dimanche 19 janvier 2014

Les Brasiers de la Colère

« Les Brasiers de la Colère » est le second film du réalisateur Scott Cooper, réalisateur qu'on avait pu voir à l'œuvre en 2009 avec « Crazy Heart », lauréat de deux Oscars dont un pour son interprète principal : Jeff Bridges. Ce premier long-métrage ayant marqué les esprits, Scott Cooper a logiquement gagné le droit de s'entourer de beau monde pour son second essai au poste de metteur en scène. Christian Bale, Casey Affleck, Woody Harrelson, Forest Whitaker, Willem Dafoe, Sam Shepard et Zoë Saldana offrent tout leur talent devant la caméra tandis que Leonardo DiCaprio, Ridley et feu Tony Scott officient derrière, à la production. Ce casting de renom s'attache à dépeindre le mieux possible ce qui apparaît comme être l'un des thèmes de prédilection du réalisateur : une réalité dure où la misère socio-économique est hélas reine.
Synopsis Allociné : À Braddock, une banlieue ouvrière américaine, la seule chose dont on hérite de ses parents, c’est la douleur. Comme son père, Russell Baze travaille à l’usine, mais son jeune frère Rodney a préféré s’engager dans l’armée, en espérant s’en sortir mieux. Pourtant, après quatre missions difficiles en Irak, Rodney revient brisé émotionnellement et physiquement. Lorsqu’un sale coup envoie Russell en prison, son frère cadet tente de survivre en pariant aux courses et en se vendant dans des combats de boxe. Endetté jusqu’au cou, Rodney se retrouve mêlé aux activités douteuses d’Harlan DeGroat, un caïd local sociopathe et vicieux. Peu après la libération de Russell, Rodney disparaît. Pour tenter de le sauver, Russell va devoir affronter DeGroat et sa bande. Il n’a pas peur. Il sait quoi faire. Et il va le faire, par amour pour son frère, pour sa famille, parce que c’est juste. Et tant pis si cela peut lui coûter la vie.


Psychologique et réaliste sont probablement les deux adjectifs qui décrivent le mieux « Les Brasiers de la Colère ». Braddock, petite ville de Pennsylvanie désertée par la population locale, peut être considérée comme le personnage principal du film. Cette commune de la Rust Belt, où le seul moyen de gagner sa vie est de travailler à la sueur de son front à l'usine, quitte à se flinguer la santé, personnifie immédiatement l'état d'âme des environs : un contenant dénué d’espoir. Scott Cooper traite spécifiquement de la classe ouvrière américaine qui doit lutter quotidiennement pour (sur)vivre. Il trouve en Christian Bale un interprète de choix pour incarner les émotions impliquées par ce contexte. L'acteur livre comme à l’accoutumée une performance magistrale et parvient à transmettre, avec son visage abîmé et pudique, les affres d'une vie esquintée un peu plus chaque jour par le travail du métal éreintant.
La mise en scène, à la fois dure et intimiste, frappe l’inconscient face à la situation des personnages et à la dureté des drames auxquels ils font face. S'il s'agit là indéniablement du point fort des « Brasiers de la Colère », c'est également l'un de ses défauts. Souvent trop appuyé par ces phases psychologiques assommantes, le long-métrage pâtit d’un rythme mou et de transitions longuettes. Alors même que le spectateur comprend le désespoir des protagonistes et qu'une once de joie n'est pas envisageable, Scott Cooper se sent obligé d'en rajouter une couche à plusieurs reprises pour susciter l'empathie. Au bout du compte, l'effet escompté ne fonctionne plus vraiment, ce d'autant plus que les péripéties qui alimentent ce nihilisme ont déjà été rabâchées maintes fois au cinéma (« Voyage au bout de l’enfer », Andrew Dominik, William Friedkin) et ne sont pas aidées par les seconds-rôles, qui manquent cruellement de profondeur, voire de consistance (Zoë Saldana notamment, qui a beaucoup de mal à tirer à trouver sa place).
Conçu sur un moule connu et facilement identifiable (on passe du drame au thriller jusqu'à l'inévitable dernière partie façon dual), le classicisme et la mollesse dont fait preuve le long-métrage n'aident pas vraiment à captiver l’audience jusqu'au bout. C'est donc dans un ennui poli que le spectateur se fraie un chemin jusqu'à l'épilogue pour lequel Cooper semble avoir gardé ses dernières ressources. Désespéré et inéluctable, « Les Brasiers de la Colère » se clôture sur de belles images, qui masquent à peine la déception quant au constat final.
Bilan : Porté par un réalisme en béton-armé et l'interprétation d'un Christian Bale au dessus de tout, « Les Brasiers de la Colère » n'a pas la fureur et l'incandescence qu'impliquent son titre. Même s'il est cohérent jusqu'au bout dans sa mise en scène du désespoir couleur rouille, « Les Brasiers de la Colère » patauge : l'intrigue peine à captiver à forcer de ressasser, sans innover, des arcs narratifs au goût de déjà-vu.
Anecdote : Pour les besoins d'une scène où le personnage de Woody Harrelson sort dans la rue afin de regarder autour de lui si personne ne l'observe, Christian Bale est resté dans la voiture garée plus loin et ce même si Harrelson ne pouvait le voir de cette distance (et que Bale n'apparaît pas à l'écran !). Harrelson se souvient : "Christian est resté assis dans cette bagnole pendant plus d’une heure, simplement pour m’aider à me représenter cette présence invisible. C’est l’une des choses les plus impressionnantes qu’un autre acteur ait faites pour moi."



La Bande Annonce du film Les Brasiers de la Colère :


NOTE : 5/10


Article rédigé par Guillaume Seeleuthner

1 commentaire:

  1. Note sévère vis à vis de ta critique pourtant pas si mauvaise... En gros je suis d'accord mais ma note est meilleure... 7/10

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