Un embargo sur une critique d'un film
n'est jamais bon signe. Et lorsque ce dernier, pourtant qualifié de
blockbuster, est distribué sur le territoire avec un nombre très
restreint de copies, on a d'autant plus matière à s'inquiéter.
C'est dans ces conditions que débarque le long métrage d'action
« La Chute de la Maison Blanche » (« Olympus Has
Fallen » dans le texte original).
Réalisé par le yes man Antoine Fuqua,
metteur en scène afro-américain à la filmographie hétérogène –
le génial « Training Day » côtoie le fonctionnel
« Shooter tireur d'élite » et les daubes « Le Roi Arthur » / « Les Larmes du soleil » – « La Chute de la Maison Blanche » est un projet directement
concurrent du fameux « White House Down », blockbuster de
Roland Emmerich au casting supra bankable (Channing Tatum, Jamie Foxx) attendu pour cet été.
Et dans l'histoire des films aux sujets
semblables (les deux Blanche-Neige l'année dernière aux USA, les
deux « Guerre des Boutons » chez nous, ou les biopics
« Yves Saint-Laurent » à venir), c'est souvent la loi du
plus rapide qui fait mouche.
Sortie avancée pour un rendu de copie
tout juste dans les temps, le grand gagnant aujourd'hui s'appelle
donc « La Chute de la Maison Blanche ».
Synopsis Allociné :
Mike Banning, ancien garde du corps du président des Etats-Unis,
s'occupe désormais des basses besognes des services secrets.
Lorsqu'un commando nord-coréen lance une attaque sur la Maison
Blanche, prenant en otage le président américain et son fils, il se
retrouve seul à pouvoir leur venir en aide. Deux ans après avoir
été tenu responsable de la mort accidentelle de la Première Dame,
il va pouvoir faire preuve de sa loyauté et de sa bravoure.
De l'actionner R-rated mongolo-bourrin,
héritage des 90's, qui assume son idéologie putassière ? On
dit « Graou ». Un concentré d'adrénaline pimenté d'un
humour cynique, articulé autour d'un pitch très DieHardien écrit
par le couple novice Katrin Benedikt / Creighton Rothenberger ? On
clame « Graou » à nouveau.
Oui, sauf que « La Chute de la Maison Blanche » est parallèlement nourri d'une accumulation
de clichés abjects et d'un patriotisme immonde – défilé de
drapeaux américains, discours propagandiste anti-terroristes,
répliques archi révolues « Que Dieu bénisse les Etats-Unis
d'Amérique! », chef d'état major des armées en gros débile
bourrin – qui viennent hélas tuer tous les espoirs de servir sur
un plateau un « nouveau Die Hard ».
Le film de Fuqua s'amorçait pourtant
bien, avec une séquence d'attaque de l'Olympe assez originale,
filmée habilement. L'épreuve rassemble ensuite tout ce qu'il y a de
plus dégueulasse dans les blockbusters actuels – scènes non
crédibles d'échanges de tirs, ritournelle de déjà vus, dialogues
mal écrits composés de jurons exécrables censés faire rire,
incohérences semées dans le récit (comment l'épouse du héros
est-elle au courant que celui-ci a infiltré la Maison Blanche?),
résolution facile et prévisible … Un beau gâchis !
Le faiseur Antoine Fuqua a clairement le
pistolet des pontes du studio sur la tempe et ça se ressent à
l'écran.
Quelques noms connus côté casting.
Peut être las de ses échecs commerciaux successifs (« Machine Gun » notamment), Gérard Butler, le Léonidas de « 300 »,
campe sans tellement y croire un ex-garde du corps, vétéran des
forces spéciales et sorte d'ersatz de John McClane, le charisme en
moins. Morgan Freeman cachetonne en interprétant le président (de
substitution) des Etats-Unis d'Amérique, rôle déjà tenu dans le
film catastrophe « Deep Impact », quand Radha Mitchell
fait office de figuration en épouse du héros. Aaron Eckhart, quant
à lui, fait le boulot mollement dans l'habit du commandant en chef.
Dylan McDermott, crédité au générique de la série « The Practice », et Rick Yune, vu au début des années 2000
consécutivement dans « Fast & Furious » et « Meurs un autre jour », jouent les méchants de pacotille pas
crédibles pour un sou. Enfin, signalons les étonnants caméos (un
peu what the fuck!) de plusieurs célébrités telles que Cole Hauser
(méchant de « 2 Fast 2 Furious » et du dernier « Die Hard ») ou Ashley Judd, égarée ces dernières années dans
d'improbables navets.
Bilan : « La Chute de la Maison Blanche » aurait fait les beaux jours des studios il
y a une vingtaine d'années, sauf qu'on est en 2013 et qu'il paraît
inadmissible de pondre une bouse pareille de nos jours.
Roland Emmerich, prépare toi à caracoler une nouvelle fois au sommet du
box office puisque ton concurrent devrait en toute logique connaître
un sacré revers du public.
La Bande Annonce de La Chute de la Maison Blanche:
NOTE: 3/10
La Bande Annonce de White House Down, le projet concurrent:
comment l'épouse du héros est-elle au courant que celui-ci a infiltré la Maison Blanche? ~~> Elle ne le sait pas, elle le découvre à la fin du film
RépondreSupprimerNon, pas d'accord. Elle le sait quand Gérard Butler l'appelle, non ? Sinon, pourquoi se pointerait-elle devant la Maison Blanche à la fin ?
SupprimerAvec un petit budget de 70 millions, le film sera rentable, quand on aura ajouté les chiffres Domestic et Foreign.
RépondreSupprimerDes défauts évidents, pour le reste j'ai quand même trouvé que le film était plaisant et pour ce qui est du patriotisme, c'était inévitable avec un sujet pareil, ils ne s'en cachaient pas dans la promo.
Mais effectivement, j'attends beaucoup plus la version de Roland, qui brassera immanquablement les mêmes thèmes, mais qui bénéficie d'un meilleur casting.
Mauvais calcul de ma part. Il a dépassé toutes les espérances avec 30 millions $ au compteur pour son premier we d'exploitation en salles
SupprimerIl n 'y a que ceux qui connaissent les Etats-Unis qui peuvent comprendre un tel film. Alors, les autres, taisez-vous.
SupprimerEuh ...
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