vendredi 8 mars 2013

A la merveille

Digne héritier de Stanley Kubrick, l’insondable réalisateur américain Terrence Malick – le gaillard refuse de montrer sa frimousse dans les médias – est porteur d’une filmographie éclectique, du chef d’œuvre de 1978 « Les Moissons du ciel » au contemplatif et mésestimé film de guerre « La Ligne rouge », en passant par sa relecture onirique de Pocahantas, sobrement intitulée « Le Nouveau monde ».
 
Le metteur en scène perfectionniste et si peu prolifique a, semble-t-il, accéléré la cadence de parution de ses OFNI (Objets Filmés Non Identifiés) depuis quelques années puisqu’à peine deux ans après son choc mystico-métaphysique « The Tree of Life » (pour rappel, vainqueur de la Palme d’or du Festival de Cannes 2011 à l’unanimité, chose assez rare pour être soulignée), c’est « A la merveille », présenté en compétition officielle à la 69ème Mostra de Venise en septembre dernier, qui débarque aujourd’hui sur les écrans.
 
« A la merveille » compose un poster de personnages interprétés par une pléiade d’acteurs talentueux : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem. Jessica Chastain, Rachel Weisz, Amanda Peet, Barry Pepper et Michael Sheen ont été engagés mais finalement coupés au montage. Un privilège que seul un ténor comme Malick peut se permettre de nos jours.
 
Synopsis Allociné : Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille – Le Mont-Saint-Michel – efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.
 
Des buffles, le Mont-Saint-Michel, des chantiers de travaux, la pêche à la mouche, la Seine, un prêtre qui a perdu la foi, des rayons de soleil à travers les feuillages de l’Oklahoma, la marée bretonne, la peur de l’engagement, la beauté étincelante de Olga Kurylenko, le charme enivrant de Rachel McAdams, la grâce d’une relation sentimentale débutante, l’effritement et la décomposition du lien unissant l’homme et la femme, la danse des sentiments, l’Amour sous toutes ses formes, tout ceci et bien plus dans « A la merveille », film totalement inclassable dans le paysage cinématographique actuel.
 
 
Après les plans de méduses et la voix-off qui murmure « Mother, Mother », place aux tortues et à la voix-over qui ne recoupe absolument pas les images que l’on voit à l’écran « Where is Truth ? ».
Perfusé avec sa propre cam, Terrence Malick poursuit avec « A la merveille » le voyage méditatif amorcé par « The Tree of Life », les interrogations sur le sens de la vie, de l’existence et de l’univers toujours accompagnées d’une ode sans faille à Dame Nature.
 
 
Les réfractaires, qui estiment son œuvre la plupart du temps ridicule ou inaccessible, demeureront probablement allergiques à cette profusion de lyrisme s’inscrivant dans la continuité des précédents long métrages du maestro. Reproche possible également au bonhomme peu bavard d’avoir tout juste griffonné les actions et motivations de ces personnages transits en peinant à proposer une substance nutritive pour l’esprit.
N’en déplaise à ces messieurs, il serait impertinent de juger Malick uniquement sur ses scénarios irréels et déroutants. Chez lui, comme chez Lynch, Carax ou Haneke, rien n’est laissé au hasard.
 
Doué d’une capacité unique à émouvoir et à surprendre, le messie Malick est accompagné une fois encore par ses fidèles collaborateurs (le directeur de photographie mexicain Emmanuel Lubezki, le monteur A.J Edwards).
Identifiable parmi la masse, le style Malick se distingue, en effet, par un travail sur la forme très important. Le metteur en scène des « Moissons du ciel » parvient par la fluidité de sa mise en scène et par l’élégance des mouvements de caméra à donner à ses images une grâce peu commune. Utilisation singulière du Steadicam avec fluidité des mouvements de caméra, photographie exquise, sublime composition des plans, montage colossal, improvisation des dialogues, architecture sonore partagée entre les bruits de la nature et une bande originale de musiques classiques… « A la merveille » ne déroge donc pas à la règle du poète accompli du cinéma et bénéficie d’un traitement hors du commun qui, plutôt que de faussement le faire passer pour une version longue durée d’une publicité pour parfum, atteint les ambitions d’une transcendance lyrique à l’écran.
On relèvera également cette étrange dimension spirituelle, déjà présente dans « The Tree of Life » avec la vision du cosmos, retrouvée ici par l’intermédiaire du personnage catholique qu’interprète avec brio Javier Bardem, perdu dans ses convictions, qui permet ainsi de conjuguer Amour « Terrestre » et Amour « Biblique ».
Bilan : Véritable opéra lyrique, « A la merveille » se présente comme un « The Tree of Life 2 », les dinosaures & le Big Bang en moins, le Mont-Saint-Michel en plus. Difficile de qualifier ce périple, à consommer avec modération tout de même.
Souvent décrié pour le fond abyssal de ses textes, Malick azimute de toute façon à chaque opus la planète Hollywood, à laquelle il devrait ironiquement s’atteler dans son prochain projet, l’alléchant « Knight of Cups » – le parcours d’un homme en quête d’amour et de vérité – au casting dingo (Christian Bale, Natalie Portman, Michael Fassbender, Cate Blanchett, Isabel Lucas, Wes Bentley, Matthew McConaughey, Freida Pinto, Imogen Poots, Ryan O’Neal, Michael Wincott, Teresa Palmer, Joel Kinnaman). Une question subsiste : qui sera-il trucidé au montage ?
 
La Bande Annonce de A la merveille:
 
 
NOTE: 6,5/10
 
 
 
 
 
 
 

6 commentaires:

  1. Déçu... Si Malick nous offre encore des images sublimissimes le fond est cette fois proche du néant... 1/4

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    1. Peut être pas le "néant" mais effectivement, pas top.

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  2. Gros problème de fond, effectivement.

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  3. je suis un peu perplexe face a ce film et c'est bien dommage, ça aurait pu être très bon .
    mistergoodmovies.net

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