dimanche 17 mars 2013

40 ans : mode d'emploi

Comment résumer le cinéma de Judd Apatow, king actuel de la comédie américaine ?


Fan des Marx Brothers, le metteur en scène fait partie de cette vieille école, biberonnée au « Saturday Night Live » depuis la plus tendre enfance. Ses talents d’auteur lui valent d’être le co-créateur et producteur exécutif de l’hilarant Ben Stiller Show, de 1992 à 1993.


En 1999, le gaillard devient le producteur exécutif de la série « Freaks and Geeks », réalisant et écrivant de nombreux épisodes. Ce tremplin télévisuel lui donne l’opportunité de rencontrer l’acteur / producteur Seth Rogen, qui deviendra l’un de ses acteurs fétiches et de ses plus proches collaborateurs, en incarnant notamment le héros de son second long métrage, « En cloque, mode d’emploi ».


En 2004, Apatow remporte son premier succès commercial aux USA en tant que producteur avec le barré « Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy », injustement boudé dans nos contrées. C’est durant le tournage de ce film – phénomène qu’il fait la connaissance de Steve Carell, alors méconnu du grand public. Avec lui, il écrit le scénario de son premier long métrage en qualité de réalisateur, « 40 ans, toujours puceau », sorti en 2005 et succès surprise au box office.


« 40 ans, toujours puceau » marque un tournant dans la carrière d’Apatow, qui peut ainsi lancer, grâce à la rentabilité colossale du film, de nombreux projets qu’il se contente de produire pour ses compagnons de fortune : « Ricky Bobby : roi du circuit », « Walk Hard – The Dewey Cox Story », « SuperGrave », « Sans Sarah, rien ne va ! », « American Trip », « Délire express », « Frangins malgré eux », « Mes meilleurs amies », tous quasiment, auréolés du même heureux destin et ayant permis de mettre en lumière une tripotée de brillants réalisateurs (Greg Mottola, Paul Feig, Nicholas Stoller, Adam McKay, Jake Kasdan), et de jeunes comédiens prometteurs (Jonah Hill, Jason Segel, Jay Baruchel, Michael CeraPaul Rudd, Russell Brand, Adam Scott, Justin LongMelissa McCarthy, Kristen Wiig), voire d’en révéler certains dans le genre de la Comédie (John C. Reilly, James Franco, Rose Byrne, Amy Adams).

Apatow réalisera par la suite « En cloque, mode d’emploi », carton illégitime au box office international, puis le mésestimé « Funny People », pourtant bien plus personnel et dramatique.

 

Décrié pour le ton potache de ses œuvres, ou leur durée, jugée souvent trop longue, il n’en déplaît aux détracteurs : Judd Apatow a considérablement transformé le paysage de la Comédie made in us, lui offrant un virage à 180°.


L’écurie Apatow (Judd à la réalisation, Paul Rudd, Leslie Mann, Jason Segel, Chris O'DowdMelissa McCarthy face caméra) est aujourd’hui une nouvelle fois à l’œuvre avec la sortie en salles de « 40 ans : mode d’emploi », sorte de spin-off d’« En cloque, mode d’emploi » reprenant les personnages incontournables de Pete & Debbie.


Synopsis Allociné : Seul homme à la maison, Pete est marié depuis des années à Debbie avec qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude : Unfiltered Record, la maison de disques indépendante qu’il a créée, bat de l’aile, son père Larry, qui a récemment, et artificiellement, engendré des triplés, compte éhontément sur son soutien financier pour nourrir cette nouvelle famille, et à la maison, la vie n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Le quotidien avec Debbie et les filles est une série de conflits et de complications sans fin. Quant à Debbie, elle a ses propres difficultés professionnelles et filiales. Elle essaie opiniâtrement d’être une épouse et une mère parfaite, mais elle a un mal fou à négocier le virage de la quarantaine. Et pour couronner le tout, leur aînée est en pleine crise de puberté. Pete et Debbie ont atteint l’âge où le pardon, à eux et aux autres, et le lâcher-prise sont des conditions sine qua non pour parvenir à profiter du reste de leur vie…en évitant d’en passer par le meurtre.
 


Six ans après avoir nerveusement exploré les affres de l’enfantement dans « En cloque, mode d’emploi », le roi de la comédie hollywoodienne évoque cette fois, de manière quasi autobiographique – la présence de sa femme et de ses filles au générique est là pour le prouver – la crise de la quarantaine.


Apatow a beau passer à la moulinette les hypocrisies de la famille US avec insolence et exhibitionnisme (sa propre famille dans le casting), il truffe hélas, comme dans « En cloque, mode d’emploi », son long métrage de clichés maladroits inhérents aux relations sentimentales en dents de scie et livre un film poussif, irrégulier dans la durée et les gags.



Filmé platement à la manière d’une sitcom, Judd Apatow étale sa propre vie sur 2h15 de bobine (c'est long!) en livrant une description factuelle d’une relation quadra en proie aux tracas du quotidien. Usant d’ingrédients et situations qui fonctionnent bien sur l’instant – le check-up médical, le discours sur la drogue, les scènes de couple (mention aux dialogues échangés autour du moyen envisagé pour se tuer), les incalculables références à la pop culture ou à la old generation – mais rapidement oubliés à la sortie, « 40 ans : mode d’emploi » patine autour de son sujet, par ailleurs tourmenté par des enjeux superficiels.

 

Présence de thématiques habituelles (la peur de l’engagement, l’amitié, les valeurs du mariage, la grossesse) chères au metteur en scène oblige, Apatow peine à se renouveler.


Heureusement porté par un casting de luxe, « 40 ans : mode d’emploi » parvient à relever la barre ponctuellement grâce aux jeux d’acteur de ses interprètes, qui incarnent tous ces personnages avec un naturel confondant. 


Ainsi, on ne boude pas son plaisir devant Maude Apatow qui braille pour voir la fin de « Lost : Les Disparus », ou face à la cadette Iris, dans des scènes d’échanges percutants entre sœurs.  


De même, Paul Rudd & Leslie Mann forment avec brio un couple sauvage, mais amoureux.


La Team Apatow accueille également deux nouveaux et excellents membres en la personne de Megan Fox et Charlyne Yi. La première interprète avec autodérision une employée aguicheuse quand la seconde, loin de son personnage de la série « Dr House », se révèle tordante en jeune toxicomane. 



Saluons enfin la panoplie de références, dont s’est aussi inspiré Seth MacFarlane avec son récent « Ted » – de « Bob l’éponge » à « Tom Petty », en passant par les produits Apple, les piques à l’encontre du geek J.J. Abrams, ou encore le casting fadasse de « Twilight », le langage « Justin Bieber », la série « Glee », et le chanteur de Green Day – qui permettent à « 40 ans : mode d’emploi » de rentrer avec joie dans l’air du temps. 


Bilan : « 40 ans : mode d’emploi », nouvelle réalisation du maître Apatow, est un film inégal. Plus osé que dans ses précédentes comédies, celui qui décroche à chaque mouture la timbale chez l’oncle Sam fait ici feu de tout bois, mais se montre paradoxalement moins inspiré qu’à l’accoutumée, épuisant les ressorts de son sujet principal en à peine dix minutes de pelloch’.


La Bande Annonce de 40 ans : mode d'emploi:


NOTE: 6,5/10

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas aimé plusieurs films réalisés ou produits par Apatow (trop potaches, trop longs, fades) et je n'accroche pas avec plusieurs de ses acteurs fétiches (Seth Rogen et Jason Segel en tête).
    Pourtant, j'avais apprécié Funny people et j'ai plutôt bien aimé celui-ci, même si, comme tu l'expliques bien, il contient des défauts.

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    1. Je suis assez d'accord. Pas un grand fan d'Apatow également.

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  2. Pas spécialement fan de Apatow mais ça reste de bons films ne général. Ici je trouve qu'il tape juste même si la grossièreté à tous les étages est un peu facile et que la fin plus "dramatique" tire un peu en longueur... 2/4

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