jeudi 6 décembre 2012

Cogan : Killing Them Softly

Après le fantastique « Chopper », puis le western contemplatif « L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », son titre à rallonge, son visuel époustouflant et l'impérial Brad Pitt dans le rôle du célèbre bandit, voilà que l'australien Andrew Dominik remet le couvert dans le genre film lent et imaginatif avec « Cogan (Killing Them Softly) », libre adaptation du roman « L'art et la manière » de George V. Higgins, qui sort cette semaine dans les salles, accompagné ici encore par Mr Angelina Jolie face caméra.
Synopsis (source : Allociné) Lorsqu'une partie de poker illégale est braquée, c'est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d'une situation qui dégénère...
Inspiré cette fois par l'ère du temps et sa crise économique mondiale, Dominik livre avec « Cogan » un thriller policier violent, âpre et robuste, mais suffisamment éloquent pour avoir fortement marqué les esprits lors de son passage Cannois en mai dernier.
Empreinte d'un classicisme quasi inégalable (les séquences de meurtres filmées au ralenti façon bullet time!), la mise en scène de Dominik resplendit de virtuosité par son rayonnement de gangsters sombres mais toutefois appréciables, gangsters par ailleurs magistralement interprétés par une flopée d'acteurs débutants (Ben Mendelsohn et Scoot McNairy en ligne de mire) et de pointures confirmées (James « Les Sopranos » Gandolfini, Richard Jenkins et Ray Liotta, admirables comédiens qu'on ne présente plus). Au milieu de tout ce beau monde, Brad Pitt, royal, incarne un Cogan intense dans sa froideur et son inhumanité, rappelant par moments le Killer Joe de Friedkin.
Au-delà du simple polar aux personnages et aux dialogues Tarantinesques (mention à la réplique « je devrais éteindre l'autre ce soir »), « Cogan » recèle une critique acerbe et profonde de l'Amérique individualiste, avec en prime une touche d'ironie féroce quand le personnage interprété par Brad Pitt déclare que « L'Amérique n'est pas un pays, c'est un business ». Véhiculée par des médias télés et radios omniprésents, la réflexion politique évolue sur un mode de remise en question en interpellant la conscience citoyenne.
Reste que l'on regrette parfois le contenu des joutes verbales entre les personnages, d'un ennui quelques fois mortel. Un Tarantino aurait probablement filmé ces longues scènes de discussion champs / contre champs de la même manière, mais savoureusement plus domptées par des propos fun et extravagants.
En deux mots : « Cogan » mérite d'être vu pour l'intérêt philosophique, pour le visuel bluffant de la mise en scène, et pour les cinéphiles, la prouesse de ses beaux dialogues. Ne vous découragez pas sur la lenteur, le film avance avec force malgré tout. Andrew Dominik rentre courageusement, doucement mais sûrement dans la cour des grands (réalisateurs).
 
La Bande Annonce de Cogan (Killing Them Softly):
 
 
NOTE: 6,5/10

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