lundi 9 septembre 2013

White House Down

Au royaume des films – projets concurrents (« Fourmiz » versus « 1001 pattes », « Armageddon » versus « Deep Impact », « La Guerre des boutons » versus « La Nouvelle guerre des boutons », « Sex Friends » versus « Sexe entre amis », « Mission to Mars » versus « Planète Rouge », « Le Pic de Dante » versus « Volcano »), c'est souvent la loi du plus rapide qui fait rage. C'est aujourd'hui Roland Emmerich et son « White House Down » qui en font les frais, puisque les recettes de son actioner movie se sont avérées relativement inférieures à celles de « La Chute de la Maison Blanche » – succès surprise du box office en mars dernier sur le même thème – et bien en-deçà des attentes de Sony Pictures, studio distributeur.
Pourtant, « White House Down » partait à priori largement gagnant, avec un budget plus conséquent, laissant présager des séquences d'action époustouflantes, et un casting quatre étoiles nettement plus bankable que celui du film d'Antoine Fuqua. Après « La Chute de la Maison Blanche » dans lequel Gérard Butler doit sauver le président Aaron Eckhart, c'est cette fois Channing Tatum qui vient en aide à Jamie Foxx.
Synopsis Allociné : Membre de la police du Capitole, John Cale vient de se voir refuser le job dont il rêvait : assurer la protection du président des Etats-Unis. Espérant éviter à sa fille une déception lorsqu'il lui apprendra la nouvelle, il l'emmène visiter la Maison-Blanche. C'est à ce moment qu'un groupe paramilitaire lourdement armé attaque le bâtiment. Alors que le gouvernement américain sombre dans le chaos, Cale va tenter de sauver sa fille, le président, et le pays tout entier …
Roland Emmerich serait-il en panne complète d'inspiration ? Après avoir été officialisé réalisateur de « Independence Day 2 », suite de son triomphe planétaire sorti en 1996 (17 ans, déjà!), puis annoncé sur le reboot de son « Stargate, la porte des étoiles », voilà le célèbre metteur en scène d'origine allemande aux commandes d'un pathétique ersatz – croisement de « Piège de cristal » et « Rock ».
Il faut dire que le pyrotechnicien, spécialiste des films catastrophes « Le Jour d'après » & « 2012 », est franchement peu aidé par son scénariste, James Vanderbilt, qui se contente de reprendre machinalement de vieilles formules, sans se les réapproprier.
Un authentique plagiat lorsque James Vanderbilt récupère fissa l'intrigue principale de « La Chute de la Maison Blanche » (en gros, des paramilitaires qui infiltrent la Maison Blanche dans un but précis, autre qu'un simple leitmotiv pécuniaire), puis reprend des sous-intrigues et coups de théâtre de « Piège de cristal » : un membre de la famille détenu en otage et identifié par le bad guy grâce à sa carte d'identité, l'hélico des flics qui tire à tout va, quitte à sacrifier quelques innocents (remember Johnson & Johnson), le vol d'un talkie walkie sur le cadavre d'un homme de main pour filer & identifier les terroristes.
Nous pouvons même parler de pillage tant Roland Emmerich et son équipe s'accaparent l'univers de la saga initiée par John McTiernan : le costume (le célèbre marcel), le nom (John Cale, ça vous rappellerai pas un certain John McClane), le véhicule (la limo), les lieux (l'ascenceur) et le personnage secondaire du hacker, qui écoute de la musique classique tout en accédant aux codes d'un coffre. Affligeant de médiocrité !
Autre pompage en bonne et due forme : « Rock », de Michael Bay. Caractérisation des personnages similaire (le chef timbré des mercenaires, l'infiltration de départ, le lead introducing character), mort d'un des vilains calqué sur celle du Capitaine Frye (Gregory Sporleder), voire reproduction de certaines scènes à l'IDENTIQUE : la partie de foot avec une grenade, ou encore les fameuses fusées de détresse vertes, déployées par un Nicolas Cage blessé, afin de contrecarrer le plan de bombardement d'un pilote de F-18 hésitant … belle razzia de Roland Emmerich !!!
Que dire du reste : raccourcis vaseux, emploi premier degré des ralentis (héroïsants), de la musique (Harald Kloser, fidèle collaborateur d'Emmerich, livre une partition des petits jours), et des stars (hameçons dociles), découpage brouillon, effets spéciaux cheap voire grotesques (la limousine qui atterrit dans la piscine), séquences de combats / gunfight mal filmées, et surtout humour au rabais.
L'auto-dérision dont fait preuve Roland Emmerich – faire sauter la Maison-Blanche à trois reprises (dans « Independance Day », « Le Jour d'après » et « 2012 », NDLR), faut le faire quand même – fait, en effet, rarement mouche (une tirade à peine marrante sur l'explosion du bâtiment dans « Independence Day »). Les punchlines sont douteuses, les répliques balancées par Jamie Foxx ou Channing Tatum rarement drôles, ce qui lance un effet assez bouleversant : on finit par rire du film, et non grâce à lui.
Les points positifs : le casting de haut vol tout d'abord. Le duo Channing Tatum / Jamie Foxx fonctionne efficacement, avec des plans & répliques bien badass, ainsi qu'une palette de jeu variée et surprenante pour les deux compères. Tatum confirme son statut d'étoile montante hollywoodienne et Jamie Foxx poursuit son incroyable carrière.
Maggie Gyllenhaal, ensuite, d'habitude relativement fade, surprenante ici par son implication dans le rôle, celui d'une agent des services secrets. Puis, Jason Clarke & James Woods, qui assurent amplement le job dans la peau des bad guys, et enfin Richard Jenkins, impeccable comme toujours.
Deuxième atout de choix : le travail exceptionnel du chef décorateur Kirk M. Petrucelli, qui a recrée d'arrache-pied à 70% la véritable résidence du président des Etats-Unis en faisant appel à 32 designers (sept semaines de labeur sur l'architecture du bâtiment), chapeau ! Enfin, troisième trouvaille plutôt inventive : avoir pris l'initiative de faire subir à la Maison-Blanche de nombreuses attaques, explosions, incendies, inondations … à la manière d'un scénario de films catastrophe, genre dont Roland Emmerich est évidemment le patron à Hollywood.
Bilan : À la course des « Die Hard à la Maison-Blanche », nous avions parié sur le mauvais cheval l'an dernier, soit « White House Down », saccage irrecevable de « Piège de cristal » et « Rock » par Roland Emmerich, et aussi utile qu'un doliprane après avoir reçu une balle en pleine tête, de qualité artistique nettement inférieure à celle de son rival, « La Chute de la Maison Blanche ».
Anecdote : Trois personnes ont un lien avec Jake Gyllenhaal sur ce film. Maggie Gyllenhaal tout d'abord, sœur du comédien et créditée au générique de « White House Down ». Roland Emmerich himself ensuite, puisque réalisateur du « Jour d'après », dans lequel joue Jake Gyllenhaal. Et enfin, Jamie Foxx qui avait déjà collaboré avec l'acteur sur « Jarhead – la fin de l'innocence ».
La Bande Annonce de White House Down:
 
 
NOTE: 3,5/10
 

13 commentaires:

  1. Un authentique plagiat lorsque James Vanderbilt récupère fissa l'intrigue principale de « La Chute de la Maison Blanche »

    ~~> j'ai du mal avec cet argument, puisque les deux films se sont faits quasiment au même moment, le scénariste n'aurait pas pu écrire le scénario du film 3 mois avant sa sortie en salles...

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    1. Effectivement, là tu marques un point, j'ai peut être un peu abusé en disant ça.

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  2. Pour la comparaison avec Die Hard, je trouve justement qu'Emmerich s'en extirpe avec talent, puisque son héros ne fait pas cavalier seul mais forme un tandem (qui fonctionne très bien au passage) avec le président. Un tandem qui ne ressemble pas à celui de Die Hard 3.

    La maîtrise de l'espace et l'utilisation des décors est très bonne, on ne tourne pas en rond entre deux couloirs et on a l'impression de faire le tour de la maison blanche, même une incursion sur la pelouse.

    Olympus has fallen ressemblait beaucoup plus à un sous Die Hard mélangé à un épisode de 24 allongé, avec des emprunts en termes d'humour, de huis-clos badass et un personnage isolé tout le long.

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    1. "La maîtrise de l'espace et l'utilisation des décors est très bonne, on ne tourne pas en rond entre deux couloirs et on a l'impression de faire le tour de la maison blanche, même une incursion sur la pelouse."

      ça je suis entièrement d'accord (et j'en parle dans les qualités du film)

      "Pour la comparaison avec Die Hard, je trouve justement qu'Emmerich s'en extirpe avec talent, puisque son héros ne fait pas cavalier seul mais forme un tandem (qui fonctionne très bien au passage) avec le président. Un tandem qui ne ressemble pas à celui de Die Hard 3."

      là je le suis moins, 's'en extirpe avec talent', je trouve pas vraiment, au contraire, il plagie sans talent.

      "Olympus has fallen ressemblait beaucoup plus à un sous Die Hard mélangé à un épisode de 24 allongé, avec des emprunts en termes d'humour, de huis-clos badass et un personnage isolé tout le long."

      Ok pour dire que c'était du sous Die Hard, ok pour dire que ça ressemble à du 24 étiré, et les emprunts qui vont avec !! La Chute de la Maison Blanche était déjà pas terrible à mon goût et un produit hyper calibré, mais ça reste mongolo bourrin détendant pour un dimanche soir.

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  3. "découpage brouillon, effets spéciaux cheap voire grotesques (la limousine qui atterrit dans la piscine), séquences de combats / gunfight mal filmées, et surtout humour au rabais."

    ~~> encore une fois pas du tout d'accord avec cette analyse. Emmerich livre une mise en scène propre, dynamique, plus sobre que d'habitude même. L'action est très lisible, ce qu'on ne peut pas dire de la plupart des films d'action récents, pollués par une shaky-cam masquant les faiblesses des réalisateurs.
    On peut dire ce qu'on veut d'Emmerich, mais dire qu'il filme mal me paraît gratuit et sans fondement...

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    1. "l'action lisible", on a pas dû voir le même film, je suis vraiment pas ok, les gunfights sont irregardables.

      La shaky-cam est un précieux atout si on sait bien l'utiliser (Bourne +++, District 9).

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  4. Les punchlines sont douteuses, les répliques balancées par Jamie Foxx ou Channing Tatum rarement drôles, ce qui lance un effet assez bouleversant : on finit par rire du film, et non grâce à lui.

    ~~> l'un des points forts du film selon moi. C'est fun, toujours amusant et le tandem principal est agréable à suivre. C'est pensé pour le grand public certes, mais ça fonctionne.
    Je n'ai vu personne rire du film pendant la séance. Rire aux blagues oui, par contre.

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    1. Les vannes m'ont pas fait marrer, à part deux trois punchlines de Jamie Foxx. C'est surtout les répliques de Channing Tatum qui m'ont dérangées ...

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  5. Le duo Channing Tatum / Jamie Foxx fonctionne efficacement, avec des plans & répliques bien badass

    ~~> le film n'est pas du tout badass, contrairement à Olympus has fallen, série B vitaminée et badass.
    Emmerich a toujours fait dans le blockbuster grand public, c'est son credo.

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    1. Ok pour dire que OHF est nettement plus vitaminé et badass et que WHD l'est bcp moins, mais y'a un ou deux plans vendus comme du badass dans WHD => le marcel par exemple.

      Par contre, je suis d'accord avec toi sur le marketing d'Emmerich.

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  6. de qualité artistique nettement inférieure à celle de son rival, « La Chute de la Maison Blanche ».

    ~~~> d'un côté une série B bourrine et plutôt sympa, de l'autre un vrai film propre et plaisant. La qualité artistique ne se discute pas, Emmerich l'emporte pour moi. Le travail sur les décors, le casting supérieur, l'utilisation des lieux plaident en la faveur de White House Down.

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    1. "Le travail sur les décors, le casting supérieur, l'utilisation des lieux plaident en la faveur de White House Down." Ok pour tous ces arguments, qui effectivement lui prêtent une qualité "artistique" supérieure, je me suis sans doute mal exprimé tu as raison.

      C'est au niveau du plaisir partagé que j'ai préféré OHF.

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  7. C’est dommage que le film n’ait pas le succès escompté, car c’est un bon divertissement.

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