Digne héritier de Stanley Kubrick, l’insondable réalisateur américain Terrence Malick –
le gaillard refuse de montrer sa frimousse dans les médias – est
porteur d’une filmographie éclectique, du chef d’œuvre de 1978
« Les Moissons du ciel » au contemplatif et mésestimé
film de guerre « La Ligne rouge », en passant par sa
relecture onirique de Pocahantas, sobrement intitulée « Le Nouveau monde ».
Le metteur en scène
perfectionniste et si peu prolifique a, semble-t-il, accéléré la
cadence de parution de ses OFNI (Objets Filmés Non Identifiés)
depuis quelques années puisqu’à peine deux ans après son choc
mystico-métaphysique « The Tree of Life » (pour rappel,
vainqueur de la Palme d’or du Festival de Cannes 2011 à
l’unanimité, chose assez rare pour être soulignée), c’est « A la merveille », présenté en compétition officielle à la
69ème Mostra de Venise en septembre dernier, qui débarque
aujourd’hui sur les écrans.
« A la merveille »
compose un poster de personnages interprétés par une pléiade
d’acteurs talentueux : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem. Jessica Chastain, Rachel Weisz, Amanda Peet,
Barry Pepper et Michael Sheen ont été engagés mais finalement
coupés au montage. Un privilège que seul un ténor comme Malick
peut se permettre de nos jours.
Synopsis Allociné :
Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue
Neil et Marina à la Merveille – Le Mont-Saint-Michel – efface
les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de
sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est
divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais,
le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est
fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite
communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre
expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses
propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide
de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une
ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il
apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé
entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter
pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien
différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.
Des buffles, le
Mont-Saint-Michel, des chantiers de travaux, la pêche à la mouche,
la Seine, un prêtre qui a perdu la foi, des rayons de soleil à
travers les feuillages de l’Oklahoma, la marée bretonne, la peur
de l’engagement, la beauté étincelante de Olga Kurylenko, le
charme enivrant de Rachel McAdams, la grâce d’une relation
sentimentale débutante, l’effritement et la décomposition du lien
unissant l’homme et la femme, la danse des sentiments, l’Amour
sous toutes ses formes, tout ceci et bien plus dans « A la merveille », film totalement inclassable dans le paysage
cinématographique actuel.
Après les plans de
méduses et la voix-off qui murmure « Mother, Mother »,
place aux tortues et à la voix-over qui ne recoupe absolument pas
les images que l’on voit à l’écran « Where is Truth ? ».
Perfusé avec sa propre
cam, Terrence Malick poursuit avec « A la merveille » le
voyage méditatif amorcé par « The Tree of Life », les
interrogations sur le sens de la vie, de l’existence et de
l’univers toujours accompagnées d’une ode sans faille à Dame
Nature.
Les réfractaires, qui
estiment son œuvre la plupart du temps ridicule ou inaccessible,
demeureront probablement allergiques à cette profusion de lyrisme
s’inscrivant dans la continuité des précédents long métrages du
maestro. Reproche possible également au bonhomme peu bavard d’avoir
tout juste griffonné les actions et motivations de ces personnages
transits en peinant à proposer une substance nutritive pour
l’esprit.
N’en déplaise à ces
messieurs, il serait impertinent de juger Malick uniquement sur ses
scénarios irréels et déroutants. Chez lui, comme chez Lynch, Carax
ou Haneke, rien n’est laissé au hasard.
Doué d’une capacité
unique à émouvoir et à surprendre, le messie Malick est accompagné
une fois encore par ses fidèles collaborateurs (le directeur de
photographie mexicain Emmanuel Lubezki, le monteur A.J Edwards).
Identifiable parmi la
masse, le style Malick se distingue, en effet, par un travail sur la
forme très important. Le metteur en scène des « Moissons du ciel » parvient par la fluidité de sa mise en scène et par
l’élégance des mouvements de caméra à donner à ses images une
grâce peu commune. Utilisation singulière du Steadicam avec
fluidité des mouvements de caméra, photographie exquise, sublime
composition des plans, montage colossal, improvisation des dialogues,
architecture sonore partagée entre les bruits de la nature et une
bande originale de musiques classiques… « A la merveille »
ne déroge donc pas à la règle du poète accompli du cinéma et
bénéficie d’un traitement hors du commun qui, plutôt que de
faussement le faire passer pour une version longue durée d’une
publicité pour parfum, atteint les ambitions d’une transcendance
lyrique à l’écran.
On relèvera également
cette étrange dimension spirituelle, déjà présente dans « The Tree of Life » avec la vision du cosmos, retrouvée ici par
l’intermédiaire du personnage catholique qu’interprète avec
brio Javier Bardem, perdu dans ses convictions, qui permet ainsi de
conjuguer Amour « Terrestre » et Amour « Biblique ».
Bilan :
Véritable opéra lyrique, « A la merveille » se présente
comme un « The Tree of Life 2 », les dinosaures & le
Big Bang en moins, le Mont-Saint-Michel en plus. Difficile de
qualifier ce périple, à consommer avec modération tout de même.
Souvent décrié pour le
fond abyssal de ses textes, Malick azimute de toute façon à chaque
opus la planète Hollywood, à laquelle il devrait ironiquement
s’atteler dans son prochain projet, l’alléchant « Knight of Cups » – le parcours d’un homme en quête d’amour et
de vérité – au casting dingo (Christian Bale, Natalie Portman,
Michael Fassbender, Cate Blanchett, Isabel Lucas, Wes Bentley,
Matthew McConaughey, Freida Pinto, Imogen Poots, Ryan O’Neal,
Michael Wincott, Teresa Palmer, Joel Kinnaman). Une question
subsiste : qui sera-il trucidé au montage ?
La Bande Annonce de A la merveille:
NOTE: 6,5/10
Déçu... Si Malick nous offre encore des images sublimissimes le fond est cette fois proche du néant... 1/4
RépondreSupprimerPeut être pas le "néant" mais effectivement, pas top.
SupprimerGros problème de fond, effectivement.
RépondreSupprimerje suis un peu perplexe face a ce film et c'est bien dommage, ça aurait pu être très bon .
RépondreSupprimermistergoodmovies.net
qui n'est pas perplexe face à du Malick :)
SupprimerFull Audio: Sprinter - True Lya Lya (Electronic Music)
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