour pps internet, elle n'a pas contribué à me réveiller. Seule scène vraiment touchante : au moment où l'héroïne capte la voix de l'inuit et de ses chiens.

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  3. Non, Gravity ne doit pas son succès à son scénario, car ce dernier est assez pauvre en dialogue. Cependant, les images sont extraordinaires et c’est la raison pour laquelle cette œuvre mérite d’être vue. Pour finir, j’attribue une note de 8.5 sur 10 à ce petit chef-d’œuvre.

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