mercredi 7 août 2013

[Rétrospective #13] Cube | Vincenzo Natali

Cube (1997) | Vincenzo Natali
Budget réduit au strict minimum, moins d’un mois de tournage, premier long-métrage, décor unique, acteurs méconnus … Cube est un pari à hauts risques et, pourtant, réussi par le jeune réalisateur canadien Vincenzo Natali.

Synopsis Allociné : Un groupe de personnes, sans savoir pourquoi, se retrouve enfermé dans une prison surréaliste, un labyrinthe sans fin constitué de pièces cubiques communicantes et équipées de pièges mortels. Le policier, l'architecte, l'étudiante en mathématiques, la psychologue et l'autiste captifs ne savent qu'une seule chose : chacun possède un don particulier qui, combiné aux autres, peut les aider à s'évader. Au fur et à mesure que la peur grandit, les conflits personnels et les luttes de pouvoir s'amplifient. Il leur faudrait pourtant réussir à s'associer pour échapper à une mort certaine.
Cube, c’est avant tout un scénario. L’idée d’enfermer six personnes dans un cube comportant de multiples salles, elles-mêmes cubiques, aux nombreux pièges, peut paraître simple. Le canadien a réussi à exploiter cette simplicité comme une force afin d’en faire un huis-clos oppressant et machiavélique.
 
Les protagonistes, aux facettes conflictuelles et complémentaires, devront se surpasser pour défier ce mystérieux cube, mais surtout, pour gérer au mieux les conflits qui se manifestent au sein du petit groupe. D’un réel intérêt psychologique, ce scénario tortueux et pour le moins inventif exploite au maximum la claustrophobie et la peur de l’Autre.
Les multiples interrogations apportées tout au long du film ne font qu’entretenir cette atmosphère pesante et cette tension omniprésente. Rien n’est expliqué, tout est questionné laissant un arrière-goût de mal être malsain et démoniaque, comme si les pièges assassins du cube ne suscitaient pas assez de tortures psychiques et physiques. Tout n’est que vision cauchemardesque de l’enfermement et rêve de l’évasion. À l’image de la vie, il n’y a pas de solution, il n’est que de recherche et de quête de soi.
Situé au carrefour de la science-fiction et du film d’horreur, Cube est réalisé judicieusement et intelligemment. Avec un décor de 4,5 mètres, l’équipe s’est montrée audacieuse et réfléchie. Chaque cadrage de l’action, assemblé de manière éclairée, se révèle comme le miroir des craintes de l’inconnu et du doute. La photographie, bien que criarde, et les décors, aseptisés et chirurgicaux, font pleinement écho avec les sentiments de claustrophobie et d’inconnu apportés tout au long du film.
 
Cette expérience cinématographique, bercée par l'angoisse et le pessimisme, critique subtilement la société contemporaine. S’opère alors la métaphore du conditionnement humain où chacun préfère se démener seul, l’union étant pourtant la seule clé du cube. Les dialogues, incroyablement percutants, vont dans ce sens.
Pour son premier long-métrage, Vincenzo Natali réalise une petite prouesse animée par sa capacité à créer une forme de démence chez ses personnages et à rendre fou celui qui chercherait à comprendre la face cachée du cube. Bien que la fin, sans réponse, semble être donnée pour une suite, ce divertissement demeure efficace et plaisant.
 
Article rédigé par Cléa Carré

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