jeudi 20 décembre 2012

L'Odyssée de Pi

Dieu seul sait que l'on trépignait d'impatience pour découvrir « L'Odyssée de Pi » au cinéma.
Pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce que réputée initialement inadaptable pendant près d'une décennie, l'œuvre littéraire « Histoire de Pi » de Yann Martel est ensuite passée entre les mains des plus grands réalisateurs contemporains, notamment dans celles de M. Night Shyamalan, d'Alfonso Cuaron et de notre Jean-Pierre Jeunet national, avant d'échouer dans les pattes du sage Ang Lee.
Deuxième motif de l'attente : les multiples buzz médiatiques autour du projet, d'abord la magnifique bande annonce sur les notes musicales du « Paradise » de Coldplay, puis l'encensement du long métrage (et de sa 3D of course) par le roi hollywoodien James Cameron en personne. C'est donc après dix ans de gestation que « L'Odyssée de Pi » sort enfin dans les salles, s'apprêtant à charmer le public, après avoir déjà conquis les critiques des deux côtés de l'Atlantique.
Synopsis (source : Allociné) Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l'attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque …Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L'instinct de survie des deux naufragés les fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d'un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable.
On connaissait depuis longtemps la poésie et la sérénité d'Ang Lee (cf le somptueux et majestueux « Tigre et dragon », ou encore « Le Secret de Brokeback Mountain » qui, l'année de sa sortie, valut à Lee l'Oscar du meilleur réalisateur), ainsi que l'admirable passion qu'il met en œuvre pour la conception d'objets cinématographiques atypiques. « L'Odyssée de Pi » marque un tournant dans sa carrière, puisque le metteur en scène taïwanais décroche la timbale et propose un véritable chef d'œuvre. Lee, en alliant parfaitement le pouvoir de la fiction et celui de l'imagination, rejoint ainsi le panthéon de ces magiciens du septième art (Spielberg et Burton en tête) pour qui la doctrine « croire...c'est voir » (et non l'inverse!) enrichit tous les jours un peu plus le patrimoine mondial du cinéma.
Son récit épique, renversant et remarquablement bien écrit (chapeau au roman de Martel et au travail d'adaptation scénaristique de David Magee) d'un adolescent indien mettant à profit son courage pour braver tous les dangers - le naufrage, la tempête, le deuil de ses proches, l'affrontement de l'inconnu et la survie - et qui se lie d'amitié avec un tigre transcende le spectateur.
De même, les incalculables métaphores (animales notamment) magnifient l'histoire et engendrent chez le public de bouleversantes émotions. La fin se charge, quant à elle, d'élargir les pensées inconscientes du spectateur pour le laisser choisir délibérément le merveilleux au réel.
Ce n'est pas seulement un conte poignant auquel nous assistons, nous sommes en effet à bord du radeau aux côtés de Pi et de son compagnon félin, nous vivons l'épopée magique avec eux. Oui magique ! Il serait impardonnable de ne pas saluer l'excellent travail de Lee et de son chef op' sur l'aspect visuel du film, éblouissant et agrémenté d'un spectacle foudroyant sur chaque plan. Jamais une 3D n'avait été aussi enrichissante et fluide depuis celle d'« Avatar ». 
Parlons casting : Suraj Sharma se dévoile saisissant dans le rôle du jeune héros, à la fois fougueux et terriblement zen, paré à l'aventure. L'empathie fait rage.
Enfin, quelques mots sur la faune et particulièrement sur le prodigieux tigre du Bengale, paraissant tellement réel qu'il nous incite à vérifier son origine synthétique.
Bilan : Merveille de réalisation et d'humilité pour Ang Lee qui signe ici sa plus belle œuvre. L'illusionniste asiatique met en scène une affaire parfaite en tout point, notamment sur le plan visuel et narratif.
La Bande Annonce de L'Odyssée de Pi:

NOTE: 9,5/10

11 commentaires:

  1. Grosse déception. Un prologue trop long, un odyssée trop court (sublime toutefois) et un matraquage religieux loin d'être simplement mystique... 2/4 de justesse

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    1. Le matraquage religieux fait partie de la culture hindou, c'est pas si dénué de sens que ça et connaissant l'oeuvre de Lee et Martel, ce sont des références quasi autobiographiques

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  2. Je regrette de ne pas l'avoir vu en 3D, parce que les couleurs qu'il y a eu dans l'océan, étaient magnifique ! DreamsSoulful

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    1. OH OUI, elles le sont. L'une des plus belles 3D que j'ai jamais vues

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  3. Félicitations à mon confrère et néanmoins neveu...Marco le toubib

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  4. Belle critique coloc, je te trouve un peu généreux avec la note de 9/10, mais j'avoue que c'est époustouflant visuellement! Ce qu'il y a de fort, c'st que la fin donne vraiment à réfléchir et permet de lire le film d'une deuxieme façon à la sortie de la salle.. On pourrait parler de Résilience concept que tu dois connaitre en tant que psychiatre :)
    Ma principale réserve concerne l'acteur que je trouve un peu trop plat mais sinon excellent film!

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    1. Merci Bast' bonne analyse également. Tu y es allé avec ton père ?
      La bise. A bient'

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  5. Il faut bien reconnaitre que ce film est de toute beauté. Je dois avouer que je n'ai pas été ébloui, ni époustouflé en sortant de la salle. Peut-être mérite-t-il d'ailleurs une seconde vision pour une meilleure appréciation de l'ensemble de l'oeuvre.

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    1. Une seconde, puis une troisième et une quatrième ...

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  6. C’est un film d’aventures à ne pas manquer, avec une bonne structure narrative. J’ai apprécié ta description du long métrage en passant.

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