dimanche 15 septembre 2013

9 mois ferme

« 9 mois ferme » est le nouveau drame rigolo et barré d'Albert Dupontel. Comme à l'accoutumée (« Bernie », « Le Créateur », « Enfermés dehors », « Le Vilain »), le trublion s'est octroyé la triple casquette d'acteur / scénariste / réalisateur. Présenté en avant-première un peu partout en France, et sélectionné officiellement à l'Etrange Festival 2013 à Paris, « 9 mois ferme » sortira sur les écrans larges le 23 octobre prochain.
Synopsis Allociné : Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend …
Albert Dupontel aurait-il réalisé la meilleure comédie française de l'année ? Attendons encore les sorties de « Les Garçons et Guillaume, à table ! » et « Quai d'Orsay » pour statuer, mais tout porte à croire que oui. Tout d'abord, car « 9 mois ferme », rencontre improbable entre une juge psychorigide et un délinquant disjoncté, fortement influencée par le documentaire de Raymond Depardon « 10è chambre - Instants d'audience » (dixit Dupontel himself), est vraiment hilarant. Un humour loufoque, à des kilomètres des sentiers battus, des situations absurdes dignement héritées des Monty Python, une écriture au cordeau, un propos délicat mais profondément humain en toile de fond (la justice) … autant d'atouts précieux dans cette dramédie hors norme.
Les références ? Une adoration absolue pour « l'image », qui permet de prendre de la distance avec la réalité, aide Dupontel à arpenter ses films. Pas étonnant donc l'amour pour la troupe des Monty Python. Dans « 9 mois ferme », Albert Dupontel pousse l'admiration encore plus loin, puisque l'une des affiches de son film rend clairement hommage à celle de « Brazil » de Terry Gilliam, ce dernier étant également présent au générique (un rôle déjanté, Charles Meatson alias « Famous man-eater »).

L'autre force de « 9 mois ferme » ? Le rythme soutenu, avec un enchaînement à la pelle des séquences cocasses (l'auto-avortement, les hypothèses de Dupontel sur l'origine du crime atroce, la plaidoirie de l'avocat à la fin) et des jeux de mots barjo (« qui vole un œuf bute un veuf »). Une cadence poilante bien étayée, il faut l'avouer, par une mise en scène particulièrement réussie, où Albert Dupontel s'inspire aussi bien des techniques Jean-Pierre Jeunet (un collage de vignettes fictives en guise de présentation des antécédents de Bob Nolan, une scène en ombres chinoises), que de Terry Gilliam, voire de ses propres œuvres (l'utilisation des espaces chez la juge rappelle les abords de l'appart du « Vilain »).
Une formidable prestation de Sandrine Kiberlain (très très drôle), une galerie de personnages tordants (un légiste, un avocat, un flic, un surveillant, un gynécologue, des journalistes ... interprétés par des fidèles collaborateurs de Dupontel pour la plupart, de Philippe Duquesne à Bouli Lanners, en passant par Nicolas Marié et Philippe Uchan), ainsi que de nombreux guests (Yolande Moreau, Jan Kounen, Gaspar Noé et un caméo surprise) finissent de complémenter cette fiction.
Bilan : Après la « comédie de mœurs déviante » « Le Vilain », Albert Dupontel revient avec force et intensité au film plus réaliste, le déjanté « 9 mois ferme », porté par une Sandrine Kiberlain des grands jours. La crise d'énurésie guette, chers spectateurs !
Anecdote : Albert Dupontel et son équipe ont vraiment tourné dans le Palais de Justice. Dupontel déclare à propos de ce décor unique au monde : « Aucun Palais de Justice n'existe dans un lieu aussi ancien et prestigieux. Le paradoxe réside entre la beauté des lieux et les tragédies qui s'y déroulent au quotidien … c'est très impressionnant. »

La Bande Annonce de 9 mois ferme:

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537099&cfilm=213856.html
 
NOTE: 8,5/10

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