vendredi 24 janvier 2014

The Ryan Initiative

Après quatre aventures ciné inégales (l’excellent « A la poursuite d’Octobre rouge », signé John McTiernan, suivi des dispensables « Jeux de guerre » & « Danger Immédiat », puis du déjà plus honnête « La Somme de toutes les peurs ») et 11 ans de vacances (« La Somme de toutes les peurs » date de 2003), l’analyste de la CIA Jack Ryan, personnage inventé par le romancier Tom Clancy, reprend du service sur grand écran. Commandé par Paramount Pictures, ce reboot de la saga, intitulé « The Ryan Initiative » (« Jack Ryan : Shadow Recruit » en version originale) pour surfer sur la vague du succès « The Bourne … », est réalisé par Kenneth ‘Shakespeare’ Branagh avec pour objectif premium de « réveiller » une franchise qui hibernait à Hollywood depuis quelques années. Révélé par un autre reboot il y a quelques années (« Star Trek »), Chris Pine endosse le rôle du célèbre espion des romans de Clancy dans cette nouvelle version et est donc le quatrième acteur à prêter ses traits au personnage de Ryan, après qu’il ait été incarné au cinéma par Alec Baldwin (« A la poursuite d’Octobre rouge »), Harrison Ford (« Jeux de guerre », « Danger immédiat ») et Ben Affleck (« La Somme de toutes les peurs »). Sortie en salles prévue le 29 janvier 2014.
Synopsis Allociné : Ancien Marine, Jack Ryan est un brillant analyste financier. Thomas Harper le recrute au sein de la CIA pour enquêter sur une organisation financière terroriste. Cachant la nature de cette première mission à sa fiancée, Jack Ryan part à Moscou pour rencontrer l’homme d’affaires qu’il soupçonne d’être à la tête du complot. Sur place, trahi et livré à lui-même, Ryan réalise qu’il ne peut plus faire confiance à personne. Pas même à ses proches. 
Transformer Jack Ryan en pâle ersatz d’Ethan Hunt ou Jason Bourne, voire le métamorphoser en clone de James Bond et John McClane – le swag en moins – est certes une idée intéressante et fructueuse au niveau économique mais vraiment irrecevable sur un plan purement artistique, surtout lorsqu’on connaît un minimum la personnalité du personnage créé par Tom Clancy, qui est davantage un « cerveau » de bureau, incollable en géopolitique mondiale, que le hacker ou le vulgaire agent tout terrain (prêt à distribuer quelques tatanes) présenté ici.
Kenneth Branagh, qui n’a donc pas (ou peu) compris la figure « Jack Ryan », propose un film d’espionnage lambda, réalisé à l’arrache, comme s’il n’avait pas eu le temps de respecter la deadline fixée par le studio pour rendre sa copie (ceci est d’ailleurs peut-être vrai, Branagh ayant remplacé Jack Bender au pied levé au poste de réalisateur, NDLR). Ainsi, « The Ryan Initiative » n’est pas foutu d’introniser correctement ses personnages (caractérisation maladroite du trainer incarné par Kevin Costner, rencontre sentimentale traitée en deux minutes chrono), expédie ses enjeux (le dessein exact du bad guy, le secret de l’identité de l’espion caché à sa fiancée, puis révélé en milieu de course), et bâcle son dernier acte, condamné à une course-poursuite brouillonne et un épilogue miséreux.
Dommage car le metteur en scène nord-irlandais aligne pourtant quelques moments d’espionnage tendus et bien rythmés dans les rues de Moscou, quoique mal maîtrisés sur un plan opératoire (cadrage maladroit, montage rapide infâme). D’ailleurs, la mise en scène de Branagh s’avère ultra fonctionnelle tout du long, totalement impersonnelle et dénuée d’inspiration.
Quant à l’intrigue qui se veut « moderne » (en gros, un homme d’affaires russe qui effectue un krach boursier à distance via un cheval de Troie pour s’enrichir), elle lorgne plus du côté d’un mauvais Die Hard (le 4ème opus pour le récit impacté dans l’aire du temps, le 5 pour la localisation géographique) que de l’ambiance conspirée post-Guerre Froide désirée, et demeure extrêmement basique, avec de plus quelques raccourcis scénaristiques (la révélation de plusieurs twists dans le camion de la CIA) dignes d’une pitoyable production DTV.
De l’autre côté de la caméra, Kenneth Branagh interprète un méchant de pacotille, caricature du russe à l’accent prononcé (que fait Branagh à part rouler les « r » ?). Chris Pine & Kevin Costner s’en tirent pas trop mal, mais le premier ressemble plus au minet qu’il incarnait dans « Target » qu’au Jack Ryan des romans, et le second joue le mentor déjà vu cent fois. Quant à Keira Knightley, qui avait pourtant juré avoir tourné la page des blockbusters après la trilogie « Pirates des Caraïbes », l’actrice fait office de faire-valoir féminin, tendance atout charme. Trop d’impôts à payer Keira ?
Bilan : Un techno-film d’espionnage banal, qui se rêve alternative à James Bond, Jason Bourne et consorts. Sauf que Jack Ryan n’est en rien James Bond, Jason Bourne et consorts Kenneth ! En espérant un reboot de meilleure qualité d’ici quelques années …
Anecdote : C’est le premier film de la licence qui ne s’appuie pas directement sur l’un des livres de l’auteur. Kenneth Branagh et ses scénaristes Adam Cozad et David Koepp ont refusé de s’enfermer dans l’adaptation de l’un des romans écrits par Clancy. Quant on voit le résultat, on se dit qu’il aurait peut-être mieux valu se baser sur un matériel de départ plus solide.


La Bande Annonce de The Ryan Initiative :


NOTE : 3,5/10

2 commentaires:

  1. Effectivement, banal et classique mais un divertissement honnête... 5/10

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  2. Personnellement, je trouve que le scénario souffre d’un manque d’originalité. Autrement dit, tout est prévisible ! Toutefois, c’est un bon divertissement.

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