jeudi 8 août 2013

Byzantium

Un casting alléchant (Gemma Arterton, Saoirse Ronan, Caleb Landry Jones), un réalisateur de talent (Neil Jordan, auteur du chef d'œuvre « Entretien avec un vampire »), une bande-annonce impressionnante … et pourtant, toujours pas de distributeur français pour « Byzantium ». Coincé au beau milieu du carrefour des nombreuses sorties estivales, peu de chance hélas de voir débarquer le long métrage de Neil Jordan durant les prochaines semaines.
  
Synopsis Allociné : Une jeune mère vampire mord sa fille. Les deux femmes se sont passer pour des sœurs et forment un duo mortel.
Presque 20 ans après avoir habilement adapté le roman vampirique d'Anne Rice, Neil Jordan replonge dans le mythe des buveurs de sang. Le réalisateur irlandais, à la carrière éclectique, remplace les suceurs de sang Tom Cruise & Brad Pitt par des suceuses, en l'occurence Gemma Arterton & Saoirse Ronan, deux jeunes femmes qui parcourent le monde sans but depuis des siècles, jusqu'au jour où …
Plusieurs bonnes trouvailles dans ce « Byzantium » : tout d'abord, Neil Jordan évite de nous servir l'habituel conflit humains / vampires, et nous offre à la place quelques confrontations vampires / vampires inattendues.
Dans un second temps, il faut saluer l'énorme travail de dépoussiérage de Neil Jordan, qui modifie les « règles » pour mieux se les réapproprier ; ici les vampires n'ont pas de canines proéminentes et ne souffre pas de photophobie, mais, rassurez-vous, l'hémoglobine coule tout de même à flot. Ces éléments donnent d'ailleurs lieu à l'enchaînement de plusieurs scènes graphiques sublimes (la douche de sang de Gemma Arterton), et permettent de restaurer le côté « gothique » des créatures en suscitant une certaine poésie, doublée de dramaturgie. « Byzantium » marque d'ailleurs la première collaboration entre Neil Jordan et Sean Bobbitt (le DP de « The Place Beyond The Pines »), assez fructueuse si l'on en croit la parfaite harmonie régnant entre les images et l'humeur du film.
Le réalisateur de « Ondine » s'éloigne des clichés aseptisés propres au genre (« Twilight » et autres niaiseries ringardes) et explore un thème assez « nouveau » sur ce terrain, celui des liens du sang unissant le créateur et sa progéniture, assimilés à ceux d'un enfant et de sa mère, avec cette réelle difficulté de cette dernière pour « couper le cordon ».
Enfin, Neil Jordan prend le temps – le rythme de « Byantium » est volontairement lent et posé – de reprendre la problématique de l'emprisonnement – éternel – au sein d'un corps ne correspondant pas nécessairement à l'intellect, sujet qu'il avait par ailleurs déjà abordé dans « Entretien avec un vampire » avec le personnage incarné par Kirsten Dunst. Difficile de ne pas évoquer également les questionnements autour de l'euthanasie, que le metteur en scène de « Michael Collins » approfondie en développant les interactions entre la vampire Saoirse Ronan et le malade Caleb Landry Jones.
Pour briller de mille feux, « Byzantium » peut compter sur son casting : outre la formidable Gemma Arterton (bonne et bonne actrice) et la talentueuse Saoirse Ronan (comédienne à la maturité sidérante pour son âge et probablement Oscarisée un jour ou l'autre), saluons la dégaine cadavérique de Caleb Landry Jones, qui compose avec brio un personnage étrange, au comportement ambivalent, entre la proie apeurée et l'homme fasciné ; et celle enfin de Sam Riley, parfait en chasseur aux dents longues.
Parmi les défauts, blâmons la fin consensuelle, bâtarde et bâclée, qui donne un aspect de série B faiblarde. De même, l'introduction très nerveuse – une course-poursuite dynamique entre une déesse Gemma Arterton en tenue légère et un homme énigmatique – crée une sorte de rythme à deux vitesses inadapté avec la suite. Nous pourrons enfin être découragés par les innombrables ruptures de ton de « Byzantium », car Neil Jordan joue, en effet, sur beaucoup de registres et bascule sans cesse entre drame, tragédie et humour noir.
Bilan : Neil Jordan devrait réaliser tous les vampire movies. Mystérieux, sensuel, violent et graphique, « Byzantium », même s'il n'égale pas le niveau d'excellence de « Entretien avec un vampire », redonne ses lettres de noblesse au genre.
Anecdote : la scénariste de « Byzantium », Moira Buffini, n'est autre que la scénariste de « Tamara Drewe », le film de Stephen Frears avec une certaine Gemma Arterton dans le rôle titre.
 

La Bande Annonce de Byzantium:
 
NOTE: 6,5/10
 

2 commentaires:

  1. Très bonne critique, et je partage entièrement ton avis même si je suis un peu plus enthousiaste, et que je lui ai pardonné cette fin un peu en décalage avec le reste du film ^^

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